Ani Ski sauvage

Photo de couverture

Cliquez ici pour ajouter une photo de couverture, ou déposez la photo dans ce cadre. Si les dimensions sont supérieures à 2000x1045 pixels, la photo sera automatiquement redimensionnée.

L'image d'en tête sera affichée derrière le titre de votre article.
Cliquez ici pour remplacer la photo de couverture (2000x1045 pixels), ou déposez la photo dans le cadre pointillé.

Ani Ski sauvage

Si la région du Tohoku vous fait voyager hors des sentiers battus, la station d'Ani est encore plus reculée.
article Tohoku 2023
ventoux84
Texte :
Photos :

En voyage, les plans changent. L’itinérance et l’autonomie permettent une certaine adaptabilité. Alors que nous avions coché les monts Iwate au-dessus de Morioka, puis jeté notre dévolue sur Tazawako et sa vue plongeante sur un lac cratère, nous obliquons finalement vers le pays de l’ours, Ani Ski.

L’amour des sapeurs-pompiers du monde entier nous conduit à faire au petit matin un rapide salut à l’Odateshi Fire Department.

Routes de traverse

Nous quittons la ville d’Odate où nous avons passé la nuit pour couper le trajet.

Nous ne le savions pas encore mais nous avons fait la veille le meilleur repas du séjour. Trois refus, apeurés ou frileux, conclus par des portes refermées - poliment - au nez (le manque d'habitude de voir des touristes occidentaux couplé à deux ans de Covid...) nous avaient en dernier ressort conduit dans un izakaya, bistrot nippon où l'on boit (un peu de tout) autant que l'on mange (un peu de tout). Jamais mauvais, rarement exceptionnel.  Et malgré une note Google bien moyenne (attention, les japonais ont tendance à sous-noter, donc la grille de lecture est là encore différente), c'est bien dans la seconde catégorie que tombait Uohiko Odate .  Accueillis par les Irasshaimase de rigueur, nous nous souviendrons pourtant longtemps de cette soirée de délectation et ce condensé de la cuisine japonaise au bout des baguettes : onigiri, sushi (rarement aussi bons dans un Izakaya), yakitori, tempura. Tout fût parfait.

Nous pénétrons rapidement, à la sortie de la ville, dans l’authenticité du Japon rural que nous étions venus chercher. De grandes étendues planes se transformant en rizière aux beaux jours encadrent la chaussée. Le décor est simple et blanc. Puis, la route s’élève doucement. Une petite station, et son unique fil neige accroché à une colline, nous reconnecte au ski. Plus loin, des policiers sécurisent la route à cause du toit d’une maison chargée de neige qui menace de s'effondrer. « Ani Ski » apparait sur les panneaux de signalisation comme un mirage au dernier embranchement.


La couche de neige augmente petit à petit au fur et à mesure que l’on avance sur cet itinéraire en impasse. La montée à la station est un « no man's land » de 15 kilomètres : les téléphones ne captent plus de réseau, la radio de la voiture se met à grésiller au lieu de nous envoyer de la musique.

Le parking et le télécabine se découvrent au dernier moment. Sans le faire exprès, Guillaume se gare à côté de guides américains croisés à Aomori. Nous entamons la discussion façon « vous ici ». Ils nous expliquent que le point GPS d’Ani était au beau milieu de nulle part il y a encore trois ans et qu'ils l'ont gentiment repositionné. L'Amérique, toujours prête à sauver le monde.

Ils sont en repérage pour monter un lodge, dans un coin qui, on s'en rendra compte, manque cruellement de capacité d'hébergement. On échange rapidement sur les conditions. Ils nous partagent un bout de carte sur l’écran du téléphone. Le relief est assez lisible : une succession de bowls avec un sous-bois ouvert depuis une crête accessible en peau à l'arrivée du télésiège sommital.

Journée parfumée à l’Ani

L’accueil est gentiment canin à Ani. Le bâtiment de la gare du télécabine abrite la caisse des forfaits et un volume vitrée de type aquarium où est exposé un chien de race Akita, symbole de la région. Le toutou a l'air empaillé, mais en tapotant à la vitre les yeux s'écarquillent. Les forfaits achetés, on nous envoie signer une clause de non-responsabilité en cas d’accidents. Ani est une petite station de ski se résumant à une télécabine et deux télésièges. Elle est surtout un vaste terrain de jeu hors-piste qui s’étend jusqu’à sa voisine, Moriyoshi, temporairement fermée. Ici aussi, les fameux monstres de neige, les « Juhyo Daira », drainent leur lot de raquettistes et de randonneurs.

Il nous faut une vingtaine de minutes en télécabine pour parcourir toute la verticale de la station et nous dresser au sommet. La montée est un voyage en soit au milieu des arbres pétrifiés.

Quelques descentes sous le télésiège permettent de nous mettre en jambe. La concurrence est rude avec une horde de snowboardeurs, également là pour en découdre avec la poudre. Le terrain est vite lacéré.

Nous déplaçons la zone de jeu au vallon voisin laissé aux adeptes du pas glissé. Un petit crapahut nous élève sur la crêtes de l’Ishimori. C’est le nom sur la carte mais pour nous cela reste un lieu presque invisible dans cet univers blanc. La trace est déjà faite par quelques randonneurs en raquette qui nous précèdent. Nous sommes suspendus au-dessus d’un tableau monochrome avec le ciel bas, les arbres en gris et cette neige épaisse qui n’attend que nous. Tour à tour, nous introduisons une touche colorée dans cette pente à la composition parfaite d’où s’élève des chuintements humains en disant long sur notre plaisir.

La journée se poursuit sur une ritournelle bien rodée : 15 minutes de peaux, descente toute en légèreté dans des lignes toujours différentes, 15 minutes de peaux, télésiège. En point d’honneur de cette journée incroyable, « dame nature » nous offre un spectacle rougeoyant au coucher de soleil.

Ani, c'est très sauvage avec un beau backcountry et des possibilités infinies pour faire du touring en peautant 200 mètres, skiant 200 mètres. C'est vraiment un endroit encore à découvrir. Après, c’est assez piégeux ce Japon. Ça finit souvent dans des goulets où tu te sens un peu seul, sachant qu’il y a des mètres de neige.

Jérémy

Hôtel Quince Moriyoshi

Le « Fusch », seul hôtel d’Ani, est plein pour ce soir. Tant pis pour le ragoût d’ours qui a fait sa réputation. En vrai, nous étions peu enthousiastes à déguster du plantigrade que nous préférons voir s'ébattre dans la nature plutôt que tranché par un yanagiba affûté. Guillaume, avec la télé-assistance de Tatsuya, nous trouve une chambre à Komata dans la vallée à Kitaakita à 25 kilomètres. L’hôtel Quince Moriyoshi est un curieux établissement qui partage son hall d’accueil avec la gare et le onsen municipal où nous croiserons tous les anciens du patelin. L’accueil est plutôt froid : prise de température, photocopies de nous nos papiers d’identité, remplissage de documents administratifs énigmatiques, demande d’horaires très précis pour souper et petit-déjeuner. Kafkaïen, sans doute nous manque-t-il quelques clés... Finalement, tout se détend et on nous donne même à chacun un bon cadeau de 2 000 yens à dépenser dans la boutique d'Omiyage (les indispensables souvenirs qu'il convient de ramener à la famille et aux collègues lors d'un déplacement, le plus souvent de la nourriture) offert par la région d’Akita. Merci Norihisa Satake, son Président !

Komata, sorte de village western à la Japonaise, la neige à la place de la poussière

Ajoutez des photos (2020px)

Le réveil est remplacé par la sonnerie du train prêt au départ. Le chef de gare déneige 15 bons centimètres sur les quais…alors qu’à 23h00 quand nous trinquions à notre belle journée, le ciel était encore étoilé. Magie d’une météo japonaise insondable.

en route pour l'école... La vue depuis l'hôtel est parfaite pour les fans de trains.

Ajoutez des photos (2020px)

Les formes de la neige du Mt. Moriyoshi

Ani a la réputation de ne pas voir beaucoup le soleil en hiver. Il n'y a pas de sommets entre la station et la mer du Japon et les monts Moriyoshis qui surplombent le domaine sont aux premières loges des intempéries très régulières.

Plutôt que de répéter notre plan de la veille, on s’accorde à aller tenter le Moriyoshi-zan, un volcan quaternaire situé à 1 454 mètres d’altitude. Malgré ses mensurations vosgiennes et une forme topographique des plus classiques, le côté aventureux est nécessaire pour nous lancer vers l’ascension dans une purée de pois totale au sommet du télécabine.

Nous sommes mues par la conviction que le soleil va se montrer et finalement à mi-pente, le ciel se déchire. Les miracles sont souvent contraires aux lois de la nature, surtout au Japon. Nous nous retrouvons plongés dans la peinture de paysage des œuvres d’Hokusai. Les arbres couverts de givre font figure de tableau en pleine montagne. La neige est beauté, tout simplement. 

Nous passons devant une cabane à moitié ensevelie avant de gagner le sommet au cœur de paysages hostiles, bruts, mystérieux à contempler éperdument.

Sensation incroyable que d'avoir cette vue dégagée au sommet du Mt. Moriyoshi. C’était la première fois depuis le début du trip que le soleil perçait autant. Les pentes étaient gorgées de neige. Il n'y avait personne. De magnifiques 'runs' en forêt.

Jérémy

Regards décroisés vers l’horizon, la descente du Moriyoshi nous entraine chacun dans trois directions. Juste avant d’arriver au refuge éponyme, un groupe de randonneurs nous lance un amical et improbable « bonjour la France ». Du refuge, on ne devine que le second étage en hiver dont une fenêtre permet de pénétrer à l’intérieur. Par gros temps, on se demande s’il est possible d’en ressortir.

À nouveau, le ciel se bâche pour l’ultime descente vouée aux photos d’action. Cela n'est pas bien grave car nous en avons pris plein les mirettes toute la journée. 

A suivre

En épilogue de cette journée-mission et alors que l’on se change à l'arrière de la voiture, le haut-parleur du parking du télécabine hurle du David Guetta (véridique) comme un symbole : « Yeah, I'm feelin' alright / 'Cause I'm good, yeah, I'm feelin' alright ! ».

Ani nous a conquis ; il est temps de reprendre la route des stations pour aller découvrir Geto Kogen.

Si vous êtes arrivé sur cet article par hasard, ne ratez pas les 5 autres consacrés à notre périple ski dans le Tohoku.

Côté pratique

- Ani Ski : s'y rendre, plan des pistes, forfait journée à 4 300 Yen japonais (environ 27 euros)

- Pour dormir : hôtel Fusch sur la station (pensez à réserver!) ou Quince Moriyoshi en vallée 

- Pour connaitre et suivre la météo

- Pour louer une voiture, faire traduire votre permis, la connexion 4G sur place mais aussi louer un appartement sur Tokyo au retour (le bon plan si vous êtes un petit groupe), une seule adresse : l'agence française Japan Experience, spécialiste du Japon depuis 40 ans !

Les images qui bougent

Ce qui est bien avec Jeremy Prevost, c'est qu'en plus de skier, il filme. Il a aussi un oeil photographique très sûr mais on ne va pas le dire trop fort de peur de se faire remplacer s'il décide en plus de se mettre à écrire. Un athlète complet en somme. Bref, voilà sa vidéo du trip et elle est cool!


Enregistrer l'embed
ventoux84
Texte Maxime Petre
Cette montagne que l'on découvre...Au loin de toutes parts est presque toujours devant nos yeux
Staff
G
Photos Guillaume Lahure
fondateur de skipass.com | inventeur du slogan In Tartiflette We Trust, ce qui avouons le pose un homme | 📷 Photographe de choses neigeuses et rouillées, du Vercors au Japon et entre les deux.

4 Commentaires

jamrek Pas vraiment arrivé ici par hasard... C'est le second du dossier que je lis. J'vais m'arrêter là je crois et attendre qu'il neige ici bas avant de reprendre la lecture des prochains 😁
 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

 

Connectez-vous pour laisser un commentaire

.