Freeride à l'italienne

Mi- février 2004, incursion en terre de Polente...

Le nom circule depuis quelques années déjà dans les pseudo milieux informés : Alagna serait la "nouvelle" mecque européenne du Freeride, un espace encore vierge offrant des champs de poudreuse à perte de vue... On pourrait penser que si vous lisez ces quelques lignes aujourd'hui, c'est qu'il est déjà trop tard... Pas si sûr...
En tout cas, il était grand temps pour nous d'aller inspecter ce coin de montagne qu'il est sur le papier si tentant de comparer à un petit village des Hautes Alpes : un téléphérique anti-déluvien, un domaine 100% hors piste, un Derby (d'ailleurs jumelé avec celui de la Grave)... Enquête...

En fait, Alagna fait partie d'une ensemble bien plus vaste : Le domaine de Monterosa.
Tapi au fond du Val d?Aoste, à quelques heures de Grenoble (le centre de l'univers), cet espace composé d?une demi-douzaine de ?stations? villages réparties sur 3 vallées, propose un ski de grande qualité, avec plus de 180 kilomètres de pistes variées, de nombreux passages en forêt aux altitudes les plus basses... Le potentiel est palpable, notamment au niveau des itinéraires hors pistes, la raison première de notre venue, mais les alpins purs et durs, débutants, familles, trouveront également leur bonheur...
Le parc de remontées mécaniques est assez hétérogène, alternant vieux coucous et remontées ultra-modernes... Mais l?ensemble est tout à fait satisfaisant, d?autant plus que la modernisation de l?ensemble s?accélère avec la proximité des jeux olympiques de Turin.

Question fréquentation justement, en pleine vacances françaises de février, nous avons été confrontés à un domaine déserté, contrastant évidemment avec les grands domaines français... Toujours au niveau du contraste, il faut ici parler de villages authentiques, datant du XVII° siècle, au patrimoine omniprésent, et non de stations de ski...
Revers de la médaille : l?après ski est bien souvent réduit à sa plus simple expression et le seul fait d?aller prendre un verre ou de trouver un restaurant peut vite tourner au parcours du combattant. Mais le charme des lieux compense ces légers désagréments : on vient dans le coin pour skier, se ballader, profiter de la montagne... Pas pour aller en boite! Et si les restaurants ne courent pas les rues, la qualité tant de l'assiette que de l'accueil rattrape très largement la quantité!

photo : Gressoney St Jean

Cliquez dans l'image pour vous ballader dans le panorama pris au somment de Punta Indren

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Mais bon, tout cela est bel et bon mais que vaudrait un magnifique domaine sans neige?

Pas grand chose nous sommes nous dit, un peu déçus, les 2 premiers jours de notre séjour alors qu?il n?avait pas neigé depuis plusieurs semaines et que nous ne pouvions que constater le ?potentiel? de ces pentes, de ces vallons, de ces forêts... frustration palpable...

Mais l?Office du Tourisme a bien fait les choses, nous livrant par un tour de passe passe dont nous ne sommes pas revenus plus d?1 m 50 de poudreuse en 72 h (les bulletins les plus optimistes tablaient sur 30 cm 2 jours plus tôt)...
Et selon les locaux, le phénomène n?est pas rare. Une chose est sûre en tout cas : quand Gressoney recevait 1m50, la France voisine se contentait de quelques gouttes d?eau...

Du coup, nous n?aurons pas la prétention dans cet article de nous poser en découvreurs ou connaisseurs des possibilités Freeride de l?endroit...
Cela serait bien prétentieux sachant que notre expérience se sera finalement limitée aux Vallons d?Alagna par neige dure puis à une orgie de poudreuse sur un unique télésiège de Gressoney... Quelques centaines de mètre de dénivelé, personne, de la neige au dessus de la taille, des mélèzes, un terrain extraordinairement joueur pour 3 journées de ski intense dans la tempête. Certains grands enfants n?ont pas forcément besoin de beaucoup pour s?amuser!
Il n?aura pas cessé de neiger à énormes flocons pendant ces 3 jours ce qui explique notamment le faible nombre de clichés d'action présentés, prendre des photos dans ces conditions étant une gageure.
Autre regret : ne pas avoir pu rester une semaine de plus pour attendre le soleil et profiter de ce qui a sans doute été une des semaines les plus extraordinaires de la saison (mais mieux vaut éviter de penser à ce genre de choses et se dire que celà fait une bonne raison pour retourner sur les lieux du crime cet hiver).

Bref, un bien bel endroit, encore préservé, offrant des possibilités énormes tant pour une pratique freeride que plus traditionelle. Et si le site gagne certes en popularité depuis quelques années, il conserve selon nous une très grande marge avant de connaitres les travers de ses "grands frères" du freeride européen...

Steffie Franck >>>