Plaques du début de saison, attention

Jérôme avait raconté son expérience dans les forums, une grosse frayeur pour lui, un témoignage rare pour nous, puisqu'il avait sa caméra embarquée en mode "record" sur la tête ce jour-là.
On vous retranscrit son post, en attendant une petite analyse de François Sivardière, directeur de l'ANENA (qu'on rajoutera en fin de semaine si tout va bien).

Soyez prudent!!!

Lundi 28 novembre 2005, cette date restera certainement gravée dans ma mémoire pendant quelques temps? Tout devait bien se passer, départ très tôt de Toulouse, temps dégagé et neige au rendez-vous. Seulement voilà, la montagne m?a prévu une petite surprise pour la descente.

Résumé de cette journée « différente » :

Il fait encore bien sombre sur la station de St Lary. La route qui mène à Piau est enneigée, quel plaisir de conduire sur la neige, depuis le temps qu?on l?attendait! Ca va, y a pas trop de monde sur le parking, j?en profite même pour me garer à côté du centre commercial (attention c?est normalement interdit). Début de la rando., jusqu?ici tout va bien, les canons tournent plein gaz, le secteur du Badet, donne déjà envie.
Arrivée au Télésiège du Pic du Piau 2528m, pas grand monde aux alentours, le poste de secours est enseveli sous la neige.

Et là, le coup de grâce, au départ de la descente.

La vidéo de la coulée (5,6Mo)

Je sais ce que vous allez dire : je suis idiot de poser mes spatules dans ce coin, l?inclinaison de la pente et les fortes chutes de neige de ces dernières 48 h. sont des éléments clé et auraient du me faire renoncer à cette pente, mais bon c?était plus fort que moi? En 22 ans de pratique du ski (j?en ai 28) c?est la première fois qu?une chose pareille m?arrive.

Enfin, j?ai quand même retiré quelques leçons de cette mésaventure : ne jamais partir seul quand on trace dans un domaine non sécurisé, mettre ma protection des fessiers à chaque sorties (un jolie bleu devrait apparaître demain, les cailloux n'étaient pas loin), ...

Quelques explications supplémentaires:

Lorsque je me suis engagé dans la pente, l'épaisseur de neige n'était pas top, mes skis accrochaient tous les cailloux (sous couche inexistante), donc, tout naturellement, après 3 ou 4 virages accrochés je décide de me diriger vers une zone plus gavée sur la gauche. Au bout de quelques mètres de traversée une grosse plaque commence à se former tout autour de moi et là, je me retrouve prisonnier et impuissant face à toute cette neige en mouvement, la plaque se fragmente très rapidement en plusieurs morceaux, je me retrouve plaqué au sol. C?est parti pour quelques petites secondes de descente avec l?avalanche, je me débat pour ne pas boire la « tasse », mes fesses, le haut de la cuisse gauche et le coude raclent les cailloux , d?ailleurs ça m?aura coûté un pantalon et un blouson déchiré, mais bon, est-ce bien important ?

Une quarantaine de mètres après, l?avalanche ralentit, le chemin en aval retient une partie de la coulée, vous pouvez voir sur la vidéo les flots générés par la neige qui absorbent littéralement le chemin, la coulée continue ensuite sa course derrière ce chemin mais sans moi cette fois. Fin du chantier, plus un bruit, je suis seul au milieu de ce chaos, je me relève indemne, un peu abasourdi par ce qui vient d?arriver, puis je file en direction de la sortie à travers les cailloux qui ont été charriés par la neige?fuiooouuu ! j?ai eu chaud.

La plaque principale devait faire en gros une bonne cinquantaine de mètres (je me suis pas arrêté pour mesurer), l?épaisseur environ 40cm.

Texte, photos et vidéo : Jérôme Buc