Pas trop sûr de me rappeler vraiment d’où ça vient mais il me semble que ça date de quelques années en arrière où, justement en plein milieu des Grands Vallons à Val d’Isère avec un groupe, le guide qui commençait un peu à s’agacer de la lenteur de certains, leur avait sorti « bon, c’est bon, vous arrêtez maintenant de promener le teckel ! ».
Disons que l’expression est restée (il n’y avait pas, j’espère, de copyright), et a été un peu notre fil rouge durant cette semaine où avec tout un groupe nous étions basés à Tignes Val Claret, et avons donc pu rayonner un peu partout sur le domaine de Tignes Val d’Isère. Les conditions en cette fin Janvier 2022 n’étaient pas extraordinaires : peu de neige et un anticyclone bien accroché empêchant toute velléité de précipitation. En arrivant, on était presque résignés à devoir s’en satisfaire, mais Jean-Michel Dieu de la neige nous a finalement honorés de 2 livraisons successives de 15 puis 10cm qui ont plus que sauvé la semaine… En fait, on s’est gavés !!
Les chutes de neige susmentionnées n’étant intervenues qu’à partir du lundi dans l’après-midi, la 1ère journée, le dimanche, a été consacrée à balader le teckel sur les pistes et à faire un peu de tourisme. Le domaine est quand même énorme et les possibilités nombreuses. Et parmi celles-ci, étant basés à Tignes, le passage quasi obligé, c’est l’Aiguille Percée :
Ce qui est marrant, c’est que le tourisme implique parfois de se la coller un peu pour faire les bonnes photos souvenirs ; et en l’occurrence, c’est une montée bien béton (entièrement ressaisie) qu’il faut gravir sans aucun matos. Une petite portion « alpi » alors qu’on leur avait promis une journée sur les pistes, tout ça pour dire qu’on n’a pas tous la dextérité du bouquetin ! Mais les paysages dolomitiques en valaient la peine.
Un autre "passage obligé" en terme de visite guidée sur le domaine, c’est la vallée perdue à la Daille à Val D’Isère. Ce superbe canyon dans lequel Leo Taillefer shoote des vidéos incroyables est vraiment un endroit à part, on chemine au fond d’une vallée très encaissée, entre les cailloux… il faut parfois déchausser pour passer, en fonction de l’enneigement ou du nombre d’anglais devant, bloquant le passage. C’est très ludique, même si, effectivement, ce n’est pas facile d’enchainer vu l’étroitesse du lieu et les potentielles rencontres transnationales qui en découlent !! Il faut aussi parfois passer dans des trous de souris !!
Après le tourisme, et surtout grâce à la providentielle chute de neige, nous avons pu gouter aux joies des virages en neige vierge. Ce n’est pas si courant de pouvoir enchainer les runs pendant plus de 2 jours avec peu ou même parfois pas de traces devant nous. La qualité de ladite powpow était excellente, assez froide, même s’il y a avait eu beaucoup de transport, les chutes ayant, comme souvent, été accompagnées d’un vent assez violent. Ce dernier paramètre entrainant d’ailleurs 2 conséquences majeures : d’une part il nous a fallu être très prudents vu le nombre de plaques à vent qui trainaient, et d’autre part, certaines traces d’un jour ont été vite recouvertes, et les lignes à nouveau vierges le lendemain, que demander de plus !!
J’aurais pu rajouter 153 photos de plus, mais cela aurait pu être considéré comme de la torture, et ce n’est pas autorisé par la convention de Genève ( !!!), et de toute façon, y’a des images qui bougent (comme dirait "G") plus loin dans l’article pour illustrer tout ça ! La bande son ayant été recouverte, il faut quand même noter qu’on a pas mal entendu brailler ça en bas des runs :
Pour ceux qui connaissent bien le domaine de Tignes, il existe pas mal de couloirs sympathiques plus ou moins difficile d’accès (comprendre « il faut parfois marcher un peu » !!) que nous nous devions d’aller visiter. Il a donc fallu mettre un peu les skis sur le sac… et aussi parfois naviguer au milieu des rochers (qu’est-ce que c’est sec cette année !!) pour accéder aux entrées des lignes :
Une fois arrivés en haut, c’est vraiment toujours un réel bonheur… et cette euphorie est démultipliée quand en plus on a la chance d’être les 1ers de la journée à déflorer ledit couloir. Là, c’est vraiment le pied ultime, et le plaisir de ne voir que nos 3 traces dans le couloir à la remontée (voir photo), no comment !
Petite anecdote cocasse, alors que nous cherchions à atteindre un des couloirs en dessous de Grande Balme, couloir encore vierge de toute trace bien que la journée soit bien avancée, l’un de nous, au beau milieu de la face, a soudain eu un besoin qu’on pourrait qualifier d’urgent. Heureusement, quelques rochers lui permettront d’avoir un « minimum » d’intimité, mais on s’est vraiment demandé après coup ce qu’allaient penser les bouquetins qui allaient ensuite passer par là, l’animal qui a « pondu » ça devait avoir des soucis intestinaux !
A deux reprises en milieu d’après-midi, afin d’essayer de m’éloigner un peu de la civilisation, j’ai profité du fait que j’avais les peaux dans le sac (et aussi bien sûr des supers Rossignol Nano Escaper 97 aux pieds). Après avoir échangé avec quelques pisteurs sur les conditions et les spots qui pourraient être les plus intéressants, je bascule du bas du glacier de Grande Motte dans la vallée du ruisseau de la Leisse, et me permets de lâcher les chevaux sur cette pente vallonnée peu exposée. C’est vraiment un super avantage d’avoir les peaux, je peux prolonger la glisse tant que je veux.
Une fois au fond, je suis tout seul, il n’y a aucune trace, c’est toujours des moments géniaux. Après avoir tout basculé en mode montée, je m’élève sur le flanc Ouest avec une idée derrière la tête, aller jusqu’à la Pointe de Grand Pré (3059m). Mais je dois rapidement me raviser, c’est trop sec, il n’y a pas un pet de neige sur ladite Pointe :
Pas grave, le col au Sud fera l’affaire, la face est magnifique et seulement une ou 2 vieilles traces persistent, même si à peine visibles. J’essaierais quand même de crapahuter jusqu’à la pointe Boussac (3118m) mais n’ayant ni mes crampons, ni mon piolet, me contenterais de la pointe intermédiaire. Par contre de cette arête qui sépare en fait les domaines de Tignes et Val d’Isère, la vue est magnifique, notamment sur le glacier de la Grande Motte. Et la face à skier pas mal non plus, justifiant 3 rotations tellement c’était bon !
L’avantage du freeride, qui implique de marcher un peu pour aller chercher les bonnes lignes, c’est aussi qu’on s’écarte au moins un peu des infrastructures, et c’est alors qu’on peut faire des jolies photos, photos qui garniront sans nul doute le placard à souvenirs.
Et en parlant de souvenir, les pins de la forêt du Fornet en ont laissé un beau sur le futal du « Pisteur », fallait pas que les branches en question soient beaucoup plus longues !!
L’avantage de rider avec des gens qui filment tout le temps, c’est que ça fait des supers souvenirs (45 Go de rushs quand même !)… quand en plus, une de ces personnes est capable de monter une vidéo en moins de temps qu’il ne faut au Pisteur pour choper un match sur Tinder (ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme parfois « Spielberg » !!), là, c’est vraiment le pied. Flo, aka BipBip, nous a gratifié chaque soir d’un montage des runs/lignes de la journée.
Je ne vais pas dire qu’on attendait chaque soiravec impatience la sortie de la vidéo du jour, tels des fans de Star Wars à l’épisode 28, mais quand même c’est cool. Conscients que tout n’est pas forcément bon à montrer, c’est un condensé que Flo nous offre ci-dessous, je pense que ça résume assez bien la semaine en quelques minutes : on s’est quand même bien gavés, et ça, ça fait plaisir :
Un petit regret quand même pour l’après ski, même avec la musique à fond et quelques tisanes aromatisées dans le museau, difficile de mettre le feu et de s’amuser en restant assis, cloués à nos sièges par les règles sanitaires (et les nombreux golgottes pour les appliquer) ! Mais bon, du coup, on a peut-être un peu plus dormi et moins picolé, les jambes, et le foie, nous en sont surement finalement assez reconnaissant !
3 Commentaires
Cette jolie neige et ce ciel bleu, ca donne envie ! Dans mes Alpes du Sud, on skie sur les cailloux là
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Ahahah t’as bien fait de faire une petite session de rattrapage par chez nous ????
Sacré compte rendu en tout cas !!!
Connectez-vous pour laisser un commentaire