Au coeur de la chaine montagneuse du même nom, à l'ouest de Calgary et 3 heures de voiture au nord de Revelstoke, le lodge CMH de Monashees est considéré comme l'une des bases heliski les plus sportives chez CMH, premier opérateur Heliski au monde.
Avec une promesse qui n'est pas anodine et qui demandait à être vérifiée :
"le meilleur ski de forêt au monde"... Rien que ça...
En mars 2017, à l'invitation de Thomas de l'agence Destination Poudreuse, distributeur exclusif de CMH en France, je m'envole donc vers la peuf promise, avec la ferme intention d'en découdre et de ramener des belles images.
Coté trajet, c'est simplissime : prenez tout droit pendant 7000 km (oh, le Groenland sur votre droite, c'est joli) puis trouvez une place pour vous garer vers Calgary. Une petite pause dodo puis prenez un confortable bus avec vos nouveaux meilleurs amis pour la semaine pendant un peu trop longtemps en empruntant une partie de la mythique Powder Highway. Vous voilà arrivés au terme de 2 journées de voyage. A table!
En résumé, ç'est un peu plus long que d'aller aux 7 Laux, mais y'a un peu moins de monde. Bon ok, c'est un peu plus dispendieux aussi. Oui, mais y'a plus de... Ok, je m'arrête là...
la route était si belle qu'il m'était impossible de ne pas commencer par ces clichés.
Non, tous les runs ne se passent heureusement pas comme sur cette photo souvenir : vous avez en général tout loisir de choisir une ligne vierge en décalant un peu de la trace du Guide. En forêt (presque) tout est permis, à condition de ne pas perdre votre binôme, sécurité oblige.
Si vous voulez en savoir plus, j'ai parlé en long, en large et en travers des détails pratiques, des aspects sécurité, financiers etc etc d'une semaine d'heliski dans cette série d'articles en 2016.
En pratique, le rythme dépendra beaucoup de votre groupe, de votre guide et des conditions. Mais il est demandé ici aux clients de s'engager sur leur niveau avant de réserver (ce n'est pas l'Alaska non plus, un niveau moyen-bon à condition d'avoir de l'énergie est amplement suffisant en ski ), ce qui n'est pas le cas de toutes les bases CMH.
Casque au taureau, bonne humeur permanente, passion totale du ski qu'il a rapide et solide (héritage de l'alpin), c'est Luc Alphand qui accompagnait le groupe de skieurs français présents cette semaine. Logiquement, c'est lui qui apparait sur la plupart des photos d'action de ce reportage.
En montagne, tout se ne passe pas toujours comme prévu. Alors que la région a connu une saison 2016/2017 dantesque, nous n'aurons "pas eu de bol" (guillemets obligatoires, interdiction de se plaindre) : gros redoux et brouillard persistant auront joué avec nos nerfs. Au final un peu plus de 4 journées auront été skiées. C'est une très mauvaise statistique pour l'endroit, si on considère que l'hélico n'avait pas été cloué au sol une seule fois de la saison avant cette semaine. Et qu'il l'aura été 2 jours consécutifs avec nous.
La bonne nouvelle, c'est que vous pouvez y aller tranquille, on a eu la rarissime "mauvaise semaine", ça devrait pas se reproduire de si tôt.
Et surtout, quand on dit "mauvaise", les photos de cet article, garanties sans trucage ni mise en scène permettent de relativiser : nous avons eu de la poudreuse au dessus du genou sur toutes nos journées. et les meilleurs moments n'ont pas été fixés sur la pellicule. Car oui, coté photo, l'heliski est très contraignant dès lors que vous évoluez avec un groupe.
Là où sur une journée de reportage "classique", on prendrait le temps de trouver le bon pillow, la bonne pente, de se replacer pour avoir le cadrage parfait, de choisir la bonne optique, là il faut juste être très rapide (j'ai pris l'habitude d'avoir le boitier dans une housse spéciale sur la hanche, même plus dans le sac), prendre ce qui passe et enchainer, car il serait pour le moins grossier de faire attendre un groupe qui est là pour skier avant tout.
les zones roses ci-dessus, ce sont les zones de dépose, le lodge est à peu près au milieu, le long de la rivière.
Le terrain est vraiment très vaste, ce qui vous garantit de ne jamais skier 2 fois le même run (sauf si il est retombé 50 dans la nuit).
En revanche, afin d'optimiser les temps de rotation (et donc votre temps sur les skis), la qualité du ski et la sécurité (toutes les zones / expositions ne se valent pas en fonction des conditions du jour) tout en limitant la consommation des machines, les guides vont en général se concentrer sur une zone qui va être "ratissée", sans que vous vous en rendiez compte, tout simplement en décalant les runs. C'est l'avantage du ski de forêt dans les Monashees : ça passe toujours, il n'y a pas un itinéraire privilégié, chaque run est différent même à 15 mètres près, ce qui permet aussi de toujours faire sa trace même dans un groupe de 10 skieurs. Mais il ne passe jamais plus que quelques runs non plus avant de changer de zone, sauf si la météo en décide autrement.
Une chose est sûre : prévoyez de très nombreux séjours, les cuisses et les ressources qui vont avec si vous voulez vous mettre le défi de skier tous les runs référencés.
Un lodge d'heliski c'est un camp de base confortable conçu pour fonctionner en pleine autonomie : pension complète, atelier complet et magasin de ski (si vous avez oublié vos gants) et surtout l'hélico garé devant la porte. Pas de transferts, vous passez directement du petit déjeuner au vrombrissement du Bell 212 puis à vos premières courbes dans la chantilly canadienne. Allez-y mollo sur le premier run le temps de métaboliser les pancakes.
Dans le cas qui nous intéresse, Monashees est perdu au bout d'une route perdue, à coté du barrage perdu de Mica (ça vous dit quelque chose? c'est la même zone), avec comme seule présence humaine alentours un "village" perdu à 10 minutes à pied, constitué de baraquements dont la seule fonction est d'héberger les ouvriers du barrage (perdu), mais avec quand même gymnase et piscine couverte, auquel nous avons accès... L'eau est chaude, mais ambiance Shining garantie.
Le lodge ce sont donc un maximum de 48 chambres, réservées aux séjours CMH, le staff, des fauteuils confortables, un mur d'escalade indoor, un chef cuisinier et un bar bien fourni (et aux tarifs raisonnables) . Très confortable, très accueillant mais heureusement rien d'ostentatoire : on est en montagne, on est là pour skier, ce n'est pas un palace de station huppée. Pas de TV, à peine d'internet et pas de connexion cellulaire : c'est le moment de décrocher.
L'ambiance y est très décontractée, les repas sont partagés, grande tablées de rigueur! : vous dinerez avec vos camarades de ski mais aussi avec vos guides, votre pilote, la chef mecano de l'helico, la barmaid... Autant d'occasions d'évoquer la journée et de comprendre comment tourne cette belle mécanique.
Entre la fatigue des journées, le décalage horaire et la bière locale, les soirées sont toujours sympathiques mais jamais très longues. Personne n'y parle jamais travail.
Ce n'est pas une blague. Dans l'immensité des Rocheuses, loin de toute remontée mécanique, les accès motorisés aux zones de rando sont bien souvent indispensables. En 3 minutes depuis le lodge, l'helico vous dépose, avec votre Guide, sur une zone aux possibilités multiples, chaque jour différente. Le terrain est vaste comme vous pouvez le voir ci-dessus : heliskieurs et randonneurs ne se croisent jamais!
Et comme l'hélico est sympa, il vous laisse pour votre premier run de la journée en haut de la zone choisie (si vraiment vous êtes en prepa Pierra Menta, j'imagine que vous pouvez négocier d'être posés en bas).
Au final, c'est le groupe de randonneurs qui aura le moins été impacté par les conditions difficiles de notre semaine : l'hélico arrivait toujours à trouver une percée pour les poser en matinée, puis pour venir les rechercher en fin de journée, alors même que les conditions ne permettaient pas les déposes de groupes classiques. En revanche, l'équipement est primordial : il peut neiger beaucoup et fort, et vous ne pourrez pas vous réchauffer dans l'hélico toute les 30 minutes. Il convient donc d'être parfaitement étanche.
J'avais glissé ma splitboard dans mon sac avec dans l'idée d'échanger une journée de déposes contre une journée de rando mais le groupe était au complet. Ce sera "pour une prochaine fois".
En Amérique du Nord, le clivage rando / Heliski (ou catskiing) n'existe pas vraiment, contrairement à l'Europe. Pour preuve, il existe une formule mixte, baptisée Fusion : moitié rando, moitié déposes. Sur le papier c'est super séduisant d'alterner le plaisir assez direct de l'Heliski et la démarche plus contemplative de la rando, surtout dans le cadre absolument grandiose des Monashees.
entre 1000 et 1500 m de D+ par jour pour les randonneurs : rien de surhumain, mais un rythme bien régulier pour des journées bien remplies. Et c'est moins cher du coup!
... s'exclame Francis, mon camarade de chambre.
4 repas complet par jour si l'on considère que vous mangerez plus au petit déjeuner et goûter qu'un repas normal en France : il faut être prêt mentalement et physiquement.
Ce buffet asiatique aura été le point d'orgue culinaire de la semaine (et une de mes photos préférées du trip).
Simon, notre pilote cette semaine, fait preuve de constance : il dépose des skieurs dans des forêts brulées en hiver, et éteint des feux de forêt en été, toujours avec son hélico.
Best run ever. Ça c'est ce que m'étais dis à Nozawa Onsen au Japon 2 mois plus tôt lors d'une session solo en forêt (ce qui est bien stupide d'ailleurs).
Jusqu'à ce jour de mars 2017... Si le Japon brille par la quantité et la qualité de la neige, Monashees l'emporte haut la main sur la variété du terrain : plus de pente, un relief très varié, des runs plus longs (plus de 1000m de dénivelé, jusqu'à 1500m ! ) permettent d'appuyer franchement sur l'accélérateur si vous le souhaitez, de rester cool et joueur si vous préférez. Des contre-pentes dans tous les sens, des pillows, des ruptures de pente : bref, un paradis presque absolu pour snowboarders (très minoritaires, excellent niveau requis du coup pour ne pas s'empêtrer dans les traversées de fin de run) et skieurs.
Alors, Les Monashees, le meilleur ski de forêt au monde? Je me garderais bien d'un avis aussi définitif du haut de mes 43 ans. Une chose est sûre : c'est sacrément bon, et ce malgré une semaine qui était loin d'être idéale, au cours de laquelle l'hélico aura été cloué à la base pendant 2 jours et le manteau neigeux compromis à basse altitude par un redoux improbable dans une saison par ailleurs exceptionnelle. Nous n'aurons d'ailleurs pas atteint les 30 000 mètres de déniv négatif garantis sur la semaine, ce qui n'arrive que très rarement. Un groupe de forts skieurs à Monashees, s'il en a les moyens physiques et financiers, peut tout à fait engranger plus de 60 000 m de D- une semaine "normale".
Mais ayant fait mon "meilleur run de poudreuse de tous les temps" sur un itinéraire réduit de moitié par les conditions, je n'ose pas même pas imaginer ce que ça donne quand tous les voyants sont au vert. Il me reste encore à découvrir un spot qui pourrait détrôner les Monashees et leur potentiel (je suis ouvert aux suggestions).
C'est pas faux, et on se quittera là dessus ! (message qui ne s'applique pas à notre semaine, mais j'ai bien aimé ce rappel, placé sur le panneau annonçant la répartition des groupes)
à propos du skieur à trouver sur la première photo en haut de page : désolé, la blague était trop tentante, puis avouez que c'est quand même sympa de se plonger dans cette image :)
trop cool, je signe où? L'agence de référence pour l'Heliski (mais que) et distributeur exclusif de CMH en France, c'est Destination Poudreuse. Ils sont basés à Annecy.
Remerciements : Thomas de Destination Poudreuse pour avoir rendu cette semaine possible, Alex le responsable de l'atelier à Monashees pour sa préparation aux petits oignons de ma board, Jesse notre guide principal, Fred le guide qui dit ne pas trop aimer les snowboarders mais moi ça allait, Simon notre pilote, tout le staff de Monashees et tous les skieurs (et skieuses) présents cette semaine pour ces excellents moments partagés.
à propos de l'Heliski : j'avais compilé dans ce billet l'an passé mes réflexions sur l'impact environnemental de la pratique. La discussion y est ouverte !
à propos des photos : ce trip aura marqué la fin de ma transition vers le système Fuji (venant de Canon), commencée quelques mois plus tôt. Toutes les photos sont prises avec un X-T2 (à l'exception de quelques unes au X100), sur lequel était monté la plupart du temps l'excellent 16 -55 2.8 de la marque.
32 Commentaires
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question pour photographes pourquoi avoir abandonné le full frame canon pour l'apsc fuji?
poids et encombrement?
choix étrange car même si le système fuji est très qualitatif question AF/réactivité et autonomie les réflexes sont encore largement devant
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Super reportage sinon, ça représente quoi comme budget à peu près ? Tout compris bien sûr...
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Pfff encore un rabat joie! Je t'invite à lire ce très bon article qui amène qques réflexions sur cette pratique :
skipass.com
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Pour ce qui est d'aller aussi vite que des skieurs aguerris, pas trop de problème je pense, surtout sur ce type de terrain qui se prête bien au snowboard (tu pivotes bien plus vite qu'en ski).
Les droites c'est bien, mais en forêt c'est pas très utile. Même si aller vite n'est jamais un but en soi (et pas le mien pour le coup) Indépendamment de mon cas, le snowboard est largement aussi efficace que le ski, faut juste avoir le niveau, comme en ski d'ailleurs. Après ça reste un terrain technique, en poudreuse, donc faut avoir de la technique mais si tu l'as ça va tout seul. Comme toujours en snow seules les traversées à flanc ou replats peuvent poser problème, mais ça passe bien en anticipant.
Le Japon c'est particulier : pas énorme de pente, des arbres assez rapprochés (attention au risque de collision si tu t'emballes, vu que t'es régulièrement aveuglé ) et de la neige jusqu'à la taille : là encore c'est pas un terrain où tu peux aller très vite, c'est une autre expérience.
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