Premier mariage homosexuel célébré en France à Bègles
Le premier mariage homosexuel de France a été célébré samedi en fin de matinée à Bègles, le député-maire (Verts) Noël Mamère, faisant fi des polémiques politiques et juridiques suscitées par l'union de Stéphane et Bertrand.
La réplique du gouvernement ne s'est pas fait attendre: une "procédure de sanction" a été engagée contre Noël Mamère, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin.
Le ministre de la justice, Dominique Perben, a demandé qu'une requête en nullité du mariage soit "immédiatement" présentée au tribunal de grande instance. Le procureur de la République de Bordeaux, Bertrand de Loze, a indiqué qu'il allait entamer la procédure dès lundi.
"Dans le cadre de ses fonctions d'officier d'état-civil, (Noël Mamère) représentant l'Etat a donc enfreint la loi et manqué à ses devoirs de maire, alors même que le Premier ministre l'avait solennellement mis en garde à l'Assemblée nationale", a justifié M. de Villepin.
Deux sanctions sont possibles: la suspension pour une durée maximum d'un mois ou la révocation qui entraîne son inéligibilité pendant un an.
"Le gouvernement veut dramatiser cette affaire" et "se trompe", a rétorqué M. Mamère. "Il y a beaucoup plus grave pour la société que le mariage de deux types qui s'aiment. S'ils veulent engager des poursuites, il faudra prouver que j'ai commis des fautes. Aujourd'hui, je suis heureux, je n'ai aucune inquiétude. Je défends une cause juste", a-t-il déclaré.
Alors que des manifestants "pro" et "anti" s'étaient massés devant les grilles de la mairie, la cérémonie de mariage a débuté peu après 11H00 et a duré une vingtaine de minutes.
Arrivés en Rolls Royce, Bertrand Charpentier, 31 ans, et Stéphane Chapin, 34 ans, se sont dit "oui" dans la minuscule salle des mariages.
"Au nom de la loi, je vous déclare unis par le mariage", a alors dit le maire.
Visiblement émus, les deux hommes ont échangé leurs alliances avant de signer le registre des actes de mariage avec leurs quatre témoins.
Au moment de leur remettre leur livret de famille, Noël Mamère a prononcé un bref discours, troublé par une forte émotion. "Je suis très ému, aujourd'hui nous faisons un geste en direction de la tolérance, a-t-il déclaré. Votre mariage est une première, j'espère qu'il va se banaliser".
A l'issue de la cérémonie, les deux "époux" sont sortis sur le perron de la mairie, sous une pluie de riz rose. Souriants ils se sont embrassés à plusieurs reprises, en posant pour les dizaines de caméras et les photographes.
Le procureur de la République de Bordeaux, Bertrand de Loze, a déjà fait savoir son opposition à ce mariage. Selon lui, non seulement le code civil ne permet pas d'unir deux personnes du même sexe mais l'adresse fournie par les deux promis est "fictive", ce qui prive le maire de Bègles de "compétence territoriale".
Devant la mairie, les opposants au mariage homosexuel, qui répondaient au "Collectif pour le droit des enfants", portaient des banderoles affirmant: "Mamère, la loi tu la prends par derrière", "j'ai deux pères, j'ai pas de mère, merci Mamère".
De l'autre côté se trouvaient des "Soeurs de la perpétuelle indulgence" - un mouvement homosexuel -, des représentants d'Act-Up et une délégation du Manifeste pour l'égalité des droits.
Venu spécialement pour l'occasion, le président du Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers a quant à lui appelé le "président de la République à intervenir avec une parole forte".
Le champagne sablé à la mairie puis au local bordelais des Verts, Stéphane et Bertrand ont retrouvé leurs invités pour une grande fête.
inscrit le 26/06/03
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