j'avais écrit ça sur le sujet à l'époque...
alors je comprendrais que tout le monde n'aie pas l'envie de le lire
"Tous les problèmes, et également, tous les comportements qui sont en marge de la norme, se médicalisent, ou du moins, peuvent trouver une réponse médicale. On peut traiter les problèmes scolaires, telles les difficultés dans l’apprentissage de la lecture (centre médico-psychopédagogiques). En ce qui concerne la naissance, la grossesse fait l’objet d’une surveillance extrême. En ce qui concerne l’alimentation, on traite la diarrhée de l’enfant avec un antidiarrhéique plutôt que le jus de carotte traditionnel. Il y a la pose d’anneaux gastriques, les amaigrissements par vitamines. Dans le monde du travail, le stress est géré par les tranquillisants de toutes sortes. Le monde du sommeil est un vaste marché très lucratif et c’est en fin de vie que l’on peut observer la médicalisation la plus extrême.
Bien que l’on connaisse l’importance et l’influence du cadre de vie, du mode de vie, il n’existe pas d’équilibre entre la médicalisation et la socialisation. La médicalisation est dominante. Ce qui est tout a fait compréhensible, ou du moins explicable, lorsque l’on considère les enjeux économiques de la médicalisation. C’est la rencontre d’une demande de soin infinie et une offre de soins solvabilisée par nos assurances maladie. D’un point de vue politique, la médicalisation permet de réduire des problèmes sociaux à des maladies. Des difficultés qui relevaient autrefois du domaine de la religion ou de l’éducation, se retrouvent dans le champ de la médecine. La médicalisation pénètre le social. Comportements, pratiques sociales, et, plus généralement, la vie des individus, entrent dans le champ du médical. Un immense marché, géré par un consortium pharmaceutique ultra puissant, « qui tend à faire de tout individu un malade potentiel » (Sicard, 2002) substitue une logique marchande à une logique de soins. 15% du chiffre d’affaires des grandes entreprises pharmaceutiques est consacré à la publicité, contre 8% seulement à la recherche (Ecole Nationale d’Administration, 2003 :16).
Devant les échecs de la médecine à enrayer la consommation de drogue, la police avait pris le relais. Devant les échecs de la police, la médecine revient…
C’est au cours des années 1960 que la médecine devient de plus en plus technicienne. La technicisation se manifeste dans l’évolution de la formation académique des professionnels de la santé. C’est à partir de là qu’elle prend ses distances avec la tradition humaniste d’antan et devient de plus en plus cloisonnée, spécialisée, orientée vers la prescription de la dernière innovation. C’est également dans les années 60 qu’apparaissent les premiers traitements de substitution à la méthadone, avec entre autre hypothèse, celle d’un dysfonctionnement durable des systèmes de régulation neurobiologiques complexes du cerveau après une trop longue ou trop forte exposition aux opiacés. (Déglon, 2003)
L’histoire des drogues se confond en grande partie avec celle de la médecine pour une lutte contre la souffrance. Et l’histoire de la toxicomanie avec celle du détournement perpétuel des médicaments.
« L’action des médicalisés ne peut plus être exclue d’une médicalisation qui apparaît de plus en plus comme une série d’ajustements entre des offres et des attentes d’une société sans cesse plus tournée vers la consommation » (Ecole Nationale d’Administration, 2003 :16)."
inscrit le 10/01/07
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