Il y a longtemps que je me devais d’écrire un petit article sur la situation moyenne de l’enneigement des massifs français, en prenant en compte les 3 dernières années très capricieuses. C’est chose faite maintenant, je vais essayer de détailler cela en étant objectif. Ici nous ne parlerons que de climatologie, donc nous ne prenons pas en compte les activités commerciales liées à l’or blanc. Les données sont issues et vérifiées par Météo France, et ne proviennent pas des offices du tourisme auxquels nous n’accordons aucune confiance.
AVANT PROPOS
En cette fin février 2004, nous pouvons établir un petit bilan de la dynamique de l’enneigement des massifs français en se référant aux normales climatiques 1965/1980, cette période reste une bonne référence quand on sait à quel point la décennie 1990 fut étrange et les moyennes pour l’enneigement comme pour le vent se prennent régulièrement sur 15 ans comme pour le vent et non pas 30 comme pour les paramètres principaux.
En ce qui concerne les précipitations en générale, nous observons une véritable sécheresse climatique en particulier sur les Alpes du nord et les massif du nord est. Ce phénomène reste bien connue des Alpes méridionales où l’influence méditerranéenne est de mise avec une concentration des précipitation en automne et au début du printemps ;
La valeur de référence est la moyenne, mais celle ci ne veut rien dire, c’est pour cela que de nombreux propos évoqués sont faux. La moyenne prend en compte les valeurs extrêmes, aussi sur 3 à 5 ans une année de faible ou fort enneigement vient nuancer la moyenne. Voilà pourquoi nous utilisons plutot la médiane et les quantiles.
LES ALPES DU NORD
Nous prenons en compte les massifs situés au nord du massif du Dévoluy Bochaîne. L’enneigement en cette fin février est globalement déficitaire. Le briançonnais et l’extrême nord de la haute Savoie (Chablais), ainsi que les massifs des Préalpes (Bauges) observent des valeurs normales et parfois excédentaires.
Cela fait maintenant 3 années consécutives, que les Alpes du nord sont touchées par une sécheresse climatique, des étés chauds et très secs et des hivers courts et faiblement enneigés. Ce fut le cas de ces deux dernières années particulièrement. Nous ne reviendrons pas sur l’été 2003, en revanche l’hiver 2002/2003 fut particulièrement sec avec des valeur inférieur de 30 à 40% à la normale. Les fonds de vallées ont été peu enneigés et plus surprenant en altitude la neige était en faible quantité (moins de 2 m à 3200 m).
Les principales conséquences s’observent sur les glaciers, qui témoignent au jour le jour de l adynamique climatique, néanmoins leur réponse est tardive de 3 à 6 ans après l’année observée. Nous pouvons donc penser que vers 2010, on devrait observer une décrue rapide des glaciers à cause de ces hivers peu enneigés.
En cet fin février, nous pouvons prendre quelques valeurs moyennes des postes que je n’ai pas l’habitude de prendre mais la les données sont fiables, voilà les normales 1965/1980 :
Pralognan : 70.4 m (moins de 40 cm aujourd’hui)
Mont Cenis : 125 (60 cm aujourd’hui)
Valloire : 60 (42 aujourd’hui)
Monetier 83.7 (62 aujourd’hui)
Mégève 50.3 (25 aujourd’hui)
Nous sommes donc inférieure aux normales cet écart est plus accentué si l’on prend les médianes.
Que la météo nous trompe pas, la sécheresse climatique est toujours d’actualité dans les alpes du nord.
LES ALPES DU SUD
Fidèles à leur ambiance climatique méditerranéenne, les Alpes du sud n’observe pas d’excès et s’intègrent parfaitement ou presque dans les valeurs médianes et moyennes. L’été 2003, n’a pas connu des écarts aussi importants que dans le centre du pays. L’influence maritime y étant pour beaucoup. En ce qui concerne les hivers, il y est rare de trouver de la neige à moins de 1500 m, le soleil venant rapidement à faire fondre la neige.
L’automne fut copieusement arrosé avec de fortes chutes de neige au dessus de 1800 à 2200 m. à partir de ces altitudes le manteau y est excédentaires tout comme l’année passée. De nouvelles chutes sont venues blanchir les basses vallées, et les températures globales depuis le debut de l’hiver sont de 0.8° inférieure aux normales.
LES PYRENNEES
Là encore la sécheresse de l’été 2003 ne fut pas aussi marquée que dans les Alpes, les deux derniers hivers furent copieusement enneigés. Les Pyrénées sont victimes d’une très grande hétérogénéité des températures avec une neige qui peut fondre en une seule journée à très basse altitude. L’hiver 2003/2004 avait très bien commencé fin novembre avec de grosses chutes en haute montagne, le redoux de décembre et de début janvier fut fatale aux versant exposés au soleil. Cependant les flux de nord assez fréquents cette année ont mis fin au manque de blanc et même si la neige manque en basse vallée, le manteau devient raisonnable au dessus de 1600 m.
En dessous de 1600 m les valeurs sont déficitaires de 20%
Au dessus excédentaires de 40%
MASSIF CENTRAL VOSGES JURA
Vosges et Jura, sont avec les Alpes du nord les massifs qui souffrent le plus de la sécheresse qui persiste depuis plus de 2 ans. Même si aujourd’hui les crêtes sont blanches, les valeurs sont faibles, et le manteau est fragile au moindre redoux. Sans les canons à neige, beaucoup de pistes seraient vertes. Cette situation perdure, avec des valeurs déficitaires : voici e qu’indique les normales 1965/1980
JURA 52 cm à 1000 m et 86 cm à 1500 m
VOSGES 32 cm à 600 m ; 81 à 1300 m
Pour le massif central, le vent vient souvent jouer le trouble fait en arrachant la neige des cimes. Le développement des orages durant l’ été à permis de conserver la réserve utile des sols, une sécheresse moins prononcés. Cet hiver est contrasté, mais nous sommes dans les valeurs moyennes sur le Sancy , légèrement inférieur sur le cantal.
CONCLUSION
Nous observons de forts contrastes d’une semaine à l’autre, en janvier 2004, de la neige sur les Alpes à 2400 m, une semaine après de la neige en plaine sur tous les massifs !!!
Nous sommes dans une période de crise hydrique dans les Alpes du nord, un hiver 2002/2003 catastrophique avec des valeurs inférieures à la normale de 55% en Maurienne et Tarentaise. L’hiver actuel ne se présente pas sous les meilleurs conditions, nous pouvons espérer un printemps pluvieux. En attendant c’est un anticyclone doux qu’il va falloir supporter
Auteur : berthelot Michaël , UMR TOURS
inscrit le 20/09/02
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