Xavier De Le Rue et Henrik Windstedt gagnent l'avant-dernière étape du World Tour Freeride à Tignes.
Il avait neigé un peu les jours précédant la compétition, de quoi recouvrir la vieille neige en place depuis un mois. Cette neige fraiche a été purgée dès le passage des premiers concurrents snowboarders : une grosse coulée et deux autres petites ont nettoyé une partie des lignes sur la gauche de la face, obligeant les riders suivants à changer d'option sur cette face de 400 m de dénivelé. Le snowboarder suisse Cyril Néri nous décrit la face de compétition :
Le couloir de droite, lui, est resté intact. "Mon premier et deuxième choix de ligne ont été nettoyés par deux avalanches. J'ai suivi mon troisième choix. Certains se concentrent sur une seule ligne et n'en changent pas, moi j'aime avoir d'autres options. Aujourd'hui, cette stratégie a été bénéfique", explique Drew Tabke, 4e au classement général du Tour et 8e à Tignes.
Ces avalanches ont quand même soulevé quelques questions parmi les concurrents, dont le snowboarder Jonas Emery, encore transpirant de sa descente et le corps fumant au soleil (en photo, © G.D.), qui est allé donné son sentiment à l'organisateur Nicolas Hale-Woods : "c'est pas sain. J'ai fait partir une plaque, si j'avais été du mauvais côté je tombais dans les cailloux. Sous les plaques, c'est béton, c'est pas cool pour les suivants. Il faudrait annuler. C'est pas une bonne image de notre sport d'envoyer des riders dans cette face". Cyril Néri, son compatriote helvète, renchérit en sonore :
Le sentiment n'est pas partagé, notamment par les skieurs, qui trouvent la situation moins gênante que les snowboarders. C'est ce qu'explique Seb Michaud.
La compétition se poursuit malgré tout et il n'y aura pas d'autres coulées. Quelques chutes quand même, dont le tête-pied montrueux de Kaj Zackrisson qui trace une longue ligne en pointillés dans l'axe de sortie du couloir de droite. Il chute à la réception d'une belle barre qu'aucun concurrent n'avait sauté, sur le flanc droit du couloir. "J'avais trop de vitesse et j'ai voulu mettre les skis en travers pour freiner, ce qui m'a fait tourner sur moi même et je suis tombé en arrière", raconte-t-il. C'est sur cette même barre qu'Henrik Windstedt réussit un magnifique saut, très fluide, truffant son run du plus grand nombre de sauts possibles (trois). Seb Michaud sera impérial également, enchaînant à grande vitesse une double barre avant de passer le goulet de sortie du couloir à mach 12. Seb nous détaille son run :
Les autres concurrents rivalisent d'originalité pour se différencier sur cette face assez courte. L'Argentin Estanislao "Tato" Vasiuk (en photo ©Christophe Margot) balance un front flip courageux sur un groupe de rochers tout en haut du départ de gauche. Réaction admirative de Bruno Compagnet dans le public : "il faut quand même de grosses bollocks !". Oscar Sosa trace des courbes dans un champ de mines et écarte les skis pour éviter un caillou, manoeuvre ultra-risquée à cette vitesse. Drew Tabke saute la dernière barre dans un orage de sluff, Sverre Liliequist va chercher une sortie originale hors du goulet pour terminer un run saccadé. L'Américain Craig Garbiel, qui menait le tour l'année dernière avec Guerlain Chicherit (forfait cette année pour cause de mal dos), chute sur la première barre : "il y avait un seul caillou et comme un aimant, il m'a attiré sur lui. Mon saut était bien, j'étais stable en l'air, et puis j'ai vu que j'allais poser sur un caillou direct, j'ai pensé que je pourrais rebondir dessus en appuyant fort, mais j'ai déchaussé. Au moins ma chute à servi à Tato qui a légèrement décalé son saut pour poser à côté du caillou". Aurélien Ducroz, troisième de la journée (et du général), a eu droit à une ovation du public en bas de son run. Il nous raconte sa ligne :
Petite face mais gros niveau et démonstration assez éclairante des différents styles, européens et américains. Drew Tabke l'analyse : "le freeride européen est très différent de celui pratiqué aux Etats-Unis. En Europe tu ne peux pas inspecter la face en ski, comme aux Etats-unis, tu dois repérer de loin, aux jumelles. Il nous faut donc de nouvelles compétences pour courir en Europe, c'est presque un autre sport ! Il faut par exemple apprendre à juger aux jumelles de la qualité de la neige et de la hauteur des sauts".
Henrik, candidat surprise à la première place du World Tour, est le premier étonné. Il nous l'explique et tente de comprendre ce qui a fait la différence :
"Je pensais que ce serait un hiver d'apprentissage pour moi, je n'ai jamais skié ces grandes faces avant, avec reconnaissance aux jumelles. J'étais très nerveux, mais depuis ma seconde place à Mammoth et la première à Sotchi, je me dis : que m'arrive-t-il ? C'est ma carrière de skieur en bosses, alpin, freestyle, freeride qui me sert. Je skie beaucoup, ma technique m'a sauvé de beaucoup de situations délicates. Je me sens fort sur les skis. Mon expérience de la montagne est mon point faible, mais j'apprends vite".
Rendez-vous pour la finale à Verbier le 15 mars.
Texte et interviews : Guillaume Desmurs
Photo en-tête : Christophe Margot/freerideworldtour.com
10 Commentaires
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Les runs sur Freecaster
freecaster.tv
Connectez-vous pour laisser un commentaire
L'Argentin Estanislao "Tato" Vasiuk
On a beau critiquer le lacher de viande, il l'a fait proprement, ok après y a pas beaucoup de ski, mais comme il le dit il n'a pas voullut compliquer...
Et LA 7ème ! Hum hum...
Petite face, pas beaucoup de soluce pour sortir du lot...
Seb l'aurrait fait en back sans soucis et serait premier .
Dommage, sinon gros niveau.
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
un mot =========> enorme
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire