Sortie de vendredi, décidemment, mes collègues déteignent sur moi en termes de rigueur...
Montée au refuge de Temple Ecrins jeudi après-midi depuis la Bérarde, on peut chausser avant le refuge du Carrelet dans le Vallon de la Pilatte. Puis re-déchaussage sur le sentier d'été sw avant de pouvoir remettre les skis pour accéder au refuge. Celui-ci est encore bien enterré, mais l'accès hivernal est déneigé, on y entre commodément. L'intérieur du bâtiment est agréable car rénové en 2018. En revanche pas de poêle, et les panneaux de bois sont bloqués par la glace donc peu de lumière.
En fin de soirée, deux skieuses nous rejoignent, chic, un peu de monde pour nous aider à réchauffer les lieux.
Le lendemain matin, départ glacial, les gourdes gèlent très rapidement même dans les sacs à dos. Avec un ressenti annoncé à -29 au sommet du Dome, on s'attendait à ne pas avoir chaud, on ne peut s'empêcher d'être saisis par ces sensations. La montée nous réchauffe tout de même efficacement. On prend le soleil pour la seule fois de la journée au col des avalanches, puis on atteint le pied de la brèche Lory. En nous équipant, quelques spin drifs assez volumineux débaroulent dans la face, la faute à un vent du nord qui a l'air assez présent de l'autre côté. On se dit que ça va être ambiance.
On commence à grimper. La couche de neige de surface présente peu de consistance, et recouvre légèrement pas mal de cailloux instables, la grimpe est assez désagréable car on doit s'y reprendre à de nombreuses fois pour trouver appuis et ancrages. Les spindrifts forcissent et on doit baisser la tête à de nombreuses reprises. Dans notre sillage nos traces sont vite recouvertes. On progresse jusqu'à la fameuse traversée bien expo, et on peut apercevoir la suite de l'itinéraire. Le vent s'y engouffre violemment et continue de ramener son lot de neige. On craint que des grosses accumulations ne s'y soient formées, et de plus, nous prévoyons de descendre par le col des Ecrins, passage exposé que certains compères ont emprunté le matin et ont fait état d'accus de 30 à 40cm. Notre décision est prise : marche arrière.
La désescalade est longue et assez délicate dans cette ambiance. Le temps s'est complètement couvert. En retrouvant la zone où l'on peut chausser, on aperçoit nos compagnes de refuges qui arrivent sous la rimaye. Quelques instants plus tard, un grand cri. La skieuse de tête a chuté dans la rimaye. Moment de flottement, on essaie de s'équiper rapidos pour aller filer un coup de main, mais au premier virage, la neige accumulée pendant notre ascension a créé une couche instable d'une dizaine de cm. Une petite plaque part sous les skis : on risque d'ensevelir la skieuse qui se trouve au fond de la crevasse. Assez rapidement, on entend que les deux skieuses peuvent communiquer et que tout va bien. On décide d'attendre en amont, une descente risquerait plus de provoquer un sur-accident que d'être d'une quelconque aide. Finalement, la skieuse qui a chuté réussi à s'extraire d'elle-même de la crevasse, nous descendons prudemment jusqu'à retrouver des pentes éloignées des faces nord et donc des accumulations, et on se laisse glisser tranquillement jusqu'au refuge pour souffler un peu après cette sacrée journée.
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