J'ai lu Le Masque de Dimitrios (1939) d'Eric Ambler après un article élogieux dans Le Monde suite à sa réédition. Bon, débourser 22€ pour un livre réédité datant de 1939 ça me fait un peu râler, mais c'est un très bon roman d'espionnage, validé par Mister John Le Carré dont je "binge-read" les romans ces derniers temps. Je lirai très certainement d'autres romans d'Eric Ambler après cette première bonne expérience.
babelio.com
Sinon j'ai lu dernièrement Nostromo De Joseph Conrad. De cet auteur j'avais déjà lu Lord Jim et Au coeur des ténèbres qui a inspiré dans une certaine mesure le film Apocalypse Now (le roman ne se déroule pas pendant la guerre du Vietnam mais dans l'Afrique coloniale). Nostromo se déroule dans une république fictive d'Amérique du Sud avec des révolutions, coups d'état, au milieu desquels des Occidentaux de bonne condition tentent de mener leurs affaires, préoccupés comme il se doit par le développement du pays sous le signe du progrès et de la paix. Bon J. Conrad a vraiment l'air d'un dépressif dont le plaisir masochiste consiste à dépeindre une vaste galerie de personnages animés d'instincts peu flatteurs pour illustrer sa philosophie pessimiste sur l'humanité en général. D'aucuns dirons qu'i pose un regare lucid sur la natur humène.
Extrait :
L'influence que cet homme, élevé dans des villes de la côte, avait acquise en si peu de temps sur les hommes de la plaine dans cette république ne peut être attribuée qu'à un génie de la traîtrise tellement efficace qu'aux yeux de ces êtres violents, à peine sortis d'un état de sauvagerie absolue, il devait passer pour un parangon de sagesse et de vertu. La tradition populaire de toutes les nations atteste que la duplicité et la ruse, ajoutées à la force physique, étaient, plus encore que le courage, considérées par l'humanité primitive comme des vertus héroïques. L'emporter sur l'adversaire était la grande affaire de la vie. Le courage était considéré comme allant de soi. Mais l'usage de l'intelligence suscitait étonnement et respect. Les stratagèmes, à condition qu'ils réussissent, étaient honorables ; le massacre sans effort d'un ennemi sans méfiance ne provoquait d'autres sentiments que la joie, l’orgueil, l'admiration. Non sans doute que les hommes primitifs fussent plus déloyaux que leurs descendants d'aujourd'hui, mais ils allaient plus droit au but et ils reconnaissaient plus ingénument le succès comme le seul critère de la morale.
inscrit le 06/11/11
14K messages