Vue aujourd hui sur la depeche :
Pyrénées. Ouverture des premières stations le 4 décembre.
Plus de 30 millions d'euros ont été investis dans les stations pour une meilleure neige et une meilleure glisse. Photo DDM, Joël Boyé
Plus de 30 millions d'euros ont été investis dans les stations pour une meilleure neige et une meilleure glisse. Photo DDM, Joël Boyé
Afin de se positionner face à une concurrence féroce en matière de glisse, les 38 stations pyrénéennes, regroupées sous l'égide d'une Confédération pyrénéenne du tourisme (CPT), mettent le paquet cette année : plus de 30 millions d'euros investis sur le massif en vue d'une saison d'hiver qui devrait démarrer pour le week-end du 5 et 6 décembre. Près de 50 % de cet investissement concernent les remontées mécaniques et 12 % pour la neige de culture, a annoncé hier lors d'un point presse à Toulouse Pierre Casteras, président de la CPT. À ses côtés, Martin Malvy, président PS de la région Midi-Pyrénées, a rappelé le « poids de l'économie touristique » de 2 milliards d'euros, soit 35 % du PIB de la région, et qui assure 8 000 emplois dans les Pyrénées. Un patrimoine à conserver, indéniablement.
Et pourtant, plus que jamais, les stations pyrénéennes, qui ont réalisé une saison 2008-2009 exceptionnelle, cultivent le paradoxe : 600 000 journées ont été perdues l'an passé pour le seul massif pyrénéen, « essentiellement sur son bassin de clientèle historique », observe la Confédération. Il aura fallu l'apport de la clientèle espagnole - dont la traditionnelle Imaculada lance la saison dans les stations à partir du 12 décembre - pour contrebalancer une tendance conjoncturelle. La crise aidant, les familles ont aussi relativement réduit leurs séjours et leurs dépenses. Les professionnels de la montagne parlent également d'une « désaccoutumance liée aux deux mauvaises années précédentes » et pointent une « mutation du comportement des touristes skieurs » qui préfèrent fractionner leurs séjours, viennent moins longtemps et réservent au dernier moment en lorgnant la météo. Facile aujourd'hui en effet de se faire une idée de ce qui se passe au pied des pistes avec les webcams.
Face à cette nouvelle donne, la Confédération s'est fixée de nouveau enjeux à travers une « nouvelle stratégie de positionnement ». En clair, comment exister, résister, face aux géants de la chaîne des Alpes. Les professionnels ne lésinent pas sur les moyens : Guide blanc envoyé en Espagne (Barcelone, Valence, Saragosse, Bilbao) et une présence active dans les médias. Le grand débat tourne aussi autour de la question complexe du réchauffement climatique et la gestion durable de la neige de culture. Critiquée par les défenseurs d'une ressource naturelle maîtrisée, la neige artificielle demeure la seule garantie pour les skieurs en cas de redoux persistant. « On utilise 24 millions de mètres cubes d'eau pour remplir les piscines en été, et 2,2 millions de mètres cubes pour la neige de culture », se défend Pierre Casteras.
Bons plans et nouveautés
Les nouveautés, cette année, c'est l'investissement sur les remontées mécaniques dans de nombreuses stations pyrénéennes, avec près de 16 millions d'euros dégagés. Quelques pistes à suivre pour dégoter les bons plans en ce début de saison, seul ou en famille.
La Pierre-Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques). Altitude (1550-2200 m), 20 pistes. un week-end de 2 nuits dans un gîte de la vallée de Barétous pour 80 €, avec journée de ski, balade de 3 km en chiens de traîneaux.
Val d'Azun (Hautes-Pyrénées). Altitude (1350-1600 m), 100 km de pistes tracées. Nouveau cette année, un sentier thématique sur les rapaces et un nouveau parcours ludique au col de Couraduque.
Tourmalet/Barèges-La Mongie. Altitude (1400-2500 m). Plus gros domaine skiable avec 69 pistes et 2 snowparcs. Une formule Tourmalin à 78 € avec un carnet de coupons à utiliser comme bon vous semble.
Val Louron. Altitude (1450-2100 m). Nouveauté : doublement de la capacité de neige de culture et un nouveau téléski spécial débutants sur le secteur du Lapadé.
Ax-3 Domaines (Ariège). Altitude (1400 - 2400 m). Avec ses 80 km de pistes, la station propose un week-end « spécial étudiants » à 76 euros pour deux nuits en studio.
Les Angles. Altitude (1600-2400 m). Cette année, la station aux 31 pistes propose plusieurs temps forts : descente aux flambeaux, feu d'artifice, vin et chocolat chauds offerts au pied des pistes.
Les espaces nordiques. Ils ont le vent en poupe. Les 16 espaces nordiques pyrénéens ont pris un temps d'avance sur les autres massifs en développant une offre à destination de tous les publics, amateurs, sportifs, adultes et enfants. L'objectif clairement affiché est d'offrir « à un prix abordable des activités ludiques aux familles », expliquent les professionnels. Une bonne nouvelle en période de crise. L'occasion de faire en famille du ski tracté par un cheval, de la montain luge ou de la trottinette à neige.
ouverture
Skiez à partir du 4 décembre
D'après nos dernières informations, la station de Cauterets (Hautes-Pyrénées), qui est traditionnellement la première station pyrénéenne à ouvrir son domaine skiable, le fera le vendredi 4 décembre. Les autres stations prévoient d'ouvrir pour le week-end du 5 et 6 décembre, a indiqué hier Pierre Casteras, président de la Confédération pyrénéenne du tourisme. Les dernières chutes de neige remontent au 8 novembre sur le massif et l'important redoux qui a suivi n'a pas permis à certaines stations d'ouvrir plus tôt. Pour ceux qui voulaient chausser les skis pour le week-end qui vient en sont pour les remiser au placard une semaine de plus.
Une météo trop douce cet hiver ?
Douceur et encore douceur, contrairement à la saison dernière marquée par des températures inférieures aux normales et par un fort enneigement.
Selon Michel Schneider, climatologue à Météo France Toulouse, les premiers modèles qu'ont fait tourner les prévisionnistes pour les mois de janvier et février témoignent d'un temps particulièrement doux, ce qui n'empêchera pas, bien sûr, les chutes brutales du mercure avec des épisodes frais et perturbés qui habilleront la chaîne de blanc. Ce froid passager sera la conséquence des retours d'est sur les Pyrénées-Orientales et des flux de nord-ouest sur les Pyrénées-Centrales.
Nous voilà donc prévenus et les gérants de stations de ski aussi : la saison pourrait bien ne pas ressembler à l'hiver 2008-2009 marqué par une forte fréquentation des skieurs. Cela dit, ces prévisions ne sont pas une surprise en soi. Les dernières prévisions arrêtées en octobre pour le dernier trimestre 2009 témoignaient déjà de cette douceur « remarquable ». Sur tous les modèles de prévisions saisonnières (qu'ils soient français, européens, américains ou japonais) qui ont tourné en octobre, cette tendance s'est bel et bien vérifiée. Décembre sera doux également avec des températures supérieures aux normales sur le sud de l'Europe. Il faut s'attendre aussi à des précipitations plus marquées, sauf sur le pourtour méditerranéen.
En attendant, pour les tout prochains jours, les températures seront sur le recul, mais pas pour longtemps. On s'oriente en début de semaine vers un flux nord-ouest favorable aux chutes de neige.
Par ailleurs, les huit régions frontalières du massif ont décidé de se doter d'un observatoire du changement climatique et vont lancer un plan de promotion incarné dans une « Année des Pyrénées » pour 2011.
Météo France devrait être associée aux travaux de cet observatoire créé pour défendre un massif considéré comme un « joyau naturel en danger ». En rappelant qu'en un siècle et demi, plus de 65 % des glaciers ont disparu.
3 questions : Pierre Casteras, président de la Confédération pyrénéenne du tourisme
« A la conquête d'une nouvelle clientèle »
Malgré un enneigement record l'an passé, un chiffre d'affaires en hausse, vous annoncez 600 000 journées perdues. Comment expliquer ce paradoxe ?
Il y a eu la tempête Klaus et les stations ont dû fermer durant plusieurs jours et notre clientèle historique, locale, n'a pas suivi. Si nous avons augmenté notre chiffre d'affaires, c'est parce que nous avons maintenu notre prix d'appel. Mais il ne faut pas se voiler la face : le marché du ski est soumis à une très forte concurrence. Nous devons reconquérir la clientèle traditionnelle et conquérir une nouvelle clientèle, celle de l'Ile de France par exemple.
La création d'un team pyrénéen avec des sportifs de haut niveau va dans ce sens ?
Oui, depuis qu'on s'est aperçu que lors des JO de Turin, la majorité des médailles françaises sont pyrénéennes avec les sports de glisse, le biathlon, handisport.
Le réchauffement climatique hypothèque-t-il l'avenir de nos massifs ?
Il faut s'y préparer et c'est une préoccupation des responsables du tourisme et publics. S'il y a des hivers sans neige, il faut apporter la preuve que les stations seront en capacité d'accueillir la clientèle.
inscrit le 27/03/07
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