Avec un peu de retard (car j'y étais la semaine du 17 janvier), tout d'abord un compte rendu d'une dizaine de jours à Samnaun. Assez peu de gens ici doivent connaître le secteur, donc j'ai fait un compte rendu assez long (sûrement trop). Désolé pas de photos, je voulais acheter un appareil à Samnaun mais les prix n'étaient pas aussi intéressant que je l'espérais.
PREMIER PASSAGE A SAINT MORITZ
A l'aller, venant d'Italie, je suis passé à Saint Moritz, sans m'y arrêter. L'avant dernière semaine de janvier, vous vous en souvenez sûrement, c'était un peu la cata pour l'enneigement dans toutes les Alpes. Je m'étais d'ailleurs demandé s'il ne fallait pas annuler le séjour au dernier moment...
Toujours est-il qu'au dessus de Saint Moritz, le manteau neigeux faisait peine à voir: sol à nu jusqu'à plus de 2000 mètres d'altitude, redescente à Celerina (1700m) grâce aux canons au milieu des alpages, etc. De loin, le domaine de Corvatsch (en face, en versant nord) avait l'air en meilleur état, mais j'imagine qu'il était plein de cailloux... Bien sûr il a neigé par la suite, mais l'enneigement a été faible en Haute Engadine pendant tout l'hiver (ainsi, d'après le site internet, les pistes noires des domaines de la Bernina, situées entre 2000 et 3000 mètres d'altitude, sont restées fermées n'ont jamais ouvert). Un peu comme dans les Alpes du Sud françaises donc.
D'ailleurs, le climat de Saint Moritz doit être assez proche de celui des Alpes du Sud. En tout cas l'enneigement des deux derniers hivers y a été similaire (bon l'année dernière, mauvais cette année).
J'avais envisagé de passer une première nuit dans le coin, mais quand j'ai vu ça, j'ai décidé de prendre le train pour Scuol, à une soixantaine de kilomètres en aval, espérant y trouver de meilleures conditions.
SCUOL
Scuol se situe en basse Engadine, à environ 1200 mètres d'altitude. C'est petite ville ancienne qui s'est développé comme station thermale, avant de se reconvertir en station de ski (il y a même un forfait bains + RM).
On y trouve un vieux centre de style engadinois perché au dessus de l'Inn, des extensions plus récentes au dessus vers la route, des installations thermales de l'autre côté de l'Inn et des constructions un peu partout entre le centre et le départ de la télécabine.
Le tout donne une impression d'urbanisation diffuse, voire
anarchique, avec néanmoins quelques essais d'architecture
contemporaine qui changent des pastiches qu'on voit partout dans les stations de ski. J'ai eu l'impression d'une petite ville de montagne, et pas seulement d'une station à touristes, bien qu'il ne doive pas y avoir beaucoup d'activités en dehors du tourisme.
Le plan du domaine skiable est ici.
bergfex.ch
C'est un domaine assez petit (environ 80 km de pistes), peu
pentu et orienté plein Sud, mais il offre un bon dénivelé (un peu plus de 1300m).
Arrivé de nuit, j'ai été trompé par la présence de neige dans le fond de la vallée. Il s'est avéré le lendemain que les conditions frisaient la catastrophe intégrale : pas de neige dans toute la partie inférieure du domaine (c'est à dire, sur tout le trajet de la télécabine). Au dessus, un manteau neigeux en lambeaux, péniblement entretenu sur les pistes à coups de canons à neige. Des cailloux, de l'herbe, et de la neige terreuse. Le véritable manteau neigeux ne commençait qu'au dessus du domaine skiable, c'est à dire au dessus de 2800 mètres...
Tout le secteur Est était fermé (y compris la piste redescendant à Sent, la "Traumpiste", dont la station est très fière : ça doit être une sorte de "cascades" ou de "Sarenne" locale). Une bonne moitié de domaine était quand même ouverte, uniquement grâce aux canons.
Bon je vais pas m'éterniser, mais c'est dommage car je pense que ce domaine a quand même de bonnes choses à offrir (à commencer par pleins de HP faciles).
Grâce aux canons, il y avait moyen d'enchaîner un bon
dénivelé entre le haut des pistes et le bas de la télécabine (enneigement pourri sur le quart supérieur, surtout sur la piste, mais correct en dessous (merci les canons), le tracé de la piste étant assez varié (ni chemin ni boulevard). C'est comme ça que j'ai tenu toute la journée (au moins il faisait beau).
Je n'avais jamais ressenti à ce point les contradictions du ski pour quelqu'un qui aime aussi l'envrionnement montagnard et ses paysages : du genre, du haut du télésiège, avoir envie de gerber en survolant le nouveau bassin de retenue, situé en plein milieu du domaine skiable, au tracé visiblement artificiel, presque vide et dont on voyait bien le plastique du fond et l'enrochement artificiel du pourtour... et puis, dix minutes plus tard, être quand même bien content de pouvoir skier grâce à ce même bassin.
Quant aux dameuses elles étaient allées chercher le peu de neige qu'il y avait en dehors des pistes. Comme elles avaient râclée les dernières miettes de neige, le sol et la végétation superficelle semblaient avoir morflé aussi...
A la fin de la journée, j'ai pris le bus pour aller à Samnaun, but principal du voyage.
LA VALLEE DE SAMNAUN
Plus on descend l'Inn, plus la vallée devient étroite. En approchant de la frontière avec l'Autriche, elle se rétrécit quasiment en gorges.
C'est dans cette partie très étroite de la vallée que part la vallée de Samnaun. En aval, la rive gauche de la vallée se trouve en Autriche. Je crois que pendant longtemps, la seule route d'accès à Samnaun passait par la rive gauche, de sorte qu'il fallait passer par l'Autriche pour s'y rendre (même en venant de Suisse).
C'est pour ça qu'on parle quelquefois de Samnaun comme d'une enclave, bien qu'elle n'en soit pas réellement une. D'ailleurs, aujourd'hui, il existe une route sur la rive droite. Mais Samnaun a gardé son statut de zone franche.
Faire le trajet jusqu'à Samnaun en prenant le bus postal à la tombée de la nuit c'est presque une aventure, surtout à partir de Martina si le car emprunte la rive droite de la vallée. J'ai rarement eu autant l'impression d'aller au bout du monde. Des kilomètres sans voir une maison, à flanc de gorge, le long d'une route étroite et tortueuse. Dans les tunnels, le car a parfois du mal a passer et l'on entend ses rétroviseurs qui grattent les parois.
L'impression est un peu atténuée à l'entrée de la vallée de Samnaun proprement dite, quand on est accueilli par les deux première stations essences de la zone franche. Mais on arrive bientôt à Compatsch.
La vallée de Samnaun (en moyenne 1800 mètres d'altitude dans le fond de la vallée), comporte plusieurs agglomérations.
- Compatsch : juste à la sortie des gorges, c'est le vieux village de la vallée avec ses maisons plus ou moins ancienne, ses étables et une belle église. Une belle photo de Compatsch l'été ici :
gemeindesamnaun.ch
- Laret, qui ne forme en réalité qu'une seule agglomération avec Compatsch, semble avoir été à l'origine un hameau perché au dessus de la vallée. S'y sont développés des hotels et des résidences, qui ont fini par rejoindre Compatsch et la route principale (l'école, la poste et la piscine se trouvent à la limite de Compatsch et de Laret)
- L'urbanisation s'arrête pendant un kilomètre au bout desquels on arrive à Plan, un charmant petit hameau de montagne assez peu transformé par le développement du tourisme. On y voit une très belle maison ancienne de style engadinois (musée), un chapelle, des vaches, un hôtel, et trois ou quatre résidences de tourisme, mais aucun commerce.
- La vallée reprend son aspect presque sauvage pendant un kilomètre avant l'arrivée à Ravaisch agglomération d'aspect récent mais moins importante que Laret et Samnaun-dorf. L'ensemble est dominé par la majestueuse gare du téléphérique, point d'accès au domaine skiable.
photo de la gare de téléphérique :
garaventa.com
- Samnaun-dorf : malgré son nom, Samnaun Dorf n'a rien d'un village ancien : c'est un groupement d'hôtels et de locations de vacances relativement récents (depuis les années 70), dans un beau site, en dessous du Piz Ot. C'est à Samnaun que se trouvent la plupart des boutiques de détaxes (il y en a aussi quelques unes à Laret).
Dans l'ensemble une belle vallée assez encaissée, où des coupures ont pû être maintenues jusqu'à aujourd'hui entre les différentes agglomérations. Autre point particulier, comme le site est très encaissé, on ne voit pas le domaine skiable, et comme on ne voit pas non plus de remontées à part le téléphérique, on n'a pas vraiment l'impression d'être dans une station de ski.
Une piste redescend à Samnaun Dorf du haut du domaine skiable et se prolonge dans la vallée jusqu'à Ravaisch ; c'est une belle piste avec des passages un peu raides; dommage qu'elle semble avoir été assez lourdement remodelée pour permettre aux skieurs moyens de redescendre facilement (création de chemins). Une autre piste redescend d'Alp
Trida à Laret et Compatsch. Je viens de voir sur le plan des pistes qu'il y avait un projet de remontée entre Compatsch et Alp Trida, ce que je n'avais pas remarqué avant.
ISCHGL (Tyrol)
Ischgl à l'autre extrémité du même domaine skiable, du côté
autrichien. Elle est plus importante et plus compacte mais paraît d'une taille relativement modeste pour le domaine skiable. Plus basse (1400m), dans un site moins encaissé, elle est reliée au domaine skiable par deux télécabines et un funitel. Elle m'a paru d'aspect assez bourge, et sans le caractère malgré tout encore rural et montagnard qu'a gardé la vallée de Samnaun. Je n'ai pas eu le temps de visiter Ischgl en détail donc vous n'aurez pas droit à une description détaillée.
Que ce soit à Ischgl ou à Samnaun, l'architecture traditionnelle ou néotraditionnelle (de style disneylando-tyrolien) règne sans partage.
LE DOMAINE SKIABLE (Samnaun-Ischgl)
plans :
mojaaustria.pl
samnaun.ch
Comme le montrent ces plans, c'est un grand domaine skiable, pas aussi grands que les plus grands domaines français mais d'une taille déjà respectable.
Les conditions d'abord : pour résumer, au début c'était beau temps, herbe et cailloux, et à la fin neige, tempête et remontées fermées. Bref, je suis parti une semaine trop tôt. Cela dit, la majorité du domaine était ouverte (jusqu'aux chûtes de neige du milieu de la semaine) à part certaines rouges et une ou deux noires (l'une d'elle n'était PAS DU TOUT enneigée dans sa partie haute, alors qu'elle partait du haut du domaine skiable). Les conditions étaient meilleures en bas qu'en haut, grâce aux canons, à la nature du sol et au vent moins fort, mais étaient partout assez mauvaises, les pistes ouvertes comportant presque toutes des cailloux (au milieu et en haut), ou étant plus ou moins gelées (en bas). Les HP faciles et les skiroutes étaient à peu près impraticables.
En parlant de HP, une partie du domaine skiable est recouverte de chaos rocheux très impressionants (on en survole quelques uns en télésiège). Il y avait peu de neige, donc on les voyait bien, mais je pense que même 20 mètres de neiges auraient du mal à les recouvrir.
Le coeur du domaine se compose de deux "bowls" adossés l'un à l'autre, celui de Samnaun autour d'Alp Trida, et celui d'Ischgl, plus important, autour d'Idalp. Du côté de Samnaun, il y a une petite extension dans une autre vallée (à gauche sur le plan). Plus haut (à droite du plan) sur la frontière se trouvent les deux sommets du domaine skiable, le Greitspitz (2872m) et la Palinkopf (2864m, très beau panorama), qui donnent accès à quelques pistes un peu plus
difficiles redescendant principalement vers l'Autriche. Cette partie du domaine a l'air un peu moins fréquentée (à vérifier en saison) et donne accès à quelques belles pistes, comme la longue rouge qui redesend à Gampenalp, ou celle qui descend à Samnaun Dorf, (quelques noires également, mais sans grand intérêt, du moins celles qui étaient ouvertes).
La difficulté des pistes est assez uniforme (un peu trop peut-être). Pour l'essentiel, il s'agit de grands boulevards d'une difficulté moyenne (peu de chemins plats, mais rien de très raide non plus, à part peut-être une noire qui était absolument impraticable, ainsi que quelques skiroutes (impraticables). A noter que niveau remodelage, par endroit, ça n'a pas l'air d'être tellement mieux que dans les grands domaines français. Alp Trida et surtout Idalp sont les deux carrefours principaux du domaines, encombrés de skieurs et de remontées mécaniques, un peu
plats aussi, de sorte qu'il "cassent" la plupart des longues descentes qu'on peut faire dans le domaine (à quelques exceptions près déjà citées).
On dit souvent que le ski s'intègre mieux à l'environnement
en Suisse et en Autriche. C'est souvent vrai mais franchement à Idalp, on pourrait aussi bien être au milieu d'un grand domaine de Tarentaise.
Les paysages sont assez variés mais pas non plus exceptionnels : la plupart des pistes sont tracées au dessus de la limite des arbres, mais il y a également des secteurs en forêt du côté d'Ischgl. En revanche, il manque un côté "haute-montagne" qu'on trouve dans la majorité des grands domaines français ou suisses. J'avais souvent l'impression de skier dans un domaine de Tarentaise dont on aurait enlevé la partie supérieure.
A quelques kilomètres d'Ischgl, il y deux autres domaines skiables plus petit, celui de Galtür (en amont d'Ischgl) et celui de Kappl (en aval). Je n'y ai pas skié car mon forfait ne les incluait pas mais il est matériellement tout à fait possible de s'y rendre en logeant à Samnaun grâce aux cars qui circulent dans la vallée d'Ischgl. D'après ce que j'ai lu sur Alpinforum, il y aurait par ailleurs un projet de liaison entre Kappl et St Anton.
Bon, bilan un peu mitigé, même si le mauvais enneigement est certainement pour beaucoup dans mon impression. Le domaine fait penser à un grand domaine français mais sans en avoir toutes les qualités (grand, mais pas si grand que ça, pistes relativement uniformes, etc..) et sans que ça soit compensé par le dépaysement qu'on peut avoir en Haute Engadine, par exemple.
Par contre, à défaut d'être discret, le réseau de remontées mécaniques offre un débit et un confort absolument imbattables (même les installations de Saint Moritz paraissent vieillotes à côté !) avec beaucoup de télésièges tous débrayables et à bulle (à quelques exceptions près). C'est connu mais je le rappelle au passage.
J'ai été surpris par le monde sur les pistes et au remontées. Rien d'invivable certes, mais quand même surprenant pour une mi-janvier (plus de monde qu'à Flaine à la même époque l'année dernière, et plus de monde qu'à Saint Moritz à ma mi-février). Je me demande ce que ça
donne en période de pointe.
Malgré tout, à l'occasion, j'aimerai bien y retourner avec de meilleures conditions d'enneigement, pour voir ce que ça donne.
RETOUR EN ENGADINE
Au retour, et pour profiter de la neige qui venait de tomber en abondance, je me suis arrêté à Pontresina quelques jours. Je ne vais pas m'étendre beaucoup vu que j'avais déjà fait un long compte rendu l'année dernière.
J'ai vu la liaison entre Diavolezza et Lagalb dont on avait parlé ici il y a quelques mois, mais qui ne fonctionnait pas. C'est effectivement un fil à neige qui relie une piste nouvellement créée, mais dont je n'ai pas réussi à bien voir le tracé, au bas du téléphérique de Lagalb, en passant sous la voie ferrée. Autant dire que cette nouvelle installation passe totalement inaperçue.
CRANS MONTANA
Le seul point commun, c'est que c'est aussi en Suisse. j'y ai passé une semaine en février. Je ne vais pas m'étendre non plus, car je pense que beaucoup de gens ici connaissent. Conditions d'enneigement bien meilleures heureusement qu'en janvier. Côté urbanisme, on se sent beaucoup plus près de la France, pour le meilleur ou pour le pire.
Là non plus les pistes ne sont pas bien difficiles, à l'exception peut-être de celles qui redescendent du nouveau télésiège de la Toula (mais elles ne sont pas bien longues). Mais comme il n'arrêtait pas de neiger, il y avait de quoi s'amuser en dehors des pistes. Un beau domaine, qui donnent l'impression d'être plus grand que le kilométrage de piste annoncé (ils trichent moins que les autres?), et dont les points forts sont le panorama exceptionnel et la possibilité de faire de longues descentes (Chesteron, Nationale, piste redescendant de la
plaine morte).
Question à ceux qui connaissent la station : de quand date le funitel qui monte à la Plaine morte ? A-t-il remplacé une autre installation ?
inscrit le 04/11/03
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