Le week-end dernier se déroulait à Bourg Saint Maurice la seconde édition du Winter Film Festival au cinéma le coeur d'or, avec l'affiche 37 films de tous les horizons : freestyle, freeride, snowboard, pente raide, aventure et voyage, expédition, websérie etc. La programmation se voulant éclectique, il y en avait pour tous les goûts et tous les âges ! Pour la première fois, la festival décernait des awards aux meilleurs films. Le jury composé de Laurent Jaumet, Enak Gavaggio, Aurélie Monod et la rédaction de Skipass s'est enfilé pas loin de 15 heures de films (avec le sourire toujours) et vous livre ses favoris. L'occasion pour nous de vous dresser une petite critique des films visionnés durant ce week-end.
Le jury est littéralement tombé sous le charme de cet épisode de la web série "A Skier's Journey" consacré à la chine. Que ce soient les images, le narrateur, l'histoire, le ski, ce film est une immersion impeccablement réalisée dans la culture chinoise. Chose rare pour être précisée, les deux skieurs Chad Sayers et Forrest Coots ne sont pas les "stars" du film mais au contraire, ils sont en retrait pour laisser pleinement le spectateur vivre le voyage. C'est une manière très humble de servir ce projet dans notre petit milieu où les skieurs se regardent souvent le nombril. Un seul regret : on aurait juste aimé un segment de ski supplémentaire à la fin de l'épisode.
N'hésitez pas à regarder également l'épisode en Iran, il vaut le détour !
Jérôme Tanon, photographe de son métier, a passé les trois dernières années aux 4 coins du monde pour suivre les meilleurs snowboardeurs en tournage. Il n'a pas seulement pris des photos, il a aussi laissé une petite caméra filmer tous les instants de vie d'un shooting. Avec humour et dérision, sincérité et lucidité, il nous livre une belle dissertation sur les coulisses du métier de "pro" snowboarder. "The Eternal Beauty Of Snowboarding" se présente comme un véritable ovni dans l'univers des films de glisse avec un discours extrêmement bien construit couplé à des scènes quotidiennes terriblement cocasses. Un film qui fait réfléchir par un réalisateur qui a oublié d'être bête (quoi que...).
Sans hésitation, nous pouvons vous annoncer qu'il s'agit surement du meilleur film que PVS Company ait réalisé jusqu'à aujourd'hui. Les images, magnifiques, ont retenu toute notre attention : le segment final dans la Mer de Glace est une petite pépite visuelle. Dans Backyards, on découvre un Sam Favret simple et humble, apprenant sur la montagne au fil des rencontres pour faire évoluer son ski vers la pente raide. Le chamoniard partage aussi sa passion avec son entourage, à l'image de la session poudreuse entre potes en ouverture qui donne terriblement envie de skier. Le film rend également un bel hommage à Chamonix et à ses imposants sommets qui l'encerclent, on aurait presque pu se passer du segment en Alaska pour rester "à la maison". Seul petit bémol, la voix off, qui tend à vulgariser l'histoire pour le grand public est un peu dérangeante et surtout contrastante avec la personnalité de Sam.
Encore une fois, qu'est que ça fait du bien de voir des riders qui ne se prennent pas au sérieux ! Alex, Max et Raphael, trois freerideurs autrichiens nous embarquent dans leurs aventures complètement loufoques par le biais d'une... tente ! Même si le synopsis semble un peu tiré par les cheveux, l'histoire fonctionne et on se marre bien. Le ton a beau être léger, le niveau de ride ne l'est pas !
Déjà 6 années que nous suivons les aventures de Fabien Maierhofer et Victor Galuchot. Pour la première fois, ils nous offrent un "monstre" épisode de 38min filmé au printemps dernier en Islande. Force est de reconnaitre que Bon Appétit c'est un peu comme le vin, la série se bonifie avec les années ! Dans cet épisode long, ils ont trouvé le bon équilibre entre le ski, la connerie et les anecdotes de voyage. Après la destination qu'est l'Islande aide pas mal côté images, c'est beau ! Embarquer un pilote de drone dans les bagages était une idée judicieuse, les plans sont superbes. Bref, nous avons passé un bon moment, on peut venir la prochaine fois ?
Même si la réalisation sonne peu amateur, on se laisse happer par l'histoire et le but ultime de cette expédition : skier le Noshaq, le plus haut sommet d'Afghanistan. Il y a peu de ski mais ce n'est pas grave, la lumière est mise sur le voyage, le choc des cultures et la population locale. Le résultat final ressort très authentique.
Le coup de coeur du jury jeune s'est porté sur le film BAM, un voyage au fin fond de la Sibérie par des températures glaciales. Très bien réalisé (avec une voix off un poil trop poétique à notre goût), BAM nous emmène à travers une impressionnant aventure dont le point de départ est un billet à bord du transsibérien. S'en suivent 3 semaines où Rémi Loubet, François Kern, Nacho Olmedo et Thibaut Lacombe vivent en ermite dans une cabane perdue au milieu d'un congélateur géant du massif du Kodar. Malgré quelques longueurs, un chouette film résulte de cette expérience (et si vous aimez les oiseaux, vous ne serez pas déçus).
Un court métrage de 12 minutes avec un bon esprit, un zeste de déconnade et de la belle pente raide sur fond de Fjords. L'ensemble se regarde bien, ça sonne juste, même si les images et montage auraient pu être un poil plus "pro".
Ce court-métrage réalisé par PVS Company avec Mathieu Bijasson surfe sur les traces d'Afterglow MAIS avec les moyens du bord. L'idée est originale et le petit scénario autour fonctionne parfaitement. On resterait presque sur notre faim après 3 minutes. Dommage sur certains plans, on se rend compte que "c'était déjà bien tracé".
Pour l'anecdote, chroniques d'Hokaïdo a été refusé au High Five Festival, on se demande bien pourquoi... Même si ce court métrage n'est pas révolutionnaire dans son genre, il méritait surement davantage sa place que d'autres prods à l'affiche. On dit ça, on dit rien ! Pour en savoir davantage, ça se passe dans l'article qui lui est dédié dans notre magazine.
Yamal est une immersion totale dans la vie d'une famille nomade de la péninsule de Yamal en Russie. Même si le court métrage manque un peu de contextualisation (comment se sont-ils retrouvés là bas tout bêtement ?), les images sont belles et touchantes, on visionne Yamal avec de grands yeux et on sourit un peu bêtement parfois. Et si il y avait l'award des animaux "les plus mignons" on le décerne sans tergiverser à ce film (rires).
Skyheads se résume comme un chouette film court 100% ski avec un Julien Lange aussi solide sur un kicker BC que dans un couloir. L'ancien skieur freestyle n'hésite pas non plus à mettre les peaux, un tournant "montagne" qui lui va bien !
Nous ne sommes jamais déçus avec l'équipe de "A la française" : les images, le montage, la bande son... Bref, la qualité est toujours au rendez-vous mais il manque peut être un grain de folie !
Une courte vidéo simple et efficace, pas prétentieuse pour un sou, malgré un rendu vidéo un poil amateur avec la prédominance d'images de caméra embarquée.
Elevation - PVS : Elevation est un 3min "arty" à la manière d'un clip musical, consacré à la skieuse Marie Martinod. Seul problème, on n'est pas sûr d'avoir compris le sens.
Between - Shades of Winter/Red Bull Media : Between met en scène des femmes fortes et des belles personnalités loin de tous les clichés. Le casting est vraiment splendide ! Côté action, elles skient fort et envoient du lourd, c'est appréciable. Between aurait pu être un des meilleurs films de l'année si Sandra Lahnsteiner avait fait des choix pour éviter les longueurs ! 90min ce n'est pas possible, le film n'en finit pas... On arrive à la meilleure part' en Alaska déjà proche de la saturation. Tous les segments, pris de manière indépendante, sont réussis. Dommage !
The White Maz - Red Bull Media : Ce film est clairement produit pour la télévision avec une voix off insupportable. Globalement c'est long... long... (52min) et l'absence de sous-titres de l'allemand vers l'anglais n'aide en rien au dynamisme.
Way East - Aline Bock / Lena Stoffel : Way East est un sympathique road trip à travers le Japon mêlant surf et freerando, snowboard et ski. Le voyage donne vraiment envie. Le fil conducteur par contre est un peu plus flou autour du post-Fukushima. Même si la motivation est bonne on perd le fil de la narration et on y préfère l'action.
Equilibre Naturel - CBC/Andy Collet : Il n'y a rien à redire sur le filming et le montage, Andy nous a toujours habitués à un rendu travaillé et de qualité. En revanche, sa narration autour du réchauffement climatique manque de cohérence, il s'est surement attaqué à un trop gros morceau.
Black & White - PVS Company/JL Ratchel : Ce film biographique est consacré au skieur de la Clusaz J.L Ratchel. L'ensemble est bien construit et cohérent, on regarde avec un pincement au coeur les images d'archive du jeune JL aux grandes heures du freestyle. Après on se pose forcément une question : JL n'est-il pas un peu trop jeune pour avoir un docu biographique ? Nul doute qu'il lui reste de belles choses à accomplir dans le (free)ski !
Breaking Boundaries in Balkans / Faction Collective : Ce court-métrage combinant ski, voyage et projet humanitaire se regarde sans sourciller. Le film manque néanmoins d'un réel "contexte" pour comprendre l'histoire mais on vous prépare un portfolio et un article de Pierre Morel pour y voir plus clair.
Wild World - JE Films : Wild Word est un film de freestyle pur et dur qui aurait surement cartonné 6 ans en arrière : une bande de potes entre l'Europe et les US qui bouge de spot en spot pour skier, filmer et profiter. Du même réalisateur Julien Eustache, nous avons préféré le segment de Nathan Gaidet, qui met en lumière toute la polyvalence du garçon.
(Nous n'avons pas vu et/ou jugé : Winteractivity de Bio Media, Rancho Webshow de Supersizefilm et Perseverance de Eye Of the Storm Prod)
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