Depuis toujours synonymes de fantasmes, de peurs, de croyances et de mythes, même endormis, les volcans ne laissent pas indifférents. A regarder de loin le Massif Central, qui ne se prend pas à rêver de chausser les bottes de 7 lieues et sauter de cratère en cratère ? Qui n’imagine pas tout à coup voir surgir la fumée, les cendres et la lave, voir se réveiller ces géants au repos depuis si longtemps ?
Quelle chance d’avoir en France, au cœur même de notre pays, le plus grand ensemble volcanique d’Europe. Juste à portée de mains, réparti sur deux départements – le Puy de Dôme au nord et le Cantal au Sud – le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne s’étend sur 400.000 hectares et offre à qui veut bien s’y perdre une diversité et une richesse incroyable. Faune, flore, géologie, histoire, patrimoine et paysages à couper le souffle se mêlent dans ce territoire préservé, fertile, où le temps semble s’être arrêté, ou presque.
Mon dévolu s’est porté sur les Monts du Cantal, la plus méridionale des quatre zones volcaniques qui composent le Parc. Ici, les sommets, crêtes et plateaux forment en réalité un seul et même édifice volcanique de 80km de diamètre, qui s'étend sur 2000 km². Un stratovolcan formé de strates de laves, de cendres et de blocs qui s’est façonné au gré des éruptions, sur une période de 10 millions d’années. Et puis, il faut dire aussi que le stratovolcan abrite la station du Lioran, la plus grande des 13 stations de skis du Massif Central, celle qui culmine le plus haut, avec ses 1856m d’altitude au sommet du téléphérique de Plomb du Cantal. Mais ne parlons pas de ski pour l’instant, il me faudra y retourner en hiver.
C’est en pleine saison d’été que j’ai découvert Le Lioran. Réputé humide avec son climat montagnard et sa pluviométrie abondante, ce sont surtout des vallées ouvertes – et bien vertes - que j’ai pu fouler sous un soleil radieux, comme si les Dieux avaient décidé de tout mettre en œuvre pour valoriser ce petit coin de paradis. Douce chaleur en journée, fraîcheur pendant la nuit, les effets de la canicule se font sentir moins durement dans ce coin du Cantal où il fait bon vivre.
Ici, c’est dans une ambiance familiale et chaleureuse qu’on est accueilli. Ici, pas de chichis. Les gens sont simples et fiers de leur pays. Ici, tout le monde se connaît et, pour peu que l’on soit accompagné d’un bon guide, les sourires pleuvent, les bons mots aussi, faisant de son séjour un véritable moment de détente, loin de tout, loin, du temps. Déconnexion garantie.
Côté activités, la plus évidente et celle qu’il ne faut pas négliger est, bien-sûr, la randonnée. Fouler les chemins de crêtes apporte son lot de panoramas à 360 degrés. Accessible à pied depuis le village ou par le téléphérique au nom éponyme, le Plomb du Cantal, perché à 1856m, est le point culminant de la station. Quelques minutes de marche facile suffisent à en atteindre le sommet. Là-haut, se présente au regard un horizon à l’infini. Au Nord, le Puy de Dôme et les Monts Dore surplombés par le Puy de Sancy, au sud-est Les Cévennes, à l’ouest le Puy Mary et partout, à perte de vue, de la verdure, des champs, des villages disséminées ici et là, une nature vallonnée couverte de forêts et de prairies. Ce n’est pas un hasard si le massif est classé Natura 2000, s’attachant à faire cohabiter des activités variées, compatibles avec la préservation de la biodiversité locale.
Du sommet, la descente est possible par le téléphérique ou par les différents sentiers de randonnées ou de VTT. Une belle option consiste à emprunter l’ancienne voir romaine et le GR400 jusqu’au joli village de Thiezac. Facile mais magnifique avec sa vue constante sur les Mont du Cantal, la randonnée de 14 km déambule sur les crètes depuis le Plomb du Cantal et surplombe la Vallée de la Cère.
Pour les fans de sentiers de crètes, bien plus accessibles et moins abruptes dans les moyennes montagnes cantaliennes que dans les domaines alpins, la montée au Puy Griou au départ de Font d’Alagnon, en passant par le Téton de Vénus, s’impose. Assez technique par endroits, elle s’adresse aux marcheurs avertis. Toutefois, elle offre un point de vue unique sur le grand volcan cantalien. Avec un peu de chance, il est possible d’y croiser quelques chamois au détour de l’éperon rocheux du Bec de l’Aigle. Une belle boucle de 12km et 885m de dénivelé positif, incluant l’aller-retour au sommet du Puy Griou. Difficile de ne pas se sentir grisé en traversant les estives et en foulant les crètes jusqu’à l’arrivé au sommet, à 1690m. La dernière montée dans le pierrier de roches volcaniques demande de faire attention où l’on met ses pieds, mais quel bonheur de grimper un sommet vieux de 6 millions d’années !
Autre option, en particulier quand la chaleur s’est installée, faire une virée du côté des Gorges du Pas de Cère. En bord de rivière, la balade s’avère rafraîchissante à souhait. Verrou glaciaire naturel formé il y a plus de 20.000 ans, le Pas de Cère fait partie des sites géologiques majeurs du Cantal. Les gorges forgées par la fonte des glaciers abritent, outre la rivière Cère, la cascade de la Roucolle et sont devenues le lieu d’habitation privilégié des loutres et d’une cinquantaine d’espèces d’oiseaux qui s’épanouissent dans ce site protégé – classé Espace Naturel Sensible du Cantal - et privilégié. Mais chuuuuuut, il faudra rester discret pour pouvoir les observer…
En passant, une halte à Thiezac s’impose. La commune, traversée par le 45e parallèle nord est situé à égale distance de l’équateur et du Pôle Nord. Ce charmant village typique d’à peine plus 600 habitants regorge de trésors, dont ses jolies maisons aux murs de pierres volcaniques et aux toits de lauzes très pentus. Situé sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, le bourg est riche d’histoire. Ce serait d’ailleurs parce qu’elle serait venue prier dans la belle Chapelle Notre-Dame-de-Consolation qu’Anne d’Autriche aurait enfin donné naissance à un fils…le futur Roi Louis XIV. Un lieu divin en quelque sorte, dont le nom signifierait, selon les sources « Lieu aimé des Dieux » ou « Dieu est là ». Avec un peu de chance donc, vous pourrez peut-être le croiser…
Enfin, impossible de passer par le Lioran sans aller faire un tour au col du Perthus. Si ce n’est pour son emplacement central qui donne accès à de nombreuses randonnées (Puy Griou, Puy de l’Usclade, Vallée de la Jordanne, L’Élancèze ou le tour du volcan Cantalien), tout au moins pour la vue sublime qu’il révèle alentours. Rien de tel que terminer sa journée face au coucher de soleil, confortablement installé dans un hamac entre deux arbres des bois qui essaiment à proximité. Et puis, pour qui est fan de cyclisme, c’est revenir sur les traces de Greg Van Avermaet, vainqueur de la 5ème étape Tour de France 2016 qui passait par le Col.
En parlant de bois justement, comment ne pas retrouver son âme d’enfant en allant grimper aux arbres? Au cœur de la « Jungle Verte » du Lioran, Félix et son équipe de « manieurs de poulies » accueille petits et grands avec professionnalisme et bonne humeur dans son parc accrobranche. Après le passage obligé par l’étape briefing et le parcours de démonstration, place à l’aventure. En toute sécurité bien sûr. Bien arrimé aux câbles grâce au système magnétique, il fait bon se laisser aller à parcourir les ponts de singes, se laisser glisser sur les tyroliennes, jouer à Tarzan ou se prendre pour Ethan Hunt (attention, arrivée dans le filet pas toujours digne des meilleurs agents secrets !), à franchir les obstacles divers et variés. Les 9 parcours de 1 à 25 mètres de hauteur sont bien pensés et la progression régulière jusqu’à atteindre le parcours noir. En cas de refus d’obstacle ou de crise de vertige intempestive, pas de panique. Les portes de sorties sont nombreuses pour éviter les passages les plus impressionnants. Et quand vraiment ça ne va pas, Valentin ou Nicolas seront là pour vous sortir du mauvais pas… à moins qu’on ne les retrouve pas, déjà occupés quelque part avec un autre naufragé des cimes…
Prévoir la demi-journée pour tout faire et en profiter. D’autant plus que l’option Quick Fly, à la fin du circuit, ne se refuse pas. Se jeter d’une plateforme située à 10 mètres de hauteur, croyez-moi, ça réveille le palpitant ! Et puis surtout, ça justifie amplement une bonne petite bière en terrasse pour se remettre de ses émotions ;-)
C’est toujours avec la bande de joyeux malfrats du Lioran Aventure que l’on peut réaliser un autre rêve d’enfant, celui de dormir dans les arbres. La hutte perchée – bien arrimée à 9m de hauteur dans la forêt, offre un niveau de confort surprenant à cette hauteur. Dans une ambiance chaleureuse au style montagnard, la cabane est équipée d’un grand lit double et sa couette en plumes, d’une petite table, une terrasse, de chauffage, d’électricité (histoire d’immortaliser ce savoureux moment), d’un lavabo avec système de pompe et de toilettes sèches. Oui parce que quand même, il faut grimper là-haut via 2 échelles et une tyrolienne, du coup on ne redescend pas toutes les 2 minutes pour la petite (ou la grosse) commission ! Autre solution, ne pas boire ni manger quelques heures avant d’y grimper… mais il faut avouer que ce serait dommage. Bref, une expérience à tenter. Le plus dur n’est pas d’y monter, mais bien de se réveiller dans ce cadre ou aucun bruit ne vient s’inviter, sauf le chant des oiseaux au petit matin. Les chanceux bénéficieront de la visite d’un écureuil curieux venu dire bonjour ou d’une petite brise qui apporte son lot de sensations…
Et ce n’est pas fini ! Au Lioran on trouve aussi une foultitude d’activités de sports, loisirs et détente à savourer en été. Un passage à Deval’Luge, la luge d’été, s’impose. A fond les manettes, ne pas hésiter à les pousser au maximum pour aller vite et prendre des G dans les virages.
Autre activité phare lancée en 2023, la tyrolienne géante, longue de plus d’un kilomètre. Mais ça je vous en reparlerai, parce que pour l’instant, l’activité est stoppée.
Last but not least, même si je n’ai pas testé cette fois, le VTT. Avec son Bike Park entièrement équipé, ses 7 pistes de descente de la gentille verte aux 3 noires engagées, ses circuits de 4 à 20 kilomètres, la station est un véritable temple de la pratique. Le tout premier pumptrack de France fût même ouvert ici dès 2012. C’est dire l’implication mise sur cette activité par la station.
Bref, comme le dit le site officiel : « Au Lioran, il y a toujours quelque chose à faire ».
C’est ici, sur la « place centrale », le « front de neige » en hiver, que l’on se retrouve. Grand espace aménagé comme dans toutes les stations « skis aux pieds», c’est le carrefour des activités, le point de rencontre, le point de vue sur l’ensemble de la station et du domaine.
C’est aussi là que s’étendent les terrasses des établissements de restauration, où se côtoient gargotes, cantines, buvettes, bistrot et surtout le Schuss. Restaurant emblématique du Lioran, il propose à la dégustation des plats élaborés à partir de produits locaux de qualité. Si vous aussi les noms de Salers, Cantal, Saint-Nectaire, Fourme d'Ambert, Bleu d'Auvergne et Truffade vous font saliver, faites une pause. Pour ceux qui n’ont pas le temps, le snacking se dévore sur le pouce et sur place, ou bien à emporter. Autant que l’apéro. Mais la véritable bonne raison d’aller au Schuss, c’est Sophie. Et il n’y a pas moi qui le dit ! Une efficacité redoutable, un sens du service inégalé et un humour bienveillant, le combo parfait pour se sentir bien et profiter du moment. Foi de secrétaire !
Parce que toute bonne chose à une fin, j’ai fini par quitter ce petit havre de verdure avec l’envie féroce d’y revenir. Comment résister à la douceur, la sérénité et la simplicité ambiante de cette station dont le premier hôtel fût construit en 1896, accessible en train, et dont le ski club fut créé en 1908 ?
Je reviendrai, en hiver je l’espère.
45 pistes, 19 remontées mécaniques, un domaine de 150 hectares, un microclimat cantalien à faire pâlir quelques réfrigérateurs de grandes marques paraît-il (on en reparlera…), une architecture typique (et quelques bâtiments d’inspiration expérimentale), la station conçue avec le concours d’Emile Allais dans les années 60, bien que discrète, semble prometteuse.
Y' plus qu'à...
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