Le printemps arrive à grands pas: comme toutes les saisons on commence à réfléchir aux grandes courses à venir et notamment aux sommets de plus de 3000 mètres qui offrent du grand ski. Cette année, à part les routes fermées jusqu'au mois de mai, tout est permis ou presque. Ce premier article d'une série dédiée aux grandes randonnées pyrénéennes s'adresse aussi bien aux locaux qu'aux alpins en manque de changement d'air. Une journée de voiture et le coup de foudre est proche !
Depuis le cirque de Gavarnie, le pic du Taillon (3144 m), à la frontière franco-espagnole est un 3000 m emblématique des plus faciles d’accès . C’est une grande pyramide érodée qui ne laisse pas insensible. A proximité de la célèbre Brèche de Roland, sa situation particulière permet aussi la découverte du massif du Mont-Perdu. Vous aimez le grandiose ? vous ne serez pas déçu !
Du randonneur expérimenté à l’alpiniste ou pyrénéiste chevronné, c’est la course printanière à faire au moins une fois dans sa vie d’autant plus que les itinéraires pour le gravir sont multiples. Avant le printemps, il faut partir de la station de Gavarnie-Gèdre à 1850 m. Au mois de mai, quand la fonte est déjà bien avancée, la route permet d’accéder au col des Tentes et minimise la longueur et le dénivelé de l’entreprise.
Période favorable: Envisageable de début à fin de saison, du moment que les conditions nivologiques le permettent.
18 mai 2020 – J’ai ce sommet en tête depuis longtemps. Il me fascine. Le gouvernement vient de nous rendre une certaine liberté : fini le ski sur la prairie du domicile, le sac est prêt depuis un moment alors on ne tergiverse pas trop longtemps : direction Gavarnie pour une mission très matinale avec Bruno et Manu. Excité comme des puces, nous découvrons ce sommet à 7h30. Le panorama depuis le col de Tentes (2208 m) envoie déjà du lourd. La lumière matinale est exceptionnelle. En zoomant sur la face Nord du pic, on perçoit bien les traces laissés une semaine auparavant par messieurs Hourticq et De Le Rue. La dernière belle chute de neige a été concomitante au déconfinement.
Les paresseux et les vieillards devraient bénir cette superbe montagne, d'un accès si facile, et d'où la vue est merveilleuse.
Depuis la voiture, il faut porter les skis environ 500 m pour rejoindre le col de Boucharo et gagner 70 mètres d’alttitude. La mise en jambe est très progressive puisqu’il faut partir plein Est et longer la face Nord du Taillon sur environ 2 km. La proximité de la face tempère déjà la verticalité perçue de plus loin. Elle demeure néanmoins très impressionnante. La neige est déjà plus fraîche et augure que du bon pour la suite.
Une fois cette transversale interminable faite, le premier niveau de cale est désormais nécessaire pour rejoindre le col des Sarradets (2589 m). La pente est continue, c’est un bon 35° qui débouche sur le glacier du Taillon. L’enneigement est remarquable pour ce 18 mai, nous admirons la face Est du sommet convoité. Tous les trois avons la même idée : rider cette pente !
Nous arrêtons de baver et repartons pour atteindre le point clef de la course : la fameuse Brèche de Roland (2807m). Nous laissons rapidement le refuge des Sarradets pour découvrir les dernière pentes Nord bien tracées et encore poudreuses. Certains ont déjà skié sous la Brèche et repeautent pour y remonter tellement c’est pas bon ! Comme souvent, cette porte gigantesque (40m) sur l’Espagne est bien dégarnie par le vent. Le tour visuel donne envie d’y rester longtemps. Le cirque de Gavarnie, sa couronne de 3000, le parc d’Ordesa et ce début de massif du Mont-Perdu retiennent toute notre attention. Il faut avancer, l’heure tourne.
Nous poursuivons cet itinéraire classique et évident en longeant la falaise Ouest de la Brèche. Je me sens aussi petit qu’une barque face à un paquebot. Encore de la traverse mais de rêve. Nous gagnons alors la base de la pente Sud et rejoignons finalement la crête Ouest du sommet. Les reliefs sont immaculés, un vent léger soulève juste le nécessaire pour donner une ambiance incroyable. La fine couche poudreuse donne une motivation supplémentaire pour rejoindre les corniches démesurées coiffant la face Nord. Nous sommes dans un cône Gervais géant. Les quelques personnes au sommet feront le retour par le même cheminement. Un seul, harnais et corde autour du buste, s’élancera dans cette face Nord très engagée. De ce moment, le sourire est à son firmament car la face Est nous attend et nous serons que 3 à la visiter ce jour là !
Juste sous le sommet, la pente est sérieuse (un bon 45°) et nécessite un peu de traversée exposée pour rejoindre l’axe de descente. Nous poursuivons jusqu’à rejoindre la belle pente déversante et suspendue au-dessus du glacier. Sur la fin de celle-ci, Bruno nous plante un beau tête-pied pour se rafraîchir et sans perdre ses skis. Une fois la dernière rampe de glace vive passée, nous avons encore quelques belles traces à laisser avant une pause bien méritée. Au vu de l’enneigement résiduel en face Sud française, nous sommes contraints de retrouver la grande traversée du départ. C’est le splitboarder qui rigole le moins. Nous devrons l’attendre mais qu’importe car la mission est remplie (1400 D+). La journée sera encore plus longue pour Manu oubliant sa clef de voiture dans la mienne et faisant un petit aller retour Toulouse-Pau avant de rentrer sur Carcassonne!
Nous nous sommes retrouvés après tant de semaines de privation de liberté et pour une course qui restera à jamais dans nos mémoires. C’est long 16 km mais certaines classiques sont incontournables et puis au moins, ça trie d’entrée les clients et on ride paisible !
La prochaine ascension se fera sûrement par une montée plus courte mais plus intense…
10 Commentaires
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Et super Topo pour se faire une idée de l'ensemble et des itinéraires
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D'ici là vais continuer de tricoter un peu autour
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