Une façon sympa d’avoir une vue imprenable sur le Mont Blanc et ses copains limitrophes, c’est de se positionner sur la montagne juste en face, de l’autre côté de Chamonix, on parle donc de la station de Brévent-Flégère. Le panorama est incroyable et effectivement assez impressionnant quand on est en face !
A la recherche d’une rando sympa dans les environs donc, après quelques clics bien sentis sur le Net, je tombe par hasard sur le couloir Wehrlin, couloir de 500m environ qui redescend sur La Flégère. Ledit couloir est coté 4.2 / E2 AD+ / S4, cela me parait donc parfaitement adapté pour le pote que je compte amener, très très bon skieur à la montée (du genre 3 poumons et pas de rate) mais pas encore complètement à l’aise quand ça penche un peu trop à la descente. De plus, le couloir est orienté plein Est, ce qui, vu les conditions du jour, est parfait, on pourra skier ça en neige décaillée.
Je finis par trouver un itinéraire, qui part du Brévent, et plus exactement du haut du TSD Cornu, se balade sur les crêtes pour finalement rallier le sommet de l’aiguille de Glière Sud, à 2836m quand même. De ce sommet, on rebascule, via le fameux couloir, de l’autre côté pour arriver en haut du TSD Index, côté Flégère. C’est en fait un autre mode de liaison Brévent-Flégère, un peu plus fun et physique que la minute 30 de téléphérique quasi horizontal habituelle.
Une fois le point fait avec un ou 2 pisteurs locaux qui nous confirment que notre idée n’est pas si con en ce jour, nous voilà partis bien motivés !
En cette fin Mars 2022, et avant une pétée de neige qui finira par arriver (voir plus loin, le retour de la revanche de Janvril), l’ambiance est plutôt à la neige de printemps ! Inutile donc de se lever à 4h du mat et de partir à la frontale, l’idée est plutôt de prendre son temps, pour que ça transforme un peu, et qu’en arrivant sur le spot, on ne trouve pas de la tôle « qui fait descendre les chaussettes ». C’est donc après avoir ingurgité plusieurs cafés ou autres chocolatines (et oui, le toulousain, même quand il est dans les Alpes, ne mange pas de « pain au chocolat » !!), qu’on se retrouve, en haut du TSD Cornu côté Brévent sous un soleil magnifique, à s’équiper. Il n’y a pas un pet de vent, les conditions quasi parfaites pour une super sortie. En face, bien sûr, le Mont Blanc nous surveille, pas le moment de faire une conn…
La montée commence dré dans l’pentu, en crampons, pas le temps de s’échauffer avec les peaux sur du plat, ça attaque de suite. Rien de compliqué toutefois, et on rallie rapidement le col Cornu (2406m) :
Comme on le voit, tout est super bien indiqué, y’a qu’à suivre les panneaux ! A noter qu’on entre à ce moment-là dans la réserve naturelle des Aiguilles Rouges, superbe endroit bien paisible où les potentiels itinéraires de rando sont légion.
Une fois au col, il est temps de, enfin, mettre les peaux pour pouvoir glisser et progresser un peu plus vite. Vu qu’on a basculé sur un versant plein Ouest, on n’hésite pas une seule seconde, il faut mettre les couteaux. C’est d’autant plus vrai que le chemin pour aller chercher le col suivant, celui de La Glière, passe par une belle traversée, en dévers, au-dessus de barres peu accueillantes, c’est pas le moment de décrocher. On serre un peu les fesses sur quelques centaines de mètres, on est surtout super contents d’avoir les couteaux. Un groupe parti pas longtemps avant nous aura préféré passer par en bas pour éviter ce passage exposé. Au final, on arrive au 2ième col de la journée, toujours très bien indiqué (le Charlanon (2549m), derrière, en impose), et la vue sur le Mont Blanc, derrière l’Aiguille Pourrie (2561m) est toujours magnifique :
Une fois les obligations touristiques effectuées, on continue la progression vers le 3ième col, celui des Lacs Noirs à 2 610m. Et bien sûr, on continue à en prendre plein les yeux, surtout côté Ouest, vers la réserve naturelle (avec une vue imprenable sur l'Aiguille du Pouce, 2874m).
A force d’avancer, on finit par se retrouver au pied de l’aiguille de Glière Sud, notre sommet du jour. Avant d’y parvenir, il faut encore pas mal de zig et de zag, heureusement, la neige est bien décaillée et même si la pente s’est considérablement raidie, ça passe assez bien. Ceci jusqu’à atteindre l’arête Ouest, où là, il faut à nouveau mettre les crampons et basculer en mode alpi. Ça reste gentil, mais il y a quand même une belle ambiance de montagne et c’est toujours chouette d’avoir à « grimper » un peu à la fin, ça rajoute un peu de piquant :
Toutes les bonnes choses ont une fin, et l’arrivée au sommet en est une. C’est aussi une fin au sens finalité. Et on pourrait aussi parler de faim, parce qu’en l’occurrence, on commence à pas mal avoir la dalle, et le dwich au sommet avec vue imprenable à 360° va être bien apprécié :
Chose rare, il n’y a que très peu de vent/brise au sommet, la pause repas est donc super agréable, on profite au max des supers conditions qui donnent une visibilité incroyable. Comme souvent, les oiseux habitués des randonneurs et des miettes qui vont avec, nous rejoignent rapidement et s’approchent à un mètre à peine. Clair que ceux-là ne sont pas trop farouches :
Instant ornithologie : ces bestioles, qu’on appelle à tort des choucas, sont en fait des chocards à bec jaune, ils ont donc un bec jaune et des pattes rouges, alors que le vrai chouca a, lui, un bec noir et des pattes noires. Et oui, ne me remerciez pas pour ce petit correctif, c’est un plaisir (et par contre, moi, je remercie Wikipedia, parce que c’est vrai que je confondais les deux !!).
Trêve de reportage animalier, il faut maintenant skier le couloir ! Comme prévu, la neige a bien transformé, presque même un peu trop, mais vaut mieux ça que de la tôle, surtout que c’est quand même pas mal penché. Une fois dans la pente, on distingue bien le gendarme Wehrlin, superbe menhir placé au milieu. On peut alors passer juste à côté, ou alors se décaler plus à droite en descendant pour aller attraper le couloir un peu plus étroit. Au vu de la « littérature Internet », pas très sûr de savoir lequel est vraiment le couloir Wehrlin, mais pour ne pas faire de jaloux, on va skier les 2, Peter juste en dessous du gendarme, et moi dans le couloir plus resserré.
Dans les couloirs, la neige est bien lourde, et défoncée par les multiples passages avant nous, c’est sûr qu’on ne va faire d’excès de vitesse !
Néanmoins, c’est agréable à skier, surtout quand on sort un peu et que « ça s’ouvre », là on peut desserrer le frein à main et envoyer un peu plus en grands virages, c’est très large et moins penché. Super agréable.
Une fois en bas, c’est-à-dire tout en haut de la station de Flégère (haut du TSD Index), en se retournant, on se dit que ça a quand même de la gueule, et on est vraiment bien contents d’avoir dézingué ça. Le surlendemain, en regardant le couloir de loin (d’en face, des Grands Montets), c’est encore plus spectaculaire, et Peter avait du mal à croire qu’il avait vraiment skié cette face.
Parti une semaine à Cham (basé à Montroc) avec dans l’idée de faire entre autre un peu de pente, j’avais été vite refroidi par les guidos locaux que j’avais contactés. En cette fin Mars 2022, les conditions ne sont clairement pas propices à faire n’importe quoi : tout est très sec, et pas mal de couloirs connus sont en glace (sorte de patinoires, mais inclinées à 45° ou plus, pas le genre d’endroits où on a envie d’aller trainer en gros !!), et qui plus est, les glaciers sont très peu remplis. Comme se tut à nous le dire Thomas Blanchard, il y avait eu très peu de précipitations, et du coup, les glaciers sont très dangereux avec la présence de nombreuses crevasses. N’ayant pas forcément envie d’aller finir au fond d’un freezer, il a fallu adapter les itinéraires, et donc se rabattre sur ces lieux plus sûrs, en dehors des glaciers !
A la fin de cette fameuse semaine, la machine à flocons s’est remise à fonctionner à plein régime, et on a pu bénéficier un peu de cette aubaine. Par contre, il fallait viser les sapins en mode sanglier parce qu’en dehors, on n’y voyait pas grand-chose !!
Mais toujours pareil, voir les arbres comme ça, chargés de neige, ça fait vraiment chaud au cœur… et comme depuis notre passage, il est encore pas mal retombé dans ce secteur, je pense que ça a fait beaucoup de bien, et la suite de la saison en ski de rando, et sur les glaciers s’annonce dorénavant sous de meilleurs auspices.
Un truc qui est cool avec les stickers Skipass que je fous partout (sur mes lattes et/ou casques), c’est qu’au moins, le message est clair ! Et ce n’est pas la première fois que ça m’amène à discuter avec des inconnus ou à rencontrer des gens. Et c’est exactement ce qui s’est passé ce jour-là, une fois redescendu de notre virée en rando, on ridait autour du Brévent lorsque Pierre (BRUN) de chez SnowGunz m’interpelle, justement me demandant à propos de Skipass.
On discute un peu dans la benne, et devant l’enthousiasme très communicatif du bonhomme, on part ensemble déchirer la face à Mach12, lui voulant à la fois me montrer les possibilités et capacités de son monoski, mais aussi les divers spots à faire au Brévent. Sûr qu’il maitrise son gun, il saute de partout et j’essaie de suivre (je suis avec les lattes et les fixs de rando, pas évident d’envoyer autant que lui !!). Néanmoins, on dézingue une ligne HP en neige décaillée encore praticable dans la bonne humeur, vraiment sympa. C’était un moment inattendu, les potes avec qui j’étais, nous voyant dévaler la face, nous ont pris pour des tarés ! Chouette rencontre, et si vous vous demandez si le monoski est mort, allez voir sur son site, c’est par là !... ou d’ailleurs, si vous ridez au Brévent et que vous voyez un barbus sauter partout avec les 2 pieds attachés, pas de doute, c’est lui !!
Cette année, on n’aura donc pas forcément pu faire tout ce qu’on voulait durant cette semaine chamoniarde, mais il faut avoir des ressources et pouvoir se reconfigurer ! Au final, c’était quand même une bien bonne semaine assez variée, et cette sortie fait partie de tous les bons moments ! Une petite dédicace au passage à Bruno, organisateur malheureux de tout ça, qui s’est explosé la cheville en ski de rando dans une reptation 2 mois avant, et qui, bien qu’il soit venu avec ses béquilles, n’a pu participer qu’au niveau de la bière ! Il y en aura d’autres, pas de doute, et vu que tout ce qui ne tue pas, rend plus fort, on n’en a pas fini !
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