Fribourg : Loose

Tout a commencé jeudi, cette horrible journée ou toutes les planètes avaient décidé de s'aligner pour offrir le meilleur ski de l'hiver. Alignées oui, mais pas avec la mienne... Boulot indéplaçable, et pas sur les skis jeudi ni vendredi, j'ai pleuré.

Qu'à cela ne tienne, je profite de ces deux journées pour me plonger dans les cartes, photos etc et concocter un top programme pour aujourd'hui. Le bera et les dernières observations d'hier et c'est validé, ce sera direction les préalpes fribourgoises qui ont été correctement arrosées. Possibilité de combiner plusieurs sommets et belles descentes qui ne devraient pas avoir été trop parcourues, j'imagine déjà de belles faces vierges dans une neige de cinéma.

Un dernier truc à régler ce matin et je file à 8h, faudra pas traîner parce que le mauvais est prévu l'après midi... 8h02 le frein à main est bloqué. Je souris nerveusement. Putain de camion.
Il fait -7° et je me retrouve allongé sur une plaque de glace en train de jouer de la clef à molette, du marteau et du wd40. Et ça marche pas. Je tape, je desserre, je lubrifie, je desserre, je tape, je lubrifie... Je crie!!! Merde! C'est un complot!
Après deux heures, deux litres de dégrippant une rallonge et un chauffage nucléaire, le truc se débloque. Obstination pour les uns, persévérance pour les autres, j'opte pour du masochisme. La suite me donnera raison.
Allez, je file. Bon je revois le programme sérieusement à la baisse, niveau timing je suis dedans, et ça sent plutôt la tempête. Mais je respire un grand coup, ça y est je suis parti et le ciel est toujours bleu.
Je chausse à  11h15, il y a du vent au parking (plat, pas de frein à main, ouf). La neige vole des sapins, elle était restée toute peinarde jusque là, elle m'attendait pour foutre le camp. L'ambiance est austère, ce vent de Nord-Est déjà bien établi en fond de vallée, et le ciel devenu tout gris, ça sent de moins en moins bon.

Allez, j'attaque la montée juste derrière un autre optimiste. C'est tracé et mon plan est de basculer après le sommet dans une combe Est. A 1400m, le vent commence sérieusement à forcir. J'ai pas quitté la capuche, et ça a pas l'air de vouloir se calmer. Nous arrivons sur la large arrête qui mène au sommet, et le vent nous fait comprendre qu'il est pas venu pour déconner. la neige est transportée depuis le sol, une très légère éclaircie me montre l'état des combes Est, totalement pelées jusqu'à l'herbe.

Nous finissons la montée derrière nos masques. Les quelques passages coté ouest de l'arrête sont sans appel: woom, fissures à gogo. Il ne manque plus qu'un peu de pente pour que ça parte. Fin de montée totalement défensive, le vent fait chuter mon prédécesseur dans une conversion sur de l'herbe. Je rêve d'un café.
Allez, on dépote tant bien que mal, je n'arrive pas à mettre ma doudoune. Ce sera descente par la trace de montée avec une visibilité mauvaise et un contraste horrible.
Aucun plaisir à la descente à part celui de trouver un chalet d'alpage pour s'abriter et enfiler la doudoune, ça commençait à cailler sévère.
Retour au camion, j'ai l'impression qu'il se fout de moi.