Nikolas
Nikolas
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Si l'accélération du réchauffement climatique par l'activité humaine ne fait plus aucun doûte, la façon dont il évolue et les conséquences de celui-ci ne sont encore que très mal appréhendées.

Je profite de ce qui se passe depuis quelques temps dans notre ciel pour illustrer ce qui m'a toujours semblé clair:

L'absence de flux océanique et le manque de perturbations depuis 2003 n'était bien que cyclique.

La météo est trop jeune pour que nous puissions établir des règles définitives.

Combien de fois avons-nous ces derniers mois entendu pleurer pas mal de ténors de la météo et bon nombre d'amateurs?
Combien de fantasmes avons-nous entendus à propos de ce réchauffement encore mal analysé?
Combien de fois avons nous entendu dire que le flux perturbé faisait parti de notre ancien temps et que désormais l'anticyclone ne nous lâcherait plus jamais??

Beaucoup critiquent le coté "scoop catastrophiste" donné par nos médias à propos des intempéries et divers évènements météorologistes parce que ça affole la population et ça alimente les fantasmes, mais ces gens critiques ne font-ils pas de même en nous rabâchant que le climat a changé quasiment chaque jour, en nous répétant chaque jour que la sécheresse est toujours catastrophique, que l'anti nous collera à jamais, que les glaciers sont foutus, etc...?

Bref, dès qu'une situation inhabituelle se présente , on en tire des conclusions hâtives.

La pluie est revenue. La neige aussi. Le flux d'ouest est revenu. Pour combien de temps? Impossible à dire. Mais il nous prouve depuis février qu'il n'est pas mort, et que notre anticyclone des Açores ( et non FFA ) peut rentrer chez lui lorsqu'il le veut bien, parce que le mécanisme des fluides n'a finalement pas été tant modifié par un réchauffement climatique.

Les cycles ont toujours existé. Nous avons eu un cycles d'hivers doux et humides dans les années 90. Nous avons eu un cycle d'années sèches ces derniers temps. C'est comme ça.
Mais le gulf stream est toujours là. Le jour d'après, c'est pas pour demain. On va attendre quelques décénnies pour cela.

Alors, certes, les pluies actuelles, ne combleront pas toute la sécheresse qui s'est accumulée depuis 3 ans, mais elle va largement améliorer la situation. Et cela finissait par devenir long. Donc pas la peine d'indiquer chaque jour que la situation est de plus en plus inquiètante, car depuis un mois, dire cela est du mensonge.

Les historiens indiquent qu'Hannibal et ses éléphants ont franchi les Alpes par des cols aujourd'hui impraticables à cause de la présence des glaces. Donc du temps des romains, les glaciers semblaient encore beaucoup plus petits qu'aujourd'hui. Histoire de cycles.

Du temps de Napoléon, les hivers de plus en plus doux inquiétaient déjà. Histoire de cycles.

Donc, ne pleurez plus, la disette, c'est pas pour tout de suite.

Ce n'est pas une raison pour négliger notre environnement et relâcher les efforts ( pour ceux qui ont déjà commencé ).

Et je crois que, contrairement à ce que j'entends depuis ma jeunesse, on pourra toujours skier à 1500m d'altitude en 2050.
Allez, bon ski °;).
matbri
matbri

inscrit le 08/06/05
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Je suis assez d'accord.

On peut également dire que vers l'an 1000 le Groenland était très fertile (d'où l'origine de son, qui vient de "greenland";), que les vikings on pu se rendre au Labrador et au Québec au printemps sans rencontrer de glaces, etc...

On nous disait à la fin des années 90 que tous les hivers à venir seraient doux et humides, car on était à ce moment dans une succession d'hivers de ce type.

On tire effectivement trop souvent des conclusions hatives de phénomènes ponctules et cycliques.

Depuis quelques années les hivers sont froids et secs, mais cela ne veut pas dire que tous les hivers prochains le seront.

Mais comme tu le dis, ne négligeons pas les effets du réchauffement et maintenons nos efforts.
didou4307
didou4307
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D'accord également avec la théorie des cycles. Pour la région que je connais bien, à savoir le sud-est du massif central, le début des années 70 a vu se succéder des hivers rigoureux et très enneigés alors que la fin des années 80 se caractérise par le contraire avec des hivers dits "sans neige", néanmoins pour avoir travaillé sur les données météos de différentes stations de moyenne montagne dans cette région, le réchauffement est une réalité de même que la diminution globale de l'enneigement, ce qui n'empêche pas le retour d'un cycle plus favorable pour la neige comme nous le vivons depuis 3 hivers, ces derniers sont vraiment intéressants car ils viennent fortement nuancer l'opinion générale qui veut qu'il n'y ait plus d'hiver mais ils frappent d'autant plus les esprits qu'ils succésent à une série assez exceptionnelle d'hivers très doux et peu enneigés
al
al

inscrit le 04/04/04
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>matbri:tu dis;on pourra toujours skier à 1500m en 2050:vous peut-être mais moi,j'ai des doutes:j'aurai 100 ans!
free_bine
free_bine

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C'est clair que c'est hallucinant toutes les conclusions qui qont tirés comme ca et souvent anoncé comme parole d'évangile, au final on ne sait ce qui va se passer!!! et c'est tres bien comme ca
bridouxe
bridouxe

inscrit le 28/02/06
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nous effectuons une confusion fréquente : celle de penser que l'on peut mettre sur le même plan la météo et le climat, alors que nous parlons là de deux manières très différentes de considérer "le temps qu'il fait".

La météo, cela désigne le temps qu'il fait "tout de suite", ou dans pas très longtemps, et "devant ma porte", ou pas très loin. Elle se définit donc par des valeurs instantanées et locales de la température, des précipitations, de la pression, de la nébulosité (c'est-à-dire de la couverture nuageuse), etc. Pour faire de la météo, il suffit, pour l'essentiel, de "lever le nez", c'est-à-dire de regarder ce qui se passe dans l'atmosphère. Pour faire cela, on utilise des stations au sol (température, précipitations, pression au sol), des ballons-sondes ou des satellites (température et pression en altitude, précipitations sur de larges zones, notamment l'océan, etc). Une fois que l'on dispose d'une bonne description de ce qui se passe "au-dessus de nos têtes" sur un court intervalle de temps (quelques jours), il suffit alors, pour connaître le temps qu'il va faire dans les jours à venir à un endroit donné, de "prolonger" l'évolution atmosphérique observée sur quelques jours. Un modèle de météo est donc un modèle purement atmosphérique, mais cela est bien suffisant pour faire de bonnes prévisions à l'échelle de quelques jours : malgré tout ce que nous pouvons en dire, la tendance prévue par la météo est souvent la bonne !

Là où les choses se compliquent, c'est que lorsque nous parlons climat nous parlons aussi de température, de précipitations, de pression, de nébulosité, etc. La grande différence, c'est qu'au lieu de parler de valeurs instantanées et locales, nous allons surtout parler de valeurs moyennes sur des années ou des dizaines d'années, et sur des zones géographiques qui sont en général importantes : continents ou fractions de continent. Un climat n'est pas dit tempéré parce qu'il a fait une température donnée en un lien donné le 3 janvier, mais parce que les températures sont "en moyenne" comme ceci l'hiver, et "en moyenne" comme cela l'été, et que il pleut "en moyenne" tant dans l'année, etc. Et ce "en moyenne" fait référence à des valeurs qui ont été mesurées sur des dizaines d'années, non sur une seule.

Il est bien sûr possible de passer de la météo au climat : avec l'ensemble des relevés journaliers et locaux, on construit facilement des moyennes pluriannuelles et sur des zones larges. Par contre, il sera facile de comprendre que l'inverse n'est pas vrai : avec des évolutions qui portent sur les moyennes (ce qui correspond aux sorties des modèles pour le climat futur), il ne sera pas facile - voire pas possible - de reconstituer l'évolution locale et instantanée de la température ou du vent. Un exemple tiré de la vie de tous les jours permettra facilement de comprendre cela : admettons que nous sachions que la moyenne d'une classe est montée de 2 points. Pouvons nous en déduire pour autant que la note du petit Martin ou de la petite Dupond ont aussi monté de 2 points ? Bien sûr que non : on peut très bien avoir une moyenne qui va dans un sens avec la note de tel ou tel élève qui va dans l'autre.

Pour le climat et la météo, c'est pareil : on peut très bien avoir la moyenne qui va dans un sens, avec un événement ponctuel qui va dans l'autre. Si en plus on se rappelle que la surface de la France, c'est 0,1% seulement de la surface planétaire, alors il est facile de comprendre que la tendance générale au réchauffement (qui fait référence à la moyenne planétaire sur quelques dizaines d'années au moins) n'est pas infirmée par un hiver froid ou un été frais en France ou en Italie ou en Floride ou en Mongolie.

C'est pour cela qu'à la question de savoir si un événement nouveau ou inhabituel - comme les tempêtes de 1999 - qui est, au départ, un événement météorologique (il a pris place à un endroit donné et sur une courte période de temps), est aussi le signe d'un changement climatique, la science est pour le moment sans réponse satisfaisante : il faut attendre de savoir si, "en moyenne", ce genre de chose va se produire plus souvent. Dit autrement, nous aurons la réponse quand il sera trop tard pour anticiper quoi que ce soit.

Bien sûr, tout comme la météo, le climat varie, mais pas aux mêmes échelles de temps !

La variation la plus rapide et la plus importante du climat régional est bien sûr le cycle des saisons, qui fait facilement gagner ou perdre deux dizaines de degrés de température moyenne aux moyennes latitudes.
bridouxe
bridouxe

inscrit le 28/02/06
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(suite)

puis, si nous nous cantonons uniquement aux moyennes annuelles de température ou de précipitations, nous allons trouver des grandes oscillations type El Nino, susceptible de faire varier significativement le climat régional pendant quelques années,

des changements massifs d'un climat régional peuvent survenir en quelques dizaines d'années ou quelques siècles comme conséquence d'une modification des courants océaniques régionaux qui se produisent au même rythme (comme par exemple les "arrêts" du Gulf Stream dans le passé;),

à l'échelle de quelques millénaires et de l'ensemble du globe, nous pouvons trouver les entrées en glaciation (qui prennent typiquement de l'ordre de 10.000 ans).

enfin le climat peut lentement évoluer à l'échelle de dizaines de millions d'années, ce qui est par exemple le cas du lent refroidissement que notre planète a connu "en moyenne" depuis le milieu de l'ère tertiaire. Cette fois-ci, c'est la dérive des continents qui est en cause !
Bien sûr, dans toute évolution lente il peut se glisser des variations plus rapides, mais il faut bien se garder de confondre la tendance de fond avec les variations rapides en question. Un changement de climat n'est pas caractérisé dès que la température d'un jour donné - ou même d'une semaine donnée - a connu un écart important par rapport à la moyenne, ou même à l'évolution lente de cette moyenne.

Une autre grande différence entre climat et météo est que le climat n'est pas uniquement déterminé par ce qui se passe dans l'atmosphère : pour étudier le comportement du climat, il ne suffit pas de "lever le nez pas très haut". En effet, le fonctionnement de la machine climatique est conditionné par énormément d'éléments, dont tous, du reste, ne font pas partie du système "planète terre". En voici une liste (non limitative) :

le soleil, et la plus ou moins grande quantité d'énergie qu'il émet, car cela conditionne la quantité d'énergie qui est "injectée" dans la machine climatique terrestre,

les paramètres astronomiques de la terre, qui conditionnent aussi la quantité de rayonnement solaire qui parvient sur la terre, et surtout sa répartition saisonnière,

la composition de l'atmosphère, qui conditionne l'effet de serre, et donc le "chauffage supplémentaire" du sol,

les volcans, qui conditionnent la quantité d'aérosols envoyés dans l'atmosphère, et donc, au contraire, le "refroidissement" du climat,

les océans, qui, avec l'atmosphère, "amortissent" considérablement les écarts de température entre la nuit et le jour, et entre l'hiver et l'été,

les glaces polaires, d'une part parce que leur étendue conditionne le pouvoir réfléchissant global de la terre (mais de manière secondaire par rapport aux nuages), et surtout parce que leur volume conditionne la hauteur des océans (en période glaciaire les calottes sont bien plus massives, et du coup l'océan bien plus bas),

la végétation, qui conditionne le cycle local de l'eau (les arbres sont des machines à évaporer, et en moyenne il pleut plus au dessus des zones boisées qu'au-dessus des terres défrichées), et qui conditionne aussi le pouvoir réfléchissant de la surface : une forêt et un champ n'ont pas le même pouvoir de réflexion du rayonnement solaire, ce qui a bien sûr de l'importance,

la dérive des continents, qui change la répartition régionale de la réflexion du rayonnement (l'eau océanique réfléchit moins le rayonnement que les terres émergées : si la dérive des continents met de la terre là où il y avait de l'eau, cela change la proportion de rayonnement réfléchi à cet endroit du globe, et donc le climat local, voire global). Cette dérive permet aussi, si la terre remplace l'eau aux poles, l'installation d'une calotte polaire (sur l'océan, il ne peut y avoir que de la banquise, bien moins volumineuse), qui va en retour changer le niveau des océans et la température moyenne de l'hémisphère,

etc....

Et pour finir, si l'homme est incontestablement devenu un agent climatique en modifiant l'effet de serre de l'atmosphère, ce qui va engendrer une modification lente (mais potentiellement majeure à terme) du climat, il n'est pas encore devenu un agent météorologique, capable de changer instantanément le temps qu'il fait en un claquement de doigts !

cet article très intéressant de jean marc Jancovici permet de clarifier de nombreux points
Nikolas
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Moi qui croyais que c'était Bridouxe qui avait pondu tout cela!!

Je me disais, " chouette un nouvel expert sur le forum".

J'ai tout lu attentivement pour me rendre compte à la dernière ligne qu'il s'agissait d'un article existant déjà. J'ai été déçu. Cela aurait été mieux de tout mettre en italique ou entre guillemets histoire de prévenir le lecteur dès le début, car quand même, c'est un peu long.

Cependant article très interessant.
demi_deuil
demi_deuil

inscrit le 22/12/05
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Ca me fait penser qu'a la fac j'ai un prof à la fac qui avait trouvé dans des sédiments d'âges récents (3000 ou 4000 ans ) des ptéropodes (escargot de mer) que l'on trouve actuellement dans des lattitudes tropicales, suggérant un climat plus chaud que prévu à cette époque.

Ca me fait penser aussi que du temps des romains ont tiré du trés bon vin à Lille.
Modo
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Skipass