Après une belle première journée avec Sam Anthamatten, puis une journée off pour cause de trop de neige (si si!), trop de tempête et trop de jetlag, je rejoins Julien Colonge et sa petite troupe composée de Sébastien Varlet, Loïc Burri (qui finira second du FWQ quelques jours plus tard), direction Tsugaike, le spot coup de coeur de ce voyage.
Il neige sans discontinuer depuis bientôt 3 jours, on dépasse le mètre cinquante de poudreuse sur la montagne et les flocons ne montrent aucun signe de faiblesse. Très dure journée pour la photo, pas évident de sortir des images mais l'ambiance est là...
Je laisse la parole à Julien qui raconte cette belle journée passée ensemble, et on en profite pour présenter en exclusivité l'edit de son trip au Japon, dédié à Pierre, son frère tragiquement décédé cet été.
C'était une journée comme je les aime: une bonne équipe, une bonne ambiance, une neige incroyable, et un petit goût d'aventure. Je sais que c'est une journée qui aurait beaucoup plus à Pierrot, donc elle est encore meilleure.
Le matin, nous sommes tous dans la voiture sur le point de partir pour la station de Cortina lorsque je reçois un message de Guillaume qui me dit "Hello, appelle moi, urgent." Changement de plan: nous partons pour Tsugaike, une station moins courue. Nous retrouvons Guillaume aux caisses, et nous devons rejoindre Tatsuya, son contact local, pour le "training" à 10h. Après avoir attendu au départ, puis à l'arrivée du télécabine, nous comprenons que le fameux "training" a lieu à la cafétéria, dissimulée dans le brouillard à à peine 100m de l'arrivée. Cette petite formation d'une vingtaine de minutes, donnée par les patrollers, permet d'obtenir un petit macaron rose valable toute la saison et permettant d'accéder à toutes les gates délimitant le domaine hors-piste.
la formation est l'occasion de rappeller qu'il y aussi des avalanches au Japon en forêt, ici à 50 cm de la piste sur un hors-piste ultra classique de Tsugaike il y a quelques années...
Nous suivons alors Tatsuya toute la matinée à travers les forêts: il y a du vent et du brouillard, donc autant vous dire qu'on se laisse guider, sans vraiment savoir où l'on est. On s'en fiche d'ailleurs, on est bien trop occupés à faire les sous-marins dans la neige! On profite au maximum de notre forfait demi-journée pour se remplir les narines, et nous ne shootons que sur le dernier run. Guillaume en profite d'ailleurs pour tester la hauteur de neige: après avoir déchaussé, il s'enfonce jusqu'aux aisselles, sans même toucher le fond, impressionnant! Nous repensons tous alors à ce que disait le patroller: "attention à ne pas tomber la tête la première, vous pourriez vous noyer"... Nous redescendons tranquillement à la station tester le onsen pour pieds installé contre la gare de départ du télécabine. Parfait pour se relaxer les pieds après une bonne journée de ride! On regrette juste d'avoir eu à remettre les chaussures pour retourner jusqu'au parking...
Peux tu nous résumer ton trip au Japon?
C'est un voyage qui s'est organisé un peu au dernier moment pour moi. Après l'accident de Pierrot, tous les projets sont tombés à l'eau. Sébastien Varlet m'a alors gentiment proposé de me joindre à ce groupe qui partait au Japon pour filmer et participer à l'étape du Freeride World Qualifier à Hakuba. Sur ce trip, j'étais donc en compagnie de Seb, Loïc Burri, Pierre Houillon et Johan Ghio le caméraman.
Nous avons passé les 3 premiers jours autour du Mont Myoko, puis une journée à Nozawa Onsen, au Nord de Nagano. Nous avons du adapter nos plans car à notre arrivée sur place, il pleuvait... Les choses se sont arrangées à partir du 3ème jour: il ne s'est tout simplement pas arrêté de neiger jusqu'au jour de notre départ, pour plus de 2m70 de neige cumulés sur 9 jours!!! Nous avons passé les 7 derniers jours autour d'Hakuba, où nous avions comme objectif d'aller tracer quelques lignes au coeur des Alpes japonaises. Au final, nous n'en avons pas eu l'occasion car la visibilité était nulle, et les chutes de neige mêlées au vent avaient rendu le risque d'avalanche trop important. Nous sommes donc restés entre les arbres sur différents domaines skiables de la vallée: Happo One, Hakuba 47 et Tsugaike. Nous avons enfin vu les montagnes le jour de notre départ: vraiment impressionnantes avec d'énormes spines rappelant de loin l'Alaska. Nous avons d'ailleurs surnommé l'endroit "Jalaska". La compétition s'est relativement bien passée pour mes 3 acolytes, Loïc terminant 2ème, Pierre 6ème et Seb tombant malheureusement au cours de son run.
Après leur départ, je suis resté 2 jours à Tokyo pour faire du tourisme, car j'aime bien m'imprégner de la culture des pays que je visite.
D'un point de vue personnel, c'était une étape difficile mais importante à franchir. C'était la première fois que je partais en ski-trip sans mon frère. Il me manque au quotidien, les journées de ski ne sont plus pareilles, mais j'essaie d'en profiter un max pour lui et pour moi.
Quel aura été ton meilleur souvenir de ces 2 semaines?
Côté ski, la journée partagée avec Skipass à Tsugaike était clairement au-dessus du lot, autant pour le ski que pour l'ambiance. En dehors du ski, j'ai eu un autre moment très fort lorsque j'ai visité le petit sanctuaire shinto dans le village de Happo. J'étais tout seul, tout était enneigé, il n'y avait aucun bruit, l'ambiance était un peu mystique. Même s'il est là dans tout ce que je fais, j'ai eu à ce moment une grosse pensée pour mon frère Pierrot. C'était vraiment intense.
Les montagnes sont complètement différentes entre les deux îles. Sur Hokkaïdo, les dénivelés et les pentes sont moins importants, on skie assez souvent sur des anciens volcans entre les arbres. Sur Honshu (tout du moins de ce que j'ai vu autour de Nagano), il y a des paysages beaucoup plus alpins, notamment autour d'Hakuba. Ce n'est pas pour rien que ça s'appelle les Alpes Japonaises! C'est un programme de ski un peu différent: plutôt backcountry et ski de forêt sur Hokkaïdo, et freerando et longues lignes vers Hakuba.
Les meilleures périodes sont, à mon avis, différentes sur les deux îles : en janvier-février je privilégierais plutôt Hokkaïdo, qui est censé disposer un enneigement plus conséquent (ndlr : absolument pas le cas cette saison en revanche) et on l'on peut s'amuser facilement entre les arbres et sur les paravalanches sans avoir besoin de beaucoup de visibilité. Il y a également pas mal de runs faciles d'accès depuis les stations ou les routes, avec un dénivelé moindre. Pour les Alpes japonaises sur Honshu, j'irais plus tard dans la saison, probablement en mars, où les précipitations sont en théorie moins importantes et les créneaux de beau temps plus longs, surtout si l'on veut s'aventurer en haute montagne, avec beaucoup de dénivelé à la clé. Attention, les forêts étaient assez serrées dans le coin, à part à Nozawa Onsen.
Ensuite, d'un point de vue culturel, l'île d'Honshu est clairement au-dessus, on est au coeur du Japon historique, avec beaucoup de temples qui méritent le détour. Et puis, il y a Tokyo!
L'agence française Vivre le Japon a considérablement facilité notre séjour en nous fournissant des services indispensables comme la traduction du permis de conduire et le Pocket Wifi, la location d'un superbe Nissan X-Trail que ni la tempête ni les mauvais reflexes d'un conducteur français n'auront réussi à mettre en échec ainsi qu'un chouette appartement à Tokyo pour notre escapade de fin de séjour.
Les photos de tous nos articles, à de très rares exceptions près, ont toute été réalisées avec le tout dernier Fujifilm X-T2, partenaire photo du voyage. Un test complet de ce boitier qui est en train de changer mon approche de la photo de ski sera disponible prochainement.
Il est de tous les articles, le local sans qui tout cela ne serait pas aussi bien : Tatsuya Tayagaki, rédacteur en chef de Bravoski, premier magazine de ski au Japon, est devenu au fil des années un ami précieux. Installé à Hakuba, il nous a accompagné tout au long du trip, fait découvrir les meilleurs spots.
Enfin, merci à toute l'équipe du Freeride World Tour qui organisait le premier Freeride World Qualifier **** du Japon. Beaucoup de skieurs internationaux étaient présents pour l'occasion, ce qui m'aura bien facilité les choses. Rendez-vous est pris pour l'année prochaine!
* merci beaucoup
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