Quand Luighi Rottier d’OriginAlps t’appelle et t’invite avec quelques autres riders à visiter un petit coin perdu en Tarentaise et qu’il te le présente comme un spot paradisiaque, tu ne traînes pas à faire ton sac…
Cet endroit, c’est le petit village de Versoye et plus particulièrement le Versaya, que tient Thierry, un vrai montagnard qui sait accueillir ! Néanmoins, avant d’accéder au gite, tu dois attendre qu’il vienne te chercher en bas de la route. Plus de déneigement assuré par les services municipaux mais avec son 4X4 chainé et une lame sur le pare buffle, il gère tout seul et tout au long de l’hiver cette « petite » contrainte.
Nous sommes le 25 janvier et il est tombé pas moins de deux mètres en cumulé pendant les deux dernières semaines. Autant dire, un paquet de passes de cette fameuse lame ! J’arrive un peu tard mais Thierry est bien là pour me récupérer, au croisement de la route du Cormet de Roseland et du chemin qui mène à Versoye.
Loic Burri, Luighi Rottier, Estelle Perroto sont déjà autour du feu avec le jeune Paul Viard Gaudin et Florian Monod aux commandes des appareils qui produisent des images.
J’ai bien pensé à prendre mon sac de couchage et je suis plutôt fier de moi mais quand je découvre la suite qui m’est réservée, du même standing que les autres d’ailleurs, je me dis que je vais peut-être rester là jusqu’à la fin de l’hiver. Je vais surtout vite planquer ce sac de couchage qui fait un peu tache dans le décor…
Une bonne première nuit donc et après un petit déjeuner à faire pâlir quelques beaux établissements des stations environnantes, on chausse les skis devant la porte pour aller visiter la petite forêt qui surplombe le village. Il neige toujours, la visibilité est proche du néant et on va se contenter pour ce premier jour de jouer tranquillement à l’abri de toute mauvaise surprise.
Un petit 400 m de dénivelé et on se réfugie dans une petite bergerie qui se prête parfaitement à une pause casse-croûte. Un peu de tome et de saucisson, une gourde de gnole et on pourrait repartir mais ça continue de poser. Le vent nous indique gentiment la marche à suivre et on s’exécute sans rechigner. Exit les peaux, on sort les masques avec les écrans roses et ayant fait la trace dans 50cm de poudre à la montée, on sait à peu près à quoi s’attendre.
Évidemment, on ne se met pas le plus long run de notre vie mais on en prend plein les narines et la neige est juste d’une légèreté incroyable. Un petit avant-gout du lendemain avec un grand soleil annoncé et -10 degrés au réveil.
On se cale alors bien sagement au Versaya avec Estelle (Yogamountains) qui nous improvise une petite séance de yoga et qui réussit à ouvrir nos chakras. Personnellement, elle m’a surtout ouvert celui de la soif et il se trouve que nous avons à disposition à la fois un frigo bien fourni et un jacuzzi extérieur à 40 degrés. Résultat des courses ; il est 21h30, on se met une bonne croziflette accompagnée de quelques diots, on regarde les quelques shots de la journée et on se glisse sans se faire prier dans nos grands lits douillets.
Pas besoin de réveil pour ce deuxième jour, il neige toujours mais on sait que le ciel va vite se déchirer et laisser sortir un ami que l’on ne voit pas souvent ces derniers temps.
La trace de la veille n’a pas survécu et aujourd’hui, c’est plutôt 1200m de dénivelé qui nous attendent avant d’atteindre l’objectif. On sait qu’on va devoir se tirer un peu sur la couenne mais le décor est tellement grandiose qu’on ne sent rien passer (bon d’accord, on a mis 3h et demi pour monter et une équipe de cafistes nous a fait la trace…)
On arrive là-haut ; vue imprenable sur le Mont Blanc d’un côté, et sur l’Aiguille du Clapet de l’autre directement accessible depuis le col du Petit Saint Bernard. Les domaines de Sainte Foy et des Arcs paraissent bien calmes et on aperçoit même quelques pentes Tignardes.
Tout est beau et on s’émerveille mais concentrons-nous quand même sur ce qui nous attend. La pente est peu soutenue, bien à l’abri du vent mais on doit quand même tout envisager et les échappatoires sont multiples en cas de mauvaise surprise.
Néanmoins, pas question de trainer au milieu des pentes et nos deux preneurs de vue ont déjà repéré quelques places stratégiques sur lesquelles ils peuvent manipuler leur matos en toute quiétude.
C’est moi le plus vieux et j’ai donc l’honneur d’ouvrir le bal ! Dés le premier virage, tu te demandes si t’as déjà ridé une neige de cette qualité mais surtout le rendu visuel est hallucinant. Il suffit de passer la barre des 20km/h et une fumée d’une légèreté sans pareil te poursuit et même te fait disparaître dès que tu décides de pousser un peu la machine et de boucler quelques turns.
Le plaisir de rider est même surclassé par l’effet produit par le moindre virage de tes potes et par cette poudre qui reste en suspension indéfiniment. J’imagine bien qu’à ce moment-là, vous vous dites tous « il s’emballe un peu l’ancien !! » mais j’ai vraiment rarement vu ça de mes yeux (en même temps je vous l’accorde, on ne peut pas voir depuis grand-chose d’autre)
Bref, on a tous nos runs, on prend presque plus de plaisir à regarder qu’à rider et Loic Burri prend tellement son pied qu’il met plus de nose butters que de virages dans ses lignes.
Néanmoins, on n’a pas eu un seul tir à se mettre sous la dent et on arrive au niveau des premières bergeries. Bergeries dont les toits peuvent bien souvent être détournés de leur fonction première et revêtir facilement le statut de kicker à backflip.
Encore une fois, c’est l’ancien qui se colle au crash test mais ça passe crème et le reste de la troupe suit.
En revanche, on commence à se retrouver bien bas et si sur les internets, Fatmap nous dit qu’il vaut mieux tenir une trace de traversée haute, la tentation est trop grande... Et surtout, le bruit de la rivière a toujours cette fâcheuse tendance à nous attirer (surtout moi !).
On se met alors en mode expédition et on rentre dans ce qu’on appelle dans notre jargon un itinéraire bis : des branches, des souches, un virage, une traversée, des branches, des souches… des branches, des souches, une traversée… des branches, des souches… des branches, des souches !
Puis un nouveau check et on est maintenant 200m en dessous du village. Se profile alors le meilleur moment de la journée : une remontée dans le raide, droit dans la pente, dans 1 mètre de poudre. Et là, scission du groupe. A priori, certains d’entre nous pensent qu’il est plus efficace de rempoter et d’aller sagement récupérer la route.
Ils n’ont peut-être pas tort et ils ont même plutôt raison si on raisonne en termes d’efficacité mais dans une optique de dépense calorique excessive, le meilleur choix est bien le nôtre !!
On arrive quand même juste avant la nuit avec le sentiment du devoir accompli et pas de baignade forcée pour moi malgré une proximité parfois non négligeable du Versoyen, le contrat est rempli.
L’impatience est à son comble et on regarde quand même quelques images de cette journée mémorable mais c’est la fin du trip, il se fait déjà tard et avec ce couvre-feu à 22h, il ne va pas falloir trop traîner.
C’est à ce moment-là que Thierry laisse entrevoir la possibilité de rester un peu plus longtemps dans son petit havre de paix.
C’est drôle, j’y avais déjà songé et submergé par une fatigue aussi soudaine qu’harassante, je ne me sens pas de prendre le volant et de faire les 7 km qui nous séparent de Bourg Saint Maurice.
Un plat entier de croziflette était malencontreusement resté prisonnier du four, l’épisode 2 de l’histoire du Ski de notre ami Rancho traversait au même moment l’écran du salon et quelques bières stagnaient dans la neige devant la porte. Un beau clap de fin avant de sombrer !
Il restera encore la descente du lendemain à ski jusqu’à la route avec encore une vingtaine de centimètres supplémentaires et enfin, une bonne quarantaine de minutes pour sortir la voiture du parking illusoire le long de la rivière : le pied total !!!
11 Commentaires
bravo et belles images
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Hummm, je ne me laisserai pas abusé par cette prose moins proche de la réalité qu’un doux rêve ouaté et tant d’images sublimées.
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