GRENOBLE (AFP) - Vingt stations de ski françaises testent actuellement un additif, le snomax, facilitant la production de neige de culture et une étude, révélée jeudi, montre que le produit n'a pas d'impact sur l'environnement mais favorise la multiplication des micro-organismes existants.
La responsable de cette étude, Françoise Dinger, ingénieur au Cemagref à Grenoble, a mesuré pendant 3 ans l'impact du snomax à la station de Valloire (Savoie) et a présenté le résultat des recherches de son équipe franco-italienne au Salon d'aménagement de la montagne (SAM) de Grenoble.
Lancé aux Etats-Unis en 1984, fabriqué par le leader mondial des canons à neige, la société York, le snomax a été introduit en France au moment des Jeux olympiques d'Albertville en 1992. Mais il n'est vraiment testé en France que depuis 2000. Il est très largement utilisé en Amérique du nord et en Suisse, sauf dans le canton de Berne où l'usage d'additifs est interdit. Il n'est pas autorisé dans deux provinces d'Autriche qui imposent que la neige artificielle soit fabriquée avec de l'eau potable.
Le principe actif du snomax est une protéine contenue dans la paroi cellulaire d'une bactérie, la Pseudomonas syringae, qui permet d'abaisser le point de congélation de l'eau. "Le snomax permet de faire de la neige par moins 2 humide contre un minimum de - 4 humide (sans produit) et la neige produite est de très bonne qualité", estime le responsable des pistes de Valloire (Savoie), Michel Viallet.
"Cette neige peut se travailler tout de suite, contrairement à la neige sans additif où il faut attendre quelques heures. Elle s'étale facilement et une dameuse fait le boulot de 3 engins. Le problème pour nous est le prix car le snomax, qui est dilué à raison de 0,8 gramme par m3 d'eau, vaut cher ", ajoute M. Viallet.
"Notre étude a montré qu'on ne retrouve pas la bactérie dans le produit, que, comme le snomax contient un peu d'azote, il est nutritif pour la végétation. Il favorise le développement des micro-organismes, ce qui ne signifie pas qu'il est dangereux car nous baignons dans les micro-organismes", explique Mme Dinger.
Sans vouloir remettre en cause la crédibilité de l'étude, les écologistes sont méfiants vis à vis du snomax. Selon un porte-parole de la Fédération Rhône Alpes de protection de la nature (FRAPNA), Roger Beck, ce "produit est un premier pas pour faire de la neige avec des températures positives qui font l'objet de recherches notamment au Japon". "Au début, on mettait des canons à neige dans le bas des stations, maintenant on en met partout et cela est très dommageable pour l'environnement" a-t-il dit.
Selon Mme Dinger, "d'ici à 5 ans, les professionnels estiment que les aménagements pour l'enneigement artificiel vont doubler, voire tripler".
A l'association Mountain Wilderness, Vincent Neirinck craint que cette étude qui montrerait l'innocuité du snomax "ne serve de nouvel alibi pour mettre des canons partout. "
Selon lui, les canons à neige en France consomment autant d'eau qu'une ville de 170.000 habitants. 24% de cette eau vient du réseau d'eau potable et on prend de l'eau quand il fait froid, au moment où il n'y en a peu. "On arrive à cette folie qu'un hectare de neige de culture consomme 2,4 fois plus d'eau qu'un hectare de maïs déjà gourmand en eau et l'impact de ces canons et de ces compresseurs sur le paysage est une vraie catastrophe", conclut M. Neirinck.
inscrit le 08/11/01
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