photo d'en tête : Julia Roger Veyer
L’aventure Lagoped commence en 2017 avec trois passionnés de grands espaces qui se rencontrent en montagne. Christophe, Pierre et Julien se disent qu’il doit y avoir une alternative à la fabrication des vêtements techniques qu’ils portent et un moyen de réduire leur pression sur la Nature en s’inspirant d’elle.
Passer du temps dans la Nature, c’est se sentir libre d’aller où nos yeux nous portent, ressentir sa force. Et le corollaire de cette liberté c’est la prise de risque, l’engagement.
L’idée simple de départ est de retrouver dans nos vêtements les valeurs que nous allons chercher dehors :
- L’engagement dans une voie
- La liberté de nos choix
- Le partage avec les membres de la cordée
Nous avons eu la chance de commencer à partir d’une page blanche sur laquelle nous avions le choix de tout écrire. Dès le départ nous avons compris qu’il fallait se fixer un cahier des charges exigeant pour encadrer notre fabrication. Nous avons passé une année à chercher des solutions et, comme en montagne, nous avons bien choisi notre voie avant de nous y engager parce que nous savions que le demi-tour ne serait pas possible. Pour y parvenir, nous suivons une éco-conception de « bon sens » dans une démarche sincère et transparente.
Il nous fallait un guide et le lagopède s’est vite imposé comme notre mentor. Nous avons souvent croisé cet oiseau extraordinaire en montagne. De la taille d’une perdrix, il vit par milliers en Europe et dans tout l’hémisphère nord. Une relique glaciaire qui a survécu au réchauffement climatique il y a 10’000 ans et qui change la couleur de ses plumes à chaque saison. C’est un oiseau montagnard discret et frugal qui a appris à ne prendre que le nécessaire.
Croiser un animal sauvage dans la Nature a toujours été une expérience émouvante, un instant où le temps s’arrête. Il nous rappelle que nous sommes des « invités » qui ne doivent laisser que la trace de leurs pas sur leur passage.
Nous avons choisi une démarche exigeante en Union Européenne (UE) parce que cela nous tenait à cœur de promouvoir le modèle économique et social européen, un écosystème engagé, solidaire et vertueux, avec 450 millions d’habitants qui partagent un projet commun centré autour de la liberté individuelle et l’égalité des droits.
L’UE est aussi un moteur pour le développement des normes environnementales au niveau mondial avec près de 20% de l’électricité provenant de sources renouvelables en 2019 (Source : Eurostat). Et l’ensemble de notre écosystème en bénéficie.
Un chiffre nous a effrayés : les Nations Unies estiment que le travail forcé concerne 152 millions d’enfants dans le monde (Source : International Labour Office) et les pays et les secteurs à risque sont suivis et documentés (Source : 2020 list of goods produced by child labor or forced labor, Department of Labor USA). Travailler en UE nous semble être un bon moyen de réduire significativement le risque d’être impliqué. C’est valable pour Lagoped et aussi pour nos clients.
Surtout, fabriquer en Europe nous permet de bénéficier d’un immense savoir-faire textile. Il existe de formidables artisans et industriels spécialisés à la pointe des innovations textiles et qui fabriquent des matières que le monde entier nous envie.
Le « Made in » est la partie la plus visible et la plus connue du grand public. Elle constitue la phase finale de l’assemblage du vêtement : en pratique, un atelier de couture reçoit des rouleaux de tissu et les accessoires, découpent selon le patronage fourni (l’équivalent des plans pour une maison) et assemble le vêtement final. Cette phase finale du « made in » est la partie visible de l’iceberg de la fabrication des vêtements mais elle ne concerne que 8% de l’impact sur l’environnement (source Measuring Fashion, Quantis 2018).
La partie invisible de l’iceberg représente 92% de l’impact qui est généré en amont de cette phase finale. C’est ce qu’on appelle le « sourcing » dans le jargon du textile. Il faut fabriquer les fibres puis le fil, vient ensuite le tissage / tricotage (les rouleaux) et enfin la teinture et les apprêts (lavages et déperlants par exemple).
En prenant une image cinématographique, le « Made in » correspond aux 8 dernières minutes d’un film de 2 heures. Il nous paraissait difficile de bien suivre l’histoire si on a loupé les une heure et cinquante-deux minutes qui précèdent. Nous effectuons le sourcing et l’assemblage en EU afin de garder une meilleure maîtrise sur toute la durée du film et l’ensemble des impacts environnementaux.
Afin d’améliorer la traçabilité, nous utilisons des matières fabriquées en UE depuis le fil (France, Italie, Espagne, Slovénie). Être impliqués dans l’ensemble des étapes de fabrication des tissus nous permet de faire les bons choix à chacune des étapes. Nos fournisseurs partagent notre démarche : ils sont transparents et nous donnent toutes les informations sur leurs propres fournisseurs.
Travailler en Europe implique un partage plus équilibré de la valeur avec tous les acteurs impliqués. Sur un tee-shirt vendu, la différence entre du made in Asie et du made in EU réside principalement dans le partage de la marge entre la marque et l’amont de la fabrication : le tricoteur et l’atelier de fabrication.
Les autres paramètres ne sont pas vraiment négociables : le magasin a besoin de la marge nécessaire pour payer ses salariés, ses loyers, assurances et charges. La TVA n’est pas plus négociable. Il ne reste que les fournisseurs à qui on peut demander un effort ou aller voir ailleurs pour trouver moins cher.
Aujourd’hui, un T-shirt en matières « éco-responsables » est vendu entre 35€ et 45€ dans le commerce. Avec une fabrication UE nous ne pouvons pas rivaliser avec les « premiers prix ». Mais nous arrivons à rester dans cette fourchette.
Nos t-shirts sont différents. Ils sont filés en Espagne, tricotés en France et assemblés au Portugal. Le choix d’un sourcing et d’une fabrication en UE permet de transférer 15% de la valeur du tee-shirt au tricoteur et à l’atelier. Autrement dit, nous pourrions gagner 15% de plus en allant chercher un sourcing et une fabrication en dehors de l’UE. Nous faisons cet effort parce que nous pensons que c’est plus juste pour nos partenaires de la filière textile, pour nous, et pour nos clients.
Pour nous aider quotidiennement dans nos choix de matières pour nos vêtements nous revenons à l’idée première de Lagoped : la sobriété de l’oiseau. Et cette sobriété se traduit par la réduction de notre pression sur la Nature. Concrètement, pour y parvenir, nous avons décidé de ne pas utiliser de matières issues de l’extraction. Cela implique d’exclure les matières naturelles (issues de l’agriculture ou de l’élevage) ou les matières synthétiques vierges (industrie pétrolière) et de privilégier le recyclage des déchets pour la fabrication de nos vêtements.
C’est un choix fort et structurant qui nous permet de préserver l’eau et les terres arables, éviter la déforestation et limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Pour réduire notre impact « invisible » nous utilisons des produits déperlants et des membranes qui ne contiennent pas de composés fluorés (les «PFC») qui sont classés comme des perturbateurs endocriniens. Un sujet d’actualité avec un film récent qui raconte le procès aux Etats-Unis d’une entreprise accusée d’avoir empoisonné une communauté avec ces produits (Dark Waters avec Mark Ruffalo et Anne Hathaway, 2019)
Pour nos vêtements techniques, nous avons opté pour la membrane Sympatex qui ne contient pas de composés fluorés contrairement à d’autres membranes et qui offre d’excellentes qualités mécaniques (coupe-vent, imperméabilité et ventilation). Et en plus, elle est recyclée, recyclable et fabriquée en Europe.
Le recyclage permet d’absorber le stock de matières déjà en circulation et de réduire significativement les impacts. Par exemple, 1KG de coton recyclé permet de fabriquer 6 T-shirts qui vont éviter (source : AITEX, Universitat de Valencia et UNESCO) :
- la culture de 10m2 de terres arables,
- l’utilisation de 15'000 litres d’eau (120 douches de 5 minutes)
- l’émission de 23kg d’émissions de gaz à effet de serre (environ 200KM avec une petite voiture essence qui consomme 6.5L/100KM et émet 125g)
Enfin, nous nous engageons dans la fin de vie de nos vêtements. Avec notre fournisseur Sympatex® nous débutons l’expérience qui vise à refaire du fil à partir de nos vêtements techniques (programme Wear2Wear). La circularité devient une réalité et n’est plus tout à fait un rêve lointain.
De son côté, la laine recyclée permet de réduire de 98% les impacts environnementaux par rapport à la laine traditionnelle (source : Systèmes Durables et EVEA conseil).
Nous fabriquons des vêtements qui durent, car la durabilité est essentielle pour la réduction de l’impact. En pratique, nous développons cette durabilité à tous les niveaux de la conception à la distribution jusqu’à la réparation.
Au moment de dessiner nos collections, nous travaillons sur des modèles dont le spectre d’usage est le plus large possible : pour une éco-responsabilité d’usage et pas seulement de fabrication. Par exemple la veste EVE peut convenir à un usage toute l’année avec une dominante pour les activités hivernales, le ski, la cascade de glace et le ski de randonnée. La veste TETRAS convient aussi à un usage toute l’année avec une dominante pour les activités estivales, la randonnée et le trekking. Dans les deux cas, nous traduisons la dominante dans le code couleur utilisé et les accessoirisations (poches, ventilations, poids). Un amateur peu intensif n’aura pas l’usage de deux vestes (alors qu’un professionnel oui) et pourra utiliser son modèle toute l’année.
C’est dans le même esprit que nous avons conçu le sac à dos Kiiruna. Il peut être utilisé en hiver pour le ski de randonnée et le ski alpinisme (porte ski / porte piolet) tout comme l’été pour l’escalade ou la randonnée à la journée (porte ski inférieur amovible). Nous avons travaillé un design épuré et un volume modulable pour qu’il puisse être aussi utile en vallée et en ville. Un sac utilisé uniquement en montagne aurait un impact plus important. Il est entièrement fabriqué en UE et sa toile très solide est issue du recyclage de filets de pêche, vieux tapis et chutes de production.
Nous travaillons avec des pros pour que le vêtement offre les fonctions attendues de la pratique principale dans des conditions intensives. Et notre communauté fait des retours constants pour les améliorer.
Pour nos vêtements techniques, nous utilisons des colorants spécialement résistants aux rayonnements UV. En pratique, vous n’avez pas de décoloration sur les zones exposées au soleil et pas de traces de bretelles de sac à dos. La couleur dure et le vêtement garde un aspect « neuf » plus longtemps.
Nos collections ne changent pas chaque année et cela nous permet de les reconduire auprès de notre réseau de distribution et évite de solder la « vieille » collection pour faire de la place pour la nouvelle. Ne pas changer à chaque saison permet aussi de limiter les déchets de matériaux en utilisant les reliquats de fabrication (les « left-overs » dans le jargon du textile), et de consolider les teintures pour réduire le nombre d’opérations et la consommation d’eau. Et nous mutualisons les tissus sur différents vêtements, par exemple le tissu des veste TETRAS pour les empiècements des polaires RYPA.
Nous garantissons nos vêtements techniques 5 ans et nous proposons un service de réparation avec un atelier basé en Haute Savoie. Il peut changer un zip et réparer un trou ou une déchirure sur nos articles à membrane, dans la couleur d’origine du tissu. Vous pouvez facilement enregistrer votre achat sur l’application ZenOwn® à l’aide du code barre de votre étiquette. L’application est téléchargeable sur votre mobile et facilite la prise de contact avec nos équipes en cas de besoin de réparation.
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