Drone Hexo+ : prise en main

Hexo+ est le projet de "drone suiveur" d'une start-up grenobloise, Squadrone. Ce projet a bénéficié d'une grande visibilité dans notre monde des choses qui glissent de par la présence dans l'équipe fondatrice d'un parrain prestigieux : Xavier De Le Rue.

En résumé, l'Hexo+ est un drone sans pilote, qui va suivre son propriétaire et le filmer, avec une grande variété d'angles, facilement paramétrables via une application mobile (c'est d'ailleurs le téléphone qui est suivi via une liaison Bluetooth). Bref, la promesse d'images inédites et spectaculaires en toute autonomie.

16 mois plus tard, les premiers exemplaires de l'Hexo+ commencent à être livrés (pas encore le notre mais ça ne saurait tarder). Il était temps d'effectuer un petit test sur le terrain en profitant de la neige fraichement tombée.

l'effet wow de la prise de vue aérienne : rien à dire, c'est beau, très beau. Il va falloir faire attention à ne pas en abuser mais les drones ouvrent des perspectives inédites et permettent de saisir de façon saisissante la beauté des paysages de montagne, en intégrant parfaitement les évolutions des skieurs.

la simplicité de paramétrage des actions via l'application mobile : follow, travelling, 360°... l'application est simple, ergonomique et destinée à être enrichie régulièrement.

un cameraman volant : sur des trips / session backcountry en mode commando, le combo Hexo+ / Gopro sur les skieurs constitue une alternative de production tout à fait crédible quand il n'est pas possible d'emmener un cadreur (et encore moins un opérateur drone dédié).

la qualité des images : c'est celle de la Gopro que vous attachez au drone. Donc du tout bon!

l'absence de détection de collision : la technologie n'est tout simplement pas prête. De façon plus générale, il conviendra de ne jamais oublier qu'un drone est un projectile en puissance.

la nuisance sonore imposée aux autres usagers de la montagne : tensions (légitimes selon nous) à prévoir en randonnée.

l'encombrement : pas question de ranger l'Hexo+ dans un sac à dos, tout au plus est-il possible de l'accrocher par dessus. Il ne faudra dès lors pas compter rider fort quand l'oiseau ne vole pas. 

l'autonomie de la batterie : il faut compter 10 à 15 minutes de vol grand maximum par batterie. La gestion de l'autonomie est stressante car le drone va se poser automatiquement passé un certain seuil : si c'est au milieu d'une face, ou au dessus d'une forêt, ça peut poser problème.

Mettons les choses au clair tout de suite : vous ne pourrez pas utiliser un tel engin sur un snowpark ou sur les pistes de votre station préférée. 

Les marques de drones rechignent, on comprend aisément pourquoi, à tenir un discours clair sur les contraintes juridiques d'utilisation de leurs appareils. Hors, il n'y a guère de flou en la matière : l'utilisation d'un drone, qu'il soit "suiveur" ou "piloté" est strictement réglementée. Il est par exemple interdit de survoler zones d'habitation ou personnes. Avec une vitesse de pointe de près de 80 km/h, on imagine aisément les conséquences d'une défaillance technique ou d'un mauvais paramétrage, qu'il s'agisse de rentrer en collision avec une personne ou un équipement comme une remontée mécanique. De la même façon la chute libre d'un objet de plus d'un kilo depuis une hauteur de plusieurs dizaines de mètres peut avoir des conséquences lourdes.

Chez skipass.com, nous sommes avant tout intéressés par le potentiel de l'engin sur des sessions de ski de randonnée, loin de la foule et idéalement hors des itinéraires classiques. Car là encore, il faudra composer avec les autres usagers de la montagne, et faire preuve de pédagogie et retenue, eu égard à la réalité de la nuisance sonore que représente cette technologie. 

A 1200 euros sans camera ni batteries supplémentaires (indispensables), l'Hexo+ ne se destine pas à toutes les bourses, pas plus qu'il ne se destine à tous les usages. A moins d'être très riche, vous ne dépenserez pas une telle somme pour filmer vos sessions entre potes.
Pour les professionnels et assimilés, c'est une toute autre histoire : riders désirant auto-produire leurs images, boite de prods et media souhaitant une solution légère et rapide à mettre à oeuvre, guides, moniteurs, stations... Les applications sont nombreuses, à condition de respecter le cadre juridique et les règles de sécurité. 

Dans tous les cas, si l'utilisation de l'Hexo+ nous a semblé très simple, elle ne pourra pour autant pas être "spontanée", du fait de la complexité inhérente à la navigation d'un aéronef.
On est bien loi du fantasme de "j'arrive sur le spot, je sors mon drone et c'est parti". Il est indispensable d'avoir un plan de vol avant de s'engager, sous peine de le payer très cher quand votre drone vous suivra dans cette zone boisée en fin de run. Bref, il va falloir visualiser de façon très précise vos points de passage et ceux du drone, et paramétrer ce dernier en conséquence. Penser décollage, évolution mais aussi atterrissage. Pour votre sécurité, celle des autres et celle de votre portefeuille.

Remerciements : 

la station de ski de Lans en Vercors (Jérôme, Ludovic, Michel...)

Matthieu et Thomas de Hexo+