Portfolio snowkite

Col du Sabot près de Vaujany en Isère le 27 septembre dernier, le vent soufflait sud, premier jour de snowkite de la saison 2012/2013. Alors que les stations ouvrent avec la neige, les kiteurs tracent les pentes en toute discrétion depuis fin septembre, véhiculés par la seule force du vent. Pascal Boulgakow nous emmène sur ces pentes ventées et livre les bases du snowkite.

Si l'hiver des snowkiteurs commence généralement fin septembre, soit presque trois mois avant l'ouverture générale des stations de ski, elle se prolonge également très tard, souvent jusque fin mai avec l'ouverture des grands cols des Alpes qui donnent ainsi accès à des immensités de neige pour les skieurs et snowboarders utilisant une voile à la place des télésièges.

Le snowkite n'est pas un sport aérien comme le speed riding, c'est avant tout de la glisse avec exactement le même équipement que vous prenez pour aller en station, auquel il faut juste ajouter un baudrier d'escalade et une voile de kite spéciale neige. Très peu de snowkiteurs sont en fait capables de voler avec un kite sur la neige et même eux ne voleront durant qu'une infime partie de leur session car tout le reste du temps, ils vont glisser sur la neige, remonter les pentes, faire des traversées, des heures et des heures, pour seulement voler durant quelques très courtes secondes.

Les voiles appelées "à caissons ouverts", ressemblent à des petits parapentes, elles sont faciles à préparer pour la mise en vol, faciles à plier, elles tiennent peu de place dans le sac à dos. Les surfaces varient entre 6m2 pour les vents un peu forts à 12m2 pour le vent léger. Le prix d'une voile neuve est d'environ 1.000 euros et pour une voile d'occasion en excellent état comptez dans les 400 ou 500 euros. Cette voile permettra de glisser sur la neige pour remonter les pentes, filer sur du plat, ou encore descendre en lignes directes ou en virages serrés, comme on veut, c'est la liberté totale ! 

Il faut donc aussi du vent... Le snowkite peut se pratiquer avec une brise très très légère, parfois imperceptible. Et il est rarissime qu'il n'y ait pas de vent du tout en montagne. Ce n'est pas un parapente, c'est un cerf-volant comme à la plage et vous avez des skis aux pieds alors quand la puissance sera assez forte vous allez avancer doucement. L'espace d'évolution du kite s'appelle "la fenêtre de vol". En gros, bien dans l'axe du vent ça tracte fort mais sur les côtés ou au zénith ça ne tracte presque pas. On fait évoluer la voile dans la fenêtre de vol pour avancer ou ralentir, c'est selon.

Mais je ne vous en dis pas plus car pour apprendre en sécurité et éviter les galères en tous genres, il faut vraiment rejoindre l'école de snowkite la plus proche de chez vous et faire un stage de découverte. Evitez de vous embarquer seul avec une voile à la recherche aléatoire d'un champ de neige, c'est pas la bonne solution, vous risquez des embrouilles innombrables qui vont vous dégoûter à vie de ce sport magnifique.

Le "cruising" est du kite sur un grand champ de neige ou une pente localisée et on va skier là, en traçant dans la poudreuse, aussi longtemps que l'on voudra tant que le vent souffle, tout en restant sur un secteur limité. 

Que ce soit en ski ou en snowboard, le snowkite permet tous les tricks freestyle que l'on maîtrise sur un snowpark. La voile est un élément pas simple à synchroniser avec la trajectoire du mouvement freestyle mais une fois que l'on a pris le coup, elle peut au contraire devenir un atout pour se poser en douceur, pour planer plus loin, pour prendre une impulsion même sans module en neige. Cela peut se faire sur un snowkite-park shapé spécialement ou sur un kicker que l'on va construire à la pelle. 

La longue distance ne peut se pratiquer que sur des spots qui permettent de filer sur des kilomètres au long des reliefs de la montagne. Dans certains pays plutôt plats, comme la République Tchèque ou le Canada, on peut parcourir des distances impressionnantes tant que le vent souffle. La Norvège, les USA, la Russie, l'Islande, sont parmi les pays qui font rêver les snowkiteurs de distance. 

Une variante voisine est la haute-montagne. Il s'agira de monter des pentes sérieusement engagées à l'aide de la voile et accéder à des altitudes insoupçonnables. Attention, le domaine de la haute-montagne ne s'improvise pas. Il faut déjà avoir des notions d'alpinisme avec toutes les connaissances relatives à la technique en altitude, aux dangers et à l'équipement indispensable. 

Dernier point : le vol de pente. Ah, ce n'est même pas la peine que je vous en parle puisque même ceux qui n'ont jamais vu de snowkite ont cette image à l'esprit, c'est à dire la vision de fous furieux qui volent à des hauteurs de dingue accrochés à leur voile de kite par quatre bouts de ficelle. Pour maintenir un kite bien au-dessus de soi pendant les quelques secondes d'un vol de pente, il faut une attention aigüe et des réactions permanentes pour rattraper la voile qui ne demande qu'à partir en volte-face et vous retourner comme une crêpe pour vous exploser au sol. 

Rappelons que des compétitions existent, avec championnats de France officiels sous l'égide de la Fédération Française de Vol Libre, et même des championnats du monde, officiels ou auto-proclamés comme tels, aussi bien dans le freestyle, la longue distance, la course en circuits délimités, ou encore le format "Best Line" qui voit les kiteurs gravir des faces impressionnantes et notés par des juges selon l'esthétique de leur trajet de montée suivi de la descente freeride avec la voile pliée dans le sac à dos. 

Pour ceux qui veulent capter la brise et se faire porter sur les pentes, on peut dire avec certitude que le Col du Lautaret sera une valeur sûre durant ces prochaines semaines. Ou encore l'excellent Col du Petit Saint Bernard, le Col de la Madeleine sans oublier la frontière italienne avec le Col Agnel dans le Queyras qui certaines années bénéficie du célèbre "retour d'Est".