Petite visite à la Pointe de Charbonnel, en terre Mauriennaise.
L'envie de parcourir ce sommet s'est faite en deux temps : tout d'abord en le contemplant au loin, puisque l'on repère bien grâce à ses 3752m son beau glacier suspendu et son sommet plat. Puis lors d'une visite à l'Albaron l'hiver dernier, le caractère raide et tortueux de son socle m'avait surpris du fait du contraste avec la douceur qu'inspirait la vue lointaine du glacier. Je m'étais noté dans un coin de tête d'y revenir un de ces jours.
Avec ce printemps qui se prolonge sur les skis, les quelques retours d'Est qui ont émaillé la saison garantissant un remplissage à minima correct en altitude, et quelques copains motivés pour se coller une motiv', les ingrédients semblent réunis pour aller profiter du panorama là-haut.
Arrivée 22h au parking pour un dodo express, quelques camions et berlingos révèlent que d'autres prétendants au sommet se terrent là, mais en termes d'affluence on voit bien que ce ne sera pas la Grande Casse. Réveil prévu pour 3h30 -ouch- je mets le mien à 3h45 pour tricher un peu.
Une nuit trop courte plus tard, un ristretto du matin servi sur le réchaud, on saute dans les souliers. A peine passé le pont, on découvre de gigantesques restes de coulées dès 1850m d'altitude. On sait que l'on risque de gravir une bonne partie du socle avec les crabes au pied donc on ne s'excite pas et l'on reste piétons. On tente de suivre le cône de déjection, mais il semble mener vers une cascade raide. On ne prend pas le risque de buter et on met le clignotant vers la croupe main droite pour chopper le sentier d'été. On retrouve la neige très rapidement vers 2050 au dessus du ruisseau. On met les crampons et on commence à remonter dans l'axe du lit du ruisseau. Le regel est très bof, du coup il faut viser les anciennes traces pour ne pas rompre la croûte et brasser jusqu'au genou. On contourne la barre inférieure et on poursuit en ascendance gauche.
Vers 2800, après quasiment 1000m à pattes, on chausse enfin les skis que l'on ne quittera que brièvement pour franchir un raidillon qui mène sur le glacier. Sur celui-ci, on découvre une belle neige restée froide, légèrement travaillée par le vent mais pleine de promesse pour la descente. Nous nous glissons dans la trace de montée, sans doute réalisée par un dahu au vue de la différence de déclivité selon que l'on ait le pied gauche ou droit à l'amont.
Le sommet nous accueille avec un vent d'une quarantaine de km/h qui nous fait passer de l'été à l'hiver en l'espace de 20m. On s'enroule dans les gore-tex, on arrache les peaux et c'est parti. Seul un skieur nous aura précédé sur le glacier, en utilisant uniquement une bande de 80cm de large à la faveur d'une magnifique godille, autant dire qu'il nous reste de la place. Après 500m de très bon ski, on passe par une brève étape croûtée, puis une portion béton, puis un passage direct vers la case soupe sans passer par la case moquette (ne touchez pas 20 000 francs). On se remet rapidement à skier prudemment car l'une des caractéristiques de cette itinéraire est tout de même d'évoluer longtemps au dessus de barres rocheuses. Ce paramètre combiné à la qualité de la neige, on met le frein à main sur la partie intermédiaire, avant de rejoindre le grand couloir final, le sentier d'été, puis le parking.
Un pique-nique bien mérité plus tard, nous savourons une bonne sieste de début d'après-midi sous le soleil de la Maurienne. On aura croisé simplement une dizaine de personnes sur l'itinéraire. Au final, de bonnes conditions pour l'ascension, un peu plus mitigé pour la descente, mais beau créneau météo et superbe ambiance là-haut !
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