Ispo, février 2019 : le grand salon des sports d’hiver munichois apporte comme chaque année son lot d’innovations. Mais en ce début de mois de février, The North Face alimente les conversations à propos d’une nouvelle membrane révolutionnaire, baptisée Futurelight que la marque s’apprête à lancer à l’automne suivant. La promesse : une respirabilité à nulle autre pareille, une imperméabilité totale et une souplesse inédite.
Quelques semaines plus tard, une invitation tombe dans ma boite e-mail me conviant à 4 jours de test terrain en mode bateau / ski de rando dans une destination qui ne peut que faire rêver : l’archipel du Svalbard. C’est donc en compagnie du staff The North Face, des concepteurs de la membrane, d’athlètes de légende comme Jim Morrison (la descente du Lohtse ça vous parle?) et d’une sélection de détaillants venus de toute l’Europe que nous allons pouvoir tester la membrane qui se veut pouvoir remplacer toutes les membranes.
Pas d’ambiguïté, vous l’aurez compris : cette belle histoire est produite avec le soutien de The North Face.
A coté du Svalbard, l'Islande fait figure de pays du sud. Car ici, ce n'est plus le Nord, c'est le Grand Nord.
Situé au delà du cercle polaire arctique, entre le 74° et le 81° Nord, l’archipel du Svalbard (également connu sous le nom de Spitzberg) est administrativement rattaché à la Norvège mais bénéficie d’un statut particulier depuis le traité du Spitzberg, signé en 1920 : toutes les nations signataires bénéficient d’un droit d’installation et d’exploitation sur ce territoire peu hospitalier (et démilitarisé). C’est ce qui explique la "forte" présence russe dans le coin, mais on y reviendra plus tard.
Ah oui, j’avais oublié de vous dire que lorsque le soleil se lève le matin du 20 avril, c’est pour commencer une longue journée qui ne prendra fin que le 23 aout. En résulte une luminosité très particulière et cette drôle d'impression que quelqu'un a oublié d'éteindre la lumière. Au début, ça déboussole forcément un peu, surtout si près du pôle Nord, mais cela contribue certainement à transcender l'expérience : le corps comme le cerveau ne savent pas toujours comment gérer cette anomalie, la sensibilité est exacerbée. Un brin planant, je ne suis d'ailleurs pas complètement redescendu 6 mois après.
La vue depuis le hublot, quelques minutes avant d'atterrir : il est minuit 25 ce jour de mai.
Brochures et locaux aiment à dire qu’il y a au Svalbard plus d’ours polaires que d’habitants. C'est accrocheur, mais cette statistique vaut a priori pour l'ensemble des territoires dans la mer de Barent, dont le Svalbard n'est qu'un sous-ensemble.
Toujours est-il que dans cette immensité glacée, la présence du mammifère marin incite à la plus grande prudence : il n’est pas autorisé de sortir du centre des 3 « villes » de l’archipel sans être armé. Le ski de rando se pratique donc obligatoirement avec un guide équipé d’un fusil et d’un pistolet lance fusées. L'idée est d'effrayer avant tout évidemment.
La vigilance est permanente, les accidents sont rarissimes. Depuis que le mammifère marin est protégé -1973- 131 ours polaires ont été abattus et "seuls" 15 sur ces 131 l'ont été en lien avec une activité touristique (incluant les expéditions et le ski de randonnée). Si la statistique n'est pas facile à obtenir, il semble que le bilan humain lié à des attaques d'ours n'excède pas la dizaine sur la même période de 45 ans.
Tous nos guides font un passage obligatoire par le champ de tir de la ville avant d'embarquer, histoire de réviser un peu.
Capitale de l'archipel, la ville de Longyearbyen est en train d'effectuer sa mutation accélérée de ville minière (il ne reste qu'une mine active, dont les jours sont comptés) à ville touristique, avec sa cohorte de pubs, de cafés mignons, de magasins de souvenirs, d'agences touristiques et d'hôtels à l'impeccable design scandinave et aux lourds rideaux occultants. Vous êtes néanmoins priés de laisser vos armes et chaussures à l'entrée. Quand on vous dit qu'ici c'est le Far North.
Le bout du monde donc, mais un bout du monde confortable : pour les touristes certes mais aussi pour les habitants à l'année qui doivent affronter la nuit polaire. Mais nul besoin d'aller bien loin pour sortir de cette fausse impression de confort : Le dépaysement est dehors, là, à peine passées les frontières de la ville, où la nature sauvage reprend alors pleinement ses droits.
Avec ses 3000 habitants, la ville compte beaucoup de motoneiges, une université et un hôpital. Mais il est interdit tant d'y naitre que d'y mourir. Ce n'est pas une blague, le froid empêchant la décomposition des corps, ce qui est de nature à poser quelques problèmes sanitaires.
Vous croiserez de nombreux chiens destinés à l'attelage mais pas de chat, ces derniers étant eux aussi interdits, du fait du risque qu'un tel prédateur constituerait pour le fragile écosystème aviaire (les oiseaux, pas les stations service) de l'archipel. Le fait qu'ils soient nuls en attelage n'a sans doute pas aidé non plus.
Au delà des touristes, la population y est pour le moins cosmopolite car c'est encore une des particularités du Svalbard : nul besoin de visa ou de permis de travail pour s'installer ici. A condition néanmoins d'avoir un job qui vous attend, et d'être prêt à repartir aussi sec le jour où vous le perdez : vous devez justifier de ressources suffisantes, sous peine d'être expulsé, le Svalbard considérant que les conditions de vie extrêmes sur l'archipel ne sont pas compatibles avec une vie sans ressources.
Nous embarquons sur le MS Njordsternen, qui sera notre maison pour les 4 prochains jours. Le bateau est équipé pour la navigation arctique, il reste à en faire de même pour les invités : chacun se voit remettre un paquettage comportant une veste et un pantalon Futurelight. Pour être light, c'est light : j'ai demandé à pouvoir tester la gamme Summit L5 LT, la plus légère (et logiquement la plus minimaliste). Sur le papier, c'est plutôt un programme alpinisme mais le fit est parfaitement compatible avec une pratique ski de rando. Idéal pour ce qui nous attend ici.
une image rare : votre serviteur en mode poussin arctique. photo Mathis Dumas / TNF
Première impression : c'est jaune. The North Face a fait produire une série spéciale dans ce coloris, non disponible dans le commerce, sans doute pour être certain de ne perdre personne dans l'immensité arctique.
Deuxième impression : Futurelight, c'est light, très light. Pantalon et veste se compressent sans difficulté et annoncent respectivement 300 et 340g sur la balance, quasiment moitié moins que ma tenue de rando habituelle, déjà bien légère. Ce sont pourtant bien des produits destinés à la montagne hivernale.
Troisième impression : la matière est très souple, fluide, presque soyeuse. L'impression de confort, combinée à la légèreté est immédiate. On est bien loin des membranes techniques relativement plus rigides auxquelles je suis habitué.
En quittant le port de Longyearbyen, nous croisons un navire de Greenpeace dans la région depuis quelques jours. C'est l'occasion de se souvenir que la Norvège est un des 3 derniers pays au monde (avec l'Islande et le japon) à autoriser la chasse à la baleine. Le pays a même augmenté ses quotas de 28% en 2018 pour "relancer l'activité".
Longer les cotes du Svalbard en bateau, c'est s'exposer à un émerveillement permanent, accompagné de myriades d'oiseaux, comme ces deux couples d'Eider à tête grise photographiés depuis le pont.
Après une première nuit de navigation, nous quittons le confort du MS Njordsternen. L’atmosphère est intensément humide, le brouillard dense, la visibilité réduite. Sur le papier, les conditions ne sont pas très appétissantes, mais peu nous importe tant les circonstances sont exceptionnelles.
Les guides sécurisent la zone de débarquement, des vigies prennent place sur des points hauts. Encore une fois, ce n’est pas du folklore, d'autant que la visibilité réduite ce jour là rend le danger éventuel encore moins visible.
Le ski n'est objectivement pas très bon, mais ça fait du bien de faire un peu d'exercice. Et avec toute la meilleure volonté du monde, impossible de sortir une photo d'action correcte dans ces conditions. Le plus grand regret réside d'avantage dans le manque total de visibilité : c'est sûrement très joli derrière le brouillard.
En revanche, The North Face n'aurait pu convoquer meilleure météo pour le test terrain : cette humidité glacée mais pas trop constitue un très bon test pour nos tenues Futurelight.
Rien ne semble pouvoir inquiéter la membrane qui repousse sans broncher les intempéries du jour. Qu'il s'agisse des embruns dans la chaloupe qui nous amène à terre, du brouillard ultra humide ou même de la bruine continue de fin de journée, les tenues restent absolument sèches (et ce qui était en dessous aussi). Pas humide, pas froid, pas chaud (mais oui, quand même très jaunes) :
Au point que de retour sur le bateau, je ne me pose même pas la question de faire sécher quoi que ce soit. C'est sec.
Point de grand ski ni de grands paysages ce jour (spoiler : ca va venir crescendo), mais une prise de contact réussie. Puis bon, pour être parfaitement honnête, la question de la qualité de ski est totalement secondaire à ce stade tant l'environnement prend le dessus. Je pourrais faire de la luge que je serais tout aussi heureux.
Plus tard dans la soirée, nous mouillons pour la nuit près d'un glacier monumental. Les mots manquent pour décrire la majesté des lieux, même les photos peinent à lui rendre hommage.
De "loin" c'est déjà absolument grandiose, mais j'ai la chance en fin de soirée de m'incruster sur le "zodiac" de l'équipe de production de The North Face qui part faire des images de drone au pied de ces falaises de glace, slalomant entre ces sculptures flottantes aux milles facettes bleautées. Un privilège rare de pouvoir approcher de si près ce glacier de plusieurs dizaines de mètre d'épaisseur à l'endroit où il rencontre le fjord (50 mètres? 60? plus? difficile à évaluer). Il neige, on croise un phoque, c'est absolument irréel.
Cerise sur le gateau, nous passons 4 jours sans connexion réseau, donc sans dictature du partage instantané. Ca fait vraiment du bien.
À peu près au même moment, mais vu du ciel, pour vous donner une idée de l'échelle. Photo drone Mathis Dumas / TNF.
Le deuxième matin, des glaçons encore plein les yeux, nous débarquons à proximité d'un autre glacier qui est responsable de l'équivalent arctique d'une ceinture d'astéroides : l'océan est chargé de ses débris, des glaçons de toutes tailles qui rendent la manoeuvre délicate pour les embarcations qui nous amènent à terre.
A la montée comme à la descente, la membrane Futurelight continue de tenir toutes ses promesses. Pas de coup de chaud à la montée, pas de coup de froid à la descente et une impression de ne rien porter, impression renforcée sur ma tenue par l'absence de zips de ventilation. Ces derniers sont tout simplement inutiles, la veste respire très bien toute seule.
Pour une membrane aussi technique, le tissu est très très souple et se fait totalement oublier, du jamais vu pour ma part sur une dernière couche.
Thomas, le fondateur de Snowleader - et colloc' de cabine sur le trip- a le sens de l'accessoirisation.
Du ski au soleil (enfin!) avec des paysages à tomber, de l'urbain arctique, une station scientifique bien photogénique, de la rouille, des mouettes, des glaciers en veux tu en voilà et un petit goût de Russie... Restez branchés pour la seconde partie de notre épopée tout là haut.
En attendant, un grand merci à François et tout le staff The North Face, nos guides, mes compagnons de voyage ainsi que tout l'équipage du MS Njordsternen
18 Commentaires
C'est 'ze place to be' pour la photo composée en 3 bandes
Et puis ça donne vraiment envie de tester cette nouvelle membrane !
Je m'étais dit en lisant la description "ouais bof, une révolution de plus pour laquelle on ne verra pas forcément la différence" mais tes premiers retours sont bien plus convaincants qu'un discours marketing.
Ceux qui ont postulé aux Tests Privés doivent baver devant leur écran...
Connectez-vous pour laisser un commentaire
et ce petit jaune TNF me rappelle ton tee-shirt Expé trail .
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Sinon sacré voyage, ça fait rêver ! J’aime bien la phrase « je pourrais faire de la luge je serais tout aussi heureux », ça retranscrit bien la dimension extraordinaire de ce voyage.
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
s’il y a bien un point faible sur les vestes light, c’est celui là.
Un peu de poids dans le sac et en qq mois elles laissent passer l’eau.
:
Donc quelle résistance à l’usure prévue dans le programme?
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire