[vision sports d'hiver] Il faut changer!

Peu importe, car après ces deux années de jardin des enfants ma vision sur les sports d’hiver a heureusement fort changé. D’année en année j’ai appris à aimer ce sport divin, à aimer l’environnement dans lequel il se déroule; bref à aimer la montagne et le ski! Vous pensez qu’il n’y a rien de spécial à ce que je viens de dire, mais vous avez tors. N’oublions pas qu’aimer veut également dire respecter. Car quand on aime quelqu’un, on respecte la personne qu’il ou elle est; avec ses qualités et ses défauts. Des mots bien connus et même reconnus, bien que pas toujours appliqués de manière stricte. Si on reprends l’idée de cet amour pour la montagne, peut-on dire de soi-même qu’il est accompagné d’un respect profond?

En première instance presque tout le monde donnera une réponse positive à cette question, mais cela va bien plus loin que vous ne le pensez. En effet il y a l’exemple stéréotype des touristes polluants qui n’hésitent pas à laisser leurs déchets sur leur lieu de pique-nique, ou de jeter leurs mégots de cigarette sous les télésièges voir même sur la piste. J’espère sincèrement que vous ne faites pas partie de cette catégorie de gens, ça serait déjà bien. Mais comme je le disais, le respect pour la montagne comporte plus que seulement cet aspect là.

Imaginez-vous la situation suivante. Après deux mois d’été bien ensoleillés sur les plages de la Côte d’Azur, vous prenez tout doucement la route du retour et commencer à penser à l’hiver à venir et à votre semaine de ski bien entendu (Eh oui, seulement une semaine, car après deux mois de Côte d’Azur c’est difficile de se payer plus d’une semaine de ski). Alors quand vous préparez votre séjour annuel dans votre station de ski préférée, peut importe laquelle, quelle est l’une des premières choses que vous faites? S’informer sur les aménagements faits sur le domaine skiable durant l’été? Allez, avouez-le, à première vue il n’y a pas de mal à ça; bien que …

Un nouveau télésiège par si, une piste remodelé par là, on le voit d’année en année. C’est apparemment la norme de nos jours, car c’est même devenu exceptionnel de voir une station qui ne change rien à ses installations; ce qui est souvent du au manque d’argent. On remarque bien que les stations qui ont fait le plus de bénéfices durant la saison précédente sont celles qui investissent le plus dans la modernisation ou l’expansion de leur domaine skiable pour plaire à la clientèle. Pourtant ces stations là ont bien souvent des domaines skiables déjà étendus sur plusieurs flancs de la montagne et elles flirtent déjà avec leur capacité maximale de vacanciers. N’existe-t-il donc aucune limite à l’expansion de l’exploitation d’un massif?

S’il n’y avait pas de côté négatif à cette évolution je serais le premier à l’encourager! Vu la vitesse à laquelle les stations alpines contemporaines grandissent, on en arrivera à pouvoir skier d’Avoriaz à Isola2000 dans quelques dizaines d’années… Ben oui, si de nos jours il y a moyen de construire une téléphérique entre Les Arcs et La Plagne, alors qui sait ce que les technologies du futur nous apporteront! La Compagnie des Alpes sera enfin fier du nom qu’elle porte et elle n’aura plus qu’à s’occuper d’un seul grand domaine: Les Alpes!

Si je commence à vous faire rêver je vais m’arrêter là immédiatement. En effet -même si l’idée d’un domaine skiable si grand, si beau, si majestueux peut être l’ultime désir de certains- il ne faut pas oublier qu’en réalité ce serait une vraie catastrophe. La commercialisation et l’urbanisation que comportent l’exploitation d’une partie de montagne en tant que station de ski, s’étendrait sur l’ensemble des Alpes, cicatrisant à jamais la nature sauvage de ce beau massif. Toute cette faune et flore exceptionnel qu’on peut actuellement trouver dans les Alpes; les vues panoramiques époustouflantes, les forêts de mélèzes,… tout cela sera sacrifié pour le plaisir superficiel des sports d’hiver!

A part les gens à qui j’ai apporté une haine éternelle pour la race humaine avec mes propos, je sens que d’autres trouvent que j’exagère légèrement… Bien évidemment il y a peu de chance qu’un jour on n’en arrivera là, vous avez raison, du moins je l’espère de tout cœur. Mais tout cela ne change en rien au fait que la situation actuelle est tout aussi alarmante! L’évolution se fait de manière plus lente et moins visible, mais tout aussi vaste. La mentalité dans le domaine de la gestion des stations de ski françaises a pris une mauvaise direction ses dernières années (à mon humble avis bien sûr). On rencontre de plus en plus de stations qui optent pour l’aménagement d’une piste afin de l’adapter au niveau de ski de sa clientèle au lieu de laisser le client choisir sa piste en fonction de son niveau. Une belle piste raide et étroite, un régal pour le bon skieur, n’est apparemment plus la bienvenue dans une station contemporaine. Elle se fera visiter par une armée de bulldozers durant l’été pour lui redonner une visage plus familial, ou elle sera carrément exclu du domaine skiable et définitivement fermé. Les directions des stations de ski veulent de ce fait éviter tout problème avec leurs clientèle. Et comme on sait qu’une fois en vacances, «monsieur tout le monde» osera s’aventurer sur une piste qui dépasse nettement ses compétences, parce qu’il a gentiment laissé son cerveau à la maison, le risque pour la direction est effectivement considérable. Ceci est bien évidemment une caricature de la situation actuelle, mais je pense qu’elle ne s’éloigne malheureusement pas trop de la réalité.

Une autre tendance actuelle c’est de toujours vouloir voir plus grand. Prenons l’exemple de La Plagne, une station qui porte depuis plusieurs années le surnom d’industrie du ski et qui continue à nous étonner. Malgré son ampleur elle suit gentiment ce que je viens de dire: «voyons plus grand, doublons la mise!» Et voilà qu’un téléphérique révolutionnaire nous pends au dessus de la tête pour relier La Plagne aux Arcs. S’il n’y avait pas de problèmes écologiques, esthétiques ou de problèmes d’enneigement voir même de sécurité, je féliciterais les membres de la SAP personnellement pour cette initiative excellente. Mais soyez conscient que presque chaque activité humaine en montagne a des conséquences néfastes pour la nature! Que ce soit la construction de remontées mécaniques ou encore une simple randonnée en haute montagne, tout a un certain effet. Et c’est la responsabilité des directions de stations de ski d’en tenir compte quand ils planifient des projets d’envergure afin de ne pas se retrouver avec une montagne entièrement détruite dans plusieurs années.

Malheureusement la réalité nous montre que les gestionnaires de stations de ski négligent bien souvent cet aspect là et se concentrent uniquement sur la rentabilité de leur station. Et comme une piste plate et large avec un bon enneigement et une remontée mécanique rapide rends mieux, ils opteront facilement pour le modelage d’une piste, l’installation d’un réseau d’enneigement artificiel et la construction d’une remontée à haut débit. Remarquez que la ressemblance avec une piste de ski indoor est déplorablement grande et qu’on ne peut plus vraiment parler de nature dans ce cas.

Il y a-t-il moyen d’arrêter cette évolution qui risque de détruire ce qui nous est chère? Je n’en sais rien… Par contre je sais que cela nécessiterait un changement radicale de la mentalité d’aussi bien les directions des stations de ski que de leurs clientèle. Eh oui, vous m’entendez bien: nous aussi on devra faire des efforts! Car la plupart d’entre nous se dit satisfait des aménagements faits dans leur domaine skiable préféré. C’est bien normal d’aimer les pistes enneigés et les remontées de confort, mais il faudrait tout de même rapidement commencer à prendre conscience de l’effet que ça a sur la nature! Et c’est là que je reprends ce que je vous ai dit tout à l’heure: si vous éprouvez vraiment un véritable amour pour la montagne, vous éviterez de «désirer» voir des aménagements de ce type. Car si vous le désirez, vous faites partie du problème de mentalité… Je ne dis pas qu’il ne vaut pas apprécier ce qu’il y a, au contraire, j’insiste sur le fait d’être satisfait avec ce qu’un domaine vous offre et de ne pas toujours vouloir plus! Je sais, ce n’est pas évident; moi-même je dois m’encourager à soutenir mes propres idées. Mais c’est essentiel pour arriver un jour, peut-être, à trouver un équilibre entre la commercialisation et la protection de nos massifs alpins afin que les générations suivantes puisse en profiter tout autant que nous.

Pour donner une vision un peu plus nuancée il faut savoir que je ne déplore pas tout aménagement fait sur les domaines skiables! En effet, certains projets de modernisation améliorent l’ensemble de la station et réduisent la densité des remontées mécaniques ce qui est une bonne chose. S’il faut choisir entre trois téléskis ou un télésiège, je pense que le choix est vite fait! Et les remontées mécaniques que nous proposent actuellement les constructeurs comme Pomagalski, Leitner Lifts ou Doppelmayr sont moins polluants que certaines vieilles installations, ce qui signifie également une amélioration pour une station. Mais comme pour tout dans la vie, c’est une question de trouver un bon équilibre et là on est loin de l’avoir trouvé…

J’espère que vous avez apprécié ce petit texte que je vous ai offert et que vous allez réfléchir à ce que j’ai essayer de vous partager. Moi en tout cas mon propre texte m’a fort réjouis! Et cela non pas à cause du contenu mais tout simplement parce que c’était agréable penser à autre chose que mes examens de janvier!