Quand on pénètre dans la vallée d’Aure, le 1er sommet majeur, c’est l’Arbizon, qui culmine fièrement à 2 831m. Pour les non régionaux de l’étape, la vallée d’Aure se situe presqu’au milieu des Pyrénées, côté Français, on y trouve le village de Saint-Lary-Soulan et sa station de ski au-dessus, et encore plus au fond, ce qui se fait de mieux (NDLR : avis personnel) en terme de station pour le freeride, Piau-Engaly . A noter que cette vallée se termine par le tunnel de Bielsa, passage assez direct vers l’Espagne, avec le désagrément associé du trafic routier. C’est pas la vallée de l’Arve, mais y’a quand pas mal de camions ibériques.
Donc un peu avant le village de St Lary, à Guchen exactement, clignotant à droite, puis direction le parking des granges de Lurgues. La route et le parking sont nickels, attention cependant, en cette année 2020 particulière, Covid oblige, où certains semblent découvrir qu’il y a des montagnes et qu’elles sont magnifiques à parcourir, ledit parking est très vite saturé ! Ne pas hésiter à partir tôt.
L’objectif du jour (ou plutôt du matin devrais-je dire) est donc de monter voir l’Arbizon, mais pas en mode collecte de pâquerettes (même si j’ai rien contre les fleurs) mais plutôt en mode trail, avec une idée derrière la tête, être rentré à Toulouse pour le déjeuner, sachant qu’il y a déjà 2 fois 1h30 de route !
Le choix de ce sommet en particulier remonte en fait à un vieux contentieux, puisqu’en Novembre 2019, avec l’ami Yrlab, toujours partant, et avec un 3ième larron, Ju, pour nous coacher et grimper en tête, nous avions pris un but lors de notre tentative, en mode alpi : la présence de plaques de glace et de neige nous avait obligé à renoncer à notre objectif d’alors qui était aussi l’Arbizon, mais en passant par les crêtes du Pic de Lio et le Petit Arbizon (2 737m). Et on avait alors pu constater qu’il ne faut pas contrarier un béarnais, la descente avait été très sportive !
Alors le parcours du jour représente 1430 de dénivelé positif (D+), on démarre donc des granges à 1400m pour arriver au sommet à 2831m. Le tout début du sentier est assez roulant, ça monte assez tranquillement, ça permet de se chauffer un peu les cuissots. Mais l’échauffement ne dure pas longtemps, et dès la 1ère bifurcation à droite, ça grimpe, d’abord sur du assez bon terrain terre/herbe, puis sur de la caillasse et enfin sur du rocher. Un environnement assez varié donc, propre à ces parcours où la différence d’altitude permet de croiser tous types de conditions. Tout le parcours est très bien indiqué, un marquage jaune est bien présent, de même que des cairns, c’est parfait pour essayer d’accélérer sans avoir à trop réfléchir pour s’orienter.
C’est parti donc, il est 7h20, le temps est magnifique : grand bleu, pas un pet de vent, et il ne fait pas encore trop chaud. Le début se fait avec le Pic Mail (2621m) en face, plutôt joli :
Après avoir doublé quelques randonneurs paisibles, on arrive rapidement sur une espèce de prairie, il faut même presque bousculer nos amies les vaches qui évidemment broutes sur le sentier. Et puis la pente se durcit un peu, on remonte un talweg naturel pour déboucher sur la 1ère cheminée. Je dirais que la dénomination "cheminée" est ici un peu usurpée, il faut certes mettre les mains et faire attention, mais ça ne ralentit pas beaucoup la progression. S’en suit un long pierrier qui oblige un peu à tirer sur les mollets, on sent bien que c’est penché ! Au sortir de ce pierrier par une nouvelle petite cheminée, nous voilà déjà à 2500m avec la magnifique Brèche d’Aurey (2654m) en face de nous :
Mais point de brèche pour nous, un coup de volant à droite, et il ne "reste plus" que l’ascension finale. Et là, il y a 2 écoles, comme toujours, soit on continue en suivant le marquage jaune à droite, soit en prend direct par la crête (et c’est même indiqué). Après une demi seconde d’hésitation, c’est par la crête que je décide de passer, c’est tout de suite moins bien indiqué, mais l’objectif (avec notamment un gros panneau solaire pas forcément très joli d’ailleurs) est en ligne de mire, donc il suffit de tirer direct, en faisant attention, le terrain, de la roche friable, n’est pas très roulant. Une fois le sommet atteint, la récompense est immédiate avec une vue extraordinaire :
L’émerveillement passé, un coup d’œil sur l’horaire, il est 9h05, soit 1h45 pour les 1430 de D+ ! Cela peut paraitre anodin pour le trailer lambda, mais pour moi, à 50 piges, du 820D+/h (j’ai fait le calcul J) je suis plutôt content. Il n’y a pas de compétition ici, à part contre soi-même ! Avant d’entamer la descente, on admire le panorama, notamment sur le massif du Néouvielle plein Ouest, avec dans l’ordre de droite à gauche une flopée de 3000s : Pic Néouvielle, Ramougn (juste devant), les Trois Conseillers, le Turon puis plus loin le Pic Long, le Badet et le Maou, puis enfin le Campbeilh :
Bon, c’est pas tout ça, mais on n’est pas venu ici pour acheter du terrain, il faut maintenant redescendre, et vu que je n’ai pas de parapente ou autres ustensiles, ce sera par le même chemin, en mode à fond sur les quadris. Au début, il ne faut pas s’emballer, le terrain n’est pas terrible, une fois passée la petite cheminée, on se retrouve dans le grand pierrier, et on peut envoyer, avec qqs glissades, toujours contrôlées, on est content d’avoir les bonnes chaussures (voir ci-dessous).
On croise pas mal de gens qui montent, et voyant qu’il ne va pas forcément être facile de ralentir celui qui descend à fond, ils se rangent presque tous en me laissant passer, c’est vraiment sympa, même si la règle, je crois, est l’inverse, à savoir priorité à celui qui monte ! Après avoir passé la 2ième cheminée, on retrouve du terrain un peu plus vert, puis de la terre même. Tout ça pousse à accélérer mais il faut quand même se raisonner, c’est quand même bien penché, la chute pourrait pas mal piquer !
Sur la fin, ça déroule vraiment bien, en pente plus douce en plus, donc ça avance vraiment fort, et là, on envisage même pas de tomber, ça ferait vraiment une énorme tarte ! Enfin le parking, j’arrive complètement essoufflé, comme si je venais de sprinter sur 100m ! Je regarde ma montre, j’ai mis 50 minutes pour descendre, encore une fois, content.
Pour cette petite sortie, je m’étais équipé complètement en mode trail, et j’avais notamment aux pieds les pompes Clouventure de la marque ON, quasi idéales pour ce genre d’amusement. Pour ceux que ça intéresse, j’avais posté un test de ces chaussures.
A noter enfin qu’il existe plein d’autres façons de monter au sommet de l’Arbizon, voir par exemple celui proposé ici, plus rock’n roll, mais moins adapté au trail, ou encore le passage par le couloir N-E (couloir Billon), course d’alpi d’hiver engagée. http://www.rando-marche.fr/_f8216_129_208_escalade-arbizon-couloir-billon-(nord-est)
Un bien beau sommet, pas trop loin, et une super sortie qui fait du bien au moral !
3 Commentaires
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire
Connectez-vous pour laisser un commentaire