Au solstice de l’hiver, la nuit dévore le jour du matin à la fin d’après-midi. Alors que les jours n'ont pas encore rallongés, il faut être fort et motivé pour avoir l'honneur des premières traces et du levé de soleil.
Je rejoins alors l'équipe des feignants, ceux qui partent à la nuit tombée après une journée remplie des diverses obligations.
Oiseau de nuit, je chasse la jeunesse perdue. La fête est différente ici, mais l'ivresse est tout autant garantie.
Pour les jours de grande motivation ou la fin d'hiver, il est possible de viser un coucher du soleil à la montée. Quelle gratitude de voir le soleil se coucher et le ciel se parer des ses plus belles teintes roses et violettes. C'est l'heure dorée des photographes, où la journée qui se finit parait toujours plus belle qu'elle ne l'a réellement été. Le baroude d'honneur de l'astre solaire qui tire sa révérence.
Dans la lumière qui se tamise, d'un astre à l'autre, la lune pointera un cratère pour vous saluer. Spectacle bref et trop rare, c'est le relais du jour à la nuit. Là où l'aventure intérieure commencera vraiment...
Le souffle court des premiers mètres permet de se concentrer sur ce nouvel environnement. L'objectif est en tête mais les yeux ne peuvent pas le voir. Il faut partir à l'assaut d'une masse noire. L'objectif peut être modeste ou énorme, il ne sera jamais en vu. Ne restera que le son de la neige sous les skis.
Peu à peu les lumières s'estompent et se rapetissent à mesure que l'acuité de notre perception grandit.
En s'enfonçant dans le noir les choses deviennent pourtant bien plus claires.
Elle est surement là la raison qui fait que j'aime tellement ces sorties nocturnes. Le ciel étoilé au dessus de moi. Source d'introspection, source d'émerveillement. L'œil s'acclimate et le cerveau se réveil. Se sentir si seul dans la ouate de la nuit et pourtant comme connecté à l'infini de ce qui nous entoure.
Lors de nos sorties en montagne c'est surement souvent ce sentiment que nous procure la nature que nous cherchons. Mais aucune sensation ne se rapproche de ce que peut offrir la montagne enneigée et plongée dans l'obscurité pour ma part.
Piégé par la nuit, on se sent encore plus libre.
Sortir en ski la nuit n'est pas compliqué en soit, mais il ne faudrait pas pour autant partir sans faire attention à quelques points de vigilance.
Si vous m'avez lu jusqu'ici permettez-moi de vous donner quelques conseils qui paraitront surement futiles pour beaucoup. Aller sur un itinéraire connu et assez peu technique me paraît être une bonne option. Pour ma part les sorties nocturnes restent des sorties assez rapides, avec un d+ de 800 à 1000 m . Chacun adaptera à son rythme et sa forme, mais il faut prendre en compte le froid, la descente et l'horaire de retour.
Ne pas partir seul est aussi une fois de plus primordial. De nuit encore plus que de jour, il faudra sortir que par des conditions nivologiques stables car le terrain est encore plus piégeux avec la nuit. L'intérêt ne sera pas la chasse à la dernière trace mais plus un moment sympa en montagne.
Il faudra bien-sûr prévoir l'équipement traditionnel sécurité et vêtements, et une lumière . J'ai pour ma part une frontale décathlon de trail qui monte à 900l que j'utilise rarement à puissance maximale finalement.
Même si vous connaissez parfaitement le terrain, le brouillard la nuit a un effet particulièrement déroutant. La nuit gomme déjà la perception du terrain. Le brouillard finira par vous faire perdre tous vos repères. Testé et (dés)approuvé avec demi-tour en pls .
L'accès aux pistes damées est normalement interdit hors ouverture du domaine skiable. Le damage et notamment les zones avec les câbles sont sources de danger.
Quelques stations vous offrent parfois des itinéraires de nuit. Quelques autres stations font parfois du zèle et se postent avec des forces de l'ordre sur le domaine (https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2022/01/25/pourquoi-le-ski-de-randonnee-nocturne-est-interdit-et-des-controles-de-gendarmerie-instaures).
Bon ride et merci à ceux qui m'auront lu!
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