"T'as quoi comme airbag toi ?" "Combien de litres ?" "Quel système de déclenchement ?"
La rubrique du Docteur Matos est de retour ! Au programme aujourd'hui, un morceau de choix : les sacs airbags. Destinés à augmenter la sécurité des pratiquants du hors-piste et de la rando en cas d'avalanche, les sacs dits "airbags" ont connu une démocratisation conséquente durant la dernière décennie même si, avec un prix de plusieurs centaines d'euros, c'est un investissement conséquent. Alors, comment marchent-ils ? Sont-ils vraiment efficaces ? Quelles sont les différences ? Comment choisir son sac airbag ? Nous vous donnons dans cet article quelques pistes pour comprendre l'intérêt de ces sacs, mieux connaitre le votre ou prévoir votre futur achat.
Sommaire :- Histoire et fonctionnement,
- Efficacité des sacs airbags (statistiques de survie),
- Les différents modèles,
- Faire son choix,
- Entretien.
Vous retrouverez les autres articles de la rubrique spécialisée du Docteur Matos ici : le shape des skis, les fixations de ski, les normes et standards, le déchaussage des fixations à inserts et la compatibilité chaussure-fixation.
Dans les années 70, un ranger de l'office des forêts de Bavière, en Allemagne, a eu une mésaventure lors d'une partie de chasse : il a été pris dans une plaque à vent. Cependant, il portait sur son sac la carcasse d'un chamois, ce qui aurait eu pour effet de le maintenir en surface. Fort de cette expérience fortuite, il fit divers essais avec des prototypes de ballons pour augmenter artificiellement son volume et ainsi rester en surface en cas d'avalanche. Il déposa un brevet sur ce concept.
Peter Aschauer, après une mauvaise expérience d'avalanche lors d'un trip en héliski, s'intéressa au concept et racheta le brevet. Ce sera le début de la marque ABS, pour Avalanche Balloon Securesystem.
Après plusieurs années de travail et d'essais, il présentera un premier modèle à ISPO en 1985, à câble avec cartouche de déclenchement pour le gonflage du ballon. Celui-ci n'était pas encore suffisamment fonctionnel pour attirer le public et, poussé par des compagnies de professionnels, il continuera ses expériences pour essayer d'obtenir un modèle plus performant.
Ce sera chose faite dans les années 90 : en 1991, ABS organisera une démonstration avec des mannequins placés dans une avalanche qui resteront en surface. Le système finira par attirer l'oeil du fameux SLF, l'institut fédéral suisse consacré aux avalanches, qui procèdera à une série de tests en 1995, prouvant l'efficacité des sacs à airbags dans le maintien en surface des victimes. ABS lancera l'année suivante la première série de sacs Twin (avec deux ballons, un de chaque côté), à déclenchement pyrotechnique.
Les années 2000 verront l'avènement du freeride et logiquement, ABS suivra le mouvement, proposant un nouveau modèle dédié aux adeptes de la discipline. En 2008 arrivera la célèbre gamme Vario, permettant de changer le volume du sac tout en gardant la base possédant le système. C'est aussi à ce moment que d'autres marques commencent à lorgner du côté des sacs airbags, avant de proposer leurs propres solutions.
Comment se fait-il qu'un homme avec un chamois sur le dos, par conséquent plus lourd, reste en surface d'une avalanche ? Pourquoi ne coule t-il pas au fond, comme le voudrait cette bonne vieille gravité ? Eh bien, à cause de la ségrégation inverse.
Ce phénomène a lieu dans un ensemble formé par des grains possédant différentes tailles. Lorsqu'il est mis en mouvement, les particules les plus petites vont se glisser dans les interstices et descendre au fur et à mesure par gravité, tandis que les particules les plus grosses elles, vont se retrouver "propulsées" progressivement vers la surface. Ceci est facilement observable dans un paquet de céréales croustillantes (avec des grains de différentes formes) : si vous secouez l'ensemble, les plus gros morceaux se retrouveront en haut, tandis qu'au fond vous aurez plutôt des miettes. Les miettes du fond du paquet, là ça vous parle déjà plus, non ?
Une avalanche étant un ensemble de grains (neige avec cohésion qui se disloque) de différentes formes mis en mouvement, le même phénomène se produit (c'est pour cela qu'on retrouve souvent de gros blocs en surface des dépôts d'avalanche). Si vous pouvez augmenter votre volume dès le début de l'avalanche, vous aurez plus de chances d'être en surface lorsqu'elle s'arrêtera, ou du moins d'être enseveli moins profond : vous augmentez alors vos chances de survie (voir plus bas).
Attention : ce n'est pas une flottaison (principe différent), et pour que ça fonctionne cela nécessite du mouvement. Une fois l'avalanche stoppée, plus rien ne bouge... Egalement, le but d'un sac airbag est avant tout de provoquer ce phénomène de ségrégation inverse, pas de protéger des chocs. Cependant, en maintenant la victime en surface de l'avalanche, le sac contribuerait à diminuer les chances d'heurter un obstacle.
Alors, plus besoin de s'inquiéter des avalanches ? Il suffit d'avoir un airbag ? Eh bien non, pas vraiment... C'est un peu plus compliqué que ça : c'est un plus non négligeable, mais ce n'est pas une assurance vie. Vous pouvez tout de même mourir, ou être gravement blessé. Et ce n'est pas qu'une question de chance, mais aussi d'attitude et comportement.
Plusieurs études ont eu lieu à ce sujet et ont été reprises par les vendeurs comme autant d'arguments marketing (certains se souviennent des fameux 97% de chances de survie). Récemment, l'ANENA a souhaité aider les pratiquants à y voir plus clair et a publié les résultats d'une étude concernant l'efficacité des sacs airbags. Publiée par Pascal Haegeli dans Resuscitation (journal scientifique dédié à la médecine cardio-pulmonaire), nous allons en reprendre ici la synthèse.
Les chercheurs ont comparé les statistiques issues de plusieurs dizaines de rapports d'avalanches de catégorie 2 ("peut ensevelir, blesser ou tuer une personne ") ou supérieure, ayant touché des personnes avec et sans sac airbag. En résumé :
- Sur 100 victimes non équipées d'airbags, sérieusement impliquées dans des avalanches similaires à celles inclues dans le jeu de données de l'analyse, 22 décèdent et 78 survivent parce qu'ils n'ont pas subi de blessures mortelles, n'ont pas été ensevelis suite à l'écoulement ou ont été retrouvés et dégagés à temps.
- Sur 100 victimes équipées d'un airbag gonflé, 11 seulement décèdent.
Soit une différence de moitié entre les deux groupes. Dans le détail des statistiques (voir l'article complet), on remarque notamment une nette différence d'ensevelissement dit "critique" (susceptible de causer la mort) entre les deux groupes : 47% pour le groupe témoin sans airbags, contre 20,1% seulement pour le groupe avec airbags gonflés.
On insiste bien au-dessus sur la notion d'airbag gonflé. Car il y a des victimes retrouvées équipées d'airbags, mais qui ne sont pas gonflés, pas opérationnels. Et ce nombre de cas de "non-gonflage" des sacs de personnes équipées d'airbags n'est pas négligeable : 20% des cas étudiés (de victimes possédant un airbag). Au sein de ces 20%, les raisons se divisent entre :
- 60% d'échec du déclenchement de la part de l'utilisateur,
- 12% d'erreurs de maintenance (cartouche mal fixée ou sac non reconditionné, etc.),
- 17% de pannes de l'équipement (par exemple, problèmes de performance nécessitant une révision de la conception et/ou de la production),
- 12% de destruction de l'airbag au cours de l'écoulement.
Cette statistique montre plusieurs choses : l'intérêt de l'entrainement au déclenchement de son sac, l'importance de l'entretien sérieux et régulier de son sac, le fait que les sacs ne sont pas (encore ?) complètement infaillibles et enfin la réalité de la puissance d'une avalanche... Pour finir, voici pour les auteurs et l'ANENA les messages à faire passer à propos des sacs airbags (nous vous conseillons notamment de bien avoir le dernier en tête) :
• Les airbags sont un équipement de sécurité important, mais leur impact sur la mortalité est plus faible que précédemment rapporté (études antérieures NDLR) et la survie n'est pas garantie.
• Pour les personnes sérieusement impliquées dans des avalanches de taille 2 ou plus grosses, l'utilisation d'un airbag, si son gonflage a fonctionné, réduit le risque de mourir de moitié (de 22 % à 11 %).
• Le non-gonflage demeure la limite la plus importante à l'efficacité des airbags. Le taux global observé de non-gonflage, toutes causes confondues, est de 20%.
• Si les cas de non-gonflage sont pris en compte, les airbags réduisent le risque de décéder de 22% à 13% et la proportion de victimes sauvées n'est que de 41%.
• 60% de tous les cas de non-gonflage sont dus à un échec de déploiement du fait de l'utilisateur. Se familiariser avec les procédures de déclenchement et une maintenance adéquate sont essentiels pour s'assurer que l'airbag fonctionne correctement.
• Les bénéfices de sécurité personnelle issus des airbags sont rapidement annulés si les utilisateurs s'en servent pour justifier une exposition accrue dans des terrains où de plus grosses avalanches sont possibles.
En résumé : un sac airbag PEUT aider, à condition d'être correctement utilisé (bien entretenu, prêt à être tiré, déclenché à temps), mais ne dispense absolument pas de toutes les autres "règles" de bonne conduite à suivre pour évoluer en dehors des pistes, et n'est pas une garantie absolue : tout dépend de l'ampleur de l'avalanche, son trajet, des potentiels obstacles, de la réaction de vos compagnons, etc. A ce sujet, le témoignage de Yoann après son accident d'avalanche à Abriès en 2017 est terriblement parlant.
Maintenant que vous êtes des consommateurs avertis, il ne vous reste plus qu'à faire votre choix parmi l'offre actuelle. Nous avons recensé huit vendeurs de sacs airbags pour les collections 2018-2019, chacun avec ses spécificités, que nous vous présentons par ordre chronologique d'apparition sur le marché.
Les principales différences entre eux sont : le système de déclenchement (mécanique, pyrotechnique ou électronique), le système de gonflage (cartouche de gaz ou électrique avec batterie), les ballons (nombre, forme), les sacs eux-mêmes, le poids et enfin le prix.
Les prix sont donnés pour des sacs prêts à être déclenchés, c'est-à-dire comprenant le prix de la cartouche ou batterie (pas toujours compris dans les fiches produits lors de l'achat, attention). Les poids sont soit les poids des systèmes seuls (auquel il faut rajouter celui de la cartouche et celui du sac), soit du sac complet.
A noter qu'à l'exception des sacs Arc'teryx, l'ensemble des gammes présentées répondent à la récente norme européenne EN 16716 concernant les sacs airbags. Celle-ci décrit des caractéristiques obligatoires (volume minimum de ballon, des valeurs de résistance à la pression d'un poids, à la condensation, au froid, dans le temps - 40 déclenchements successifs -, des tests en extérieur, etc.).
A vous de choisir ! Et pour ça, on vous aide un peu plus loin.
Pionnière et spécialiste du marché, la marque se distingue des autres par un déclenchement pyrotechnique et un système "Twin" : deux systèmes de gonflage indépendants viennent gonfler deux ballons disposés de part et d'autre du sac, dans le but d'équilibrer au mieux le volume additionnel (170 L2x85 L).
ABS propose désormais deux gammes principales, équipées de cartouches carbone :
- Le P.Ride : il possède un système électronique qui permet un déclenchement à distance les uns des autres (au sein d'un groupe équipé du même sac, voir notre article explicatif). Prix (set complet) : 1200€.
- Le S.Light : remplaçant de l'historique Vario, il est plus léger (2 kg tout compris) et confortable pour toujours autant de modularité (volumes de 15 L ou 30 L pour commencer). Prix (set complet) : 760-790€.
Entretien : La recharge se fait en magasin en ramenant poignée et cartouche vides, moyennant 30€. Le sac doit être checké chaque automne et ABS recommande une révision triennale de la base : celle-ci, avec déclenchement, s'effectue au siège d'ABS France à Chamonix.
En 2007 une nouvelle entreprise suisse, Snow Pulse, a présenté Life Bag, un sac au système mécanique à câble déclenchant une cartouche qui gonfle un unique ballon de 150 L entourant la tête de la victime.
La marque a ensuite été rachetée par Mammut, qui a conservé la forme des ballons mais amélioré le mécanisme avec les Airbag System 2.0 (2011) et 3.0 (2016). Les bouteilles sont en carbone, à faire recharger par le fabricant (et en alu et remplissables au manomètre en Amérique du Nord). Deux gammes existent, avec deux formes de ballons différentes :
- RAS (Removable Airbag System), ci-dessous à gauche, entre 700 et 850€. Poids du système : 710g (plus bouteille carbone 310g). Comme son nom l'indique, le système est amovible, pour plus de modularité.
- PAS (Protection Airbag System), ci-dessous à droite, avec un ballon de forme différente, entourant la tête de la personne. Prix : entre 850 et 950€. Poids du système : 920g (plus bouteille carbone 310g).
La marque américaine de matériel de sécurité BCA (Back Country Access, rachetée en 2013 par K2) s'est lancée en 2009 sur le marché des sacs airbags avec le Float 30.
La gamme Float 2.0 offre désormais différents volumes avec un mécanisme de déclenchement mécanique à câble et des bouteilles remplissables au manomètre. Prix : de 650 à 800€, selon le volume. Poids du système : 730g (plus bouteille à 500g).
Lancée en Suisse en 2009 par Marc-Antoine Shaer, Alpride équipe aujourd'hui de son système airbag les sacs de deux marques bien connues : Scott et Millet.
Le système originel Alpride (arrivé sur le marché en 2015) est mécanique avec un câble qui vient déclencher deux bouteilles à usage unique (proches de celles utilisées pour gonfler les gilets de sauvetage, une avec du CO2, l'autre avec de l'Argon), gonflant ensuite un ballon de 150 L en forme "d'oreiller". La nouvelle gamme Alpride 2.0 vient remplacer la 1.0 depuis 2017, plus compacte et plus légère (le système prend moins de place dans le sac, pour 690g).
Recharge : achat de deux nouvelles bouteilles, pour environ 40€. Le système se réarme à la main, à l'aide d'une clé fournie. Prix : entre 680€ et 760€.
En 2018, la marque présente un nouveau système : l'E1. Electrique, il nécessite deux piles AA (et possède aussi une batterie pouvant être chargée par USB) qui alimentent des supercondensateurs gonflant le sac en moins de cinq secondes. L'autonomie, selon les modes de recharge, va de deux semaines à trois mois (et deux déclenchements). Prix (set complet) : 900€. Le système E1 pèse 1280g, et ne sera vendu que par Scott cette année avec le sac Backcountry Patrol AP 30.
La technologie Jetforce a été la première à se passer d'une cartouche de gaz. Présenté par Black Diamond et Pieps en 2013, le sac fonctionne avec une batterie et une turbine qui gonfle un ballon de 200 L en moins de quatre secondes avant de maintenir le gonflage sous pression pendant deux minutes et demi. Passé ce laps de temps, alors que l'avalanche s'est arrêtée, le ballon se dégonfle pour laisser de la place à la victime.
Le système batterie/turbine, chargé, garanti jusqu'à quatre déclenchements successifs par -20°C. L'électronique permet d'avoir un retour en temps réel sur l'état fonctionnel du sac grâce à des LEDs situées sur la poignée. Six modèles existent : trois sacs Black Diamond (11L, 28L, 40L) et trois sacs Pieps (10L, 24L, 34L). Poids complet pour le 28L : 3300g. Prix : entre 1000 et 1100€. A noter que les Jetforce semblent déjà être en rupture de stock pour cette saison en Europe.
Fin 2015, la marque Arc'teryx a présenté son sac airbag, le Voltair. Il est électrique, équipé d'une batterie Lithium‐Polymer de 22,2V qui permet de gonfler le ballon grâce à une soufflerie centrifuge et ce, plusieurs fois d'affilée sans avoir à recharger quoique ce soit (jusqu'à 8 gonflages à -20°C). Comme pour le Jetforce, le système électronique permet de savoir en temps réel si le sac est prêt à être déclenché.
Disponible en deux volumes (20L ou 30L), le Voltair peut être vendu seul (1150/1250€ selon litrage) ou avec les accessoires, batterie et chargeur (idem, 1550/1650€). Le sac complet pèse 3235g en 20L.
Ne possédant pas la norme européenne concernant les sacs airbags, il est essentiellement vendu en Amérique du Nord.
Le fabricant français de Détecteurs de Victimes d'Avalanche ARVA a présenté en 2016 sa nouvelle gamme de sacs airbags, la gamme Reactor. Au programme : un système mécanique à câble qui vient déclencher une cartouche. Celle-ci gonflera en partie (un tiers) un ballon, les deux autres tiers provenant de l'extérieur au travers d'une valve Venturi et six injecteurs. Le ballon, en polyamide, est divisé en deux compartiments indépendants de 75L chacun.
Le système pèse 770g, auquel s'ajoute une bouteille compatible IATA en acier (450g) ou carbone (310g). Il est transférable d'un sac Reactor à un autre pour changer de volume. Comptez entre 600€ et 720€ selon le modèle.
Les révisions régulières peuvent être effectuées par le client, et un retour à l'usine est toujours possible au moindre doute concernant le fonctionnement du sac. Remplacement de la cartouche après déclenchement : environ 30€.
La fameuse marque Ortovox, bien connue dans le rayon sécurité pour ses trilogies mais aussi en outerwear, a sorti en 2016 une gamme de sacs airbags, les Avabag. Deux modèles étaient équipés du système, les sacs orientés rando Ascent et les fameux Free Rider (avec protection dorsale intégrée).
C'est un système mécanique à câble, relié à une cartouche d'azote en carbone (ou acier, plus lourde, en Amérique du nord) qui gonfle un ballon de 160 L en forme d'oreiller. Il est amovible, pouvant ainsi être passé d'un sac Avabag à l'autre, permettant de changer le litrage. Le système seul pèse 690g, les bouteilles étant à 650g en acier et 310g en carbone. Prix : 730€ à 850€ pour un set complet, selon le modèle et le volume.
Pour 2018, c'est un autre modèle emblématique d'Ortovox qui sortira version Avabag : le Cross Rider 18.
Le choix de votre airbag va dépendre essentiellement de deux choses : votre pratique prévue, et bien sur votre budget. Pour vous aider à y voir un peu plus clair et savoir quoi regarder lors de vos recherches, nous avons noté certains critères qui nous paraissent importants ou intéressants.
C'est le critère qui justifie l'investissement (et celui, avec le problème du transport en avion, qui les différencie des sacs "normaux"), mais c'est en même temps le plus difficile pour faire un choix objectif sur des critères précis, tant les systèmes sont différents et les informations techniques pas toujours claires. Est-ce qu'un système fonctionne mieux qu'un autre ? Lequel ?
Tout d'abord, les ballons doivent obligatoirement faire 150L pour obtenir la norme, de ce côté les fabricants oscillent entre 150 et 200L. Ce litrage est le seul critère objectif de comparaison : concernant leurs différentes formes, vous entendrez plusieurs arguments (protection de la tête, meilleure flottaison, etc.). En pratique, aucune étude n'a encore donné des résultats concluants pouvant permettre de préférer une forme à une autre. A noter que deux marques proposent un volume séparé en deux parties : ABS avec ses deux ballons indépendants, et ARVA avec un ballon scindé en deux parties.
La deuxième chose qui nous semble importante, ce sont les caractéristiques de gonflage. La seule informations que les fabricants fournissent est son temps : la plupart des sacs gonflent leurs ballons entre 2 et 4 s. Cependant, certains comme les Reactor d'ARVA sont un peu plus lents pour se gonfler (4 s), mais ils ont plus de puissance de gonflage (d'après la marque - notamment parce qu'ils ont plus de prises d'air que les autres). Qu'est-ce qui est le mieux alors, la vitesse ou la puissance ? Question compliquée, notamment car cette deuxième donnée est absente des manuels techniques. Un peu plus de détails de la part des marques serait le bienvenu.
Enfin, l'essentiel est que vous vous sentiez bien avec le déclenchement. Pour cela il n'y a pas de secret, il faut mettre le sac sur le dos, et voir si vous pensez attraper et tirer facilement la poignée, en n'hésitant pas à modifier sa position (elles sont souvent réglables, voir inversables pour les gauchers). Vous devez vous sentir en confiance. Il est aussi important de bien prendre le temps de connaitre son sac et son système (on y revient plus loin dans l'entrainement).
Une fois un système choisi, vous devrez choisir parmi les différents volumes proposés. Pour les novices, c'est la capacité en litres de la partie du sac qui portera vos affaires. A la journée en station, entre 15 et 20L peuvent suffire (pelle, sonde, gourde, casse-croûte, plus quelques bricoles). Pour de la randonnée, il va falloir viser un peu plus haut (au-dessus de 20L, voire de 30L) pour pouvoir mettre peaux, couteaux, et peut-être un peu plus d'affaires car en rando, on doit être un peu plus autonome qu'en station. Pour des sorties sur plusieurs jours, là, il y a moins de choix mais des sacs airbags avec des volumes autour des 40L voire plus commencent à arriver.
Afin d'éviter un choix cornélien de volume que vous allez devoir vous trimballer à chaque sortie, certaines marques proposent des systèmes amovibles (pouvant passer d'un sac à l'autre), ou bien des sacs airbags sur lesquels ont peut changer le volume. Cela vous coûtera grosso-modo le prix d'un sac "normal" supplémentaire (un peu moins d'une centaine d'euros).
Mot-valise énormément utilisé dans les fiches techniques et autres descriptions, l'ergonomie est l'adaptation d'un produit aux besoins de l'utilisateur. Pour résumer, on peut dire que c'est la "praticité" du sac. Est-ce qu'il est bien foutu, facile à utiliser, etc. Encore une fois, ceci est relatif à son utilisation prévue (et assez subjectif...). Il faut donc au préalable savoir ce que vous souhaitez faire avec votre sac pour pouvoir comparer les différents modèles et faire votre choix : ski en station ? Randonnée ? Ski-alpinisme ? Alpinisme ?
Les différences de poids peuvent être importantes d'un modèle à l'autre, d'un système à l'autre, d'une génération de sac à l'autre, d'une bouteille à l'autre (carbone VS acier essentiellement)... Si votre but est des crapahuter en montagne, il va falloir orienter vos recherches vers les modèles les plus légers. Le poids total d'un sac airbag se divise entre : le poids du système de déclenchement, le poids de la cartouche (ou de la batterie) et enfin le poids du sac lui-même (partie volume, bretelles, etc.). Faites attention de bien tenir compte de ces distinctions lors de vos comparaisons.
Enfin, on parle d'un sac tout de même, au-delà de l'aspect sécurité ou de son ergonomie, une de ses autres fonctions principales est de se faire oublier sur votre dos. Le confort est donc primordial, parce que vous allez en passez des heures avec lui... Pour ça il n'y a pas de secret, il faut aller en magasin et essayer, essayer, essayer !
Là, c'est votre budget qui va avoir le dernier mot. Si vous visez du neuf, vous aurez du mal à descendre sous les 600€ tout compris (sauf promotion, offres, etc.), les prix "normaux" pour un set complet (sac prêt à être déclenché) tournent plutôt vers 700€ voir plus. Et cela peut vite monter autour de 900€ voire 1000€ et plus pour les modèles électroniques.
Le prix est souvent décrit comme excessif pour les sacs airbags. Cependant, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un matériel de sécurité, complexe à développer puis produire, et à la longévité assurée : un sac airbag peut durer jusqu'à dix ans (d'après les manuels d'utilisation), et nombreux sont les utilisateurs qui pourront vous l'assurer. Comme il s'agit d'un équipement de sécurité, en général les marques ne lésinent ni sur la qualité, ni sur le SAV en cas de problème. Forcément, cela se ressent dans le prix final.
Pourquoi la plupart des airbags sont oranges ou rouges ? La réponse lors de tests de visibilité effectués par Ortovox lors du développement de l'Avabag :
La situation est en apparence simple : les sacs airbags sont autorisés par l'IATA (International Air Transport Association), qu'ils soient mécaniques, pyrotechniques ou électriques (toutes les marques ci-dessus ont des dispositions sur le transport en avion dans la notice des sacs, nous avons vérifié). Le règlement pour le transport des matières dangereuses stipule :
"Kit de sauvetage en avalanche, un (1) par personne, contenant une cartouche de gaz comprimé de la division 2.2. Il peut également être équipé d'un mécanisme de déclenchement pyrotechnique contenant moins de 200 mg net d'explosifs de la division 1.4S. Le dispositif doit être emballé de manière à éviter son activation accidentelle. Les sacs gonflables du kit doivent être munis de soupapes de sécurité.
Autorisé dans les bagages de cabine ou comme bagages de cabine => OUI
Autorisé dans les bagages de soute ou comme bagages de soute => OUI
L'approbation de l'exploitant ou des exploitants est requise => OUI
Le commandant de bord doit être informé de l'emplacement => NON"
En théorie donc, il est possible d'emmener les sacs airbags en avion, mais attention : cette règlementation de l'IATA n'est pas une règle absolue que doivent respecter les compagnies aériennes : celles-ci sont libres d'accepter ou non cette marchandise, et elles ont le dernier mot. Comme explicité ci-dessus, il est donc obligatoire d'obtenir l'approbation de votre compagnie avant de vous rendre à l'aéroport. Un conseil : ayez sur vous l'extrait du règlement ci-dessous, et éventuellement un descriptif technique de la cartouche (les fabricants en fournissent). Vous risquez de tomber sur des employés qui ne savent pas ce qu'est un sac airbag...
A noter que les airbags électriques (Jetforce et Arc'teryx) ne sont pas exempts de l'approbation de la compagnie : ils font également partie des "matières dangereuses" devant être déclarées à cause de leur batterie au lithium, qui devra être débranchée et séparée du sac.
Etats-Unis : le règlement de la FAA (Federal Aviation Administration) interdit les cartouches pleines et/ou les dispositifs explosifs, pour emmener un sac airbag à cartouche aux US il faut donc qu'il soit inactif (pour les électriques comme le Jetforce ça a l'air de passer)... A vous de trouver une solution pour pouvoir le réactiver sur place (achat de cartouche, remplissage, etc.). Certaines marques (Mammut, Ortovox, BCA et ARVA) proposent des bouteilles vides adaptées au transport et à faire remplir sur place.
Nota Bene : Dans tous les cas, votre compagnie a le dernier mot.
On parle d'un matériel qui peut vous sauver la vie. Comme pour les DVA, il est important de connaitre et entretenir son sac airbag. N'oubliez pas la statistique en début d'article : parmi les cas de non-gonflage, 60% d'échec de déclenchement de la part de l'utilisateur, 12% d'erreurs de maintenance...
Chaque constructeur a ses recommandations, LISEZ EN DETAILS LES MANUELS D'UTILISATION DE VOS SACS AIRBAGS (et DVA c'est pareil).
Apprenez à connaitre votre sac et son fonctionnement. Quel système de déclenchement possède t-il, comment l'armer ou le désarmer, etc. Si vous possédez un sac qui le permet, entrainez-vous à le déclencher plusieurs fois, de chaque main, avec les gants ou moufles que vous utilisez (un vieux guide nous a conseillé de toujours chercher à tirer des deux mains, au cas où l'une soit retenue par quelque chose dans le tumulte de l'avalanche - des dragonnes qui n'auraient pas du être mises, par exemple !). Au passage, cela vous permet de savoir quoi faire avec votre airbag gonflé (comment le dégonfler, replier correctement le ballon, etc.). Répétez ces manipulations au moins chaque automne, voire plusieurs fois dans l'hiver. N'oubliez pas qu'un sac airbag fonctionne tant qu'il est accroché à vous : les sangles doivent toutes êtres bien bouclées et serrées.
Si vous avez tiré votre airbag et qu'il ne vous est rien arrivé de grave (ce que nous espérons), vous allez tout d'abord devoir le dégonfler et replier les ballons (c'est bien de savoir comment, CF le paragraphe précédent - attention si vous êtes en terrain dangereux, ce qui est souvent le cas après une avalanche accidentelle, gardez-le gonflé jusqu'à être dans une zone en sécurité - en gros au parking).
Ensuite, il faudra le réarmer pour qu'il soit prêt à être tiré de nouveau. La technique dépend du modèle que vous possédez : certains (électriques) peuvent être tirés immédiatement après avoir été repliés, d'autres nécessitent un changement de la bouteille (et de la poignée pour ABS) ainsi qu'un réarmement pour être opérationnels. Les recharges sont normalement disponibles dans les points de vente agréés. Attention, les ballons doivent généralement être repliés d'une certaine manière (voir les notices) pour pouvoir se gonfler correctement à nouveau lors du prochain déclenchement. Vérifiez également l'état du sac (sangles, boucles, etc.), certains fabricants recommandant un renvoi pour vérifications.
Les notices d'entretien varient selon les marques et modèles, mais conseillent globalement au minimum une révision avant chaque saison vérifiant certains critères (état des coutures, poids des cartouches permettant de déceler une fuite, etc.), et une révision tous les deux ou trois ans lors de laquelle le sac est renvoyé à l'usine pour être testé et déclenché. A vous de voir avec votre vendeur quelle est la marche à suivre (et c'est pareil pour les DVA).
Voilà, vous savez tout. Nous espérons maintenant que vous n'aurez pas à vous en servir, et pour cela, on en remet une couche avec le Guide du ski hors-piste.
Egalement pour vous aider dans vos choix et recherches, vous pouvez jeter un oeil à nos nombreux tests de qualité de sacs airbags (et éventuellement déposer le vôtre si vous êtes déjà possesseur).
Sources : ANENA (efficacité des sacs airbags), et les sites des différents constructeurs : ABS, Alpride, Arc'teryx, ARVA/Nic-Impex, BCA, Black Diamond (Jetforce), Mammut, Ortovox.
A vous de faire votre benchmark !
34 Commentaires
" Les bénéfices de sécurité personnelle issus des airbags sont rapidement annulés si les utilisateurs s'en servent pour justifier une exposition accrue dans des terrains où de plus grosses avalanches sont possibles."
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L'entrainement Arva c'est plus simple & - cher
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Elles sont légères ces cartouches "carbone", et puis elles sont jolies aussi... Sur mon système ABS ( sac salewa) elle n'est pas en carbone en tout cas, mais en alu, car sous la couche carbone c'est bien de l'alu qu'on a, en tout cas au cul et au goulot, et la physique étant ce qu'elle est on ne peut que conclure à l'existence d'une bonbonne alu renforcée carbone.
Des informations sur les bonbonne "carbone" des autres fabricants ? Vu le poids de toute je ne pense pas que la situation soit différente chez les autres en tout cas.
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Je ne pourrais pas dire où se le procurer, c'est Aubry qui me l'avait donné.
Il me semble que Mig doit avoir ça aussi...
[img]skipass.fr
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Il me semble par ailleurs qu'il y a une date de péremption pour la poignée.
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Je n'ai rien a rajouter comparé aux autres commentaires, l'entrainement c'est la clé. Bon réfléchir à ce qu'on fait aussi!
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+/- 2 secondes pour le gonflage, est-ce que cela fait une différence ? Intuitivement je pressens que oui... mais j’ai du mal à visualiser l’interaction entre le début d’ensevelissement et le gonflage en fonction de la puissance dudit gonflage.
Est-ce que les sacs gonflés avec des cartouches finissement par se dégonfler sous la neige pour laisser un peu de place au skieur éventuellement pris en étau ? Ça me paraîtrait être une sécurité en plus et en même temps, si c’est pour respirer du CO2/argon...
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Pour ma part j'ai opté pour le sac REACTOR de ARVA, pour plusieurs points; le prix (470€ en promo), le produit Français ! (eh oui cela compte entre le SAV, les personnes à qui on communique), et sa simplicité... puis entre nous avoir un produit Français qui est le moins cher du marché mais l'un des meilleurs à mon goût ça c'est vraiment top !
je sens que beaucoup ne seront pas d'accord avec moi mais pour les personnes n'ayant pas de quoi mettre 800€ dans un sac c'est pas mal
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En revanche, je ne comprends pas vraiment le prix, qui est un réel frein à l'achat, et donc à la sécurité. (Evidemment la meilleure des sécurités est de connaître l'environnement, les conditions etc) L'airbag est avant tout un sac, et rapidement un bon sac tourne autour de 200€. Ce qui mettrait le système airbag autour de 400-700€ ... Bien de préciser qu'il ne faut pas oublier "qu'il s'agit d'un matériel de sécurité, complexe à développer puis produire, et à la longévité assurée". La qualité justifie le prix, mais je fais de la course au large en bateau, le système de gilet de sauvetage est identique et coûte autour de 100-200eur ... 1000€ c'est le budget d'un radeau de survie de plus de 300L.
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