"L'altitude du Mont-Blanc, mesurée les 6 et 7 septembre 2003, est de 4.808,45m avec une précision de dix centimètres", a déclaré à Saint-Gervais (Haute-Savoie) M. Bibollet, promoteur de l'expédition de 19 scientifiques qui avait réuni géomètres-experts, météorologues, glaciologues, géologues et géographes.
Selon lui, "la forme de la couche de glace, épaisse de 30 à 40 mètres, qui recouvre le rocher a changé, probablement en raison de la chaleur". "Malheureusement personne n'a réussi à déterminer précisément la hauteur de glace sur le sommet du Mont-Blanc".
Pour les scientifiques de l'expédition, cette baisse d'altitude est due "à l'effet conjugué du vent qui a raboté l'arête sommitale et à la température, car la neige était plus chaude et elle s'est compressée beaucoup plus vite".
L'expédition a constaté également "un très léger déplacement d'environ 70cm du sommet dans le sens nord-ouest", c'est-à-dire que le point culminant du Mont-Blanc s'est éloigné de l'Italie et s'est rapproché de Paris.
Les scientifiques ont également réalisé une série de mesures sur le toit de l'Europe qui leur ont permis de modéliser la calotte du sommet en trois dimensions. "Cela nous permettra, par la suite, de suivre son évolution avec des campagnes de mesures régulières, tous les deux ans", a expliqué M. Bibollet.
L'altitude de 4.808,45m, calculée par rapport au niveau de la mer, a été notamment déterminée grâce au recoupement -la triangulation- de coordonnées géographiques recueillies par un système GPS (guidage par satellite) et une série de visées par laser.
Les 19 scientifiques, encadrés par des guides de haute-montagne et accompagnés par des étudiants, ont fixé sur le rocher au niveau de "l'observatoire Vallot" (4.362m) un repère qui permettra lors de prochaines campagnes de mesurer l'importance de la tectonique des plaques. "On pense que le Mont-Blanc bouge tous les ans de 2 ou 3 millimètres mais on ignore dans quel sens", a souligné le géomètre. Une nouvelle campagne de mesures devrait permettre de répondre notamment à cette question.
Pierre Bibollet souhaite que "le Mont-Blanc devienne un observatoire scientifique notamment pour approfondir les études en climatologie et météorologie".
L'expédition 2003 a été réalisée par des scientifiques bénévoles accompagnés d'étudiants de l'école d'ingénieurs d'experts-géomètres, de l'école de géographie et d'un chercheur du CNRS. Elle était soutenue par l'ordre national des géomètres, l'Institut géographique national (IGN) et plusieurs fabricants de matériel professionnel. AP
inscrit le 07/10/99
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