Perdiguère, une idée de trail alpi

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Perdiguère, une idée de trail alpi

Enchaînement de 3000s dans le Luchonnais
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NobruDude
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Disclaimer : je conçois que le concept de trail alpi puisse en interroger certains, mais dans la mesure où certains passages imposent de mettre un casque, et les mains (II sup/ III), je n’estime pas scandaleuse cette dénomination !

Disclaimer Bis : avant que les foudres de certains ne me tombent dessus, oui, je suis parti seul, mais en toute connaissance de cause, et sachant qu’en cette période estivale, je rencontrerais du monde un peu partout. Donc vraiment aucun risque de ce côté-là !

La Mission

Ayant toujours dans l’esprit de découvrir de nouveaux sommets, et surtout s’ils sont à plus de 3000m dans les Pyrénées, je me suis mis à chercher un enchainement possible, impliquant plusieurs de ces pics. Et comme le Luchonnais regorge de 3000s, et qu’en plus, c’est assez proche de Toulouse (compter une grosse heure et demi, via l’autopiste), c’est naturellement que je suis tombé sur un topo enchainant la Pointe de Litérole (3133m), le Pic Royo (3122m) et le Pic Perdiguère (3122m). Le tout via une belle traversée des arêtes de Litérole.

Et pour rajouter un peu de piment, au lieu de le faire sur 2 jours comme proposé, l’idée était de caler ça sur une journée ! Et comme en plus, en regardant la carte IGN de plus près, on voit qu’on passe juste à côté des Crabioules, occidental (3107m) et oriental (3116m), deux autres 3000s donc, je me suis mis comme objectif d’enchainer tout ça ! On parle alors d’environ 2500m de D+ et 28kms, le tout incluant un peu d’escalade !!

Ci-dessous une vision 3D qui n’est pas une sortie d’une trace GPS, mais seulement un tracé approximatif réalisé avec GeoPortail (donc ne pas s’en servir comme référence pour toute préparation de sortie dans les environs !).

L’échauffement 

Avant donc de pouvoir goûter aux cailloux des 3000s, il faut monter ! Et cela impose donc un départ matinal de Toulouse, et un démarrage, une fois garé aux Granges d’Astau (1110m), un peu avant 6h du mat. C’est donc à la frontale qu’il faut se taper la montée jusqu’au lac d’Oô, et ce n’est pas plus mal parce que ce large chemin n’a strictement aucun intérêt ! La suite jusqu’au col d’Espingo (le refuge éponyme étant juste en dessous) est à peine plus intéressante. L’idée est donc de ne pas trop trainer, et me voilà donc au col (1967m) à 7h05.

S’en suit un chemin presque à plat jusqu’à la Coum d’Abesque, puis ça monte un peu plus rude jusqu’au refuge du Portillon situé à 2568m. Arrivé vers 8h20, le café me requinque, je commençais un peu à piocher ! Mais la caféine et la perspective des sommets, que j’aperçois maintenant, me redonnent la patate, et c’est en courant que je repars en traversant le barrage du lac du Portillon.

Ça se complique !

Après avoir remonté le vallon inférieur du Litérole (bien visible sur la photo ci-dessus), on se retrouve assez vite en dessous des Crabioules, et le mur semble assez haut ! Le passage est assez évident, il y a une cheminée qui mène à la brèche Mamy. Mais ça commence à être bien gazeux… heureusement, les prises de main dans ce bon rocher granitique sont très bonnes. Il y a quelques pas en III, mais finalement le plus inquiétant dans l’histoire, c’est de savoir si on est au bon endroit et si ça sort par là ?! Néanmoins, on croise quelques cairns isolés, on parvient à l’arête et mieux vaut ne pas avoir peur du vide, la marche à gauche est très haute ! Je croise une cordée ibériques de 3 grimpeurs qui redescendent, au moins y’a de la compagnie !

Arrivé au 1er sommet, à savoir le Crabioule Occidental, ce qui impressionne de suite, c’est l’arête pour aller à l’autre, l’Oriental : 300m de gros gros gaz sur un fil plus qu’étroit :

Le doute commence à s’insinuer : je ne suis pas équipé, je n’ai personne pour m’assurer, c’est assez venté, et surtout j’ai froid aux mains ! En effet, le rocher de la montée, orienté O-NO, était super froid, et j’ai les doigts congelés. Après quelques minutes d’hésitation devant cette arête aussi magnifique que gazeuse, je décide de faire mienne cette devise d’alpiniste : En montagne il vaut mieux dire: "On aurait pu y aller" plutôt que: "On n'aurait pas dû y aller".

Je prends donc un but, mais sereinement, et on en est donc à 1 partout, et le match est loin d’être fini ! Et puis le panorama, vaut quand même le détour, notamment sur la suite de ce qui nous attend (la crête menant à la Pointe Litérole, le Perdiguère derrière, et au fond, à gauche l’Aneto et à droite les Posets) :

Les arêtes de Litérole

Après avoir désescaladé en essayant de trouver le meilleur chemin (le même qu’à la montée, c’est plus sûr), me voilà au col inférieur du Litérole, il n’y a « plus qu’à » remonter cette arête jusqu’à la pointe, puis quasi dans la foulée jusqu’au Pic Royo. Cette partie de la balade est vraiment sympa : déjà, j’ai retrouvé le soleil qui a aussi pu réchauffer le rocher, mais surtout, c’est très ludique. C’est de l’escalade toujours facile (I parfois II), avec de supers mains, avec du gaz des 2 côtés. Vraiment chouette… à noter qu’on parcourt alors la frontière, et qu’on a donc à gauche l’Espagne avec ses 2 imposants massifs, les Posets (Pic à 3375m) et l’Aneto (3404m), et à droite la France et les 3000 du Luchonnais.

Après donc une bonne demi-heure de plaisir pur, on parvient à la Pointe Litérole (3133m) sans presque s’en apercevoir tant ce sommet passe inaperçu. Il est juste « sur la route » !! On en profite quand même pour faire une petite photo du lac du Portillon dominé à droite par le Pic Lezat (3107m) :

En poursuivant naturellement sur le fil de la crête on parvient au Pic Royo, et on comprend de suite pourquoi il s’appelle ainsi, le cailloux est en effet rougeâtre et en tout cas différent de celui des autres sommets du coin ! On distingue bien sur la photo ci-dessous du cairn sommital, l’arête qu’il nous reste à parcourir pour rejoindre le Perdiguère, point culminant de la journée.

Le Perdiguère

La suite du cheminement est toujours super agréable, en crête sur du bon granit. Il faut rester attentif mais ce n’est jamais difficile pour celui qui n’a pas le vertige. A partir du col supérieur du Litérole, juste avant l’ascension final, on commence à croiser de plus en plus de monde, et ça parle surtout catalan. En effet l’ascension du Perdiguère est plus aisée côté espagnole, si on part du refuge d’Estos par exemple, on parle alors d’environ 1500D+ via le GR11.

Enfin arrivé au sommet, avec donc 2500m de dénivelé dans les cuissots, c’est tout simplement génial : à cette altitude, on voit tout ! A l’est, les sommets que l’on vient de gravir, et pleins d’autres, dont beaucoup à plus de 3000, au sud-est, tout le massif de la Maladeta et l’Aneto, l’étalon des Pyrénées, au sud-ouest les Posets, pas loin derrière. Il fait un temps superbe, c’est le moment de la séquence émotion, on sort le portable et ça mitraille dans tous les sens !! Et surtout, on jette un œil dans le rétro et on voit ce qu’on a déjà fait dans le journée, sur le panorama ci-dessous (que je n’ai pas voulu pourrir en marquant les sommets), on voit de gauche à droite : le Lézat, le Royo, la Pointe Litérole, et juste après les 2 Crabioules, puis le Maupas, et enfin de Pic de Boum, belle brochette avec le lac de Litérole en dessous en terre ibérique.

Faut bien redescendre !

Comme tous ceux qui aiment parcourir les montagnes et les sommets, on aimerait rester là-haut. Il règne en effet un sentiment d’euphorie qu’on aimerait bien garder avec nous en descendant (ça aussi, je crois qu’un célèbre alpiniste l’a déjà dit !!). Mais faut bien redescendre, et pour varier, on va prendre un autre chemin, le vallon du Litérole, avec son grand névé persistant. Grosse glissade en mode freeride plus ou moins contrôlé, puis on saute de rocher en rocher, le fait d’aller un peu vite oblige à rester concentré, et l’altitude décroit assez vite. Au passage, on jette un œil au glacier du Seil de la Baque, qui résiste fièrement au global warming, et on se dit que ça a quand même sacrément de la gueule, les Pyrénées, on dirait une photo prise au Népal ! Le sentier surplombe le lac du Portillon et son eau très bleue, on le contourne, puis on finit par arriver au refuge, il est midi et demi, le temps d’une bonne pause casse-croute et café.

La suite de la descente aurait pu être très longue, mais c’est là qu’on est content de s’être équipé assez léger en mode trail, et c’est donc en courant pratiquement tout le temps qu’on fera les 11kms et 1450D- pour rejoindre la voiture ! A partir d’Espingo, il commence à y avoir beaucoup de monde, des familles, des gros groupes, pas toujours facile de garder le rythme. Passé le lac d’Oô, c’est tout simplement insupportable, c’est disney land, y’a des gens partout, on se croirait un samedi dans la grande surface locale !!

Conclusion

A la voiture à 15h, une fois les pieds libérés (qu’est-ce que c’est bon d’enlever ses chaussures !!), je me dis que j’ai passé une p… de bonne journée, et même si je n’ai pas fait le Crabioule Oriental, celui-ci sera là encore pendant lontemps, j’ai le temps d’y retourner (j’ai déjà abordé la question avec le gardien du refuge, il peut se faire par le cirque et le col du même nom, à suivre donc dans une prochaine sortie…).

Pour qui serait intéressé par cette idée de trail, en dehors de la montée au Crabioule Occidental, rien de difficile en dehors du D+, c’est assez varié, et vraiment super ludique sur les arêtes du haut… par contre, beaucoup, beaucoup de monde entre les Granges et Espingo, mieux vaut partir très tôt, et redescendre à fond !!!

NobruDude
Texte, Photos NobruDude
Enjoy the ride...

7 Commentaires

yrlab Belle mission en mode machine ! Tu devrais faire des compet' de trail! :) Dommage pour le Crabioules oriental mais tu as très bien fait au de l'engagement.
 

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NobruDude En regardant des CR de sorties après coup, je me rends compte que pas mal d'autres renoncent aussi à l'arête une fois en haut :P faut y aller avec une corde... et un ami :D :D
 

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ToToM super secteur et super sortie! j'avais pris un but sur l'enchainement royo/perdiguère en étant parti de la vallée du Lis à cause de la météo, ça me donne envie d'y retourner tout ca ! merci pour l'article !
 

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PerGiocare La cheminée vers la brêche Mamy ... avec un ami, nous avions dû renoncer un 4 août, pris dans le brouillard et le froid et je n'étais pas très rassuré, parce que c'est quand-même un peu vertical ...
Nous n'avions alors fait que l'A/R Granges d'Astau / cheminée / Granges d'Astau ... alors, quand je vois tout ton périple et seul ... ouah !!
 

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PerGiocare par contre, ce jour là, nous avons vu une cordée qui faisait Les Crabioules par les arêtes depuis le Col de Literolle ... je ne sais pas si c'est plus facile, puisque la voie "officielle" est par la cheminée ?
 

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NobruDude Oui, la voie "officielle", c'est la cheminée vers la brèche Mamy, mais je pense que ça passe ailleurs, la cordée de gnols qui commençait à descendre quand je suis arrivé en haut est descendu par une autre cheminée, mais ça devait être plus expo et plus difficile parce que j'étais redescendu au col inférieur du Litérole avant eux au final !
 

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