Chaque année, l’entreprise Poma livre des centaines de remontées mécaniques pour les domaines skiables à travers le monde et des dizaines d’appareils comme le télésiège débrayable de l’Olympique. Un processus de construction bien huilé, décliné territoire par territoire, de la complexité souvent mais des éléments génériques aussi que l’on peut facilement simplifier à deux gares, un câble, des pylônes et des sièges. Il va de soi que l'implantation d’un téléporté est beaucoup plus complexe et ne se résume pas à l’appareil et aux équipements que fournit le constructeur. Usinage, aléas météorologiques, accès en altitude, héliportage, tirage de câble, tests et essais, autant d’étapes, d’activités ou de contraintes qui jalonnent un chantier, rendant captivant son suivi.
Ce 30 juin 2021, jour de notre visite sur site, le chantier bat son plein en gare aval. Après la traditionnelle réunion de travail au restaurant d'altitude du signal réunissant toutes les entreprises présentes, nous rejoignons les équipes qui s'affairent sur le montage et la construction du poste transfo. La grue lève la poulie, le montage est délicat. Les métiers sont nombreux et variés telle une ruche bourdonnante. Il y a Poma bien sûr mais aussi les entreprises Boma, le constructeur des locaux techniques, Semer, le spécialiste des équipements électriques, Joly & Philippe, qui réalise l'appareil, des massifs en béton jusqu'à sa livraison, Benedetti, le terrassier. Le géant du transport par câble et des entreprises locales. Des métiers variés, rudimentaires, mais combien ingénieux et méticuleux : électriciens, câbleurs, monteurs, maçons, conducteurs de travaux. Tous s'affairent de façon très ordonnée sous l'oeil du chef d'orchestre, Yann Durmois de DCSA, le maitre d’œuvre. « Une remontée mécanique, c'est un gros jeu de Lego à bien coordonner si on peut faire une analogie » explique Christel Bottolier Curtet de Boma.
Les nuages enveloppent encore les Dômes de Miage après une veille bien arrosée ne nous laissant pas la chance d'apercevoir les glaciers. « Nos agents sont des passionnés de la montagne. Ils aiment travailler en extérieur mais la spécificité de ces chantiers est que la fenêtre de tir est très courte avec des délais contraints et de l'adaptation aux intempéries » signale Pascal Bray, chef du projet Olympique chez Semer, l'entreprise responsable des raccordements et de la mise en service.
Le chantier de l'Olympique fait intervenir aussi des experts, métiers de l'ombre au rôle pourtant ô combien essentiel. C'est le cas de la société Altivolt qui apporte l'électricité au télésiège. « Si nous n’étions pas là, il y aurait un bel appareil mais qui ne pourrait pas fonctionner » ironise David Allard. Le passage d'un appareil à pince fixe à un débrayable modifie, en effet, le besoin de puissance nécessitant l'installation de nouvelles alimentations électriques. « La partie électrique est enchevêtrée dans le planning de la remontée mécanique car nous sommes à l'interface de plusieurs métiers. Cela nous demande beaucoup d'adaptabilité mais nous nous connaissons tous bien car "la montagne" est un petit milieu et tout le monde joue bien le jeu » se satisfait le gérant d'Altivolt.
Avant de gravir les pentes du col de Joly, le jeu de construction débute dans les locaux de la société SACMI, à Gilly sur Isère, en amont d'Albertville pour un projet en circuits courts mettant en lumière le dynamisme de la filière rhônalpine. SACMI est la filiale de POMA spécialisée dans la mécano-soudure, l’usinage et le montage. Elle est surtout l'assemblier de l'appareil, le catalogue des pièces détachées, une sorte d’Ikea de la remontée mécanique. Fûts de pylône, potences, balanciers, galets, éléments de gare, c'est ici que se configure l'appareil, d'ici aussi que les différents composants rejoignent leur lieu de montage. Chez SACMI, le télésiège Olympique prend forme. On produit les pièces métalliques à partir de matériaux bruts. Les tubes en acier sont percés, soudés, combinés, manuellement ou avec des robots de soudure. Certains éléments sont produits sur mesure et d'autres en petites séries. Le procédé de galvanisation, qui donne aux pièces leur patine grise et brillante, permet d'éviter la corrosion et de résister aux intempéries. Louis Matuchet, l'ingénieur d'affaire chargé du projet de l'Olympique esquisse cette opération, « on peut voir l'appareil comme un jeu de brique géant. Il est constitué de briques génériques et d'éléments spécifiques. Les fûts pour les pylônes ne font jamais la même hauteur par exemple et varient en fonction du cahier des charges pour prendre en compte la contrainte avalanche ou d'autres paramètres du terrain. Les balanciers composants sur lesquels les câbles roulent avec les galets peuvent être plus ou moins grands également ». L'appareil s'adapte à la topographie des lieux. « On se conforme aussi aux souhaits du client comme pour l'habillage des gares pour lesquelles la SECMH nous a demandé une couverture spécifique » complète Louis Matuchet.
Je suis conducteur de travaux chez Poma et j'interviens comme expert sur le projet. Ma présence est requise pour toutes les phases sensibles du chantier comme pour le montage de la poulie par exemple.
Le déroulage du câble est un grand moment de tension, une phase délicate et critique. Il faut éviter le coup de fouet du câble car il y a beaucoup de monde sur place.
Le télésiège de l'Olympique va devenir l'axe principal du domaine skiable. C'est important d'avoir une équipe motivée pour débuter la saison.
Les entreprises sont force de proposition, l'entraide est fabuleuse en phase chantier : un coup de pelle mécanique par-ci, un levage avec le camion bras par-là. Les chefs de chantier travaillent vraiment main dans la main.
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