Bon, ça devient long vous ne trouvez pas ? Certes ce n'était que le mois d'octobre, mais nous étions en droit d'espérer quelques (au moins) petites offensives neigeuses, ou à minima fraîches, pour nous signaler que nous avancions dans l'automne. A contrario, depuis les chutes de neige de la toute fin-septembre ; plus les jours passent plus il fait doux !
Alors forcément plusieurs questions se posent : pourquoi de telles conditions ? Cela va t'il durer encore cette semaine ? La neige va t'elle faire son retour ? (Spoiler : oui!) et en quelles quantités ?
Il y a un peu plus d'un mois, il neigeait abondamment en haute-montagne et une parenthèse hivernale était alors de mise dans les massifs. 30 jours plus tard celle-ci est totalement oubliée et le port du simple tee-shirt est souvent suffisant jusqu'à 2000 mètres d'altitude.
Des températures totalement hors-saison ont fréquemment été relevées, en particulier en fin de mois avec jusqu'à +15/+20 degrés vers 1500 mètres et même des pointes à +26 degrés vers 1000 mètres dans les Pyrénées par effet de foehn. Ces valeurs sont dignes d'un début-septembre, voire d'une fin-août par endroits.
La cause météorologique est simple : les centres d'actions sont restés figés durant 3 semaines avec un contexte favorable à la remontée d'air chaud sur le pays. Essayons d'y voir un peu plus clair sur la carte ci-dessous du 27 octobre, mais bien représentative de ce mois d'octobre. Un vaste système dépressionnaire (plages de couleurs bleues et valeurs proches des 990/995 hectopascals) est positionné au Nord des Açores au large sur l'Atlantique. Dans un même temps : un anticyclone est ancré sur le bassin-méditerranéen (plages de couleurs rouges et champ de pressions voisins des 1025 hectopascals). Entre ces deux systèmes : le vent souffle de secteur Sud à Sud-Ouest sur l'ensemble du pays et la "pompe à chaleur" est alors bien en place avec une masse d'air d'origine subtropicale et d'Afrique du Nord.
Une situation que l'on peut, et que l'on a déjà, rencontré par le passé oui mais de manière souvent éphémère (quelques jours) et moins intense.
Le blocage météo interminable a permis au mois d'octobre, qui se termine aujourd'hui, d'être le plus chaud depuis le début des relevés sur l'ensemble du pays devant celui de 2001. Le graphique ci-dessous représentant l'écart à la moyenne est sans appel avec une chaleur qui s'est même accentuée sur la fin du mois ... chose rare en octobre !
Dans ce contexte : les chutes de neige ont été quasi-inexistantes et cantonnées à des altitudes très élevées (au-delà de 2300/2500 mètres) avec les Ecrins en première ligne par remontée d'humidité en provenance de Méditerranée ou encore la bordure frontalière des Pyrénées mais à une altitude encore plus élevée (2800/2900 mètres ...).
Dans ce contexte, il était très difficile d'envisager de pouvoir ouvrir certains glaciers (Deux-Alpes) pour la pratique du ski à la Toussaint comme à l'accoutumée. Nouvelle qui a rapidement été officialisée. Car, vous le savez forcément, cette anomalie de températures ne se cantonne pas au mois d'octobre mais s'inscrit sur une séquence de plusieurs mois exceptionnellement chauds sur l'ensemble de l'année 2022 ... qui est toujours l'année la plus chaude jamais observée sur le pays, et on voit mal comment la tendance pourrait s'inverser d'ici le 31 décembre à moins d'une succession de vagues de froid significatives en novembre/décembre (peu probable).
Le graphique ci-dessous est d'ailleurs hallucinant. Représentant la température moyenne sur les mois de novembre à octobre : les 365 derniers jours apparaissent comme un OVNI du côté du Mont-Aigoual (1565 mètres) au Sud du Massif-Central. Notons que cette station est particulièrement scrutée car elle propose des relevés très ancien, depuis 1897, quant la plupart des autres stations ont été implantées au milieu du XXe siècle. Mont-Aigoual, véritable sentinelle du changement climatique en montagne.
Une fois ces constations et observations relevées, attardons nous sur l'évolution des prochains jours. Le pic de chaleur est bel et bien passé. La baisse du mercure entamée ce lundi va s'accentuer ces prochains jours et pourrait même être nette vendredi, nous y reviendrons plus tard.
Avant cela, notons le passage d'une perturbation sur l'ensemble du pays d'Ouest en Est entre ce lundi après-midi et mardi matin. En arrivant sur le massif alpin, elle donnera de la neige durant quelques heures en fin de nuit de lundi à mardi et mardi au réveil ... mais à une altitude toujours élevée (vers 2400/2500 mètres, voire 2300 mètres sous de fortes intensités notamment le long des Préalpes). Les quantités attendues ? Anecdotiques pour la période : autour de 5 cm au-dessus de 2600 mètres sur la plupart des massifs, peut-être 10 cm en Belledonne vers 2800 mètres, et 15-20 cm dans l'Ouest des Ecrins au-dessus de 3000 mètres.
La journée de mercredi s'annonce calme avec souvent du soleil, malgré des nuages élevés, sous une douceur tout à fait classique.
C'est surtout entre jeudi après-midi et samedi matin que les conditions vont sensiblement évoluer. Les cartes ci-dessus, pour la journée de vendredi, nous permettent de comprendre cela. Sur la première, on remarque que l'anticyclone (plages de couleurs rouges) vient enfin se positionner au Sud-Ouest du Portugal. Dans un même temps, une vaste dépression centrée sur l'Ecosse (plages de couleurs bleues) vient étendre son influence sur une bonne partie du pays. Les vents tournent alors au Nord-Ouest ramenant une masse d'air humide et fraîcheur.
Cette fraîcheur est bien représentée sur la carte de droite puisque les températures pourraient même passer, très temporairement, en dessous des moyennes de saison en altitude (1 à 3 degrés en-dessous pour être plus précis) ici vers 1350 mètres environ.
Une petite poussée anticyclonique, par le Sud, devrait vite ramener du soleil et une douceur relative (sans excès) dès dimanche hormis sur la partie septentrionale du pays.
Si l'humidité et la fraîcheur font leur retour pour le début du mois de novembre, des chutes de neige devraient alors bel et bien être observées.
L'ensemble de l'arc alpin devrait être concerné puisque les Alpes du Sud devraient voir la neige entre jeudi après-midi et la nuit suivante, souvent dès 2200/2400 mètres (mais probablement plus bas le long de la frontière italienne) avec pourquoi pas 15-25 cm sur les secteurs les mieux exposés en haute-montagne.
Sur les Alpes du Nord l'épisode sera plus durable, grâce à la bascule en flux de Nord-Ouest vendredi. La carte ci-dessous témoigne du blocage des précipitations sur ce massif au moins jusqu'en nuit de vendredi à samedi. La neige devrait descendre vendredi vers 1200/1400 mètres et pourquoi pas 1000/1100 mètres sur les secteurs les mieux exposés. Les quantités ne s'annoncent pas simplement anecdotiques, nous espérons à ce jour 15-30 cm vers 1600/1800 mètres en fonction des secteurs et pourquoi pas localement 40 cm au-dessus de 2400 mètres.
Ailleurs :
- le Jura et les Vosges semblent également bien placés pour observer des flocons dès 1100/1300 mètres avec tout de même des quantités moindres que sur les Alpes voisines. Une couche de 5-10 cm sur les plus hauts-sommets vosgiens et au-dessus de 1400 mètres dans le Jura est tout de même envisageable à ce jour vendredi.
- le Massif-Central verra aussi les flocons sur sa partie Nord au-dessus de 1300/1400 mètres à partir de la nuit de jeudi à vendredi et vendredi. Mais il ne s'agirait que de quelques averses avec une couche de 5 cm tout au plus vers les monts du Cantal et le Sancy au-dessus de 1500 mètres.
- Côté Pyrénées : la perturbation ne devrait que peu concerner le massif, et seuls les massifs les plus au Nord pourraient voir un peu de neige dès 1600/1800 mètres vendredi avec des quantités tout au plus anecdotiques.
Quoiqu'il en soit, il ne s'agit ici que d'une première prévision qui pourra évoluer en raison de l'échéance. C'est pourquoi nous vous proposerons un bulletin, plus détaillé massif par massif, jeudi en fin de matinée. D'ici là, n'hésitez pas de scruter chaque jour les prévisions de notre module météo maison.
A jeudi donc !
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