L’idée d’aller tâter la peuf nippone est venue après notre voyage en 2018 en Colombie Britannique. En effet, si on pense grosse poudre à gogo, le Japon se dispute la première place avec le Canada.
Notre groupe est composé des 3 mêmes qu’en BC, Jonathan (hélicoptère béarnais), Adrien (Sheun) et moi-même (Fateux) ainsi que d’Elise la Suisse et Thomas. L’objectif est clair, scorer de la poudre avec un tuba et bouffer autre chose que des burgers.
Les préparatifs se font pendant l’automne et on profite des billets pas chers puisque on paye globalement aux alentours de 550€ l’A/R Europe/ Sapporo.
On part pour 2 semaines dont 10j sur place fin janvier. On choisit de loger à 3 endroits différents de l’île d’Hokkaido. Ce sera en premier Otaru pour sa proximité de Sapporo puis Niseko, la fameuse et enfin Biei, une petite ville tranquille idéalement située plus à l’intérieur des terres.
Si comme la plupart d’entre nous, vous avez un compte Instagram ou suivez un peu l’actualité ski, vous avez dû remarquer que cette année, tout le milieu du freeski était au Japon en ce mois de janvier 2019. Les pros nous gavent non stop de vidéos de neige sans fond, de paravalanches ou de ride sur les arbres. Dans les plus actifs, la palme revient définitivement aux membres du crew Nimbus Independent qui font passer Rusutsu pour une station calme où on peut tracer tranquillement toute la journée. La réalité est un peu plus complexe que cela mais on en parlera plus tard.
Pour notre part, on passe notre temps sur Google maps et powderhounds à chercher les petites stations qui sont encore sous les radars. Le coup de faire la queue devant le télésiège à 8h , très peu pour nous !
Une fois tous réunis à Sapporo, on récupère le van et direction Otaru. Ça sent bon, il fait -10C et on est juste au niveau de la mer !
Donc premier stop, Otaru. A seulement 30min de Sapporo, c’est un bon point de chute lorsque l’on arrive tard à l’aéroport. La ville n’est pas encore trop prisée par les touristes occidentaux donc l’expérience japonaise reste authentique.
Il y a une super vague qui déroule pas loin mais le froid est quand même de trop, on restera au sec sur terre!
Dès le lendemain, on attaque directement dans une petite station pas loin afin de repérer pour la grosse journée prévue le jour d’après. On se perd un peu dans la forêt, on essaye de se repérer malgré la visibilité pas ouf mais le potentiel est là ! Il neige maintenant vraiment fort. Ça s’annonce bon.
LE jour arrive, on commence tout de suite sous les œufs et on l’a notre neige japonaise. Le repérage du jour précédant porte ses fruits. C’est léger, ultra profond, on y est ! Pas grand monde pour tracer, on s’en sort bien et on score toute la journée Jonathan nous gratifiera de la plus belle tôle du séjour. S’en suit l’étape Onsen, une première pour la plupart d’entre nous.
Pour ce 3ème jour sur les skis, il est prévu du beau temps. On décide donc d’aller à Sapporo Teine qui propose une face bien raide et une vue sur la mer. La neige est bonne mais c’est globalement déjà tracé. On arrive à faire quelques lignes sympa mais c’est surtout la vue qui valait le coup.
Nous quittons Otaru pour aller à Niseko. Nous nous perdons un peu sur le trajet, notre GPS a moitié traduit en anglais ne prend pas en compte les routes fermées et bien sûr en hiver certaines routes sont fermées.
Arrivés à notre Hostel, on repère sur FATMAP une petite rando dans les bois pas loin. Il est 13h, il fait nuit vers 16h30.On se dépêche de remonter dans le van. Un peu de route et nous sommes au pied d’un itinéraire très connu de la région. On avale rapidement les 250m de D+ pour scorer une des neiges les plus profondes du Trip. Ça vole, c’est léger et on arrive à croiser aucune trace. Arrivés en bas, il se met à neiger vraiment fort, le vent rentre ,la lumière baisse mais on ne résiste pas à se refaire un autre run. On change légèrement d’itinéraire.
Vers le haut, on partage le groupe en 2 car une petite clairière à traverser ne nous inspirait pas. Adrien et moi restons donc en retrait. Finalement il s’avère que traverser cette clairière n’apporte rien donc nous décidons de rester en recul et de descendre. Il neige bien fort et le vent est présent. On discute, on rigole tout en retirant les peaux et sans rien entendre, je sens un truc qui me pousse et qui me fait basculer, ça dure pas longtemps. Une petite coulée venait de partir au dessus de nous ! A ce moment j’avais déjà mes skis aux pieds et mon sac était resté accroché car je garde l’espèce de string des sacs ABS en permanence. Adrien n’a pas eu la même chance, son sac et ses skis ont été embarqués. Gros moment de flottement. C’était une situation à laquelle nous n’avions jamais pensé, le risque de sur avalanche étant vraiment présent, il ne fallait pas traîner. Heureusement, on fini pas entrevoir une spatule en contrebas, les 2 skis sont là et le sac aussi. On descend rapido et retour au chaud. Belle piqure de rappel pour tout le monde.
Pour nous, la coulée est soit due à un départ spontané soit à un groupe qui est passé au dessus sans nous voir, il faudra donc faire attention aux gens.
Le village de Niseko est une version très très américanisé du Japon. On peut y manger des pizzas ou mexicain sans soucis. Enormément d'occidentaux. On est pas trop séduit par le village, on est quand même allé au Japon pour voir le Japon.
Le lendemain doit être dantesque, vu comme Niseko est plein d’étrangers, on se dit que l’on va tenter Rusutsu, apparemment moins courue. Arrivés à 9h nous déchantons. Le parking est plein et il y a 50m de queue devant la billetterie. Cerise sur le gâteau, nous apprenons que la plupart du domaine est fermé. Un peu dépité nous nous baladons dans la galerie commerciale et repérons une petite rando dans le coin.
Petite rando qui tient ses promesses. Finalement, nous passons la journée à faire des rotations sur même pas 100m de D+ dans un terrain joueur avec des sauts et de la neige bien deep. D’un point de vue effort pour faire la trace, il vaut mieux se faire 5*100m que 1*500, surtout au Japon !
Nous arrivons à notre 6eme jour sur les skis. Cette fois on insiste sur Rusutsu et sans surprise il y a du monde. Ça change par rapport aux photos de Nimbus Independent . On est loin du traçage tranquille, on est en plein dans la course à la trace et on a un peu de chance car on arrive à se retrouver dans les premiers paniers pour quelques descentes mais à 11h tout est globalement tracé. On insistera pas plus, tout le monde fatigue un peu.
Pour l'anecdote, les 4 mecs du groupe, nous nous sommes pointés à la Japonaise dans un Onsen (à savoir à poil) alors que c'était un Onsen spécial gringo mixte! Les américaines ont dû apprécier le french flair.
Petite soirée à Niseko pour clôturer ce stop. On se retrouve avec quelques pros. Le ski est vraiment un microcosme. Pour nous Niseko est un peu un échec. Il y a beaucoup beaucoup d’étrangers et on ne se sent pas du tout au Japon.
Le lendemain est tranquille avant de prendre la route pour Biei. Un village sans intérêt particulier si ce n’est d’être idéalement situé pour aller à Asahidake (La grave japonaise il parait), Furano et quelques rando.
Un créneau météo est annoncé pour pouvoir faire le volcan Asahidake. C’est une rando de 600m de D+ à l’accès direct depuis la sortie du téléphérique. Clairement nous ne sommes pas les seuls à viser le sommet. On remarque que la plupart des groupes sont francophones.
L’ascension se fait en un peu plus de 2h sous un vent terrible qui au moins assure un ciel bien bleu. Adrien et moi qui n’avions pas pris de couteaux au Japon terminons avec les skis sur le sac. Oui, on a réussi à trouver de la neige dégueue au Japon.
En haut il était prévu -25°C donc avec le vent, le ressenti devait être vers les -40°C. On ne traîne pas sur le sommet. On skie malgré tout une bonne neige légèrement cartonnée en entendant le volcan gronder.. On se croirait presque au Tourmalet. Jonathan en profite pour jouer avec les fumerolles. Ça valait le coup!
Avec encore un peu de jus dans les jambes, nous repartons pour quelques descentes. Le domaine est sympa mais il y a un grand plat au milieu qui coupe la plupart des runs. Au final il faut marcher et pousser pas mal pour des runs finalement assez cours.
Après notre expérience de Niseko, nous nous disons qu’il fallait absolument éviter les domaines vraiment connus d’autant que la neige n’est pas prévue pour les jours suivants. En cherchant, nous trouvons comme alternative à Furano deux domaines de petite taille. Ce sera Kamui ski links et Pippu ski Resort. Ce sont 2 stations qui offrent un envers avec un beau potentiel. Bonne pioche car durant ces 2 jours, nous profiterons de runs pas trop tracés et de terrains très joueurs en forêt. Des petits jumps, des clairières et pas trop de marche ou de peau. En prime Pippu inclut le repas dans le forfait. On ne croisera quasiment pas d’occidentaux.
Pour clôturer le séjour, nous décidons de partir faire de la randonnée dans le parc Tokachidake. Il n’a pas neigé depuis plusieurs jours, une rando était le seul moyen de trouver de la neige fraîche. Finalement on reste au pied du mont Furano en forêt. La neige est toujours aussi abondante et légère. La vue sur Furano et Biei est très sympa. On se fait 3 rotations bien agréables sous le soleil, belle manière de conclure ce séjour. Petit bonus, il y a un Onsen à l’entrée du parc qui propose une superbe vue sur les montagnes. C’est bien agréable de tremper dans une eau fumante en regardant le couché de soleil.
Dernier jour, refaire les sacs, charger la voiture et 4h de route pour rentrer à Sapporo. On s’arrête sur la route dans une station qui paraît prometteuse mais la météo est affreuse, il y a énormément de vent, c’est couvert et il ne neige pas. On en reste là avant de partir pour 20h d’avion.
En conclusion, nous n’avons pas forcément eu autant de chutes de neige comme on s’imaginait du Japon. C’est un peu un mal pour un bien car nous avons dû sortir des sentiers battus pour quand même skier de la poudre. En plus, la bouffe, la culture et l’accueil japonais font que finalement, le ski est juste une partie du voyage (et on espère bien y retourner un jour).
15 Commentaires
(février 2020 pour cette photo)
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Pourrais tu envoyer ton adresse et la couleur de ton choix pour le sac (noir, gris ou rouge) à redac@skipass.com ?
Merci et félicitations à toi !
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J'avais lu, il me semble sur ce forum, qu'au Japon ils étaient pointilleux sur la tailles des bagages à ski.
Avec quelle compagnie aérienne tu as volé? Est-ce qu'il y avait des restrictions concernant la taille du bagage à ski? Tu as payé un supplément pour les skis?
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J'étais également à Hokkaïdo 2 semaines en janvier 2019 (1 semaine à Furano et alentours, 1 semaine à Niseko).
Nous avons fait presque l'inverse de vous : "stations à gaijin" (Furano, Niseko, Rusutsu) les jours de peuf + rando les jours de grand beau temps (Shiribetsu, Asahidake, Tokashidake...)
Votre récit à chercher la poudre en dehors des sentiers battus (petites stations, rando moins courues) est donc d'autant plus intéressant à lire.
Concernant Niseko, je comprends que le côté très occidentalisé ne vous ait pas donné envie d'y skier, mais ça malgré tout un des meilleurs spot de l'île selon moi :
_ Une grande régularité des chutes de neige. Et situé plus près de la mer que Rusutsu, il y neige souvement significativement plus
_ des runs relativement longs à l'échelle du Japon, avec des pentes faites pour le ski (peu de plats) même si ce n'est jamais extrême
_ des possibilités de run à 360° autour du Volcan
Après oui pour bien en profiter, c'est comme en Europe, il faut être le matin à 8H15 à l'ouverture, connaître un peu les différents runs pour faire encore des traces après 13h... mais comme 3 fois sur 4 il reneige le lendemain, ça donne la garantie de passer une bonne journée de ski presque tous les jours...
Les "bonnes journées" sont donc nombreuses, mais effectivement, compte tenu de la fréquentation et de la nature du terrain tout de même plus limitée que dans les Alpes, les journées "exceptionnelles" sont plus rares.
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Un échange culturel entre le football club de Biei et l’ESMAN est à prévoir.
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