Dans l'atelier du "Vieux"

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Dans l'atelier du "Vieux"

Nous avons rendu visite à Ludo, le skiman du Vieux Campeur de Grenoble
article Vieux campeur
KillaWhale
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Photos :

Un après-midi de septembre, nous avons fait quelques pas dans les rues de Grenoble pour rendre visite à Ludo, le skiman du Vieux Campeur de la Caserne de Bonne. Nous le connaissons bien : c'est lui qui entretien nos lattes, surtout quand nous sommes allés faire des bêtises en hors-piste en novembre lors de la première ouverture et qu'on a raclé les semelles sur les cailloux (il nous met généralement une bonne brasse au passage - avec raison). Notre but cette fois-ci était un peu différent : nous lui avons demandé de nous montrer et expliquer ce qu'il fabrique dans son atelier où nous voyons nos skis partir en piteux état, avant de revenir comme flambants neufs, ou presque. 

Au Vieux Campeur

Ludo est un skieur « depuis toujours », originaire de Grenoble et bien connu des aficionados du "Vieux". Il a suivi la "voie normale" des skimen, le fameux CNPC, centre qui propose de nombreuses formations pour les métiers de la montagne et notamment celui de "Vendeur Technicien Ski". Après avoir écumé les shops de la ville, il a finit par prendre ses quartiers au Vieux Campeur, où il travaille depuis 9 ans. L'atelier tourne toute l'année, avec bien sur une activité plus forte durant l'automne et l'hiver. Une bonne journée en pleine saison ? Il s'occupe de vingt à trente paires de ski, la moitié à l'entretien et l'autre au montage des fixations. 

Notre question a été très simple : quand on amène une paire à entretenir, que se passe-t-il derrière la porte de l'atelier ? La réponse, c'est ce que nous allons vous montrer dans cet article, c'est-à-dire le trajet d'un ski depuis son arrivée, avec sa semelle sèche et ses carres rondes, à son départ, frais et fringant et prêt à en découdre avec les pistes ou la poudreuse. Nous nous concentrons ici sur l'entretien et non pas la réparation, qui fera l'objet d'un autre article. Si vous faites partie de ceux pour qui les termes de fartage ou surmoulage sont un peu flous, à la fin de cet article vous devriez y voir plus clair !


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Diagnostic

Avant de proposer un remède, il faut établir le diagnostic : quel est l'état du ski, que faut-il faire ? En général, les skis n'arrivent pas à la porte de l'atelier pour rien. Ils n'ont pas vu une lime ou un pain de fart depuis longtemps. Voici quelques symptômes : la semelle n'est plus noire et penche vers le gris avez des zones blanchâtres, elle est striée de nombreuses petites fissures, les carres sont arrondies voire rouillées. Ça skie, mais ce n'est pas optimal : peu d'accroche, glisse moyenne, et surtout une semelle sèche c'est un risque plus élevé de l'abimer si on rencontre malencontreusement un caillou mal placé.

Vous pouvez aller voir vos lattes : si elles présentent cet aspect, c'est qu'elles ont besoin d'un petit coup d'entretien avant la saison qui arrive ! La semelle qui tire vers le gris/blanc, c'est qu'elle a soif : il est temps de mettre un bon coup de fart. Si elle est striée, un surmoulage (on en parle plus loin) ne sera pas de trop. Les carres ne sont probablement pas dans un meilleur état... Il est aussi possible que votre semelle ne soit plus plate (voir la photo de droite ci-dessous), ce qui peut jouer sur la conduite sur ski.  


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Au travail

Un SPAF 

Si votre paire de skis présente l'ensemble de ces symptômes, le remède adéquat que vous proposera Ludo pour remédier à tout ça est un SPAF, un cocktail complet de mesures d'entretien (voir les tarifs de l'atelier du Vieux Campeur) : Surmoulage, Ponçage, Affûtage, Fartage

Surmoulage

Les étapes se déroulent dans l'ordre décrit ci-dessus, on attaque donc par le surmoulage, qui consiste à redonner de la matière à la semelle. Avec une machine spécifique, Ludo applique une couche de P-Tex (pour les pointilleux, plus précisément du "Polyéthylène de masse molaire très élevée", UHMPE) fondu sur celle-ci pour reboucher les fines stries et autres rayures. 

Quelques bases sur la glisse avant d'aller plus loin : la semelle est constituée d'un matériau hydrophobe, le polyéthylène, mais qui ne conserve ses propriétés que sous certaines conditions dépendant de son entretien (on y revient plus loin). La glisse, elle, se fait lorsqu'au contact de la neige se forme une très fine pellicule d'eau due à la friction entre celle-ci et la semelle. 

Ponçage

Nous avons maintenant un ski avec du P-Tex plein la semelle : il va falloir réduire ce surplus, et on va faire d'une pierre deux coups en faisant également une finition. Ou plutôt une structure, c'est-à-dire faire les micro-stries qui permettent l'évacuation de l'eau et ainsi, la bonne glisse de l'engin. Car une semelle totalement lisse ne permet pas une glisse optimale : ce sont ces micro-rayures, d'échelle microscopique, qui permettent de glisser correctement (on risque autrement un effet "ventouse").  

Deux options s'offrent à vous, la bande (ci-dessous au milieu) ou bien la pierre (à droite). La seconde offrira une finition de meilleure qualité, plus profonde, pour une meilleure glisse. Au passage, le ponçage permet de remettre à plat la semelle (dans la mesure du possible)


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Ainsi, après avoir passé deux ou trois fois le ski sur la bande (ou la pierre), sa semelle est déjà plus jolie (ci-dessous à droite). C'est un bon début, mais le travail n'est pas fini : les carres n'ont pas été faites, et le ski n'est pas encore farté. 


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Affutage

Au tour des carres ! L'idée est simple sur le papier : leur redonner de l'accroche, en formant un angle digne de ce nom là où les carres se sont arrondies au fil des sorties.

En pratique, c'est un peu plus compliqué et il vaut mieux être bien équipé et savoir ce que l'on fait pour éviter d'aggraver la situation. En fonction des demandes des clients, Ludo ajuste l'angle (généralement 89°) ou bien l'affûtage de certaines parties du ski (notamment les extrémités, avec un coup de lime pour éviter qu'elles accrochent trop, ce qui favoriserait les fautes de carre)


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Une autre option est l'affutage céramique, qui se fait sur une machine spécifique. On y envoie le ski, et elle fait tout, plus en délicatesse que l'affuteuse "classique". L'eau sert à refroidir la friction des bandes lors de l'aiguisage. 


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Fartage

Vous nous direz, mais si le P-tex est hydrophobe, et qu'on a une structure, pourquoi farter ? Eh bien le fart, à condition d'être appliqué correctement (ni trop, ni pas assez), permettra une meilleure évacuation de l'eau et ainsi, une meilleure glisse. Vous comprendrez donc que le fartage n'est utile que si, de base, on a déjà un ski avec une semelle en bon état, c'est-à-dire avec une structure. Du fart sur une semelle lisse n'aidera pas à grand chose.

Là aussi, deux options s'offrent à vous : la machine ou le fartage à la main. La machine est un rouleau chauffant qui tourne à grande vitesse et sur lequel Ludo étale du fart (photo de gauche) avant de passer le ski dessus (photo de droite).  


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Le fartage à la main est une option un peu plus chère car elle prend plus de temps, mais permet une meilleure imprégnation du fart dans la semelle, pour un effet plus efficace dans le temps. Là, pas de secrets, c'est comme à la maison : on fait chauffer le fer, on fait fondre le fart, puis on étale en le faisant bien s'imprégner dans la semelle. 


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Une fois le fart étalé, ce n'est pas fini : le ski ne glissera pas beaucoup en l'état. On attend qu'il refroidisse bien avant de racler le surplus de fart (photo de gauche), puis on brosse pour recréer les stries dans le fart qui favoriseront la glisse (photo de droite). Pour les plus pointilleux sur la glisse, on peut faire cette dernière étape à la brosse en crin de cheval après celle en nylon.


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Résultat

Et voilà le travail ! Après un bon SPAF, notre ski de gauche est prêt pour l'hiver, structuré, affuté, farté, raclé et brossé. Il ne reste plus qu'à faire le deuxième... Et glissez jeunesse.


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Do it yourself

Certains préfèrent faire les choses eux-mêmes et on les comprend, c'est toujours satisfaisant de s'occuper de son matériel. Au Vieux de Grenoble, tout est disponible à l'étage : étaux, fer, brosses, limes, farts de toutes les couleurs pour toutes les conditions, produits de défartage, etc (voir les tous produits d'entretien disponibles). 

La prochaine fois, nous vous montrerons comment Ludo répare vos bêtises avec de véritables opérations chirurgicales sur des skis à coeur ouvert... 


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Cet article est une production skipass.com, réalisée avec le soutien du Vieux Campeur.
Article sponsorisé, rédigé en partenariat avec Vieux campeur
Sarah.Pinton
Photos Sarah Pinton
Bon... On fait quoi ce week-end ?

10 Commentaires

swissfree excellent on oublie trop souvent nos chers skiman bravo à eux...moi je dois toujours un pack de vrai bière au mien pour un montage d'inserts oups
 

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boumky74 Au vieux campeur Albertville difficile d'imaginer un meilleur service...courtoisie et amabilité en plus. Au top
J7M3S Mr. FERA est une légende à lui tout seul! :)
 

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Xave Vous faites du ski?
Il est tout de même bizarre que vous ne preniez pas attention à votre matos...
Ou alors je vieillis ou alors je n'oublie pas mes mentors, ceux qui m'ont fait découvrir la montagne et ses règles essentielles: Moi, La Montagne et surtout le matériel qui me permet d'y accéder! Alors occulter cette partie de nous même qui fait partie de notre intégrité et de notre survie dans ce milieu hostile que représente la montagne, là où le niveau de chacun ne veut rein dire pourquoi ne pas faire attention à ce que tout puisse bien de passer dans ces lieux où nous ne sommes que de passage... alors prêtons attention à ce que ce moment se passe bien! Que ce moment d'instantané puisse se reproduire à chaque fois que l'envie nous stimule...et surtout que nous puissions une fois revenu le partager ensemble et simplement...
 

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boumky74 oui un bon génépi même plusieurs....ouais mais après, Xave,....tu vas encore plus t'énerver ????
 

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Xave Pas du tout, cela détend! Ce ne sont que des plantes qui nous veulent du bien... :)
Plus sérieusement, les professionnels du ski sont des gens qui prennent très bien soin de notre matériel et les outils qu'ils ont ont sont remarquables. Mais je suis d'une génération où on préparait son matos sous l’œil bienveillant des gens qui nous initiaient à la montagne.
Voiloù.
 

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