Une bande de skieurs passionnés lâche tout pour partir 9 mois découvrir les montagnes de l'Amérique du Sud. Un trip fait à la main...
Trois ans de vie active et une furieuse envie de grandes vacances… C’est ainsi que cette bande de passionnés de ski et de montagne a décidé de partir 9 mois découvrir les pentes du continent sudiste. Après une première partie de voyage consacrée à l'alpinisme, nous les retrouvons à Santiago du Chili pour la suite de leur trip... du ski à la sueur du mollet et à la force du front.
Première étape, Santiago de Chile. Nous arrivons au Chili après 4 mois de voyage tournés vers l'alpinisme en Bolivie et au Pérou et retrouvons un ami de longue date, Manu Ribera, venu lui aussi au Chili et en Argentine pour profiter de nouveau de l’hiver austral (souvenez-vous de leurs cartes postales de 2006 !). Nous décidons de faire un bout de chemin ensemble et louons une voiture pour 3 mois : pas de prétention mais de la bonne humeur, du ski (de rando), de la pente, de la neige, de la trace encore et encore...
Première étape, les alentours de Santiago. Déçus par la Parva (peu de neige et envie de fuire les abords de grosses stations !), nous nous rendons dans la vallée sauvage du Cajón de Maipo, proche de Santiago. Enorme potentiel et vallées vierges ! Nous commençons cette exploration avec l’ascension du joli Cerro Morro puis nous allons poser nos tentes à Baños Colina : sources d'eau chaude, neige fraîche... Nous sommes seuls au monde et nous en profitons !
Les sommets et descentes s'enchaînent, ce petit coin de paradis mériterait qu'on s'y attarde des semaines mais nos provisions (et le pisco !) s'épuisent et le baromètre chute. Nous quittons le camp sous une tempête de neige, après 5 jours de pur bonheur.
Incursion en Argentine, pays du vin, de la viande et du fernet (spécialité alcoolisée empruntée aux Italiens, déclinée avec du cola : un bonheur pour la soirée, et un malheur pour les lendemains !). Autour de Mendoza, c'est sec !! Impossible de chausser les skis, même à plus de 4000 m... Nous allons malgré tout tenter notre chance aux alentours de la station de Las Leñas. On nous promet de la grosse poudre sauf qu'en réalité, la neige se fait désirer : tout est “pelado” (c'est à dire : "pelé par le vent")...
Cependant, l'ascension du Soldado restera mythique : bonne pente et neige bien accumulée dans le premier couloir, et en sortie, un canyon ludique dans une neige transfo où il fait bon planter les carres.
Retour au Chili, en direction du sud avec arrêt obligé à Chillan où nous montons un camp de rêve à Aguas Calientes, un rio (ruisseau) dont l'eau est tellement chaude qu'il est presque difficile de s'y baigner. Nous tentons l'ascension du volcan Chillan Viejo par la face sud mais les accumulations sont telles qu'elles nous empêchent d'atteindre le sommet et nous rebroussons chemin. Tant pis, on se rattrape les jours suivants. Notre descente du volcan Chillan Nuevo ne sera pas gâchée : nous ouvrons la combe vierge au nez et à la barbe de feignants se faisant monter en snowcat. Du bonheur à tracer, rien que pour nous !
Après cette journée mémorable, nous nous attaquons aux Nevados de Chillan, une longue course au sommet balayé par des vents qui nous empêchent d'y rester plus de quelques minutes. S'ensuit l’ascension de quelques autres faces sans nom mais qui ne doivent pas être oubliées pour autant, on a du mal à partir de cette région !
Nous enchaînons ensuite plusieurs volcans (Antuco, Lonquimay, Llaima, Villarrica) aux caractéristiques semblables : odeurs de soufre, neige transformée et pentes douces sur la partie inférieure puis pentes frôlant souvent les 45° en neige béton sur le haut. Cependant, en cherchant, nous finissons toujours par trouver une zone moins travaillée par le vent rendant la descente agréable. De plus, chaque cratère est différent, hallucinant et les paysages de la cordillère des Andes toujours plus incroyables ! Hormis le Villarrica, certainement le volcan le plus célèbre et le plus gravi du Chili, nous ne croisons personne, ajoutant encore au caractère exceptionnel au ski dans cette partie du monde.
Mi septembre, changement de décor : nous arrivons à Bariloche, paysages alpins (andins, devrait-on dire !) sur fond de lacs immenses... L'accès au célèbre Refugio Frey est tout simplement horrible (portage et déchaussages à répétition) mais nos efforts sont récompensés à l'arrivée : nous nous trouvons dans un cirque, au pied d'une multitude de couloirs plus alléchants les uns que les autres ! Nous nous gavons les jours suivants avec des pentes oscillant entre 30 et 45° dans une neige cependant exigeante. Enorme !
De retour à Bariloche et après quelques asados (barbecues argentins) gargantuesques nous avons encore faim, mais de neige... Nous accédons par Cerro Catedral à une vallée oubliée, derrière celle du Frey. Nous installons notre camp de base et à nous les belles pentes soutenues, aux lignes joueuses, un régal pour nos skis ! La neige de printemps est excellente et nous remettons les peaux un nombre incalculable de fois par jour. Une fois de plus, après 4 jours de bonheur, c’est à regret que nous devons quitter ce coin grandiose par manque de provisions.
Le Tronador -point culminant de la région de Bariloche- aura été une ascension difficile, non par sa technicité, mais par les exigences administratives du parc national. Nous arrivons enfin à obtenir l'autorisation de monter sans guide et arrivons après quelques heures (quasiment que du portage...) au refuge Otto Meiling, d'un confort inégalé. Départ le lendemain à 5h dans un brouillard qui s'estompe au lever du jour, nous laissant apercevoir le Paso del Viento, col qui sépare les deux sommets du Tronador. Les premiers rayons de soleil teintent les séracs d'un bleu turquoise et nous laisseront des souvenirs impérissables. Au Paso, un vent violent et des crevasses nous empêchent d'atteindre le Pico Argentino. Qu'importe, la descente est super bonne !
Nous profitons encore un peu de la neige de printemps en Argentine, à El Bolson, sur un sommet sans prétention mais néanmoins esthétique, le Piltriquitron, puis à Esquel. Retour au Chili. Excès de zèle des douaniers qui nous font vider l'intégralité de la voiture alors que, dernière soirée argentine oblige, on est en mode “resaca” (pâteuse et mal de tête...) des grands jours !
Un “petit” volcan, le Puyehe, nous attend de l'autre côté de la frontière. 1000 m de portage jusqu'à un petit refuge pour la même dénivelée en ski le lendemain... La saison touche à sa fin ! De l'immense cratère, nous voyons notre dernier objectif : le volcan Osorno. Celui-ci est glaciaire et le vent a sculpté une immense barrière de glace coupant l'accès au sommet : les piolets et la corde n'auront pas été inutiles. Pas de cratère ici mais un sommet tout plat, d'où nous voyons les sommets alentours et... le Pacifique ! Dernières courbes de la saison, on en est déjà nostalgique...
Cette saison atypique, 100 % ski de rando, restera à jamais dans nos mémoires, tant pour le ski que pour la douceur de vie, les rencontres et l'accueil chaleureux des habitants du Chili et d'Argentine. L'isolement, les forêts primaires et l'absence d'infrastructure donne un parfum d'aventure qu'on ne trouve plus dans nos contrées. Malgré les accès parfois (souvent !) difficiles, le temps capricieux et les vents violents, la Cordillère des Andes ouvre au skieur qui veut s'en donner la peine des possibilités infinies dans des paysages magiques.
Jean-Baptiste Pillot et Emilie Brunel remercient : Le Vieux Campeur, Vertical et Adventure food
Manu Ribera remercie : Elan, Dalbello, Uvex, Vertical, Diamir et ABS
11 Commentaires
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Souvenir j’en ais gardé merci !
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merci pour vos commentaires ! plus de tofs sur www.caminos-andinos.org
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et le matos ? planches fixs peaux ?? keskesait , hein et pis ken avez vous pensé ?
merçi
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