2018. On fait un article pour 7 secondes de vidéo.
Comment en est-on arrivés là ? Reprenons. Avant, il n'y a pas si longtemps, il n'y avait presque que les films. On attendait fébrilement les teasers pendant l'été, et on se les passait en boucle pendant des semaines avant d'enfin, découvrir la version longue sur grand écran pour les plus chanceux, ou devant sa cheminée avec un bon vieux DVD pour les autres. Et c'était tout, ou presque, avant l'année suivante, et rebelote. Entre temps, on feuilletait quelques magazines histoire d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent.
Et puis, et puis, il y a eu les vidéos sur le web, qu'on regardait sur l'ordinateur familial. Internet. Zapiks, Youtube, Vimeo, les webséries, tout ça, tout ça. Au début, c'était du saupoudrage. Quelques vidéos publiées de-ci de-là, sur lesquelles on se jetait tous. Bonne qualité ou pas, la rareté faisait qu'on absorbait tout ce qui passait.
Et puis, et puis, très vite, l'accès à internet s'est démocratisé, tandis que les outils de captures d'images se sont multipliés. Caméras embarquées, smartphones, maintenant les drones. En quelques années, les quantités de contenus produits ont littéralement explosé, si bien qu'on ne sait plus où donner de la tête : des choses publiées de partout, tout le temps, toute l'année.
Evidemment à force, notre capacité d'attention réduit. Il en faut de plus en plus pour faire stopper notre pouce qui scrolle infiniment. Des choses vraiment folles, et surtout pas trop longues. Alors, les créateurs sont obligés d'évoluer. Ils s'adaptent à notre attention réduite, à la forme des supports, aux algorithmes des plateformes de diffusion. Les vidéos raccourcissent, deviennent carrées voire verticales, avec un shot, une action, et voilà. Suivante. Et qui est-ce qui s'adapte aussi pour survivre derrière ? Les médias pardi ! Plongés dans cette course effrénée à l'attention à grands coups de "vous ne devinerez jamais ce qui...". Eh oui, ils vivent de l'audience. Qui elle-même prend ce qu'on lui donne. Le serpent, la queue, tout ça.
2018. On scrolle, la vidéo se met en lecture automatiquement, on a pas le temps de continuer de scroller que BAM, la folie et le talent de Candide nous sautent à la figure. On ne sait pas où c'est, on ne sait pas quand c'est, mais on like instantanément. Comme des centaines, des milliers d'autres. P*****, il est bon quand même.
3 Commentaires
Salut
Pour compléter l'article à l'attention des moins de 40 ans je me permets de remonter un peu plus dans l'histoire: avant ce que tu as dit il y a eu les premiers films de Dick Barrymore qu'on regardait en projection privée organisée par les clubs en avant-saison, et qui passaient parfois à la télé le samedi dans stade 2. Non-seulement il fallait être devant sa télé à ce moment-là (c'était pas annoncé sur le programme), mais on avait bien sûr aucun moyen de les enregistrer pour les revoir.
Après il y a eu les cassettes VHS (mythiques Apocalypses) dont les meilleurs segments étaient usés par des dizaines de visionages successifs.
Après commence ton article.
youtube.com
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Avec des images d'archives dedans
youtube.com
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Enfermez-moi cette horreur dans les poubelles de l'histoire assez profondément pour qu'elle n'en ressorte plus jamais!!!
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