Pendant longtemps, les skieurs skiaient et c’était déjà pas mal. Aujourd'hui, ils doivent en plus gérer leur image. Ainsi les agents de sportifs débarquèrent-ils au coeur du trio athlète, marque, media. Trois interviews pour mieux comprendre ce beau métier.
Pendant longtemps, les freeskieurs étaient des skieurs. Ils répondaient deux mois plus tard aux messages insistants de la marque essayant de les joindre pour leur donner des skis, des logos à coudre sur le bonnet et de l'argent.
Pendant longtemps, les skieurs ne se souciaient pas du contenu de leur contrat (quand il y en avait un), tapaient dans la main du team manager en septembre et disparaissaient autour de la planète neige pour ne repointer leurs nez bronzés qu'en juin avec de vagues promesses de parution dans les magazines...
En fait, pendant longtemps, les skieurs skiaient et c’était déjà pas mal.
Et puis l'industrie du freeski a changé, la concurrence plus rude, les médias sont devenus immédia(t)s, les skieurs ont du apprendre la signification de personnal branding, à être force de proposition pour leurs partenaires, signer des autographes dans les salons, négocier avec des marques extra-sportives pour pouvoir coller plein de jolis stickers colorés sur leurs casques. Pour les aider, on a vu débarquer dans notre petit milieu de glisseurs montagnards les représentants de ce beau métier d'agent sportif (terme que tous d'ailleurs ne revendiquent pas).
Rookie ou légende, chaque skieur est désormais doublé d'un agent. Thibaud Duchosal, Jeremy Pancras tout comme Kevin Rolland ou Candide Thovex en ont un. A quoi sert-il réellement ? Quel est sa place au milieu du classique trio marques, médias et riders ? Questions posées à Charley Chauvin, Charlie Bellemin et Antoine Maitre-Devallon.
-Quelle est ta définition d'un agent ?
-L'image de l'agent est un peu floue, souvent on me demande si je leur fait la préparation physique ! Il y a la partie commerciale (renégociation de contrat et recherche de nouveaux partenaires) et la partie communication. Je pars du principe qu'on est plus fort à deux que tout seul.
-On a parfois l'impression que l'agent vient s'interposer entre le skieur et la marque, alors que le lien était direct avant ?
-Je ne suis pas là pour couper les ponts entre riders et marque, je suis un intermédiaire pour faciliter, faire en sorte que les contrats soient respectés, que chacun garde le meilleur du partenariat. Je m'occupe des petits problèmes, les aspects financiers et matériels, faire en sorte qu'il n'y ait pas de souci. Je suis une troisième main, je ne suis pas un frein, mais je suis là pour accompagner tout le monde.
-Tu peux réellement augmenter la valeur des contrats de tes riders ?
-Pour tous ceux que j'ai pris, j'ai apporté une plus value dans la renégociation, certains x2, d'autres x8. J'apporte des compétences purement commerciales. Ils ont entre 15 et 22 ans, pas toujours assez mûrs pour dire "non" ou pousser plus loin. Ils n'aiment pas parler d'argent avec les partenaires, c'est toujours compliqué de se donner une valeur.
-Ton passé de vendeur de photocopieurs t'aide ?
-Oui (rires), c'était un milieu très compétitif, très agressif, du commercial pur, du coup je suis un peu trop direct parfois, j'ai du m'adapter pour être plus cool ! Avant cela, j'avais travaillé pour un agent sportif et avec Grospiron sur son site ridearth.
-Ton rôle déborde aussi sur celui du team manager ?
-C'est selon les riders. Pour certain je fais un peu papa-maman, ils vont avoir besoin de moi pour corriger un mail, donner un coup de fil à une fédération. D'autres sont beaucoup plus indépendants et je suis juste là pour la négociation. Julien Eustache, par exemple, m'utilise beaucoup, il délègue vraiment, il se concentre sur la pratique sportive. Il m'envoie régulièrement des mails et des coups de fils. Panpan en revanche est plus autonome, il va démarcher de sa propre initiative.
-Pourquoi les agents apparaissent-ils dans notre milieu maintenant ?
-Il y une concurrence, plus de riders qui veulent en vivre alors qu'en parallèle le marché s'est durci. Le freestyle s'est recentré sur une élite. Si tu n'es pas dans les dix mondiaux qui en vivent très bien, tu dois financer toi-même ta saison.
-Tu réfutes le terme «d’agent» ?
-Je n'ai que Ben Valentin. Avoir un seul skieur, c'est un choix important et je ne changerai pas. Je ne veux pas être une usine.
-Pourquoi un skieur comme Ben a-t-il besoin d’un agent ?
-Il est un challenger, il a envie d'exister, je suis là pour l'aider à exister. Je me suis d’abord demandé de quoi il avait besoin : il était perdu au sein du freeski project et avait besoin d’être déchargé de cela pour se concentrer sur son projet sportif. Malgré la différence de statut avec Kevin ou Xav, Ben évolue dans la même sphère. Il a besoin de trouver sa place dans ce milieu. Il faut trouver le juste milieu entre la superstar et le petit minot qu'il était. Je veux valoriser Benoit dans son monde professionnel. De plus les saisons sportives sont longues, du coup les gars consacrent beaucoup de temps à la pratique et moins à la valorisation de leur boulot.
-Quel est ton rôle ?
-Un athlète n'est pas un portique publicitaire et une marque n'est pas un porte-monnaie ! J’apporte du conseil autant pour la marque, le media que pour l'athlète. Mon rôle est d'être au milieu de tout cela.
Quand je rencontre un partenaire, je lui présente Benoît et un projet de communication en accompagnement. Il y a un but sportif et un but marketing. Je veux lui donner des idées pour qu’à partir de sa performance sportive, il puisse s'épanouir.
Mon boulot est de lui donner une valeur de marché. Par exemple, le changement de Coreupt à Rossignol était compliqué et Ben était soulagé d'avoir quelqu’un pour le soutenir. Je lui enlève une certaine pression, que je prends moi dans la gueule.
-Pourquoi les agents apparaissent-ils dans notre milieu maintenant ?
-C’est lié à un engouement pour le sponsoring et l'image dans le milieu de la glisse en général : nombre de compétitions, nombre de pratiquants, exposition médiatique. L’agent devient indispensable quand ton statut le justifie, que tu as besoin de vivre de ton sport.
-Qu'est-ce qui est marqué sur ta carte de visite ?
-Athlete and personnality manager. Je n'aime pas le mot agent, il définit mal notre métier de management, de représentation d'athlètes... En plus, on fait des amalgames avec des univers qui ne sont pas très sains... comme le foot pour ne pas le citer.
-Ta société représente autant des sportifs que des musiciens ?
-C'est un leader du marketing sportif qui existe depuis 25 ans, on est 800 employés dans le monde avec des bureaux sur tous les continents. On est dans tous les sports : Michael Phelps, Owen Right, Andy McDonald, Kelly Clark.
-Pourquoi s’intéresser aux freeskiers ?
-Ils font un sport en pleine explosion, avec des compétition importantes. Ils travaillent avec de grosses marques qui génèrent du business.
-Comment résumes-tu ton travail d’agent... pardon, d’"athlete and personnality manager" ?
-Le patron, c'est l'athlète. Je fais partie du team, au même titre que l'entraineur, l'osthéo. L'un fait en sorte que l’athlète soit en forme, l'autre que les tricks rentrent et moi que le business tourne et puisse continuer à financer les projets. Ils restent concentrés sur leur ski, nous on se charge de faire du lobbying, d'apporter des idées auprès de leurs actuels et futurs partenaires. L'univers de la comm est calibré. Un skieur skie et un mec qui fait de la comm fait de la comm. Quand les deux discutent, il y a souvent incompréhension, ils ne parlent pas le même langage. Notre boulot est d'écouter ce que les athlètes ont envie de raconter, de le digérer, le mettre en forme pour le présenter à des partenaires. Je prêche la bonne parole !
-Quel est ton objectif avec les skieurs ?
-Pour Antoine par exemple, c'est de le mettre sur le devant de la scène, de crédibiliser sa démarche auprès des marques, de générer des budgets voyage et l’aider à aller vers les objectifs qu'il s'est fixés. Sur un Kevin ou Thomas, le boulot est différent, dans leur univers, ils sont leaders d'opinion, ils sont connus et reconnus... mais beaucoup moins en dehors de leur univers. Nous cherchons et créons le lien entre l'univers des garçons et celui des marques généralistes, avec des problématiques tournées vers la jeunesse, le risque.
-Comment se passe la négociation pour Kevin, il est toujours sans sponsor ski ?
-Le ski est un marché en crise. Kevin a une valeur et on n'a pas envie d'en démordre, il a des objectifs importants pour sa carrière avec les JO. On est ambitieux et à l'écoute de ce qui se passe sur le marché.
-Quelle est la spécificité du monde du freeski ?
-C'est l'image. Un leader qui ne fait pas de compétition est capable de générer quand même du contenu et donner envie qu'on le suive. Un leader n’est pas obligatoirement dans la compétition mais dans la création d'image. C'est l'une des grandes forces de cet univers : l'image. Le rider qui va tout péter sera celui qui va gagner en compétition ET générer du contenu de qualité.
12 Commentaires
On peut aussi espérer une itw des organisateurs des XGames ?
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Je sais c'est nul, mais ça m'a fait rire deux secondes...
Bon article indépendamment
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Ce genre de langage est à vomir, ça donne l'impression que "leurs" sont pour eux que des produits.
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Les mecs il s'y connaissent rien et ne pense qu'à leur portefeuille.
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