Young Riders Crew

Greg Liscot, 40 ans, pliait le genou au tournant du millénaire pour Rossignol. On le croisait sur les pentes, avec son énergie à revendre et sa gouaille haute-savoyarde. On le retrouve aujourd'hui en bon père de famille du Young Riders Crew, dans la vallée de Chamonix : un hybride de Club des Sports modernisé et à géométrie variable : freeride, freestyle, sensibilisation avalanches - rien à voir avec la machine à piquets de notre enfance (je sais, j'ai encore les bleus). Interview de l'entraineur qu'on a tous rêvé d'avoir.  

-Quand a commencé l'aventure ?

-Il y a 10 ans, en 2002, quand j'étais quasiment en fin de carrière de telemarkeur pro chez Rossignol. J'ai eu une proposition du club des sports des Houches : ils voulaient faire autre chose que de l'alpin de base, j'ai eu carte blanche. On a commencé avec 4 jeunes, on a fini l'hiver à 9 et maintenant nous avons 4 entraineurs et 53 jeunes entre 10 et 18 ans.

-Qu'enseignes-tu ? 

-Sensibilisation aux risques d'avalanches pour les jeunes de la vallée et technique de ski toutes neiges-tous terrains. On leur apprend la recherche Arva, le déclenchement d'un secours ainsi que les premiers fondamentaux de nivologie et de météo. L'objectif est que les jeunes puissent rider avec conscience, qu'ils soient responsables de leurs actes. On veut en faire des riders polyvalents (freeride, freestyle - certains font même du géant) et surtout des skieurs responsables. En France, il n'y a pas d'autres structures similaires, aux US, il y a des structures freeride mais pas de sensibilisation aux risques d'avalanches. Je crois bien que nous sommes uniques !

-Quelle était ta motivation pour lancer ce projet ? 

-Je ne suis pas originaire des Alpes, je viens du centre de la France. A 13 ans, quand je suis monté sur les skis, j'ai voulu devenir moniteur. Ensuite je suis entré dans le team Rossignol, je me suis formé tout seul et en skiant avec des potes, comme Marco Dufour, à l'époque il n'y avait rien pour apprendre. 

-Comment réagissent les gamins ?

-Beaucoup de jeunes voulaient faire du freestyle ! Et puis on leur explique que les jours de grosses peuf on ne reste pas dans le park... Si tu ne les aiguille pas, ils se focalisent sur le park. Cela dit, j'ai de moins en moins de jeunes qui viennent me voir en disant : je veux faire du freestyle à 100%.

-Tu peux nous expliquer plus précisément le programme ?

-Pour les jeunes de 10 ans entrainés par Brice, un ancien coureur alpin, il y a au programme les fondamentaux, les techniques de base sur la piste : géant, hors-piste de proximité.. l'objectif est de les amener à prendre conscience des dangers. Il faut savoir qu'à partir de 13 ans, les gamins vont tous seuls en hors-piste, qu'ils soient sensibilisés ou non. Avec les 10 ans, c'est une approche douce, pas aussi pointue que ce que je fais avec les plus grands : faces engagées, technique de poudreuse. Les kids restent en moyenne 4 saisons chez nous, du coup on sait qu'on dispose de ce temps-là pour leur passer le message. Je revois parfois des anciens élèves : ils ont un sac à dos, ils font attention. Même s'il ne sont pas restés longtemps, ça leur permettra d'éviter de se fourvoyer dans une face, de partir sans Arva.

-Tu emmènes aussi tes équipes en classe de neige à l'étranger ?

-Oui, on est partis en Suisse, à Whistler, Snowbird. On rencontre des gens : champion de freeride, descendeur, freestyler. J'ai une grande liberté d'action dans les déplacements grâce à deux mécènes, les heures des coachs étant payées par les parents, comme un entraineur normal. 

-L'arrivée d'épreuves juniors sur le Freeride World Tour est une bonne chose alors ?

-J'ai deux riders de 18 ans qui entrent sur le FWQualifier cette année pour 4 étapes (Italie, Espagne, US et La Tania) et deux autres de 16 et 17 ans qui vont courir le DaKine Junior (Chamonix, Fiberbrunn, Verbier). On sera en avril à Snowbird pour les Championnats du monde junior freeride IFSA. 

Partenaires : Oxygen 8, Salomon, Von Zipper (équipe pour la première année des freeriders), ABS (sur chaque départ de compétition et chaque voyage nous avons des sacs en prêt).