Près de 900 participants ont dévalé les Vallons de la Meije
Vendredi dernier a eu lieu la 27ème édition du Derby de la Meije à la Grave, nous y étions et avons aussi participé. On vous raconte.
Le Derby a lieu chaque année le premier vendredi d’avril, mais la plupart des participants arrivent les jours précédents pour faire du repérage. Même si on connait bien les Vallons, le terrain change d'un hiver à l'autre et il est « fortement conseillé » (d’après le programme) de venir reconnaitre avant de se lancer dans la course le vendredi. Cela permet d’affiner sa ligne, que ce soit en fonction des zones en champ de bosses, du type de neige, de la zone d’arrivée, etc. Les premiers départs se font à 9h30 mais avec près de 1000 concurrents la qualité de la neige évolue au fur et à mesure de la course, mois d’avril oblige : plus on obtient un numéro élevé, plus on a de la chance que la neige ait ramolli. C’est pour ça que l’attribution des dossards, aléatoire, est toujours un moment stressant qui définit si l’on va passer juste une mauvaise nuit ou bien une très mauvaise nuit la veille du Derby…
Le jeudi c’est la répétition générale : dernières reconnaissances, concert, briefing sécurité, affutage, fartage, et évidemment chambrage entre concurrents… C’est le moment où les participants essaient à la fois de se rassurer et déstabiliser leurs adversaires sur leur choix de ligne ou leur fartage… Le parcours est peu bosselé cette année, la neige plutôt agréable, ça risque d’aller très vite et l’arrivée placée aux alentours de 2100m pourrait aider à l’explosion de quelques records. Reste l’éternel suspens de la météo, mais nous aurons encore un beau miracle de la Meije, le ciel bâché et les quelques gouttes n’arriveront que dans l’après-midi après la compétition.
Pour être surs que les participants soient à l’heure au départ de leur vague, l’organisation leur demande d’être au téléphérique assez tôt, 6h45 pour les premiers. Il faut dire que c'est long de monter jusque là-haut, mais nous avions tout de même bien le temps de stresser en attendant d’en découdre. Un concurrent en ski de fond, l’équipe de bobsleigh de la Jamaïque, une équipe de voiliers, une équipe de bouteilles de Chartreuse, il se passe de drôle de choses sur le glacier de la Girose : pas de doute c'est bien le Derby de la Meije. Il y a des visages concentrés, il y a ceux qui grattent du fart, ceux qui se chauffent les cuisses, ceux qui chantent… Chacun son engin de glisse, ski, VTT, monoski, snowboard, paret, luge à foin, c’est une grande réunion de famille mais il y a tout de même un chrono et ça, ça compte un peu. D'ailleurs tout le monde essaie de se la jouer détendu, mais le stress n'est pas loin. Car le Derby de la Meije c'est pour beaucoup l'occasion de tester ses limites, de voir jusqu'où on peut aller que ce soit physiquement ou mentalement. Tout en essayant d'arriver en bas entier !
Avec un peu de retard, à 10h, la course est lancée. Dix par dix, toutes les minutes, les concurrents partent et se dispersent dans l’immensité des vallons, chacun empruntant la ligne qu’il a estimé être la plus rapide en jonglant entre la pente, l’exposition, le type de neige, les bosses… Le départ se situe à 3500m en haut du glacier. La course commence pour tout le monde de la même façon : un grand schuss droit sur la piste pour essayer d’aller le plus loin possible sur le plat montant qui rejoint la gare du téléphérique, point de passage obligatoire avant de plonger dans les vallons. A cet endroit, un bon fartage peut permettre de gagner de précieuses secondes… Et éviter de se cramer les poumons et les jambes en pas de patineur.
Ensuite on plonge littéralement dans les vallons, avec trois entrées au choix (passage à la motrice interdit cette année). Le haut des vallons est la partie la plus pentue, et on distingue deux lignes principales : soit droit dans la pente en direction de la moraine, dans une section assez bosselée, soit une traversée à gauche sur le flanc des vallons, avant de tirer droit un peu plus loin pour rejoindre la moraine, dans un mur un peu plus lisse et (légèrement) moins raide. On voit ici les deux options, à droite direct vers le fond ou à gauche sous les rochers avant de basculer plus loin derrière les dômes :
La moraine, c’est cette espèce de grande arête qui découpe les vallons en deux. Cette année tout le monde ou presque est resté du côté gauche, au fond, car l’arrivée était assez haute et il n’était pas nécessaire de basculer du côté droit (la « zone interdite », car au pieds du glacier et susceptible de recevoir des chutes de séracs). Seb Mayer a choisi la première option des vallons, droit dans le raide et les bosses :
Pour finir, comme on le voit dans le run de Seb, après le plat du fond de la moraine il restait un dernier goulet bien gelé et bien bosselé. La zone d’arrivée était redoutée par beaucoup depuis la veille car les organisateurs avaient installé une chicane pour obliger les participants à ralentir. Impardonnable pour celui qui n’avait plus de cuisses, elle en a éjecté plus d’un dans les filets ou dans les arbres ! Comme Antoine Benini, qui finit tout de même onzième après avoir fait un bisou au mélèze mal placé :
Tout le monde est convié au repas après la course, en début d'après-midi. Une tartiflette géante était servie par un certain Freddy Quenet, vainqueur en monoski. Une bonne bouteille sur la table aidant, chacun refait la course : ça chambre encore, forcément, et on en apprend de bonnes aussi ! Charlotte De Beytia a finalement trouvé un contraceptif compatible avec les derbys (voir l’article du Derby 2014) et elle l'emporte en télémark dames. Le petit bénévole qui fait cuire les crêpes en 00:07:19 c'est Hugues Castillan vainqueur de la catégorie engins spéciaux (skwal). Et la fusée du jour, en 04:16 c’est le fameux Olivier Meynet qui remporte son cinquième Derby de la Meije. De nombreux skipasseurs étaient présents également, habitués comme nouveaux sur le Derby. Après avoir débattu sur les forums pendant des mois, ils ont pu régler ça sur le terrain ce vendredi 3 avril. Et certains n'ont pas démérité, bravo à eux ! Pour d'autres c'est reparti pour un an de chambrage en attendant l'édition 2016, la préparation physique (et surtout mentale) commence...
Les temps :
Meilleur temps Homme : OLIVIER MEYNET 00:04:16,614 en Ski
Meilleur temps Femme : CAROLINE MEYNET 00:05:32,705 en Ski
Meilleur temps Jeunes Homme : TOMMY PHILIPPE 00:05:20,020 en Ski
Meilleur temps Jeunes Femme : CLELIA GALLAIS 00:10:19,672 en Ski
Meilleur temps Télémark Homme : CYRIL MEYNET 00:05:22,193
Meilleur temps Télémark Femme : CHARLOTTE DE BEYTIA 00:07:08,826
Meilleur temps Monoski Homme : FREDDY QUENET 00:05:44,162
Meilleur temps Monoski Femme : FLEUR WICKER 00:10:36,143
Meilleur temps Surf Homme : DAMIEN DONNER 00:06:32,017
Meilleur temps Surf Femme : CAROLE DECHAMBRE 00:08:39,032
Meilleur temps Autres Engins Homme : HUGUES CASTILLAN 00:07:19,704 (Skwal)
Meilleur temps Autres Engins Femme : MARION NEKADI 00:14:47,142
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