Richard Permin nous raconte son hiver de tournage pour MSP... avec une bonne grosse d'Alaska dedans et l'histoire de son fameux plan d'avalanche.
Autant annoncer la couleur : Richard Permin nous a impressionné avec son segment d’ouverture du dernier MSP, Superheroes of Stoke. L’ancien freestyler a fait des pompes, il s’est construit un physique apte à encaisser les énormes contraintes subies par le freeride. De fluette machine de park (dont il nous montre de beaux restes sur l’énorme big air d'Alyeska), il est devenu la référence européenne de Big Mountain dans les productions américaines.
Il y a au moins deux runs de Richard qui ont laissé des traces dans nos nerfs optiques lors d’un IF3 plus riche en grincement de carres sur barres de métal qu’en exploits sur poudreuse verticale : le premier est cette longue et fine spine vertigineuse dont il chatouille la crête. Le second est cette avalanche chevauchée avec bravoure, chaos roulant sous ses pieds dont il s’extrait indemne les bras levé en signe de victoire. On frissonne devant le «wow effect» qui a valu à son auteur le prix du Best Single Shot à l’IF3 2012 (en 2:56 sur le teaser ci-dessous).
Comme l’année dernière, Richard nous raconte les péripéties de son hiver (en prenant sa plume cette fois) avec ses multiples déceptions, ses tournages infructueux... jusqu’à cette session, l’une des dernières, contenant quasiment toutes les images de son segment.
Il faut parfois tout un hiver d’effort pour parvenir à extraire de la montagne le rare nectar que constituent les quelques minutes d’un segment.
"Ma saison d’hiver avec MSP, commence gentiment à la fin du mois de janvier avec un voyage au Japon sur l’île d’Hokkaido. Mon équipe est constituée de deux cameramen, d’un photographe et des riders: Sean Pettit, Riley Leboe. Le but de ce voyage est de ramener un max d’images de grosse poudreuse avant d’attaquer les belles pentes du Canada. Nous n’avons pas été déçus du voyage : pendant exactement 15 jours nous avons skié 50 cm de neige fraiche sans jamais voir la lumière du soleil ! Le Japon a la particularité d’avoir énormément de neige d’une légèreté inégalable, tu peux faire une descente et revenir dix minutes après sans retrouver tes traces.
Après 15 jours de "gavage", le programme était de rentrer en France pour quelques jours, puis de repartir pour Whistler au Canada afin de rejoindre une autre équipe de cameramen pour un seul objectif : envoyer du lourd ! Cependant, à mon arrivée à Paris vers 4h du matin, je reçois un mail de MSP qui me demande de changer mon vol pour le lendemain, direction Haines, Alaska !
A partir de ce moment-là, je commence le plus long et le plus intense voyage de ma carrière. Donc à peine le temps d’arriver à Annecy, défaire et faire mes sacs, changer de vol, je suis déjà dans l’avion direction l’Alaska pour environ 24 heures de vol jusqu'à Juneau où j’embarque dans un petit avion de six places, destination : Haines.
Haines est un petit village isolé de 2 000 habitants constitué de pêcheurs, d’anciens chercheurs d’or et de «natives», donc autant vous dire qu’il n‘y a strictement rien à faire à part monter dans un l’hélio et skier. Le spot est évidemment mythique : toute production de film de ski et snowboard qui se respecte est passée au moins une fois par là ces quinze dernières années.
Me voila donc arrivé dans un petit chalet en compagnie de Samuel Anthamatten, James Heimer et Michelle Parker. L’attente va être longue... même très longue... dix journées dans ce chalet à attendre les bonnes conditions... de quoi devenir fou ! Il faut s’occuper l’esprit et rester en forme, car le moment venu il faudra se réveiller à 5h30 du matin pour être à 6h30 dans l’hélio et être prêt à envoyer !
Au final, nous avons eu trois jours de beau sur quinze, de plus le vent avait soufflé tous les sommets, nous nous sommes donc rabattus sur du mini-golf (une petite face d’environ 150 m de dénivelé) pour rentabiliser le trip : quelques figures sur une barre rocheuse et 2 à 3 virages, c’est tout ce que l’on pouvait faire et c’était mieux que rien !
Une fois le trip terminé, je repars avec Michelle Parker pour la compétition freeride backcountry Red Bull Cold Rush dans le Colorado où les conditions de neige ne permettaient pas de skier à 100%... dommage car l’édition précédente avait été un vrai succès. De là, mon deuxième trip en Alaska commence : je remonte en direction de Haines pour passer la frontière du Canada ou MSP a programmé un tournage à Pleasant Camp, une réserve naturelle époustouflante où personne n’a encore pu skier ! L’équipe travaille sur ce projet depuis deux ans pour avoir les autorisations.
Le seul seul problème, c’est qu’il n’y a pas d’habitations dans cette région à l’exception d’une cabane de chasseur de 15 mètres carrés pour une équipe de 12 personnes : trois cameramen, un photographe, quatre skieurs, un guide de haute montagne, trois assistants et une température comprise entre -15° et -25°C. Un voyage qui demande une grosse logistique : groupe électrogène, tente, nourriture... Une fois le camp en place et l’équipe opérationnelle, les conditions météo se jouent de nous encore une fois.
Or Mark Abma, Cody Townsen, Ingrid Backström et moi-même devons rester en forme pour le moment venu : couper du bois, sessions de moto-neige, étirements et pompes sont nos occupations premières. Au bout du quatrième jour le ciel se dégage, toute l’équipe se prépare et nous décidons d’envoyer quatre skieurs et le guide dans l’hélico en repérage. Au bout d’une heure de vol, on se rend compte que le vent a tout rasé : il ne reste que des cailloux, de la glace et le risque d’avalanche est énorme. Tant de travail, d’énergie et de motivation pour au final : rien !
Il faut réagir vite, très vite même ! On est déjà début mars et il ne nous reste plus que deux mois pour remplir nos segments, car au contraire du surf ou de n’importe quel autre sport nous avons que quatre mois par an pour tourner les images, ce qui rend les voyages très intenses, surtout au niveau du mental quand tu es revenu bredouille de tes deux premiers trip. La pression monte !
Il faut trouver une alternative et tout de suite. Notre guide Clark reviens de deux ans de tournage avec Travis Rice et nous informe que les conditions à Girdwood sont parfaites. La zone est située à côté d’Anchorage (Alaska) où se situe la station de ski d’Alyeska. La décision est prise : on remballe tout et on remonte vers le nord en chargeant le gros truck d’Abma : plus de trente sacs de voyage ! Sur la route, j’apprends que le guide que j’avais eu à Haines sur le premier trip est mort avec un client dans une avalanche : moral a zéro...
Deux jours plus tard, à Girdwood, Clark annonce une semaine de beau temps. Le lendemain, debout à 6 h et à 7h45 nous sommes en haut des montagnes en train de vérifier la stabilité du manteau neigeux et de repérer les lieux. La zone est magnifique et la neige parfaite. C’est là que nous tournons la seconde avalanche du film, celle qui n’est pas dans mon segment. On ride pendant deux jours des expositions similaires à cette face, un mur de spines que nous explorons l’une après l’autre. Rien ne bronche. L’avalanche se déclenche sur le dernier run de la journée, le plus long, en fin d’après-midi.
La fin du trip s’approche. Je repars pour Whistler (Canada) où je rejoins une autre équipe. Malheureusement, le premier jour, je suis un peu trop en confiance et saute une barre rocheuse de 20 m avec à la clé un genou dans le visage. Repos et kiné forcé pour deux semaines avant de reprendre la route direction Tordrillo, Alaska (dont nous avions publié les premières images en 2007, ndlr) avec Cody Townsend et Mark Abma.
L’équipe est au complet, les caméras sont prêtes et nous aussi. Les conditions, elles, ne sont pas là : le guide nous retient pendant quatre jours. Mais les nuits froides stabilisent peu à peu le manteau et le guide nous donne finalement son feu vert ! 8 h du matin, premier run de la journée et du trip. Je choisi une spine pour être plus en sécurité et tout craque au bout de trois virages. C’est sûr, il y a une erreur de ma part, c’était un peu chaud, mais j’avais une porte de sortie... avec plein de crevasses en bas dans la partie plate quand même. Tout le reste de la zone n’a pas bougé de la journée. Peut-être que le spine était trop à l’entrée du goulet avait pris le vent, je ne sais pas ?
Tout le monde est à bout de nerfs, on prend notre mal en patience pour que les conditions se stabilisent. Trois jours plus tard on remonte sur le glacier, après quelques runs rien ne bouge. ouf, c’est parti ! On filme pendant trois jours non stop ce qui va devenir, à mes yeux, les plus belles images de ma carrière !"
21 Commentaires
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Nan, je suis pas aigri
sinon, top skieur, il me languit de voir le dernier MSP. Il sort quand d'ailleurs ?
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Espérons que ce MSP sera au moins aussi qualitatif qu'Attack of La nina.
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MSP fêtait ses 20ans, et on retrouve plus un film retraçant toutes leur péripéties depuis le début. Beaucoup de flashback etc..
Cependant quelques part vraiment sympa, dont celle de Richard et l'autre de Eric Hjorleifson qui m'a surpris de son talent !
Bref, on peut pas reprocher cette voie là à MSP et je te garantie que tu vas quand même être ravi du film !
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The Dream Factory (mi nouvelles images mi doc)
Few Words (mi nouvelles images mi doc)
2013 sera une autre cuvée t'inquiète pas
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C'est vrai que c'est un semi documentaire mais assez long donc beaucoup d'images nouvelles malgré tout.
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Ah les mécréants! Ils sont trop balèze chez MSP, c'est surement pour ça que je les adore.
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