Ce délicieux projet permettait de monter au Tschingel le premier jour puis d'enchainer avec le Grindelgrat et de descendre au refuge. Le Dimanche serait consacré au Wildgarst et éventuellement au Gemschberg s'il restait du gaz. Descente sur Grindelwald pour finir.
Sur le papier les conditions sont idéales pour cet enchaînement. Vendredi matin petit coup de fil à Bernard, le gardien du refuge qui me dit qu'il est tombé 22 cm de fraîche dans la nuit à 1500m, il neige encore un peu. La quasi totalité de l'itinéraire est en face sud, le samedi doit être parfaitement ensoleillé mais froid, j'espère que la neige n'aura pas transformé avec le soleil prévu vendredi après midi. Ça s'annonce super beau. un week-end crème solaire.
Départ samedi matin dans le train. Féérique levé de soleil avec les 4000 bernois en silhouette dans l'aube vermeille. L'ambiance est sibérienne. Il a neigé sur le plateau suisse et ça vole des deux cotés des wagons. Tout est beau, mais un truc central est moins génial : la forme du bonhomme... Quelques symptômes grippaux apparus vendredi soir, et qui ne se sont pas améliorés en ce samedi matin. J'arrive à Meiringen avec toux et des petites courbatures, mais rien pour me décourager. Je me dis qu'au pire, j'adapterai le menu.
Allez, dernier bus, le car postal mythique qui s'enfonce dans la romantique vallée de Rosenlaui. Il est 10h, je suis seul à descendre à Gschwantenmad, les autres vont au terminus, à Schwarwzwaldalp. Chouette, je vais être peinard et avoir une belle face pour moi tout seul! Naïveté. Un parking à 50m est plein, et une trace autoroutière part vers mon objectif. Bon, ben au moins ce sera moins fatigant.
Il fait froid au départ, -11°c à 1300m. Le glacier de Rosenlaui, les Engelhorner, le Wellhorn et Wetterhorn surplombent l'itinéraire. Les faces Nord sont imposantes, si proches, si hautes.
Au départ la neige est parfaitement poudreuse, légère à souhait. Je monte tranquillement, et suis assez vite au soleil. il fait doux, un poil de vent par moment, mais il se calme vite. la trace est nickel, et tout va pas trop mal jusqu'à 2000m. En attaquant la face sommitale, qui est déjà bien tracée, mais qui fait vachement envie, je cale. Merde, plus de jus, chaque pas devient de plus en plus dur. Je tousse, les courbatures me pourrissent les cuisses. Merde, j'ai pas fait 800m de déniv, c'est pas du tout normal ça. J’atteins le sommet péniblement et j'aviserai en descendant sur la suite du programme.
Le paysage est magnifique. La descente est en top neige sur la haut. Je skie tranquille sur le côté pour profiter des passages encore vierges. Les corniches ne sont pas loin, gaffe quand même. Il y a environ 40cm de belle poudre, l'épaisseur étant variable suivant l'exposition au vent, Plus bas, la neige est bonne mais transforme déjà : Quelques passages en neige plus lourde sur les zones très ensoleillées, quelques croûtes aussi parfois. Mais globalement ça reste super à skier.
J'arrive au point ou il me faut repeauter pour remonter au Grindelgrat si je reste fidèle à mon programme initial. Mais je ne suis pas bien. Un coup d'oeil sur la carte, et je décide de laisser tomber cette remontée pour terminer la descente jusqu'à mon point de départ et ensuite remonter 200m jusqu'au refuge.
J'y arrive fatigué, bref, malade. Tant pis. L'accueil est top, le refuge est super confortable, je suis au lit à 20h avec l'espoir de me réveiller en meilleure forme le lendemain. Nuit de merde, et au matin c'est fièvre et maux de têtes qui se rajoutent au tableau. Je rêve juste d'être dans mon plumard et Bernard me dis que le premier bus de l’arrêt le plus proche ne part pas avant 15h. Trop long. Je laisse tomber toute idée d'aller au Wildgrast et vu l'état, ça ne me touche pas plus que ça. Le seul truc qui m'importe c'est comment sortir de cette vallée.
Dans un élan de courage, et de paracétamol surtout, je décide de rejoindre le col du Grosse Scheidegg et de basculer jusqu'à Grindelwald. Y'a que 600m de d+, ça le fera.
Pas beaucoup de fréquentation par la bas, je dois tracer certains passages. La neige est excellente. J'arrive enfin au sud du Chiemattenhubla et j’aperçois Grindelwald au loin.
Allez, une longue descente m'attends sur ce versant finalement pas si parcouru. En haut la neige est vraiment top. C'est exposé ouest Sud-ouest, ça s'est pris un peu de vent sur le museau et même si l'épaisseur de neige fraîche est moins importante que sur les autres versants, c'est du très bon ski. Sous 1700m, c'est traffolé et changeant : quelques passages croûtés, d'autres un peu plus lourd. Je ski juste pour descendre, quelques courtes pauses, des coups d'oeil à la carte pour pas faire de conneries. Et ça y est, j'arrive enfin à la fin de la descente, on peut skier sans soucis jusqu'à 1229m. J'ai jamais été aussi content de voir autant de gens en fourrure faire des selfies avec l'Eiger. Ne reste plus qu'à dormir dans le train. L'effet du paracétamol s'est dissipé, je suis transi de froid, j'ai 39 de fièvre quand je coule enfin dans ma baignoire.
Aucun regret dans ce week-end qui aurait évidemment pu être différent, j'ai fait tout ce que j'ai pu. La région de Schwarzwalalp est magnifique et les faces peuvent offrir du ski exceptionnel malgré une exposition majoritairement sud. La fréquentation en ski de rando est toutefois très importante, et finalement ce n'est pas très surprenant.
J'ai mis 4 en qualité de ski, à causes de neiges changeants entre 3 et 5.
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