Les 10 et 11 avril 2006, Mountain Riders faisait son Respect Festival aux arcs, pour fêter ses cinq ans et inaugurer un rassemblement annuel et festif. Alors que les répétitions du concert du samedi soir retentissent en fond sonore, on se pose avec Jérémie, nouvel et premier employé de l?association, pour faire le point sur leur action.
skipass.com : Tu peux nous faire un petit historique et donner quelques chiffres sur Mountain Riders ?
MR : Mountain Riders a 5 ans, représente 350 adhérents et 1200 inscrits à la mailing list. En bénévoles actifs, on est 40 personnes, avec un gros noyau de 10 personnes qui sont à bloc, dont moi maintenant à plein temps depuis un an.
On a fait 80 jours de présence en station depuis le début de la saison, soit un jour sur deux, sur une quarantaine de stations entre Pyrénées, Alpes du Sud, Alpes du Nord, et Vosges, parce qu?on a aussi une antenne au Lac Blanc.
skipass.com : Qu?est ce que c?est, une antenne Mountain Riders?
MR : Une antenne c?est quelqu?un qui est autonome en local, à qui on donne les outils et qui est capable de faire de l?animation, qui peut tenir un stand, aller dans les écoles, faire une comptabilité etc. L?important c?est d?être autonome en local, parce que les antennes ont une grosse marge de manoeuvre. Actuellement on en a cinq : une antenne Pyrénées, une Tarantaise, une Sud Est, une dans les Vosges, et le siège social à Lyon.
skipass.com : Qu?est ce que vous faites, à Mountain Riders?
MR : On fait de la sensibilisation et de l?éducation au respect de l?environnement en montagne et plus spécifiquement en station. La plupart des assos écologiques se drapent dans leur dignité en disant ?la station c?est pas la montagne on y va pas? sauf que voilà, ça existe, et ça brasse des millions de personnes.
On est là pour proposer des alternatives, et ça bouge.
Dans ce cadre on a deux axes d?action : une dimension éducative/sensibilisation du grand public et une dimension recherche institutionnelle. On fait des recherches, des études d?impact, et on va voir les offices, les mairies, on essaie de créer des synergies dans les stations pour faire avancer la question environnementale.
Aujourd?hui l'important c'est que ce sont les stations qui nous appellent : sur les 80 jours/stations dont je te parlais, on a fait 0 démarche, 0 prospect, ce sont toujours les stations qui nous appellent.
skipass.com : Quels sont les problèmes que vous identifiez en station, spécifiquement?
MR : On est très pragmatiques, on va sur le terrain et on voit ce qui s?y fait. On est pas dans le spectaculaire, si tu prend l?exemple très médiatique des canons, pour nous il arrive loin derrière beaucoup d?autres choses, même si bien sûr on s?en occupe aussi. Mais les canons pour nous ils sont en 10 ou 15ème position.
Devant, le premier problème, c?est les transports. Par exemple Val Thorens c?est 1 million de forfaits vendus à la saison. Ca veut dire entre 300 et 400000 voitures qui montent, en 4-5 mois. Tu imagines l?impact sur la vallée et sur les versants. Donc nous on veut se battre sur ce point pour arriver, comme à Avoriaz, à mettre en place un téléphérique, ou de la navette collective au départ des grandes villes. Tu vas en Autriche, tu as très peu de cols qui te montent en haut des stations, pour ne prendre que cet exemple.
L?eau vient ensuite. On est en train de mettre en place un partenariat avec la Lyonnaise des eaux, pour avoir des chiffres, parce qu?aujourd?hui il y en a peu. Il faut savoir que toutes les stations d?épuration dans les Alpes sont sous-dimensionnées, surtout par rapport à la fréquentation en février. Dans les 30 ans qui vont venir elles vont toutes être redimensionnées, on va en faire une, deux, trois de plus à chaque fois.
Une des rares que je connaisse qui est dimensionnée, c?est celle des Houches, qui fait 60000 équivalent-habitants.
Celle de St Martin de belleville, c?est 2000 équivalent-habitants, alors que rien qu?à Val-Thorens il y a 20000 personnes en pleine saison. Le cycle de l?eau est pollué à la base par l?exploitation touristique des montagnes.
Les déchets ensuite, bien sûr il y a les ramassages symboliques qu?on fait, mais aussi par rapport au tri, aujourd?hui c?est des tonnes et des tonnes de déchets qui ne sont pas triés, qui partent à l?incinération, ça veut dire des rejets de dioxines etc. Donc là on travaille sur une meilleure application du tri, quelque chose de pas si contraignant à mettre en place, et pourtant, en France on incinère plus de 80% de nos déchets, et on en trie moins de 12%...
Et le gros point noir c?est l?énergie, on a fait un étude sur l?estimation de la consommation énergétique des stations. Caroline Hébrard a fait des propositions alternatives dans son rapport, et on a également des projets en cours sur ce point.
skipass.com : Mais ça ce n?est pas spécifique aux stations, si?
MR : quand tu vois les remontées mécaniques ce que ça bouffe en électricité, ou les canons...
Je n?ai pas les chiffres là sur l?éléectricité, mais l?ensemble des canons français dans les Alpes consomme autant d?eau qu?une ville de 200000 habitants. Aujourd?hui le snowmax ça va être interdit, et on arrête un peu de pomper dans les rivières, ce qu?on appelle ?au fil de l?eau?, avant on mettait le tuyau dans la rivière et on prenait le pourcentage auquel on avait le droit, c?est à dire 90% du débit (sic!). Aujourd?hui les retenues collinaires c?est un moindre mal.
skipass.com : On est loin là des questions de mégots de cigarettes jetés sous les remontées?
MR : tout est une question de médias. Aujourd?hui nous on pense qu?il y a des priorités. Quand on aura réglé le gaspillage énergétique, le problème des transport et celui de l?eau, ce sera déjà énorme.
skipass.com : Est-ce que vous arrivez à vous abstraire de la politique?
MR : Dès que tu touches à l?environnement, t?es obligé de rentrer dans le politique et le social, parce que tu touches à tous les pans de la socièté, et au confort des gens en premier.
Nous, notre message, et ça il faut bien le souligner, c?est que l?environnement ce n?est pas une contrainte, ou un surcoût financier, au contraire. Sur le court terme, sur le moyen terme et sur le long terme, t?es gagnant. Ce qu?on dit aux stations, c?est que quand elles auront équipé leurs remontées mécaniques avec des panneaux solaires, qu?elles fonctionneront en partie avec ça, avec des dynamos, et qu?elles feront entre 30 et 40% d?économies, avec un amortissement rapide, elles y trouveront leur compte.
Aujourd?hui les stations elles sont toutes en stabilisation voire en baisse de fréquentation, et elles cherchent des marchés-niches pour fidéliser la clientèle. L?environnement ça en fait partie. Il y a aussi une nouvelle génération qui arrive aux commandes et qui est beaucoup plus sensible à l?écologie...
skipass.com : et pour le nerf de la guerre, on parlait du coût des études, que tu voudrais en faire plus
MR : Pour le développement de MR, on est passé d?un budget de 12000? l?an dernier (misère) à 40 à 50000? de budget cette année. On a la région en partenaire maintenant. Les objectifs c?est Jeunesse&Sport sur des financements ponctuels avec les « Défi Jeunes », le conseil général sur l?animation collège, les mairies sur les animations école, et l?Europe. On l?avait fait mais ils nous ont refusé, il y a d?autres lignes financières qu?on aimerait tenter, mais c?est un boulot monstrueux. Aujourd?hui pour que ça tourne bien Mountain Riders, il faudrait que l?on soit 4. Le top ce serait une personne par thème que je t?ai donné tout à l?heure (transports, déchets, énergie).
Pour le budget Etudes, c?est 4000$ de Patagonia (1% for the planet). Chaque année on leur propose un dossier, avec une étude, cette année sur les canons. Et le reste c?est, en partenaires financiers : la région Rhône-Alpes, Eurosima, Ripcurl, Patagonia, Quiksilver Initiative, skipass.com; et en partenaires matériels/communication : Apo Snowboards, Skiinfo, Décathlon, Eurogroup, Pierre et Vacances, UCPA..
skipass.com : Pour finir, quelques mots sur votre future Charte Environnement
MR : On aimerait être une force de proposition là dessus, proposer des alternatives, être dans le positif et dans l?avenir. On veut pas dénoncer, mais être dans le concret et dans les changements. On va donc communiquer cette année sur les stations qui se bougent, pour aussi donner des idées aux autres. Les Gets, par exemple, ils ont une remontée qui fonctionne au solaire et à la dynamo. Il font des mesures d?épaisseur de neige au GPS pour faire moins fonctionner les canons là où il y en a moins besoin. Donc voilà, montrer qu?il y a des solutions qui marchent, et qui permettent en plus de faire des économies.
SurfRider Fondation et leurs pavillons noirs, eux c?était urgent, par rapport à des problèmes de santé dans l?eau, d?hépatites etc. Nous aujourd?hui on nous accepte en station, et on a besoin de ça. C?est sûr que des fois on sait pertinemment que c?est la catastrophe, mais pour faire bouger les choses il faut parfois mettre son poing dans la poche.
Toutes photos © Mountain Riders
Merci à Jérémie Pichon, vraiment.
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honte a tout les pollueurs...
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++
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