Dans le Dauphiné Libéré, lundi 14 juin 2007
MONTAGNE Val-Thorens veut tester une bâche pour limiter la fonte du glacier de Chavière.
L'OR BLANC SOUS EMBALLAGE
Après la Suisse et l'Autriche, la plus haute station d'Europe veut tenter à son tour de sauver une partie de son domaine skiable en recouvrant la glace d'un film de protection pendant l'été. Cache misère ou couverture de survie ?
Les arguments s'affrontent, surtout dans un secteur protégé du Parc National de la Vanoise.
Val-Thorens à chaud. La station savoyarde a beau être la plus haute station d'Europe, ses glaciers transpirent, comme partout dans les Alpes. D'où l'idée de recouvrir d'une bâche blanche de 750 mètres carrés l'accès au glacier de Chavière. La solution est envisagée par la SETAM, qui exploite les remontées mécaniques. La bâche serait déployée au printemps 2008 pour protéger le glacier du soleil et enlevée à l'automne dès les premières neiges. cette technique est déjà expérimentée depuis deux ans sur le glacier suisse d'Andermatt. Une couverture de 2500 mètres carrés a semble t'il limité la fusion de la glace grâce à cette protection composée d'un film blanc non tissé. Les Autrichien ont également tenté l'expérience dans le masif de Stubai fort des recherches menées par les scientifiques de l'Université d'Innsbruck. en france les Deux Alpes, Tignes et Val d'isère suivent avec intérêt l'expérience que veut tenter val-Thorens.
La station des trois Vallées doit maintenant convaincre le parc national de la Vanoise avant de se lancer. Le glacier accessible depuis un télésiège est en effet situé dans le périmètre de l'espace protégé, qui doit donner son avis. sa réponse est atendue pour la mi-juillet.
"Trop tard pour cet été, mais ce sera réalisable l'an prochain", espère Bruno Borrel chef d'exploitation de la SETAM, convaincu de l'intérêt de cette solution pour garantir l'avenir du ski dans ce secteur, en permettant d'assurer le débarquement de la clientèle depuis le télésiège. Un moyen aussi d'éviter des terrassements couteux et agressifs oule recours massifs aux engins de damage pour stocker la neige avant la saison.
"c'est un secteur intérêssant de notre domaine skiable, et un des plus beau points de vue que l'on a sur l'ensemble du massif. D'où l'importance de pouvoir compter sur cette remontée", ajoute bruno Borrel, qui constate année après année l'érosion du glacier. Il y a d'ailleurs bien longtemps que l'on ne compte plus sur les neiges éternelles de val-Thorens pour skier en été.
Sauver le ski ou reculer pour mieux sauter ?
Remède miracle ou cache misère ?
En Suisse, la bâche d'Andermatt n'a pas manquer de relancer la débat entre les association écologistes et les défenseurs de l'expérience, considéerée comme vitale pour l'économie de la vallée. En Savoie le projet est défendu dans la plus grande discrétion, sous doute par crainte de créer les mêmes polémiques.
Vue du ciel, la bâche aurait la surface d'un terrainde football. Pas de quoi choquer le guide de haute montagne Francis Forot, "si c'est un moyen pour sauvgarder l'accès à un des plus beaux sites de randonnées hors pistes à ski. depuis vingt ans que j'y vais avec mes clients j'hallucine en voyant à quelle vitesse ce glacier a pu diminuer". Même constat chez son collègue Gab Jay, qui conduit chaque été des cordées en initiation à la randonnée glaciaire. Facilement accessible , le site est un atout majeur pour la station , qui propose aux novices de faire les premiers pas avec crampons et piolets dans un cadre splendide, entre les Aiguilles de Péclet, de Polset et de Thorens. le guide ne voit pas non plus d'un mauvai oeil cette mesure de protection. "Si elle peut permettre de discutter avec la clientèle de l'évolution des glaciers et de lui monter comment l'Homme peut trouver des solutions face au réchauffement climatique".
"C'est reculer pour mieux sauter !" s'inquiète au contraire Dominique Gauthier, qui préside la commission scientifique du parc national de la Vanoise. Inutile de dire qu'il n'est pas chaud pour laisser emballer le glacier. "une telle solution serait même incongrue dans un espace protéger voué à la conservation d'un patrimoine naturel exceptionnel. le symbole aussi, est choquant : comment accepter une telle artificialisation de la montagne là ou elle est censée être mieux protégée ? En terme d'image, je trouve cela désastreux comme message adressé au grand public. Au contraire, il est temps d'enfoncer le clou et de réflehir aux conséquences du réchauffement climatique sur les activités humaines".
Même position défendue par la CIPRA (commission internationales pour la protection des Alpes). Après l'expérience suisse, elle parlait de "pensement" se demandait combien de temps "les exploitants de remontées mécaniques pouront encore cahcer le changement climatique sous une bâche".
A Val-Thorens, l'expérience ne serait pas tentée avant 2008. mais d'ici là le débat s'annonce chaud au pied du glacier.
Comment ça marche
La bâche blanche est un textile synthétique non tissé perméable à l'eau mais réflechissant les rayons du soleil. elle est livrée en rouleaux qui seront déroulés sur place avant l'hiver. Les tests les plus concluants ont permis de réduire la fonte de 60%
Jacques LELEU
Un Glacier qui enflamme les passions
"L'Affaire de la Vanoise a été le premier conflit environnemental concernant la montagne en France", esthime le géographe Lionel Laslaz, chercheur à l'Université de savoie, et l'auteur de vanoise, 40 ans de Parc national (l'harmattan).
En 1969, le parc national accepte de ceder une partie de son territoire pour permettre l'extension du domaine skiable avec la création de val-Chavière.
"la station des glaciers sera reliée à paris par deux vols directs" promet la publicité de val-Thorens à l'époque. Il s'agit notamment de développer le ski d'été.
Le CAF redoute "un gigantesque Lunapark ", Samivel se demande "si l'argent a tous les droits", tandis que les partisans du projets pensent au nombre d'emplois crées et "au droit de la neige pour tous".
A Lyon comme à Paris, les murs se couvrent d'affiches "Vanois d'abord". L'affaire remontera jusqu'au Président Pompidou, qui assure : "le par sera non seulement maintenu mais agrandi".
Le 14 juin, le conseil d'administration suit les ordres du gouvernement et refuse le projet d'aménagement de Val Chavière tout en acceptant la construction de quatres remontées sur le glacier.
Une demi-victoire pour les opposants, une amère déception pour les partisants d'un développement de la station. seules deux remontées verront le jour, mais cesseront de fonctionner dès 1987, en raison du recul du glacier.
Il y aura bien une nouvelle tentative des élus pour relancer l'aménagement de glacier, et une nouvelle mobilisation des écologistes. Les 23 avril 1989, 400 randonneurs à skis montent à 3000 mètres dessiner un "non" geant de leurs corps. le dossier monte jusqu'à Paris, où le secrétaire de l'etat à l'environnement, dit "non" à son tour.
Rouillés, les deux téléskis seront démontés en 2002, alors que le ski d'été n'est déjà plus qu'un lointain souvenir.
J. L.
MONTAGNE Val-Thorens veut tester une bâche pour limiter la fonte du glacier de Chavière.
L'OR BLANC SOUS EMBALLAGE
Après la Suisse et l'Autriche, la plus haute station d'Europe veut tenter à son tour de sauver une partie de son domaine skiable en recouvrant la glace d'un film de protection pendant l'été. Cache misère ou couverture de survie ?
Les arguments s'affrontent, surtout dans un secteur protégé du Parc National de la Vanoise.
Val-Thorens à chaud. La station savoyarde a beau être la plus haute station d'Europe, ses glaciers transpirent, comme partout dans les Alpes. D'où l'idée de recouvrir d'une bâche blanche de 750 mètres carrés l'accès au glacier de Chavière. La solution est envisagée par la SETAM, qui exploite les remontées mécaniques. La bâche serait déployée au printemps 2008 pour protéger le glacier du soleil et enlevée à l'automne dès les premières neiges. cette technique est déjà expérimentée depuis deux ans sur le glacier suisse d'Andermatt. Une couverture de 2500 mètres carrés a semble t'il limité la fusion de la glace grâce à cette protection composée d'un film blanc non tissé. Les Autrichien ont également tenté l'expérience dans le masif de Stubai fort des recherches menées par les scientifiques de l'Université d'Innsbruck. en france les Deux Alpes, Tignes et Val d'isère suivent avec intérêt l'expérience que veut tenter val-Thorens.
La station des trois Vallées doit maintenant convaincre le parc national de la Vanoise avant de se lancer. Le glacier accessible depuis un télésiège est en effet situé dans le périmètre de l'espace protégé, qui doit donner son avis. sa réponse est atendue pour la mi-juillet.
"Trop tard pour cet été, mais ce sera réalisable l'an prochain", espère Bruno Borrel chef d'exploitation de la SETAM, convaincu de l'intérêt de cette solution pour garantir l'avenir du ski dans ce secteur, en permettant d'assurer le débarquement de la clientèle depuis le télésiège. Un moyen aussi d'éviter des terrassements couteux et agressifs oule recours massifs aux engins de damage pour stocker la neige avant la saison.
"c'est un secteur intérêssant de notre domaine skiable, et un des plus beau points de vue que l'on a sur l'ensemble du massif. D'où l'importance de pouvoir compter sur cette remontée", ajoute bruno Borrel, qui constate année après année l'érosion du glacier. Il y a d'ailleurs bien longtemps que l'on ne compte plus sur les neiges éternelles de val-Thorens pour skier en été.
Sauver le ski ou reculer pour mieux sauter ?
Remède miracle ou cache misère ?
En Suisse, la bâche d'Andermatt n'a pas manquer de relancer la débat entre les association écologistes et les défenseurs de l'expérience, considéerée comme vitale pour l'économie de la vallée. En Savoie le projet est défendu dans la plus grande discrétion, sous doute par crainte de créer les mêmes polémiques.
Vue du ciel, la bâche aurait la surface d'un terrainde football. Pas de quoi choquer le guide de haute montagne Francis Forot, "si c'est un moyen pour sauvgarder l'accès à un des plus beaux sites de randonnées hors pistes à ski. depuis vingt ans que j'y vais avec mes clients j'hallucine en voyant à quelle vitesse ce glacier a pu diminuer". Même constat chez son collègue Gab Jay, qui conduit chaque été des cordées en initiation à la randonnée glaciaire. Facilement accessible , le site est un atout majeur pour la station , qui propose aux novices de faire les premiers pas avec crampons et piolets dans un cadre splendide, entre les Aiguilles de Péclet, de Polset et de Thorens. le guide ne voit pas non plus d'un mauvai oeil cette mesure de protection. "Si elle peut permettre de discutter avec la clientèle de l'évolution des glaciers et de lui monter comment l'Homme peut trouver des solutions face au réchauffement climatique".
"C'est reculer pour mieux sauter !" s'inquiète au contraire Dominique Gauthier, qui préside la commission scientifique du parc national de la Vanoise. Inutile de dire qu'il n'est pas chaud pour laisser emballer le glacier. "une telle solution serait même incongrue dans un espace protéger voué à la conservation d'un patrimoine naturel exceptionnel. le symbole aussi, est choquant : comment accepter une telle artificialisation de la montagne là ou elle est censée être mieux protégée ? En terme d'image, je trouve cela désastreux comme message adressé au grand public. Au contraire, il est temps d'enfoncer le clou et de réflehir aux conséquences du réchauffement climatique sur les activités humaines".
Même position défendue par la CIPRA (commission internationales pour la protection des Alpes). Après l'expérience suisse, elle parlait de "pensement" se demandait combien de temps "les exploitants de remontées mécaniques pouront encore cahcer le changement climatique sous une bâche".
A Val-Thorens, l'expérience ne serait pas tentée avant 2008. mais d'ici là le débat s'annonce chaud au pied du glacier.
Comment ça marche
La bâche blanche est un textile synthétique non tissé perméable à l'eau mais réflechissant les rayons du soleil. elle est livrée en rouleaux qui seront déroulés sur place avant l'hiver. Les tests les plus concluants ont permis de réduire la fonte de 60%
Jacques LELEU
Un Glacier qui enflamme les passions
"L'Affaire de la Vanoise a été le premier conflit environnemental concernant la montagne en France", esthime le géographe Lionel Laslaz, chercheur à l'Université de savoie, et l'auteur de vanoise, 40 ans de Parc national (l'harmattan).
En 1969, le parc national accepte de ceder une partie de son territoire pour permettre l'extension du domaine skiable avec la création de val-Chavière.
"la station des glaciers sera reliée à paris par deux vols directs" promet la publicité de val-Thorens à l'époque. Il s'agit notamment de développer le ski d'été.
Le CAF redoute "un gigantesque Lunapark ", Samivel se demande "si l'argent a tous les droits", tandis que les partisans du projets pensent au nombre d'emplois crées et "au droit de la neige pour tous".
A Lyon comme à Paris, les murs se couvrent d'affiches "Vanois d'abord". L'affaire remontera jusqu'au Président Pompidou, qui assure : "le par sera non seulement maintenu mais agrandi".
Le 14 juin, le conseil d'administration suit les ordres du gouvernement et refuse le projet d'aménagement de Val Chavière tout en acceptant la construction de quatres remontées sur le glacier.
Une demi-victoire pour les opposants, une amère déception pour les partisants d'un développement de la station. seules deux remontées verront le jour, mais cesseront de fonctionner dès 1987, en raison du recul du glacier.
Il y aura bien une nouvelle tentative des élus pour relancer l'aménagement de glacier, et une nouvelle mobilisation des écologistes. Les 23 avril 1989, 400 randonneurs à skis montent à 3000 mètres dessiner un "non" geant de leurs corps. le dossier monte jusqu'à Paris, où le secrétaire de l'etat à l'environnement, dit "non" à son tour.
Rouillés, les deux téléskis seront démontés en 2002, alors que le ski d'été n'est déjà plus qu'un lointain souvenir.
J. L.
inscrit le 16/04/04
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