(extrait de la décharge de responsabilité de CMH Heliskiing)
En janvier 2016, nous avons vécu une semaine d'héliski au Canada en compagnie d'Enak Gavaggio et d'un groupe de Destination Poudreuse. On vous raconte tout en 3 chroniques. Voici la seconde, la première est ici.
Mardi matin, 6h, le réveil sonne. En fait non, je suis déjà réveillé depuis plus d'une heure. Merci le jetlag.
Les plus courageux et les plus respectueux de leur corps se donnent rendez-vous à 6h30 pour 30 minutes de réveil musculaire (un mélange de gym et de yoga), alors que je file direct à la case pancakes/oeufs brouillés/saucisse/salade de fruit/café/jus d'orange/repeat. Dire que les petits déjeuners sont copieux serait un euphémisme.
Dehors, il fait moche et il semble être tombé une dizaine de centimètres. Sans doute plus là haut sur la montaaaaagne. Mais nous n'aurons pas l'occasion de le vérifier, en tout cas pas avec l'hélico : au bout de quelques minutes de vol, je vois avec surprise le pilote ouvrir sa fenêtre, sortir le bras et gratter le parebrise pour tenter de le dégivrer. En vol. Dans un hélicoptère.
Nous venons de traverser un brouillard givrant, un truc que les hélicos n'aiment pas trop. Le pilote ne demande pas son reste, demi-tour, et retour à l'hôtel pour le groupe. C'est fini pour aujourd'hui.
la photo ci-dessous est prise en vol...
L'avantage de la base de Revelstoke, c'est qu'en cas de conditions interdisant le vol (la neige n'en est pas une, le brouillard givrant si), on peut se rabattre sur la station éponyme, ouverte en 2007 et qui est une destination de choix pour les amateurs de poudreuse, offrant notamment le plus grand dénivelé d'amérique du nord (1700 mètres). J'y avais déjà trainé mes guêtres 2 jours il y a 2 ans avec Flo Bastien et Julien Regnier (reportage ici) : c'est un bon endroit. Ca peut d'ailleurs être un excellent moyen de faire baisser la facture, en mixant hélico et ski en station sur sa semaine.
Nous arrivons un peu tard pour vraiment profiter des chutes de la nuit, mais vers 15 heures nous arrivons à bricoler une photo pas trop mal. C'est la magie du cinéma.
Le retour se fait dans la joie et la bonne humeur alors que la neige tombe tout aussi joyeusement du ciel. Ca promet pour la suite.
Sans tomber dans l'étude sociologique, j'étais curieux de connaitre le profil des participants à cette semaine. Disons le tout de suite : personne ne vient passer une semaine d'heliski pour parler boulot le soir ou entre deux runs. C'est quelque chose qui reste derrière soi, en France. Malgré tout, j'ai pu déterminer qu'on était bien loin des clichés habituels : je n'ai croisé ni chirurgien, ni rentier, ni patron du CAC40. En revanche, j'ai pu partager la forêt et quelques pichets avec un carrossier, mais aussi avec 3 agriculteurs du sud ouest, dont un père et son fils, ainsi qu'un skieur crosseur à la retraite. Pour ne citer qu'eux.
Mais surtout, toutes les personnes avec lesquelles j'ai partagé cette semaine étaient là par passion du ski, sans aucun souci de représentation (à des années lumières de la file d'attente de votre station freeride préférée). Il n'y avait absolument rien de statutaire dans le fait d'être là. Les gars (car oui, le groupe était 100% masculin) ne font pas de l'heliski "parce qu'ils le peuvent" mais bien pour le ski, rien que pour le ski, sans se la raconter non plus sur leur niveau. Juste là pour bouffer de la poudre et passer de bons moments.
Petit portfolio des participants... Merci à tous!
Mercredi, l'Histoire ne se répétera pas : pas de brouillard givrant, l'hélico vole sans problème malgré une neige qui tombe abondamment. Ce sera journée forêt, mais quelle journée! Un minimum de 50 centimètres de neige fraiche sur un fond lui même poudreux : nous enchainerons une dizaine de runs, sans jamais recroiser nos traces, pour atteindre 7100 mètres de dénivelé en une journée. Fabuleusement bon. Je crois bien qu'elle est là ma plus belle journée à la neige, celle pour laquelle les mots ne suffisent plus.
C'est sûr, ce n'est pas donné : une semaine comme celle-ci (6 jours 1/2 de déposes possibles) est proposée par Destination Poudreuse aux alentours de 6000 euros, les formules 3 jours (déjà de quoi se régaler, à inclure dans un trip plus long dans la région) sont proposées autour de 3000 euros. Sans l'avion dans les 2 cas (rajoutez à la louche 1000 euros).
A ce prix là, tout est compris en revanche : l'hélico, 30 000 mètres garantis de poudreuse (pour la semaine complète), l'hôtel tout confort, les 4 repas par jours, les kilos en trop à votre retour... Bon, ok, presque tout : les pichets de bière restent à votre charge mais le dollar canadien est votre ami.
Oui, c'est cher. Non, ce n'est clairement pas accessible à tous.
Mais le ski en soi n'est pas accessible à tous, c'est un loisir de privilégiés, dont nous faisons tous partie. C'est un fait. Il n'y a donc pas ici de quoi inventer une hasardeuse lutte des classes entre les ultra privilégiés et ceux qui sont juste super privilégiés. D'autant que pour la plupart des participants, une semaine comme celle-ci reste l'exception, une exception qui peut se préparer plusieurs années à l'avance.
Est ce que ça les vaut?
OUI. Et même si je ne pourrais pas me l'offrir, je réponds OUI sans hésitation. La qualité du ski est fantastique, dépassant tout ce que j'ai pu connaitre (et je pense être dans la bonne moyenne des gens qui ont vu du pays).
Prenez votre run préféré, mettez lui 50 cm de poudreuse sur une sous couche de 3 mètres, et offrez vous la première trace. Puis recommencez, toujours en première trace. Puis recommencez le lendemain. C'est magique. Je suis bien incapable de mettre une valeur sur quelque chose d'aussi unique.
Ce qui ne veut pas dire qu'il faille hypothéquer sa maison, vendre sa belle mère ou négliger l'éducation de ses enfants pour financer son trip (même si j'y pense parfois). Mais si vous avez les moyens, ou la discipline pour mettre des noisettes de coté régulièrement, vous ne le regretterez pas. Le rapport qualité/prix est excellent : le prix est certes très élevé, mais la qualité des prestations et du ski sont à l'avenant.
21 Commentaires
Est ce que ça les vaut ..? Sûrement ...
Je ne sais pas si un jour j'aurai l'occasion de le faire ( temps , argent ... )
En revanche je vais retenir cette phrase que je me dis souvent ..
"le ski en soi n'est pas accessible à tous, c'est un loisir de privilégiés, dont nous faisons tous partie"
Merci pour ce récit en tout cas
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Ça fait vraiment envie !
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"on on était bien loin des clichés habituels : je n'ai croisé ni chirurgien, ni rentier, ni patron du CAC40. En revanche, j'ai pu partager la forêt et quelques pichets avec un carrossier, mais aussi avec 3 agriculteurs du sud ouest" ?
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ouais 'fin pour un mec à la retraite il est pas trop inactif le père Enak
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