AFP disait: PAU (AFP) - La mort de Cannelle, dernière ourse de souche pyrénéenne, abattue lundi par un chasseur en vallée d'Aspe, a provoqué la consternation chez ceux qui militent pour la survie des plantigrades dans les Pyrénées.
"Je suis choqué et abasourdi. C'est une vraie catastrophe écologique", commente mardi Gérard Caussimont, président d'une association locale de défense des ours bruns, FIEP-Groupe Ours Pyrénées.
Lundi sur la commune d'Urdos, en vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques), un groupe de six chasseurs effectuant une battue aux sangliers avec leurs chiens, s'est retrouvé face à l'ourse Cannelle accompagnée d'un ourson âgé de quelques mois.
La femelle s'est sentie menacée et a commencé à attaquer les chiens, mordant l'un profondément, selon les déclarations des chasseurs rapportées par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.
Cannelle se serait alors retournée vers l'un des chasseurs. "Se sentant menacé et pour se défendre, l'homme a fait feu et tué l'animal tandis que l'ourson disparaissait dans la nature", selon la préfecture de Pau.
Pour M. Caussimont, l'ourse "s'est sentie acculée". Cannelle "a dû tenter de fuir mais n'a sans doute pas pu s'échapper avec son ourson", l'endroit étant particulièrement escarpé.
"Les chasseurs d'Urdos savaient pertinemment que ces ours se trouvaient là et n'auraient jamais dû y aller chasser avec des chiens", assure encore M. Caussimont.
Le responsable explique qu'il avait lui-même repéré samedi dans ce secteur la trace de Cannelle et de son ourson et avait fait prévenir la société de chasse locale.
Le président de la Fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques, Bernard Placé est lui aussi consterné. "Je suis catastrophé et abasourdi", explique-t-il.
"La société de chasse d'Urdos avait été prévenue de la présence de l'ourse dans le secteur. Il n'y aurait jamais dû y avoir de battue. C'est une affaire gravissime, un patrimoine biologique qui disparaît", commente M. Placé.
Cannelle, âgée d'une quinzaine d'années, était l'unique femelle "autochtone" recensée dans le massif des Pyrénées, avec un patrimoine génétique distinct des ours en provenance de Croatie ou de Slovénie qui ont été introduits dans la région depuis le milieu des années 90.
Après la mort de Cannelle, il n'existerait plus que deux ours de "souche pyrénéenne", tous deux mâles, alors qu'au total le massif compterait une quinzaine de plantigrades essentiellement issus de programmes de réintroduction, dont trois femelles, selon M. Caussimont.
La mort de Cannelle pose la question de la survie de l'ourson orphelin, âgé de quelques mois seulement et relance l'idée de création de zones sanctuaires où la chasse serait interdite.
Le président des chasseurs du département rejette une telle hypothèse. "On ne peut enfermer l'ours dans un territoire. Il faut au contraire insister sur l'idée de cohabitation avec les chasseurs et avec les bergers", souligne M. Placé.
Le ministre de l'Ecologie, Serge Lepeltier a demandé une enquête "approfondie" pour "déterminer les conditions dans lesquelles cet incident s'est déroulé".
Plusieurs organisations écologistes ont fait part de leur indignation. "Un acte inqualifiable", selon Action Nature tandis que la Ligue Roc parle d'un "crime contre la nature".
Je suis assez attristé aussi.
Bien sur, les chasseurs diront qu'ils ont agi en légitime défense... Je leur fais confiance pour se mettre dans ces sales coups! Les ours, il y a des gens qui les étudient et qui passent des journées entières à croiser la montagne pour essayer d'en trouver un! Alors, on pourra dire ce qu'on veut, on les trouve pas si on ne les cherche pas, à moins d'avoir beaucoup de chance (pour moi, c'est une chance oui)!
inscrit le 09/02/04
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