je voudrais avoir des réactons des saisonniers sur cet article du monde parlant des conditions précaires de logements.
J'aimerais aussi savoir si de l'autre coté les clients étaient conscients de la situation dans les coulisses des stations.Personnelement, j'ai découvert ca l'année derniere. Un pote a moi avait trouvvé une place de skiman. Logement offert par l'employeur mais colocation forcée avec un connard dans un minuscule studio.
Bonne lecture:
La galère des saisonniers, envers du décor des stations de ski
LE MONDE | 21.02.04 | 13h25
Studios surpeuplés, loyers exorbitants, logements insalubres : depuis plusieurs années, les témoignages s'accumulent sur les mauvaises conditions de vie des employés de sports d'hiver. Des communes commencent à réaliser qu'elles ne peuvent plus négliger l'hébergement de cette main-d'?uvre.
Ils dorment dans leurs véhicules, stationnés sur un parking, depuis qu'ils ont débarqué à Morzine (Haute-Savoie) en décembre 2003. Certains possèdent de " vieux camping-cars ", d'autres ont des " camionnettes réaménagées ", rapporte Evelyne Cottet-Emard, directrice générale des services à la mairie.
" Ce sont des travailleurs saisonniers qui n'ont pas été logés par leurs employeurs, poursuit-elle. Ils ont moins de 30 ans et occupent des postes peu qualifiés : magasinier dans un supermarché, pizzaïolo? " A Morzine, l'éclosion de ce campement de " huit à dix personnes ", au c?ur même de la ville, est sans précédent. " C'est un peu inquiétant, juge Mme Cottet-Emard. Nous avons été pris au dépourvu. " Pas de douche, pas de sanitaire, des chiens qui " divaguent " et s'en prennent parfois aux passants. La situation est délicate, même s'il s'agit de " gens ordinaires ", " charmants ". " L'image de la station " risque également d'en pâtir, confie-t-elle.
Voilà maintenant quelques années que les anecdotes spectaculaires s'accumulent à propos des conditions de logement de travailleurs saisonniers, employés dans les domaines skiables du massif alpin - le plus vaste d'Europe. Studio surpeuplé, loyer exorbitant, nuitée improvisée dans une cage d'escalier? Il y a un an, le directeur de la Maison de la jeunesse et de la culture de Chamonix, Bernard Barrel, a découvert un jeune homme qui " avait passé la nuit dehors " , emmitouflé dans un duvet, tout près d'un local de chaufferie. " Il était venu dans la région, avec son sac sur le dos, pour chercher du boulot, raconte-t-il. Je l'ai emmené à l'hôpital, où il a tout de même été gardé en observation pendant trois jours. " Laure Philocles, éducatrice de prévention spécialisée sur la vallée de l'Arve, se souvient, elle, d'un " jeune couple "qui vivait dans un " garage ". " Ils avaient trouvé du travail. Mais, au bout d'un mois, ils ont dû repartir, faute de logement adapté. "
HABITAT PRÉCAIRE OU SURPEUPLÉ
Ces cas de figure extrêmes ne sont, toutefois, pas devenus la norme. Et le fait d'occuper une caravane procède, parfois, d'un " choix de vie délibéré ", souligne Jérôme Navet, coordinateur d'un groupe de travail sur les saisonniers. Il n'empêche : " le logement, c'est l'enfer des saisonniers ", résume Emmanuel Carcano, dans Snow Business (Tétras Editions, décembre 2002). Le problème ne date, certes, pas d'hier " mais il a pris de l'ampleur avec le développement de ce type d'emplois, conséquence du dynamisme de l'économie touristique ", ajoute la Fondation Abbé Pierre, dans son rapport 2002.
Comment expliquer pareil phénomène ? Créées en site vierge à partir des années 1960, les grandes stations sont sorties de terre " sans prendre en compte le logement des saisonniers ", affirme Sophie Cordel, du comité de bassin d'emploi d'Albertville (Savoie). Les besoins ne sont pourtant pas négligeables - même s'ils sont difficiles à cerner, faute de statistiques précises sur l'activité saisonnière. A la fin des années 1990, l'Insee estimait à environ 66 000 le nombre de saisonniers, au plus fort de la saison hivernale, en région Rhône-Alpes, indique Christian Gilquin, directeur du " centre de ressources " Peripl. Certains vivent au pays et exercent un autre métier durant l'été - on parle alors de " saisonniers pluriactifs " ; d'autres viennent régulièrement dans la région et finissent par s'y établir ; enfin, parmi ceux qui arrivent de l'extérieur, on distingue les " habitués ", qui ont déjà accompli plusieurs saisons, et les " mobiles " qui débarquent pratiquement à l'impromptu.
La moitié de la main-d'?uvre saisonnière, grosso modo, est originaire d'un autre bassin d'habitat. Dans les stations qui surplombent la vallée de la Tarentaise, la proportion d'employés extérieurs à la Savoie est encore plus forte : environ 80 %, d'après Daniel Meyer, directeur de l'antenne ANPE d'Albertville. C'est, du reste, dans cette zone géographique que les tensions sont les plus aiguës, considère M. Gilquin. Ailleurs, la pénurie s'avère un peu moins vive. Et elle touche inégalement les saisonniers.
Le risque d'être relégué dans un habitat précaire ou surpeuplé concerne plutôt les " mobiles ". Les pluriactifs, eux, vivent, en règle générale, dans des conditions décentes. Mais la crise ne les a pas épargnés. A Courchevel 1550 (Savoie), il faut débourser 1 500 euros par mois pour " un logement locatif de mauvaise qualité ", d'après la direction départementale de l'équipement (DDE). Les bailleurs préfèrent louer leur bien à la semaine à des touristes plutôt qu'aux salariés ; c'est plus rémunérateur. Quant au marché de l'accession, les tarifs en vigueur sont inabordables. Le prix moyen au mètre carré dans l'ancien atteint 7 450 euros à Courchevel 1850, (contre 1 230, à Moûtiers). Résultat : nombre de moniteurs de ski, employés de remontées mécaniques et de services des pistes sont contraints de résider dans la vallée.
Dans ce contexte, bien des employeurs s'efforcent d'accorder un toit à leurs salariés. " 85 % des offres d'emplois sont assorties d'un hébergement dans la région du Chablais ", soutient Jean-Pierre Beteille, secrétaire général de la Fédération des syndicats hôteliers de Haute-Savoie. Des entreprises ont compris que pour fidéliser une main-d'?uvre de qualité, il fallait régler la question du logement. Cependant, il y a encore des besoins qui ne sont pas couverts. En Savoie, ils étaient estimés à environ 1 500 places il y a deux ans, selon Alain Simon, de la DDE. Mais quid de la demande " satisfaite " dans de piètres conditions (appartement surpeuplé, colocation contrainte?) ? " En réalité, les besoins sont largement sous-estimés ", estime Antoine Fatiga, secrétaire CGT du secteur transports et remontées mécaniques des Alpes du Nord. De nombreuses situations mériteraient un " desserrement ", selon le mot d'Alain Simon, mais il est difficile de les quantifier.
DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT
Face à la pénurie d'hébergement, certains employeurs éprouvent des difficultés pour recruter ou " développer leurs affaires ", explique M. Beteille. Des hôtels et des restaurants ferment à midi ou un jour dans la semaine, alors même que leurs responsables souhaiteraient être ouverts " non-stop ". Ces blocages ont amené les élus, les services de l'Etat et les entreprises à réagir. Fin 2002, les partenaires sociaux de Savoie ont signé un " accord interprofessionnel " pour produire des logements de qualité et garantir une priorité d'accès aux saisonniers venus de l'extérieur du département. La contribution du " 1 % patronal " permet de boucler des programmes qui étaient condamnés à un déficit d'exploitation structurel : il s'agit, en effet, de résidences qui ne sont occupées que cinq mois dans l'année. Grâce à cet accord, 228 places ont déjà été créées, précise M. Simon. Si l'on ajoute d'autres opérations menées en parallèle, quelque 500 places supplémentaires ont vu le jour en un peu plus de deux ans pour les saisonniers. Des logements sortent de terre, mais pas en quantité suffisante pour répondre aux besoins, admet-il.
Bertrand Bissuel et Philippe Révil (à Chambéry)
Un employé sur quatre est logé dans moins de 12 m2
De février à avril 2002, la CFDT a rencontré plus d'un millier de travailleurs saisonniers employés dans une quarantaine de stations d'Isère, de Savoie et de Haute-Savoie. 309 questionnaires ont été exploités.
Profil général. 67 % des personnes interrogées sont des hommes. Dans près de huit cas sur dix, la population sondée est célibataire. Près des deux tiers ont au moins le niveau du bac.
Secteur d'activité. 76 % des saisonniers travaillent dans une entreprise de moins de 50 salariés. Deux secteurs concentrent à eux seuls 70 % des personnes rencontrées : l'hôtellerie-restauration (50 %) et le commerce (19 %).
Conditions de travail. Près de 80 % des saisonniers ont signé un contrat de plus de trois mois. Dans plus de neuf cas sur dix, il s'agit de postes à temps complet. 42 % des enquêtés déclarent travailler plus de 47 heures par semaine. Les trois quarts des sondés affirment percevoir un salaire mensuel net inférieur à 1 200 euros.
Conditions de logement. 58 % des personnes interrogées sont logées par leur employeur - à titre gratuit dans près de deux cas sur trois. 4 % disent vivre dans des "conditions misérables" (cave, voiture, cage d'escalier...). Les deux tiers des sondés occupent une habitation de moins de 20 m2 (dans un cas sur quatre, la superficie est même inférieure à 12 m2). Parmi les saisonniers qui versent une contribution pour leur logement (61 % de la population étudiée), le tiers paie plus de 299 euros par mois. Dans plus de six cas sur dix, le saisonnier partage son habitation avec une ou plusieurs personnes. La moitié de ces situations de cohabitation ont été imposées par l'employeur.
? ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 22.02.04
inscrit le 03/02/04
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