Le changement climatique n'agit pas de manière uniforme, les régions montagneuses se réchauffant de manière plus rapide : +2°C dans les Alpes, par rapport au +0,89°C de moyenne nationale. Nous vous en parlions en détails ici : Nos montagnes se réchauffent. Quid de l'avenir du ski dans ce contexte, alors que les glaciers fondent et que l'enneigement se réduit inexorablement ?
Nombreuses sont les études qui ont modélisé l'évolution du manteau neigeux naturel d'ici à 2100. La particularité de cette nouvelle étude, publiée cette semaine, est d'inclure les effets du damage et de la neige de culture pour un objectif précis : calculer la fiabilité de l'enneigement des domaines skiables des Alpes et des Pyrénées (l'équipe a également réalisé une étude centrée sur le département de l'Isère publiée il y a quelques semaines, avec une approche assez similaire).
Pour la première fois, nous avons une vision d'ensemble de l'avenir à long terme de l'enneigement futur dans les stations actuelles de notre pays. Nos enfants et petits-enfants pourront-ils skier comme nous l'avons fait ? Rien n'est moins sûr, et la réponse dépendra en fait, de ce que nous faisons maintenant. Voici les résultats.
Afin de bien comprendre ce que nous allons vous présenter, nous commençons par quelques bases concernant le changement climatique. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), depuis son dernier rapport publié en 2014, analyse les conditions climatiques futures et leurs impacts en fonction de quatre scénarios d'émissions de gaz à effet de serre, les scénarios RCP (pour Representative Concentration Pathways). Ils représentent quatre trajectoires différentes d'émissions en fonction des politiques internationales de gestion de celles-ci (graphique ci-dessous) :
- RCP 2.6, avec une réduction importante à partir de 2020,
- RCP 4.5, la baisse s'amorçant à partir de 2040,
- RCP 6.0, autour de 2080,
- RCP 8.5, avec une hausse continue des émissions au cours du siècle.
Ce sont ces scénarios qui servent de base aux études qui explorent les futurs potentiels, car à chacun correspond une augmentation de température associée (deuxième graphique ci-dessous) et des impacts différents. On ne va pas vous mentir, actuellement, nous sommes plutôt en train de suivre le dernier (surnommé "Business as usual") que le premier. On remarque que même avec la baisse drastique des émissions du scénario RCP 2.6, la température va seulement se stabiliser à peu près au milieu du 21ème siècle car les gaz à effet de serre, une fois émis, restent pour des durées importantes dans l'atmosphère et entretiennent leur effet sur le climat.
Les climatologues modélisent les climats futurs à différents horizons temporels en fonction des différents scénarios. On compare généralement le scénario RCP 2.6 (dans lequel sont mises en place d'importantes politiques de réduction des émissions, à peu près compatibles avec une limitation du réchauffement planétaire à 1,5°C par rapport à l'époque pré-industrielle) avec le RCP 8.5 ("business as usual"), et les différences entre des mondes à +1°C/+2°C et +3°C/+5°C sont importantes à l'horizon 2100 (pour comparaison, le dernier rapport spécial du GIEC comparait les impacts d'un réchauffement de +1,5°C à celui de +2°C, et c'était déjà conséquent). La distinction commence à se faire plus franche à partir de 2050 environ, d'ici là "les dés sont jetés" car le climat des deux prochaines décennies dépend surtout des émissions passées en raison de l'inertie de la machine climatique.
Ci-dessous à gauche, les comparaisons des températures et des précipitations entre ces deux scénarios "opposés" pour la fin du siècle (figure tirée du rapport du GIEC). A droite, il s'agit des modélisations pour la France (accessibles à tous sur le portail Drias - les futurs du climat) des anomalies de températures par rapport à la période de référence, en fonction de trois des scénarios RCP, pour trois horizons temporels différents (vous pouvez aussi aller voir les impacts sur la sécheresse, les feux de forêt et l'enneigement). C'est bien visible ici, le climat de 2100 dépend complètement de la façon dont l'humanité va gérer les émissions de gaz à effet de serre durant les décennies à venir.
Concernant le ski, nous vous conseillons fortement la lecture de l'article Nos montagnes se réchauffent. En résumé, la conséquence principale du changement climatique est une remontée de la limite pluie-neige moyenne, avec pour conséquence une baisse importante du manteau neigeux à basse et moyenne altitude (plus modérée à haute altitude), ainsi qu'une diminution du nombre de jours avec de la neige au sol (saisons de plus en plus courtes). Ce sont ces impacts sur la fiabilité de l'enneigement des stations que l'étude a modélisé.
Publiée cette semaine dans The Cryosphere ("Winter tourism under climate change in the Pyrenees and the French Alps: relevance of snowmaking as a technical adaptation"), l'étude compte parmi ses auteurs des spécialistes de la problématique comme Samuel Morin (directeur du Centre d'Etudes de la Neige), Emmanuelle George (directrice de l'unité de recherche Développement des territoires montagnards à Irstea), Pierre Spandre (ingénieur de recherche qui a réalisé sa thèse sur ce sujet), Hugues François (ingénieur de recherche tourisme et système d'information, Irstea) et Matthieu Lafaysse (Centre d'Etudes de la Neige).
Le but est d'explorer la fiabilité de l'enneigement des domaines skiables des Alpes et des Pyrénées au cours du XXIème siècle en fonction des scénarios RCP.
Les stations ont des caractéristiques bien différentes, par leur taille et leur altitude. Pour évaluer les impacts du changement climatique sur leur enneigement, il fallait commencer par les classer. Les chercheurs se sont servis du catalogue des remontées mécaniques du STRMTG (Service Technique des Remontées Mécaniques et des Transports Guidés), qui donne les caractéristiques de chaque remontée mécanique, notamment leur "moment de puissance" (pour les curieux, il s'agit du produit du débit horaire théorique de l'appareil - en personnes par heure - par leur dénivelée - en mètres). Cette unité de mesure permet notamment à Domaines Skiables de France de caractériser les différentes tailles des stations.
Grâce à ces données, les chercheurs ont établi trois caractéristiques pour chaque station :
- L'altitude du front de neige ("village elevation"),
- L'altitude du sommet ("maximum elevation"),
- Et surtout la "median elevation", une altitude médiane du domaine pondérée par la capacité des remontées mécaniques (le moment de puissance décrit précédemment).
On obtient le graphique ci-dessous à droite avec les écart-types, quartiles et médianes de chaque caractéristique, et ce pour chaque chaîne de montagne (Alpes du Nord, Alpes du Sud, Pyrénées Françaises, Pyrénées Espagnole et Andorre). On remarque ainsi que les stations des Alpes du Nord sont globalement à plus basse altitude que celles des Alpes du Sud ou des Pyrénées (surtout côté espagnol).
A gauche, c'est la répartition géographique des domaines en fonction des quatre catégories du moment de puissance (gros cercle = gros domaine). Les stations sont classées en fonction de leur massif d’appartenance. Il y a 23 massifs dans les Alpes, et autant dans les Pyrénées (ce sont les mêmes massifs que pour le BRA).
On a désormais une idée précise de la position de chaque domaine dans les montagnes, on peut alors comparer ça avec les évolutions prévues du manteau neigeux naturel en fonction des massifs et des scénarios RCP (celles qu'on peut observer sur le portail Drias).
Mais cela ne suffirait pas à évaluer l'avenir des stations, car celles-ci travaillent la neige pour pouvoir ouvrir leurs domaines skiables. Vous le savez probablement tous, ceux-ci "travaillent" la neige à deux niveaux : le damage quotidien (à l'effet compactant, prolongeant la "durée de vie" de la neige damée par rapport à la neige naturelle) et la neige de culture. A propos de celle-ci, Samuel Morin nous précise :
« Dans la plupart des stations, la neige de culture est mise en œuvre en pré-saison, sans préjuger de la quantité de neige naturelle à venir. La neige de culture n’est plus vraiment un palliatif (sauf de janvier à mars) mais une méthode de gestion routinière de la ressource neige. »
Les chercheurs ont donc utilisé un modèle qui simule les impacts du damage et de la neige de culture, "Crocus-Resort" (Spandre et al., 2016), visible ci-dessous. Désormais, on a toutes les variables : les altitudes des stations et leurs remontées, l'évolution des conditions climatiques et de l'enneigement, en tenant compte de l'impact du travail de la neige par les exploitants.
Les chercheurs ont établi deux "lignes de viabilité" correspondant à des altitudes, l'une pour la neige naturelle damée, l'autre pour la neige damée et combinant neige naturelle et neige de culture. Ces deux seuils varient en fonction des massifs et des scénarios RCP étudiés (puisque dépendants des conditions météorologiques). Vous le verrez ci-dessous, des pourcentages ont été ajoutés à ces seuils. Samuel Morin nous explique ce qu'ils signifient :
« Le calcul de ces altitudes de fiabilité tient compte des fluctuations de l’enneigement d’une année à l’autre. Avec neige de culture, l’altitude seuil correspond à celle au dessus de laquelle l’enneigement est jugé suffisant plus de de 9 années sur 10 [le 90% que vous verrez plus bas, NDLR]. Dans le cas de la neige naturelle damée, cette altitude seuil correspond selon les cas à 5, 7 ou 9 années sur 10 ans d’enneigement adéquat [idem, les 50%, 70% et 90% ci-dessous, NDLR]. L’enneigement est considéré suffisant, dans les deux cas, une hauteur de neige correspondant à 20 cm de neige damée (à 500 kg m-3 de masse volumique) est rencontrée pendant au moins 100 jours. »
Les chercheurs ont divisé les stations en sept catégories, de la plus viable à la moins viable, en fonction de la "remontée" de ces seuils due au changement climatique :
- Catégorie 1 : Le front de neige est au-dessus de la ligne de 90% de viabilité en neige naturelle damée. En gros, même sans enneigeurs, l'enneigement est suffisant 9 hivers sur 10.
- Catégorie 2 : Le front de neige est au-dessus de la ligne de 70% de viabilité en neige naturelle damée, et au-dessus de la ligne de 90% de viabilité en neige de culture.
- Catégorie 3 : L'altitude moyenne des remontées est au-dessus de la ligne de 70% de viabilité en neige naturelle damée et le front de neige est au-dessus de la ligne de 90% de viabilité en neige de culture.
- Catégorie 4 : L'altitude moyenne des remontées est au-dessus de la ligne de 50% de viabilité en neige naturelle damée et le front de neige est au-dessus de la ligne de 90% de viabilité en neige de culture.
- Catégorie 5 : Le front de neige est au-dessus de la ligne de 90% de viabilité en neige de culture.
- Catégorie 6 : L'altitude moyenne des remontées est au-dessus de la ligne de 90% de viabilité en neige de culture.
- Catégorie 7 : L'altitude moyenne des remontées est en-dessous de la ligne de 90% de viabilité en neige de culture. Dans ce cas, même les enneigeurs ne permettent pas d'atteindre un enneigement suffisant.
Nous avons senti qu'on vous perdait, nous avons donc fait un schéma explicatif à titre d'exemple pour une station de catégorie 4, qui ne possèderait qu'une seule remontée (c'était plus simple). Vous avez donc deux altitudes importantes concernant la station (médiane des remontées et altitude du front de neige), et les deux lignes de viabilité, ici à 50% concernant le damage et 90% sur la neige de culture :
Si vous avez tout suivi jusqu'ici, vous aurez compris que les stations des catégories 1 à 3 sont plutôt viables même sans neige de culture, en-dessous cela commence à se compliquer progressivement et en catégorie 7, le domaine n'est probablement plus viable puisque que la majorité de celui-ci se situe en-dessous du seuil de viabilité de la neige de culture (en catégorie 6, celui-ci se situe entre le front de neige et la médiane des remontées, ce qui n'est pas terrible non plus).
Les résultats sont à retrouver sur les cartes suivantes, avec les couleurs représentant les différentes catégories (échelle à gauche). La première colonne représente la période de référence, 1986-2005. On constate que la majorité des stations se situe au-dessus de la ligne de viabilité de la neige de culture (pas de catégorie 7). De nombreuses stations sont déjà en catégorie 5, ce qui signifie des besoins en neige de culture importants pour assurer l'enneigement de la majeure partie du domaine.
La deuxième colonne représente l'horizon "proche", 2030-2050, dans le scénario "pessimiste" (ou réaliste ?) RCP 8.5. On constate un changement de catégorie pour de nombreuses stations, dont certains passent même dans la catégorie 7. C'est surtout le cas dans les Pyrénées, le Vercors, la Chartreuse et certains domaines des Alpes du Sud (particulièrement des stations de basse et moyenne altitude). Une situation déjà compliquée pour de nombreux domaines skiables.
La troisième colonne, c'est la fin du siècle, toujours dans le scénario RCP 8.5. Les stations viables ne sont plus qu'une poignée, 24 au total, et la plupart auront grandement besoin de la neige de culture pour une partie de leur domaine. Dans les Pyrénées, plus aucune station ne serait viable, tout comme dans les Préalpes (nous n'osons pas imaginer ce qu'il en serait des Vosges, Jura et Massif Central, non étudiés).
La quatrième colonne permet de comparer la même période, la fin du XXIème siècle, dans le scénario de réduction des émissions RCP 2.6. La situation est moins grave, mais tout de même très préoccupante pour de nombreuses stations.
Ces données ne sont pas à prendre au pied de la lettre, ce sont bien sur des modélisations : il ne s'agit pas de fournir une prévision détaillée de son avenir à chaque station. Dans la partie "Discussion" de l'étude, les auteurs précisent que ces modélisations sont faites à l'échelle d'un massif entier et par tranches de 300 m d'altitude, ne tenant pas compte des spécificités locales, des orientations, etc. Il est possible d'être plus précis, c'est d'ailleurs ce qui a été fait pour l'Isère : perspectives d'enneigement à l'horizon 2050. L'étude au sujet des stations de l'Isère s'arrête en revanche au moment où les scénarios dévient entre RCP 2.6 et RCP 8.5.
Le but ici est plutôt de donner une vision d'ensemble de l'avenir de l'enneigement des stations de ski dans notre pays en fonction des scénarios futurs. Le résultat est sans appel : à long terme, la majorité des domaines skiables des Alpes et des Pyrénées ne seront plus viables si l'humanité n'engage pas une réduction rapide et importante des émissions de gaz à effet de serre. Et même si elle le fait, il est déjà trop tard pour certains.
"Nos projections indiquent qu'il ne resterait plus aucun domaine skiable offrant des conditions de neige naturelle fiables dans le scénario RCP 8.5, et seulement 24 domaines (28% du moment de puissance total) bénéficieraient de conditions de neige fiables grâce à la neige de culture, tous étant situés dans les Alpes."
La conclusion de l'étude appuie sur le fait que la neige de culture semble être une solution intéressante jusqu'au milieu du siècle, mais qu'il faut continuer d'étudier son impact environnemental et économique, et bien sûr réfléchir dès maintenant à l'évolution des modèles économiques des stations pour le moyen et long terme.
"L'évaluation de l'impact du changement climatique sur l'économie des sports d'hiver nécessite non seulement une estimation des changements futurs des conditions d'enneigement (naturel et géré), fournie ici, mais également des informations supplémentaires sur les besoins en eau pour l'enneigement de culture, son incidence sur le contexte environnemental et le modèle économique de l'industrie du ski."
Si vous avez bien pris conscience des résultats présentés précédemment, il faut avouer que ça fait sacrément mal. Nous sommes tous fans de ski ici, et ce que nous voyons là, c'est qu'il y a peu de chances que nos descendants connaissent ce que nous avons vécu. Et c'est, dans une certaine mesure, notre faute.
Car le ski est coincé dans un paradoxe : cette activité fait partie des causes d'émissions de gaz à effet de serre (particulièrement en raison du transport des skieurs jusqu'à leur lieu de pratique), qui contribuent ensuite à la diminution du matériau qui sert à la pratiquer, la neige.
La seule manière de relativiser tout ça, c'est de se dire que si le scénario RCP 8.5 se confirme, la fin du ski sera probablement le cadet de nos soucis, en raison des autres impacts du changement climatique (voir le Thème 2 du rapport de synthèse du cinquième rapport d'évaluation du GIEC).
Des visions prémonitoires du ski dans la seconde moitié du XXIème siècle ?
L'étude complète, dont sont tirées les figures de l'article :
"Winter tourism under climate change in the Pyrenees and the French Alps: relevance of snowmaking as a technical adaptation",
Pierre Spandre (1,2), Hugues François (1), Deborah Verfaillie (2,3), Marc Pons (4), Matthieu Vernay (2), Matthieu Lafaysse (2), Emmanuelle George (1), and Samuel Morin (2).
1 Univ. Grenoble Alpes, Irstea, UR LESSEM, Grenoble, France
2 Univ. Grenoble Alpes, Université de Toulouse, Météo-France, CNRS, CNRM, Centre d'Études de la Neige, 38000 Grenoble, France
3 Barcelona Supercomputing Center, Barcelona, Spain
4 Snow and Mountain Research Center of Andorra, IEA, Sant Julià de Lòria, Andorra
"Verra-t-on la fin du ski dès 2050 ?", article très complet de Hugues François, Samuel Morin, et Emmanuelle George sur The Conversation.
Le changement climatique en résumé : leclimatchange.
Le changement climatique en France : DRIAS, les futurs du climat.
Le changement climatique dans les Alpes du Nord : AGATE, Agence Alpine des Territoires.
Le changement climatique dans les Alpes du Sud : GREC-SUD.
Le changement climatique dans les Pyrénées : Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique.
Un grand merci à Samuel Morin pour son aide et sa relecture.
42 Commentaires
La notion de terrassement des pistes est également à prendre en compte.
Les modélisations climatiques pour le manteau neigeux naturel se font à l'échelle d'un massif et par tranches de 300 m d'altitude (ce qu'on peut voir sur le portail DRIAS). Je n'ai pas le niveau de détail du modèle Crocus-Resort. Donc effectivement, comme dit en conclusion ces résultats ne sont pas à prendre au pied de la lettre, c'est pour avoir un ordre d'idée global. Certains seront moins touchés, d'autres plus (je conseille la lecture de l'étude complète). Samuel Morin m'a expliqué que l'autre étude qu'ils ont réalisée pour le département de l'Isère (en lien en conclusion) était elle allée un peu plus loin dans la modélisation, prenant en compte des spécificités locales comme l'orientation. En revanche, elle s'arrête à 2050 : les différences entre les scénarios RCP y sont peu visibles (comme expliqué en début d'article), et il manque une vision des impacts à long terme.
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Bel article Skipass! Je crois sue c est le moment de sortir l’Eco Ski Trip des cartons skipass.com
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Je me pose quelques questions : comment les stations de ski voient ces rapports ? Est-ce qu'elles sont dans le déni, est-ce qu'elles en ont conscience mais que pour l'instant elles ont encore de la marge et on verra bien plus tard, est-ce qu'elles en ont conscience et elles cherchent des alternatives ? Parce qu'à voir les investissements sur les 3 Vallées, on peut présumer qu'elles ont encore de belles années devant elles ! (les 3 vallees étant probablement dans une des catégories les plus favorables, ils seront donc dans les derniers à mourir et donc attireront les gens de toutes les autres stations... Ou pas)
Je me pose alors la question des retours sur investissement des remontées mécaniques dans ces domaines skiables, 5 ans ? 10ans? 20 ans ?
Enfin, que vont devenir les domaines skiables non viables ? Des immenses friches ? Est il prévu un budget dans les stations pour désinstaller les RM ? J'imagine que non...
Hello,
Tu poses les "bonnes" questions. La, ou plutôt les réponses, sont complexes. Il faut d'abord prendre en compte la gouvernance des stations de ski, souvent par Délégation de Service Public, avec des échelles de 20/30 ans en général. Ce qu'il se passe au-delà (même si c'est toujours plus compliqué que ça en pratique) ne regarde pas forcément l'exploitant (mais la mairie). Les stations de ski sont des organisations complexes avec une gouvernance complexe également (différents types, régie, DSP, etc.) : mairie, exploitant, hébergeurs, commerçants... Pas simple d'orchestrer tout ça pour effectuer une transition.
La position "officielle" des stations est développée dans ce document de Domaines Skiables de France : domaines-skiables.fr
De "l'autre côté" de l'argumentation, on peut lire des choses comme le rapport de la Cour des Comptes de l'année dernière : ccomptes.fr
Une thèse sur le sujet (d'un des auteurs de l'étude, Pierre Spandre) : umr-cnrm.fr
Bonne lecture,
Loïc
Dans les pyrénées il devient impossible de trouver des financement pour investir en dessous d'environ 1800m d'altitude...
PS: aussi je constate que les marques (Dynafit) les stations (Val Cenis) commencent à promouvoir le ski de rando au départ du front de neige dès l'ouverture de saison, signe que la discipline prend de l'essort mais qu'elle n'est plus réservé au printemps car les températures douces en plein hiver permettent de faire de belles montées sans se les peler...
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Il n’y a hélas rien de surprenant à ces conclusions qui ont été anticipées dès la fin des années 1980.
Sans surprise on apprend que la neige artificielle va retarder l’échéance à basse et moyenne altitude, et que certains spots actuellement encore très enneigés mais à moyenne altitude vont se voir très arrosés...
Enfin moins qu’actuellement car la prévision devient plus pessimiste qu’avant au dessus des 2000m du fait que les modèles indiquent maintenant de façon claire une baisse des précipitations à toutes altitudes: de fait les stations qui s’y trouvent et qui ne le faisaient pas déjà se mettent elles aussi à miser sur l’été et le 4 saisons.
Le problème des activités hors ski est l’assiette de clientèle réduite qu’elles visent, il n’y en aura donc pas pour tout le monde, reste à voir si ce seront les stations situées près des bassins de population où celles de haute altitude qui seules bénéficieront de la fraîcheur en été quand il fera 40 degrés en vallée et 35 en moyenne montagne...
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En attendant skions et profitons du moment présent ????
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Reste aussi à savoir si on arrêtera le ski par manque de neige ou à cause d'autres conséquences avant...
D'autre part on ne parle (même) pas de qualité de neige, je crois qu'on a déjà des réponses avec les dernières saisons.
Hello,
Oui, l'industrie s'inquiète surtout d'une menace à plus court terme que celle de l'enneigement (on peut les comprendre) : la baisse de la proportion des moins de 20 ans parmi les pratiquants (une baisse plus prononcée que la baisse "naturelle" due à l'évolution de la pyramide des âges en France). J'aime bien cette citation de Laurent Vanat qui résume bien les défis actuels de cette industrie, au-delà de la problématique de l'enneigement (c'est un expert du secteur spécialisé dans la fréquentation des domaines skiables du monde entier - extrait d'un de ses rapports intitulé Montagnards, réveillez-vous) :
« L’évolution de la démographie occidentale est un enjeu majeur, ainsi que la concurrence accrue et généralisée au monde entier pour les activités de vacances et de loisirs. Mais il y a aussi le taux de rétention des débutants et l’accessibilité du processus d’apprentissage du ski. »
Un lien sur le sujet : bfmtv.com
Un autre : francebleu.fr
L'étude dont parle l'article précédent, de l'agence Pop Rock, qui est allée observer le rapport des "jeunes" avec l'outdoor : slideshare.net
Enfin pour les curieux, je vous conseille d'aller jeter un oeil au rapport annuel de Laurent Vanat dont la dernière version est sortie il y a peu, "2019 International Report on Snow & Mountain Tourism" qui permet d'avoir un bon aperçu des tendances des marchés à échelle internationale (émergence de la Chine, relative stagnation des marchés occidentaux, etc), et que l'on peut compléter par le document "Indicateurs et analyses" de Domaines Skiables de France pour avoir plus de détails sur notre pays.
Oh mais je ne parlais même pas de ça... Plutôt d'un effondrement économique et politique qui ferait que le ski, bon... Ca sera le cadet de nos soucis. Avec le scénario RCP 8.5 ça pourrait arriver rapidemment... et quand on regarde la tendance des courbes, c'est bien celui là qu'on suit. (https://fr.co2.earth/daily-co2 : 414ppm au 27/04/19, ce qui correspond grosso merdo au RCP8.5 sur la première courbe... datant de 2014. Dans tous les cas aucun autres scénarios ne dépasse 400ppm avant 2030 au plus tôt, ce qui veut dire qu'à part le RCP8.5 tous les autres scénario d'à peine 5 ans sont tous périmés.... ). Pour les problèmes sociologiques de plus court terme, ça pourrait compenser la baisse du nombre de journée-skieurs offerte, qui risque bien de s'accélérer d'ici 10 ans.
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Même si on est bien sûr conscients de tout ça, ça fout quand même bien les boules de se dire que nos petits enfants ne pourront peut-être pas avoir la chance de skier comme nous. Parce qu’en plus, comme le soulignait la Mère Michèle, le nombre de stations diminuant progressivement, la fréquentation et les prix dans celles « qui restent » vont rapidement exploser !
La seule lueur d’espoir (parce qu’il en faut une), c’est le ski de rando, indépendant des infrastructures, et on pourra « toujours » aller plus haut pour chercher la neige…
Même pour la rando ça va être compliqué, il va effectivement falloir monter haut, pour exemple ici la pyramide de l'enneigement en Belledonne d'après le portail Drias pour l'un des modèles (et pas le plus pessimiste d'entre eux) à horizon lointain :
- 3000 m : 233 cm -> 168 cm
- 2700 m : 194 cm -> 118 cm
- 2400 m : 156 cm -> 80 cm
- 2100 m : 123 cm -> 51 cm
- 1800 m : 85 cm -> 28 cm
- 1500 m : 56 cm -> 15 cm
- 1200 m : 31 cm -> 7 cm
- 900 m : 12 cm -> 2 cm
- 600 m : 2 cm -> 0 cm
Ça va faire des saisons courtes et il faudra crapahuter ouais. Après comme je disais en conclusion, il y a de fortes chances que si le scénario RCP 85 se confirme, le ski soit le cadet de nos soucis (cette question est d'ailleurs assez "indécente" pour ceux qui sont bien au courant de ces problématiques, on le voit dans les réactions à ce genre d'article)...
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J'me pose par contre la question sur le déplacement des touristes, ne faudrait il pas prendre conscience que la voiture est un problème??? Ne devrions nous pas imaginer la possibilité de pouvoir partir de chez soi en train par exemple et arriver en station en train?? Avoir des stations de ski 100% piéton (sauf obligation sanitaire etc etc...) il faut bien commencer par quelques choses ! Le plus inquiétant finalement ce n'est pas de se demander si nous allons pouvoir encore rider chaque hiver, mais plus pourquoi les dirigeants de ce monde se moquent autant de l'avenir de l'humanité, car c'est bien de cela qu'on parle à travers les différentes études.
Bien d'accord avec vous. L'avion aussi est un problème ! le tourisme de masse cherche à attirer de plus en plus de client venant du monde entier, et ça n'a jamais été aussi vrai que pour les sports d'hiver, où "les transports sont responsables d'environ 80% des émissions sur site". Je t'invite à lire cet article à ce sujet: bastamag.net
Plutôt que toujours pointer du doigt les autres grands méchants du monde, les stations et les consommateurs devraient agir en cohérence taper là où ça fait mal: Ne plus chercher à tout prix à s'ouvrir au monde avec des projets à fort impact climatique, mais pousser dans le sens d'une activité circulaire le plus possible LOCALE.
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Bravo pour cet article en tout cas, qui apporte une vision un peu plus scientifique et structuré d'une tendance bien connue mais pas assez prise au sérieux.
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Bon, ben, faut donc penser à vendre ses skis tant qu'il est encore temps ...
Parce que, même le troc skipass, sous sa forme actuelle ce ne sera plus pertinent. Le futur c'est <<URGENT troque superbe paire de Mantra tous neufs, pas déballés, contre paire de jantes VTT même usagées ...>>
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Aucun des schémas, des projections ne prend en compte la probable inversion du gulf stream ?
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Quand je vois les pro qui vivent de la neige se taper des vols intercontinentaux toute l'année, voir sponsor par des marques de bagnoles, etc.
Meme chose pour les stations de ski.
Perso je rêverais d'aller ski au Japon, mais y a un moment faut être cohérent avec soit même.......
Attention j'ai pas dit que je cautionnais hein J'explique juste... Après là où ça frôle l'hypocrisie c'est sur certaines organisations qui tentent de "protéger les hivers" avec des ambassadeurs à l'empreinte carbone d'un koweitien de la classe supérieure, je suis assez d'accord.
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la même... mais la cohérence, c'est pas donné à tout le monde...
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